J'ai eu la trouille de ma vie triple crétin ! (PANKIRA)

Je n'arrivais pas à croire qu'on venait encore de se prendre la tête, mais de façon plus violente cette fois-ci... Ma main que j'avais utilisé pour le gifler me faisait encore mal et je commençais à regretter sérieusement ce geste... J'étais montée sur le toit de l'hôpital, je ne savais même pas quelle heure il était, mais il faisait bien nuit, du coup le reste de la ville était éclairée par quelques lampadaires. Cette soirée aurait pu être mieux que ça si Akira n'avait pas eu une crise cardiaque, et surtout si je ne l'avais pas giflé comme je l'avais fait. Dehors il faisait plutôt froid, j'étais toute seule, sans me rendre compte qu'Akira était venu lui aussi sur le toit. J'étais littéralement paumée question sentiment, et allez savoir pourquoi mais je me remettais à pleurer... J'en avais marre de pleurer, je ne savais même pas pourquoi ça m'arrivait alors que j'avais vidé toutes mes larmes pendant que les médecins s'étaient occupés du jeune homme...

Là je ne savais plus quoi faire pour me faire pardonner, pour excuser mon geste stupide... J'en pouvais vraiment plus et ça m'énervait, j'étais énervée au point d'en trembler, et la crise d'angoisse était sur le point d'arriver... J'commençais même à avoir mal au coeur, j'sentais que j'étais en train d'étouffer, comme si mes sentiments refoulés m'empêchaient de respirer correctement... Fallait que je rentre chez moi, j'pouvais décemment pas passer le reste de ma nuit sur ce putain de toit d'hôpital. J'me tournais pour rejoindre la sortie et j'apercevais Akira. Qu'est ce qu'il faisait là ? J'arrêtais de marcher et j'restais plantée là devant lui, les larmes aux yeux, puis je détournais rapidement mon regard. Je l'aimais beaucoup trop que ça me faisait mal. Et je ne voulais plus avoir mal... j'savais pas quoi faire sur le coup, c'que je détestais ce genre de situation...

Je détestais ce regard. Je détestais la rendre triste, la faire pleurer. On passait trop vite du tout au tout, du rire aux larmes. Elle, elle était toujours là, à bien trop m'aimer, à m'accorder une confiance que je brisais un peu plus chaque jour. J'comprenais pas ce qu'elle pouvait bien trouver chez un mec comme moi qui passais son temps à la décevoir et la blesser.
Et pourtant... elle me redonnait un peu d'espoir; en moi-même, en les autres. Au fond, je crois qu'elle me donnait un peu l'envie de changer.

Je ne la quittai pas des yeux, et m'approchai doucement, pour finalement passer mes bras autour d'elle, une main perdue dans la douceur de ses cheveux. Et je la serrai contre moi, espérant qu'il ne fut pas trop tard pour me faire pardonner, qu'elle ne me repousserait pas comme elle aurait eu raison de le faire. J'avais envie de lui dire de ne pas partir, lui dire que j'avais besoin d'elle malgré tout ce que je pouvais faire pour lui prouver le contraire. Elle était sans doute le peu d'oxygène qu'il me restait au fond de cette mer noire et déchaînée qui m'écrasait.

J'savais pas quoi faire face à ce silence, face à son regard posé sur moi... J'étais troublée, perdue, nerveuse, paniquée... Paniquée à l'idée d'me dire que ce soir ç'aurait pu être la dernière fois qu'on se voyait... Qu'on se quittait encore sur une engueulade. Alors imaginez quelle était ma surprise quand il vint me prendre dans ses bras pour me serrer contre lui... Je crois que à ce moment là, tout c'qui avait pu se passer plus tôt était en train de partir en fumée, que j'avais besoin de ça et lui aussi... Que malgré tout, on survivait à toutes ces épreuves qui faisaient tout pour nous séparer. J'étais dans ses bras, et toute ma nervosité s'envolait. J'pouvais enfin respirer, il était devenu ma dose de bonheur en si peu de temps, j'étais tombée amoureuse de lui malgré tous ses défauts... Mais j'aimais ses défauts, dis comme ça j'ressemblais à une maso, mais j'y pouvais rien, c'était pas un truc qui se contrôlait...

"J'ai eu peur...j'ai eu tellement peur de te perdre, tu n'imagines pas à quel point... J'étais paniquée et perdue quand tu as eu ta crise... Tu t'rends pas compte à quel point je tiens à toi Akira..." murmurais-je dans un énième sanglot...

J'étais passé près de la mort, et je commençais tout juste à le réaliser, alors que je serrais Pandora contre moi, et qu'elle partageait la peur qu'elle avait eu pour moi... C'eut été trop con de partir ce soir, à cause d'un simple cachet... Devant les yeux de celle qui n'avait rien demandé. Cet incident remettait beaucoup de choses en question. Notamment la valeur que j'accordais à ma propre vie. Si elle avait souvent été proche de zéro, je crois que je commençais à m'y attacher davantage. Parce que je comprenais ce que j'étais en train de risquer. Cela dit, je savais que ça ne suffirait pas à mon esprit entêté pour oser affronter un quelconque sevrage...

Doucement, je caressais les cheveux de la jeune femme pour la rassurer. J'avais la gorge nouée, la tête et le corps encore bien trop secoués par cette mésaventure. "Désolé..." ce fut tout ce que je réussis à articuler. Je me sentis encore faible d'un coup. Probablement n'aurais-je pas dû débrancher toutes ces perfusions comme ça. Je m'écartai doucement. Ma tête tournait. "Je crois qu'il faut que je mange un truc..." marmonnai-je

J'avais déjà perdu deux membres de ma famille, alias mes parents... J'pensais être sevrée de cette peur de perdre quelqu'un, parce que ce que j'avais vécu avait été vraiment horrible... Mais ce soir, la peur de perdre Akira avait été de nouveau au rendez-vous... et je crois bien que je ne m'en remettrais pas de suite. Puis il s'excusa, je souriais jusqu'à ce qu'il me dise qu'il avait besoin de manger... Ça pouvait se comprendre, les médecins lui avaient probablement fait un lavage d'estomac comme il était sous l'effet d'une drogue, et au karaoké on avait rien mangé...

Je soupirais et posais ma main sur sa joue "On peut aller chez moi... Oui parce que j'ai un chez moi maintenant...Je peux te préparer un truc à manger si tu veux..." Je ne voulais pas qu'il me clamse dans les bras, alors quitte à le forcer à venir chez moi, au moins j'serais moins inquiète que de le laisser dans cet hôpital...

"N'importe où sauf ici." J'avais horreur des hôpitaux. Ils avaient tendance à me rappeler qu'au delà de tout, nous n'étions tous que des sacs de chair et d'organes pleins de défauts et de maladies.

J'ignorais que Pandora avait emménagé seule, mais à vrai dire, l'idée me plaisait. Pour cette nuit, je pourrais être tranquille. Car si toute autre présence avait tendance à m'irriter, je me faisais doucement à la sienne. "Allons-y." lui faisais-je dans un léger sourire, tentant de ne pas montrer à quel point j'étais à bout de forces.

On descendit les escaliers jusqu'à ma chambre où je récupérai le reste de mes affaires. Et puis, sortis de l'hôpital, j'appelai un taxi, et me laissai tomber assis sur la banquette arrière. Pandora donna son adresse et on était repartis... Il ne fallut pas longtemps pour que mes yeux se ferment d'eux-même, et je m'assoupis durant le trajet.