Despe & Théo ✗ Just ice cream, kisses and a moment with you.

Je m'étais rendu compte qu'il y avait quelque chose de très particulier chez moi, un trait de mon caractère qui était assez étrange et qui ne faisait pas l’humanité. Je m'explique : Je m'étais rendu compte que j'étais un type assez rancunier mais que dans mon genre, je n'étais pas rancunier vis-à-vis de toutes les personnes qui me faisaient du mal. Au contraire. Par exemple, j'allais pouvoir pardonner des choses plus facilement à certaine personne que d'autres même si ce qu'elles m'avaient fait était bien moins grave qu'une personne qui avait mal agit avec moi, mais à un degré différent ou de façon plus sobre. Pour dire les choses de façon plus différentes et plus crues, j'étais prêt à pardonner une personne qui m'aurait tué plus que celle qui m'aurait volé. Dingue, non ? Certes, mais finalement tout dépendait de la personne et de son degré à se rendre coupable et c'était tout particulièrement ce qu'il c'était passé avec Despe. Durant le cinéma en plein air que les Winthrop avaient organisés, la jeune femme s'était montrée sous un nouveau jour, me laissant perplexe et créant entre nous une dispute assez hargneuse qui m'avait laissé triste sur la tournure des événements. Je n'avais ainsi plus eus de nouvelles de la jeune femme durant deux bons mois avant que le destin ne décide de jouer en notre faveur en nous programmant une rencontre durant le Summer Camp. Si j'avais cru que la jeune femme voudrait me repousser et plus jamais me parler, contre toute attente, elle décida de me présenter des excuses et me poussa à en faire de même. Je l'avais beaucoup apprécié Despe et elle m'avait été très utile durant mon amnésie et ça avait donc été pour ça que je l'avais tout de suite pardonné et que probablement elle en avait aussi fait de même de son côté. Bien que très franchement dans mon fort intérieur, je ne savais pas vraiment ce que je ressentais à son égard, car sa changeait véritablement très souvent. Mais en cette journée, j'avais décidé de la revoir et de lui rendre une petite visite de courtoisie non sans être préalablement passé dans un lieu indécent pour l'organisme afin de prendre une glace. Me rendant jusqu'à son appartement, dans le centre de Cambridge, je toquais à la porte d'entrée, posant mon regard vers le sol, attendant à ce que celle-ci ne s'ouvre. Lorsque ce fut le cas, je relevais mon visage et je découvris le propre visage de la jeune femme, absolument pas au courant de ma venu tout en lui montrant d'un signe de tête, la glace à la vanille enveloppée que j'avais dans la main. « Livraison spéciale pour une fille spéciale ! » disais-je d'une voix enjouée, content de mon effet de surprise. Je devais probablement la déranger mais bon, cela faisait longtemps que je ne l'avais plus revue.

La reprise des cours pour moi, ça signifiait un véritable nouveau départ. Après tout, mon cursus avait changé, ma vie toute entière, avait changée. Et cela faisait que dès que je rentrais d'Harvard, je bossais. Je n'avais presque plus aucun temps pour moi, aussi triste que cela paraisse. Parce que mon tyrannique beau-père, aussi bien placé qu'il soit, jugeait bon de me donner le travail de sa secrétaire, qui elle était sûrement formée pour cela. Alors entre les dossiers et tout les nouveaux cours que je devais me farcir, mon retard était juste impossible à combler. Et autant dire qu'avec la masse de travail que je me trimbalais, je n'étais pas sortie depuis un moment et j'en avais presque oublier de donner des nouvelles aux autres. Moi qui aimait sortir et m'amuser pour compenser les cours, je commençais à me confondre en fiche de révision même sur le trottoir qui menait chez moi. Le seul moment de répit que je m'accordais, c'était pour aller travailler. Oui, travailler sonnait comme la détente pour moi. Mon appartement habituellement si bien rangé se trouvait envahi par des dossiers et des livres sur toutes les informations que je pouvais trouver sur la Pologne. Je crois que je m'enfonce, plus j'avance, plus je recule. Lunettes sur le nez - parce que oui, par habitude, je porte des lunettes pour travailler -, j'épluchais mes dossiers tout en surlignant les choses potentiellement importantes. J'étais assise en tailleur son mon canapé, avec ma table basse bien emplie de toutes ces feuilles infernales devant moi, autant dire que je n'était pas tant en conditions pour travailler. Mais bon, on fait avec. J'avais la tête pleine de politique et des courbatures dans les jambes, une envie de fuir et juste un désir intense d'abandonner. Un jour viendra où je craquerai, pour le moment, passe encore, j'ai une mentalité de soldat. Lorsque j'entendis toquer à ma porte, c'est un peu surprise que je me levais pour aller ouvrir. Mon téléphone était à côté de moi, et à priori, je n'attendais personne. Etant habillée pour me rendre au boulot plus tard, autant dire que ce que j'appelais l'uniforme de serveuse - une jupe noir qui s'arrêtait à la mi-cuisse et un débardeur blanc, je n'avais pas encore passé les talons de dix centimètre, à la maison, c'est inutile - n'était pas réellement fait pour recevoir. Enfin, surtout celui du Bukowski Tavern, en fait. Bref, là n'est pas la question. J'ai ouvert la porte, avant de me retrouver étonnement devant Théophyl. Alors oui, là, je suis surprise. Nous n'avons pas parlé depuis que nous nous sommes revus aux Bahamas, et bien entendu, je ne lui avais absolument pas donné de nouvelles depuis, comme à personne, d'ailleurs. « Livraison spéciale pour une fille spéciale ! » Je vis alors qu'il avait une glace dans la main, et une fois que j'eus réalisé, je lui adressa un léger sourire. « Si je m'attendais à ce que tu passes! » répondis-je alors, ravie. Oui, j'étais contente qu'il vienne jusqu'ici, je ne pouvais que le reconnaitre. « Entre, tu vas pas rester éternellement sur le palier. Fais juste pas attention au bordel qu'il peut y avoir, ce ne sont que des cours. » Pour moi dont l'appartement était toujours parfaitement rangé, c'était la première fois que j'avais à dire ce genre de phrase. Je le fis donc entrer avant de refermer la porte derrière lui, puis de me retourner.

Je n'avais pas l'habitude de me rendre à l'improviste chez les gens. Au contraire, d'habitude je les prévenait de mon arrivé, ma venu ou du fait que je venais pour une raison précise. Et si jamais moi j'avais horreur des surprises, ça ne m'empêchais pas d'en faire à d'autres personnes que j’appréciai énormément. Et de ce fait, qui de mieux que Despe pour commencer, surtout que je me doutais qu'avec la rentrée, elle devait encore avoir moins de temps à m'accorder qu'elle ne m'accordait déjà en fin d'année lorsque j'étais encore amnésique. Décidant donc de me rendre chez elle sans la prévenir avec une glace en main, en souvenir de notre réconciliation récente et de notre entrevue durant le Summer Camp, je toquais à sa porte attendant que celle-ci ne s'ouvre et une fois que ce fut le cas, mon sourire ne put que s'élargir en constatant la tenue qu'elle portait et qui me faisait penser à celle d'une serveuse. Puis après quelques paroles de ma part à son attention et face à sa surprise, je me souvenais de ses propres aveux qu'elle m'avait fait lors du bal et de la danse que nous avions partagé. Elle m'avait alors dit être serveuse dans un bar, ce à quoi j'avais répondu que je la voyais plutôt comme étant une petite bibliothécaire sexy. Souriant de toutes mes dents, j'attendais sa réaction avec avidité. Elle devait probablement s'attendre à recevoir tout le monde entier, sauf moi. « Si je m'attendais à ce que tu passes! » J'haussais alors les épaules avec un grand sourire, plutôt ravi de mon petit effet. « Surprise ! » lui disais-je avec un éclat de rire. « J'avais envie de prendre de tes nouvelles et autant avoir du réel et concret plutôt que des messages. J'espère que je ne te dérange pas ? » Oh si je devais la déranger, mais je ne cherchais juste qu'à être poli là. Finalement, je terminais par lui tendre la glace d'une célèbre marque que je lui avais acheté. « Entre, tu vas pas rester éternellement sur le palier. Fais juste pas attention au bordel qu'il peut y avoir, ce ne sont que des cours. » Suivant son conseil, je rentrais donc dans son appartement assez chouette, je devais le reconnaître. « Merci...Et c'est super sympa chez toi. » Oui, car c'était la première fois que j'y mettais les pieds et grâce au ciel, je m'étais déjà souvenu d'où il se trouvait. « Alors comme vas-tu miss fantôme depuis ce Summer Camp ? » lui demandai-je en plantant mon regard dans le sien avec un sourire malicieux. « Jolie tenue d'ailleurs, très sexy. » Et oui, je ne changeais jamais mes vieilles habitudes de vieux taquin.

Actuellement, j'enchainais l'université, les révisions, le travail, et rebelote chaque jour. Aujourd'hui ne ferait bien sûr pas exception, à mon grand désespoir. Si seulement je pouvais être dans une partie de sims et oublier simplement ce que je dois faire en passant l'encadrement de la porte de ma chambre, tout serait tellement plus simple! Mais non bien sûr, j'étais en totale possession de mes moyens. Je vivais dans l'imprévu et non pas dans ce qui était planifié; pourtant en ce moment, c'était comme si toutes mes actions étaient définies à l'avance. Alors lorsque j'avais entendu simplement un bruit à ma porte, j'avoue que j'avais l'impression qu'enfin, cette chaîne se brisait. Oh liberté. Un semblant de liberté dans une tenue digne de la Bukowski Tavern. Encore avais-je fait pire lorsque pour une soirée j'avais accepté un contrat de serveuse, et de serveuse uniquement, dans la boîte de striptease du coin. Même si je m'étais finalement faite virée pour avoir mit un bordel pas possible en compagnie d'un ami qui trainait par là. Que de bons souvenirs. Bref, j'avais ouvert la porte, et à ma surprise il s'y trouvait Théophyl. Si je ne m'attendais absolument pas à sa venue, je n'allais pas m'en plaindre, non, je m'en réjouissais même, parce que je l'appréciais énormément. Et malgré que j'eus un caractère absolument abominable avec lui dans une soirée organisée par sa confrérie il y a de ça deux mois et demi, nous nous étions revu au summer camp, et j'avais finalement pu m'expliquer. Autant dire que c'était un exploit pour moi; j'étais gentille, mais lorsqu'il s'agissait de faire des excuses, je pouvais me montrer plus têtue qu'une mule. « Surprise ! J'avais envie de prendre de tes nouvelles et autant avoir du réel et concret plutôt que des messages. J'espère que je ne te dérange pas ? » Non, tu me sauves même. Sauf que dans l'optique où je détestais m'étaler sur mes problèmes, ce n'était bien entendu pas ce que je me préparais à répondre. « Non, non. J'étais en train de réviser un peu avant d'aller bosser, mais je peux largement m'octroyer une pause, surtout en si bonne compagnie! » répondis-je en souriant. Lorsqu'il me tendit la glace, je le remercia d'un petit « Merci, ravie de voir que tu t'es souvenue de mon parfum favori! » tout en souriant, avant de le faire entrer dans l'appartement dont, dans la suite logique des choses, je refermais la porte. « Merci...Et c'est super sympa chez toi. » J'adorais mon appartement. Même si avant, je n'y passais pas le plus clair de mon temps, c'était clairement l'endroit où je me sentais le mieux. « Disons que c'est tout de même très spacieux, et parfois un peu vide, lorsqu'on y vit seule. » Eh oui, c'était l'un de mes rares caprices en tant que riche petite fille, et je n'avais pas lésiné sur les moyens. J'aime l'espace, j'aime avoir de la place. « Alors comme vas-tu miss fantôme depuis ce Summer Camp ? » Fantôme? Je vais finir par réellement réaliser que je n'ai donné de nouvelles à absolument personne depuis que j'avais quitter le summer camp, le seize aout précisément. « Pour ce qui me concerne, ça va plutôt bien. Et toi? » Je ne supposais pas qu'il allait particulièrement mal, vu comment il semblait enjoué, mais cela dit, et j'en avais eu l'expérience avec Wyatt, qu'une personne soit positive ne veut pas dire qu'elle ne peut pas avoir des problèmes également. « Jolie tenue d'ailleurs, très sexy. » J'eus un sourire malicieux, avant de répondre. « Tu sais que si tu venais au bar, tu pourrais me voir bien plus souvent habillée ainsi. » Ainsi, et perchée sur de haut talons, également, mais là n'était pas la question. « Tu veux quelque chose? » demandai-je en songeant à quelque chose qui se buvait, bien évidemment.

J'avais probablement du déranger la jeune femme à me ramener à l'improviste comme je l'avais fait mais tant pis. Voir des amis devait probablement lui faire le plus grand bien, à moins qu'elle ne soit du genre à aimer rester seule dans son coin, sans voir personne une fois qu'elle avait reprit l'université. Ou alors, autre possibilité, elle aimait bien voir le monde sauf moi, ce qui voudrait dire qu'elle n'avait jamais été sincère avec moi, surtout lorsqu'elle m'avait présenté ses excuses lors du Summer Camp. Secouant la tête, je décidais de chasser ce genre de pensées de ma tête. Non, je ne suis pas le moins du monde narcissique mais je préférais amplement penser qu'elle se réjouissait de me voir plutôt qu'autre chose. Et c'était donc ainsi que je m'étais présenté sur le pas de sa porte, glace en main, lui demandant si je ne la dérangeais pas, bien que la réponse intérieurement pensé avait du être oui. « Non, non. J'étais en train de réviser un peu avant d'aller bosser, mais je peux largement m'octroyer une pause, surtout en si bonne compagnie! » me disait-elle d'une voix qui me réconforta quelque peu, alors que je constatais finalement que c'était parce qu'elle m'avait manqué. « Pardon ? Tu révisais ? Mais même-moi je n'ai encore ouvert un seul bouquin alors que je suis en médecine. » disais-je alors avec un brin d'ironie. Mais c'était vrai quoi, qui avait déjà quelque chose à réviser en cette période si débutante de l'année ? « Merci, ravie de voir que tu t'es souvenue de mon parfum favori! » Je réalisais alors un petit mouvement de tête comme pour lui dire que ce n'était rien du tout, juste un petit geste. « Je t'en prie et franchement, comment oublié ton parfum favori...Dois-je te rappeler que tu me l'avais carrément étalé sur le visage ? » Je me mis alors un peu à rire, sans la moindre once de reproche dans mes dires. Au contraire, c'était de bons souvenirs. Une bonne réconciliation même. Son appartement attira alors mon regard avec curiosité. Il est plutôt sympa et semblait bien lui correspondre. «  Disons que c'est tout de même très spacieux, et parfois un peu vide, lorsqu'on y vit seule. » me disait-elle, si bien que je cru y décerner une pointe de tristesse mais je n'y prêtais pas attention. « C'est pour ça qu'il faut inviter du monde ! » Je me montrais joyeux même si je supposais qu'elle devait aimer la tranquillité. « Pour ce qui me concerne, ça va plutôt bien. Et toi? » J'haussais les épaules. « Le temps passe. » M'avançant je pris place sans trop vraiment m'asseoir sur son canapé avec les épaules bassent. « Tu sais que si tu venais au bar, tu pourrais me voir bien plus souvent habillée ainsi. Tu veux quelque chose? » Un sourire se peigna alors sur mon visage. « C'est une invitation ? Si c'est le cas, je suis preneur. » Oh oui, je voulais bien continuer de la voir dans cette tenue, n'importe où elle se baladait ainsi. « Parce que t'es vachement pas désagréable pour le regard. » Et oui, j'étais direct, fonceur et taquin. « Sinon...Je ne sais pas. Qu'as-tu à me proposer ? Je ne veux pas non plus trop m'attarder surtout si tu bosses... » Je marquais une pause, toussotant un peu. « D'ailleurs, tu es parti vachement tôt du Summer Camp, non ? »

« Pardon ? Tu révisais ? Mais même-moi je n'ai encore ouvert un seul bouquin alors que je suis en médecine. » Disons que si j'étais encore en psychologie, je n'aurais sûrement pas touché à un seul bouquin non plus, les cours n'ayant reprit que depuis très peu de temps, mais lorsqu'il s'agissait d'une discipline aussi compliquée et qui m'intéressait si peu, j'avais bien plus de difficulté à m'y faire. Mais bien entendu, ce n'est pas ce que j'allais dire. C'était ce que je ne disais à personne. « Je prends un peu d'avance pour avoir champ libre durant le reste de l'année! » dis-je d'un ton enjoué. Ce pourrait-être vrai, mais non, j'allais travailler d'arrache-pied toute l'année. Et quelques autres suivantes, également. « Je t'en prie et franchement, comment oublié ton parfum favori...Dois-je te rappeler que tu me l'avais carrément étalé sur le visage ? » Rien qu'à y repenser, j'avais un sourire qui se dessinait sur mon visage. Oui, effectivement, je m'en rappelais plutôt bien. Les beaux souvenirs d'été, ceux qui faisaient plaisir à se rappeler. « Oh non, pas besoin, je m'en souviens déjà très bien! » dis-je dans un léger rire, appréciait également la glace que je tenais en main. Le sujet vint alors sur mon appartement, ce grand appartement aux murs blancs, et assez meublé pour loger quatre personnes, bien qu'il n'en fût rien. Mon espace de bonheur et mon espace d'étude, tout ce que je souhaitais se trouvait ici. Tout, sauf les personnes qui m'entouraient, bien évidemment. . « C'est pour ça qu'il faut inviter du monde ! » J'ai pas le temps en ce moment. Et en règle générale, je n'invitais pas grand monde dans mon appartement, parce que j'aime le silence qui y règne, contrastant avec le bruit d'Harvard. « J'y penserai dès que j'aurai à nouveau touuuut mon temps libre! » répondis-je finalement en lui adressant un sourire. Je lui retournais ensuite la question qu'il m'avait adressé un peu plus tôt, et il me répondit tout aussi rapidement. « Le temps passe. » Malheureusement, le temps passait, il n'y avait nul doute à ça, et qu'importe le nombre de fois où je l'entendrais, je penserais toujours autant qu'il passe trop vite, même. Il lança ensuite le sujet sur ma tenue, autant dire que je ne me présentais jamais comme ça devant mes amis, habituellement. Pour ce qui était des clients, je me fichais éperdument de leur avis, il fallait dire. « C'est une invitation ? Si c'est le cas, je suis preneur. » J'adorais recevoir des personnes que je connaissais, au travail, malgré le fait que je ne doive courir dans tous les sens. « Bien entendu. » Il reprit alors. « Parce que t'es vachement pas désagréable pour le regard. » Je n'étais pas habituée aux compliments. Ou plutôt, je n'appréciais pas ça, qu'importe la façon dont ils étaient tournés. « Merci, je suppose? » Best réplique ever, j'faisais dans le lourd là. Tournant un oeil vers la cuisine, j'attendais sa réponse quant à ce qu'il souhaitait boire. « Sinon...Je ne sais pas. Qu'as-tu à me proposer ? Je ne veux pas non plus trop m'attarder surtout si tu bosses... » Jetant un coup d'oeil à l'horloge, je ne m'inquiétais pas tant. En soi, je ne travaillais que dans une heure, et dans le pire des cas, arriver en retard n'était pas tant un problème; je me chargerais de la fermeture, si j'arrivais plus tard. C'était ainsi que l'on tournait, pour avoir nos heures de travail. « J'ai à peu près de tout, en fait. Je passe ma vie à ramener des bouteilles du boulot. » Autant des boissons light que des boissons alcoolisées, j'avais une véritable collection de bouteille dans mon placard. « D'ailleurs, tu es parti vachement tôt du Summer Camp, non ? » Plongeant mon regard dans le sien, je lui répondais alors. « A la base j'étais revenue voir une amie qui se réveillait du coma, et je devais retourner au summer camp le lendemain, mais finalement, je suis restée ici. » Pourquoi? Oh, par envie seulement, n'est-ce-pas?

Me dire que je venais de déranger la jeune femme alors qu'elle était en train de réviser était une sacrée nouvelle. Je veux dire, même moi je n'avais pas encore touché à un seul de mes bouquins, comment se faisait-il qu'elle voulait déjà se plonger dans ses révisions. Vive la super martienne sexy. « Je prends un peu d'avance pour avoir champ libre durant le reste de l'année! » me répondait-elle avec une voix joyeuse qui me provoqua un éclat de rire. « Très astucieux, vraiment. » Je ponctuais mes paroles avec un petit sourire avant de gentiment lui rappeler que si jamais je me souvenais de son parfum préféré c'était justement parce qu'elle m'avait étalé celui-ci sur le visage. « Oh non, pas besoin, je m'en souviens déjà très bien! » Un nouvel éclat de rire s'échappa alors de mes lèvres tandis que je pénétrais dans son appartement lui répondant que si jamais elle se sentait seule, c'était pas plus mal que d'y inviter du monde. En plus elle avait la place dans celui-ci.  « J'y penserai dès que j'aurai à nouveau touuuut mon temps libre! » me répondit-elle avec un sourire. Lorsqu'elle me demanda comment je me trouvais, je lui répondais nonchalamment que le temps passait et que finalement ben il ne se passait rien d’extravagant dans ma vie. Puis je comprenais sournoisement une invitation implicite pour aller la voir à son lieu de travail et je ne pus m'empêcher de plaisanter à propos de cela. « Bien entendu. » me disait-elle avant que je ne la complimente sur sa tenue. Oh oui, je cherchais bien à la flatter mais bon, ça n'avait certainement pas l'air de l'enchanter. « Merci, je suppose? » Je toussotais alors avec un sourire tout en m’asseyant sur son canapé. Ça sentait la nana qui n'aimait pas ce genre de phrase ou qui n'en recevait jamais. « J'ai à peu près de tout, en fait. Je passe ma vie à ramener des bouteilles du boulot. » Je réalisais une moue sceptique. « T'es pas alcoolique hein ? Sinon je prendrais bien une bière et tu m'accompagnes en mangeant ta glace ? » Elle devait  bien avoir ça au moins, non ? Je souriais alors timidement tandis que je lui demandais pourquoi elle était partie si tôt du Summer Camp. «  A la base j'étais revenue voir une amie qui se réveillait du coma, et je devais retourner au summer camp le lendemain, mais finalement, je suis restée ici. » Une amie qui se réveillait du coma...J'en connaissais qu'une et c’était Dixie. S'agissait-il de la même ? « Une amie ? Il ne s'agirait pas de Dixie par hasard ? » Je ne savais pas si elle la connaissait ou pas, mais bon. « Dans tous les cas, tu as raté la fin du Summer Camp, c'est dommage. » Haussant les épaules, je ne savais plus vraiment trop quoi dire. « Bon et sinon, toi quoi de beau, à part...les révisions et ton boulot ? » Pour dire la vérité, une partie de mon moi intérieur aurait bien aimé développer la situation entre nous mais je le savais désormais définitivement que je ne l'intéressait pas.

« Très astucieux, vraiment. » Je n'aimais pas mentir et encore moins aux personnes qui étaient assez proches de moi, pourtant, je le faisais par simple besoin de me protéger. Peut-être que moi non plus, je ne voulais pas faire face à la réalité. La suite se déroula communément, de fil en aiguille, de quelques questions typiques à d'autres réponses qui l'étaient tout autant, bref, une certaine routine, qui pourtant me plaisait. J'avais l'impression que Théo me sauvait presque à chaque fois avant que je ne plonge dans un gouffre solitaire, comme au bal, ou aujourd'hui. C'est d'instinct, peut-être? Qui sait. En réalité, lorsqu'il complimenta ma tenue, ou du moins l'apparence que j'avais en la portant, je ne savais réellement comment répondre. Non, je n'étais pas habituée aux compliments, et ce n'était pas tellement étonnant. La "bonne amie" n'était jamais celle qui était considérée comme désirable, j'étais plutôt du genre à entendre des compliments sur les autres, en fait. Bref, il n'y a pas plus weird. « T'es pas alcoolique hein ? Sinon je prendrais bien une bière et tu m'accompagnes en mangeant ta glace ? » Je me mit à rire à sa question, même si elle n'avait absolument rien de drôle. « Non non, je ne suis pas alcoolique. Mais au moins, je ne déçois les espérances de personne! » Je m'engouffrais alors dans la cuisine, en signe d'acquiescement, avant d'aller fouiller dans mon frigo et de revenir un petit peu après tout en lui tendant la petite bouteille, - et le décapsuleur, au passage - tandis que je lui parlais du pourquoi et du comment j'étais revenue à Cambridge plus tôt que prévu. « Une amie ? Il ne s'agirait pas de Dixie par hasard ? » Je levais les yeux vers lui, avant d'hocher la tête. « Oui, c'est d'elle qu'il s'agit. » Mettre les pieds dans un hôpital.. je détestais ça, pourtant, je l'avais néanmoins fait pour aller la voir à son réveil. Après tout, c'était naturel, nous sommes amies, et même si ce n'est que depuis peu, je ne pouvais pas ne pas m'y rendre. « Dans tous les cas, tu as raté la fin du Summer Camp, c'est dommage. » Alors que mes yeux se baladaient un peu partout dans la pièce, je revenais sur Théo, curieuse. « Il s'est passé quelque chose en particulier? » demandai-je alors, intriguée par ses paroles. « Ou alors.. Tu aurais voulu me revoir une dernière fois avant la fin? » fis-je d'un léger rire. Il n'y a que moi pour poser ce genre de questions, il faut dire. Je crois que j'ai réellement besoin d'arrêter de m'enfoncer sous les fiches de révision de politique, et que j'ai vraiment besoin de me détendre par la même occasion. Ca me rend presque nerveuse, et je n'aimerais pas que ma compagnie devienne un fardeau pour qui que ce soit. « Bon et sinon, toi quoi de beau, à part...les révisions et ton boulot ? » Mes parents se sont remariés, ma mère a finalement réussi à m'imposer sa dictature, j'ai un beau-père tyrannique, ça fait deux semaines que je croule sous les dossiers et j'ai juste envie d'abandonner jusqu'à l'université. Mais tout va bien. « Tu me connais, Théo, ma vie tourne autour d'un point fixe. Autant dire que niveau nouveautés, j'suis assez limitée! »

Les conversations que j'avais avec Despe n'étaient jamais du type très profondes. Je veux dire, nous n'abordions jamais des thèmes délicats et très personnels car à chaque fois que je me retrouvais avec elle, j'avais le sentiment qu'elle n'aimait pas parler d'elle-même et surtout se confier aux gens, à ceux qu'elle devait considérer comme des inconnus. Seulement, je me posais parfois la question de savoir comment elle me considérait. Étais-je un inconnu pour elle, un ami lointain auquel elle n'avait jamais envie de se confier ? Je n'aurais su dire. En revanche, la seule fois ou elle m'avait parlé de son mal-être et de ce qu'elle ressentait c'était déroulé lors du cinéma en plein air que ma confrérie avait organisé. Évidemment, cela avait créer notre séparation amical jusqu'à ce que nous nous retrouvions comme de par hasard dans un endroit paradisiaque organisé par notre Summer Camp. « Non non, je ne suis pas alcoolique. Mais au moins, je ne déçois les espérances de personne! » me disait-elle d'une façon qui m'arracha une grimace qui pouvait lui permettre d'y lire comme je trouvais qu'elle avait raison. « En effet, ça a ces avantages. » Souriant, je l'observais partir dans la cuisine avant de revenir avec une petite bouteille de bière qu'elle me donna tandis que je la remerciais avec un signe de tête, attrapant son décapsuleur pour retirer la capsule moi-même comme un vrai petit homme. Quand elle me parla du fait qu'elle avait écourté son Summer Camp pour aller voir une amie qui se trouvait dans le coma, je réalisais qu'il s'agissait peut-être d'une amie que nous pouvions avoir en commun. « Oui, c'est d'elle qu'il s'agit. » Fronçant les sourcils, je levais ma bière vers elle comme pour trinquer invisiblement avec la sienne. « À ta santé Despe..-et ça rime en plus. » disais-je avec un petit rire avant de boire une première gorgée et de savourer le passage du liquide dans ma gorge. « Il s'est passé quelque chose en particulier? Ou alors.. Tu aurais voulu me revoir une dernière fois avant la fin? » me disait-elle avec un rire que je jugeais cristallin tandis que je posais mon regard sur elle. « Peut-être bien. Pour histoire de remanger une glace ensemble ou alors te jeter au moins une fois dans l'eau... » disais-je à mon tour avec une voix malicieuse. Ne plus la voir en cette fin de Summer Camp m'avait légèrement attristé je devais le reconnaître, d'autant plus que je l'avais cherché. Je lui demandais alors ce qu'il y avait de nouveau dans sa vie. « Tu me connais, Théo, ma vie tourne autour d'un point fixe. Autant dire que niveau nouveautés, j'suis assez limitée! » Je toussotais alors, la fixant, un peu gêné pour elle. « Bon et sinon qu'est-ce que t'attends pour faire du changement ? J'sais pas à la base les filles de ton âge ça cherche à avoir un copain, de l'amour, être heureuse...pas s'ensevelir sous les révision à peine la fac de nouveau ouverte... » Je marquais une pause, soupirant. « T'aimes pas cupidon c'est ça ? T'aimes juste les trucs chiants ?» Oui elle aimait ça ou alors... elle aimait les filles en fin de compte ? J'ouvris de grands yeux rien qu'à cette pensée, secouant ensuite la tête. « Arrêtes de tourner autour d'un point fixe, change..va à droite ou à gauche. »

Spoiler:

Je ne suis pas une bonne personne. Les bonnes personnes savent quelles sont leurs priorités, et ne dévient pas de chemins en chemins tout en laissant les autres derrière. Or, c'était actuellement ce que je faisais. Et ce que je redoutais le plus était d'en faire pâtir mes relations actuelles. De plus, de nature impulsive lorsqu'il s'agissait de choses déplaisantes, je ne souhaitais pas causer encore du tort à Théo, comme je l'avais fait il y a plusieurs mois de ça. Mauvais endroit, mauvais moment. Et on cumule ainsi, éternellement. A son opposé, son meilleur ami tombait presque toujours sur moi dans les moments où j'étais encore apte à raconter tout et rien, jusqu'à presque dévoiler ma vie entière. Autant dire que je faisais mal les choses; cela dit, j'éviterais seulement le sujet. « En effet, ça a ces avantages. » J'aimais faire plaisir aux gens et en hôte accomplie j'essayais souvent de faire en sorte qu'ils ne se sentent pas mal chez moi. La moindre des choses, en somme. « À ta santé Despe..-et ça rime en plus. » Ayant un léger rire, je lui répondis à peu près la première chose qui me passait par la tête. « J'aurai pu te servir une Despe, d'ailleurs, mais.. j'aurais prit ça comme du cannibalisme. » dis-je en faisant référence à la bière française du même nom, dont le goût était pourtant exquis. Nous parlâmes ensuite du summer camp, évoquant la fin de celui-ci, à laquelle je n'avais évidemment pas assisté. « Peut-être bien. Pour histoire de remanger une glace ensemble ou alors te jeter au moins une fois dans l'eau... » Et je n'aurais bien entendu par refusé l'invitation, du moins si j'avais été là. « Je crois que je suis passée à côté de quelque chose là, j'aurais vraiment du revenir. » C'est ce qui avait été prévu, à la base. Mais Cambridge m'attirait comme un aimant, dépasser ses limites, c'était me retrouver au point de départ dans la seconde qui suivait, dans cette situation. Lorsqu'il me demanda ce qui avait changé dans ma vie, ou du moins ce qu'il y avait de nouveau, je ne pus que sortir une réponse tout simplement bateau. Je ne pouvais simplement pas parler de tout. C'était hors de ma portée. « Bon et sinon qu'est-ce que t'attends pour faire du changement ? J'sais pas à la base les filles de ton âge ça cherche à avoir un copain, de l'amour, être heureuse...pas s'ensevelir sous les révision à peine la fac de nouveau ouverte... » Je me mordis l'intérieur de la lèvre, par habitude. Je détestais entendre ce genres de choses. « T'aimes pas cupidon c'est ça ? T'aimes juste les trucs chiants ?» Je levai les yeux vers lui. Non, je n'aimais pas me prendre la tête avec ces putains de cours, non, ça ne me plaisait pas de ne pas pouvoir sortir quand je le voulais. Et qu'est ce que je donnerai pour foutre le feu à ces dossiers et retourner en psychologie, et donc reprendre ma vie comme je le souhaitais, c'est à dire la reprendre en main. Seulement, ce n'était pas possible. « C'est pas ce que je recherche non plus, à la base, réviser à peine la fac ouverte. Enfin, là, ça fait précisément depuis que je suis rentrée à Cambridge que je m'les tape, ces dossiers. » Je soupirai. « J'ai absolument rien contre cupidon, j'suis juste pas particulièrement douée lorsqu'il s'agit de penser amour. » Ah ça, pour ne pas être sortie réellement avec quelqu'un depuis un bon moment, j'en savais quelque chose. « Arrêtes de tourner autour d'un point fixe, change..va à droite ou à gauche. » Moi, d'un naturel impulsif? Non, du tout. « Sauf que même lorsque j'essaie de bouger, en fait, j'me retrouve avec de œillères pour pas bouger de mon chemin. Niveau changement, j'ai déjà eu ma dose, entre mon changement de cursus, ma famille qui s'recompose, le simple fait de changer de nom, ça m'passe déjà par dessus. » Je ne laissais que quelques secondes, avant de reprendre. « Alors oui effectivement, sur le moment, ça me fait chier de ne pas pouvoir penser autre chose qu'études, sauf qu'actuellement, j'ai pas le choix, et même si je le voulais, j'peux pas sortir ou m'occuper d'mes relations, parce que je dois étudier, et qu'après, je dois aller bosser. » Ce ton froid qui ne me ressemblait pas. Non, non, je ne veux pas recommencer avec ce genre de situations. Je m'adossais contre mon mur, regardant ailleurs. « J'suis désolée, j'aurais pas du hausser le ton. J'ai jamais su gérer la pression, et j'ai jamais voulu dire ça ainsi. » Putain.. j'en ai marre, réellement marre, de mes réactions à la con et de mon caractère vacillant.