Emma & Irina ♫ La nouvelle Ðostoïevskaïa

Une journée après que mon père n'ai été au courant de mon départ pour l'Amérique, il m'avais soumis à tout un questionnaire sur : où est-ce que je serais plus précisément aux USA, à quelle université, dans quelle maison etc. Très clairement, si ma mère ne m'avait pas soutenue, je ne lui aurais pas dit. Je n'ai jamais été très proche de lui et le vieux avait toujours voulu que je lui succède dans le monde politique.
Finalement, quelques jours avant mon départ, il a même essayé de me faire renoncer à Harvard pour que j'aille plutôt à Yale où à la plus prestigieuse de danse de Russie qu'il ait trouvé. Bien sur, en tant que digne enfant de ma mère, j'étais d'une curiosité extrême. Je me devais donc de mener ma propre petite enquête sur le comportement de mon père qui me semblait bien étrange. J'avais fouiné dans son bureau et interrogé tout ses collègues de travaille -que je connaissait un temps soit peu. Personne ne savait rien puisqu'avec eux : il était normal.
Ma mère non plus ne savait rien sur le sujet, il ne me restait donc plus qu'une personne à interroger. Mon père.
Quelques heures seulement avant mon départ, mon père me pris donc à part et m'expliqua la raison de son étrange comportement ce dernier mois. Il ne voulait pas que je le découvre par moi-même et avait donc décidé de me le dire pour que je ne soit pas surprise. C'était l'un de ses rares moments de discussions entre un père et sa fille où il lui annonçait : qu'elle avait une sœur ? J'en était restée bouche-bée, à le regarder fixement sans trop comprendre ce qu'il se passait. Jusqu'à ce qu'il m'apprenne quand réalité : j'en avais deux. Des jumelles. L'une était dans l'école où je m’apprêtais à aller, et l'autre on ne sait pas trop où. Il m'expliqua qu'il avait trompé ma mère -mais que cette dernière n'était pas au courant- alors qu'elle était enceinte de 4 mois lors d'un voyage aux États-Unis. Cette dernière avait accouché de jumelles et avait prévenu mon père. Il avait fait en sorte qu'elles soient adoptées par des familles qui lui semblait à peu près convenables et les avaient fait suivre à la trace. Bien qu'il ait perdu tout contact avec l'une d'elle.
Je me retrouvais donc dans l'avion, avec tout plein d'idées en tête : comment est-ce que j'allais la retrouver ? Si pour en retrouver une sur un campus j'aurais du mal, quand sera-t-il pour l'autre ? Il me faillait donc pour l'instant me concentrer sur la première qui s’appelait Emma.
Après avoir trouvé une dizaine d'Emma sur le campus, je devait toute leur rendre visite. Je les avait donc toute faite une par une jusqu'à la 10ème que je voyais aujourd'hui, lors de mon retour des Caraïbes.
J'avançais timidement vers la jeune femme pour ne pas qu'on me prenne pour une psychopathe encore une fois -2 autres Emma m'avaient agressé avec leur sac à main, avant de la saluer. Hey, moi c'est Irina ! Je devais être sûre qu'elle était ma sœur et pour cela, il fallait que je l'interroge.

J'étais ce jour là dans les jardins du campus d'Harvard, pas loin de la Quincy House. Je lisais un bouquin en français, un cadeau de ma mère. Elle m'avait initié à la littérature de son pays natal depuis déjà longtemps. Le livre que je lisais était à ce qu'il parait un classique là-bas. C'était un livre d'un écrivain nommé Emile Zola. Il me passionnait énormément et c'était vraiment pas de la tarte à lire. Le titre ? La bête humaine. Non ça ne me faisait absolument pas penser au monstre que Dylan avait pour femme qui s'amusait à le frapper. J'avais la tête plongée dans mon livre, relisant parfois plusieurs fois les phrases, les pages quand une jolie voix avec un accent m'interpella. Hey, moi c'est Irina !
Je m'empêchais de sursauter et levais la tête vers elle. Je lui souris.
Salut.
Je fermais précautionneusement mon livre, toujours un sourire aux lèvres.
Je suis Emma. Enchantée.
J'essayais d'identifier son accent. Suédois ? Russe ? C'était quelque chose dans ce genre là.

Le jeune fille en face de moi me dit qu'elle aimerait faire ma connaissance. Alors je ne fis qu'hocher la tête, sans rien dire de plus. Que dire à une fille qui voulait me connaître ? Pourquoi d'ailleurs pouvait t elle vouloir me connaître ? Je n'avais aucune idée de ce que je pouvais te répondre. Je me mordais les lèvres et rangeais mon livre dans mon sac vert kaki en tissu sans savoir trop quoi dire ou quoi faire de plus. Fallait vraiment que je le change d'ailleurs ce sac.

J'étais toujours un peu timide même si quelques personnes comme Austin essayaient de me faire changer. Mais là, quand Irina se remit à parler, je me figeais. Mon visage n'exprimait plus rien et mes yeux la regardaient en essayant de trouver quelques ressemblances entre nous deux. Donc, encore quelques moi auparavant je pensais que j'avais juste un frère de quatorze ans mort en novembre 2013 en se faisant renverser par un bus. Puis j'ai appris que j'avais une jumelle, Nova qui disparût un jour dans la nature. -Je ne le montrais pas, mais j'en souffrais d'ailleurs- MAINTENANT on me dit que je ne suis sûrement pas la fille de mon père, et est-ce que je suis celle de ma mère ? Aucune idée. J'éclatais de rire. Un rire angoissé, nerveux. Deux fois en quelques mois, plus les problèmes que me causait Dylan malgré tout ce que je pouvais en dire, c'était trop.
Tu es vraiment sûre de cela ? Lui demandais-je après m'être calmée. Aux dernière nouvelles, mon père s'appelle EMANUEL JONES. Le tien aussi ? Ou alors il va me falloir une explication concrète.
Je ne savais même pas comment je faisais pour être calme.

Tout se mélangeait dans ma tête. Je ne savais quoi dire, quoi regarder, ni même quoi penser. Je devais la croire ? Cette parfaite inconnue, sortant de nul par et m'affirmant que j'étais sa soeur ? Je ne pouvais dire grande chose de plus, j'étais comme... bloquée. Mais ça expliquerait tellement de choses.. Pourquoi j'étais blonde, pourquoi j'avais les yeux bleus, pourquoi j'étais différente caractériellement aussi de ma famille. J'aimais les livres, la philosophie, j'avais horreur de la science. Chez moi, les Jones sont tous des matheux. Ma mère, mon père et mes grands parents étaient bruns voir châtains clairs. J'étais blonde aux yeux bleus. Je sais bien que ça ne voulait rien dire et que la génétique était quelque chose de beaucoup plus complexe que ça mais je m'étais toujours sentie à part. Ne serait-ce quand Eden est né, il n'y en avait plus que pour lui. C'était donc pour ça ? Parce que lui était leur fils et moi je n'étais que le résultat de signature sur un bout de papier ?
J'étais perdue. Mais j'avais envie de croire cette Irina. J'avais envie de pouvoir imaginer qu'une famille quelque part me ressemble et m'aime pour ce que je suis et non pour les études de médecines auxquelles Papa m'avait destinée. Alors je m'assis sur le sol, me fichant d'où j'étais. Que j'étais par terre. J'avais besoin d'être assise. Je le sentais sinon j'allais faire un malaise. J'étais déjà sur le point d'en faire un quand elle me demanda donc concrètement Eh bien tu as été adopté, non ? je regardais autour de moi, le visage pâle avant de serrer mon livre porte bonheur contre moi, livre que je venais de sortir de mon sac.
Pas à ma connaissance mais.. je..

J'étais perdue, déboussolée. Mais en même temps je me retrouvais soulagée. Irina était donc ma soeur, je la croyais c'était sûr. Je ne faisais donc pas partie de cette famille, les Jones. Je n'étais pas parenté avec mon "père" qui frappait ma mère et cette "mère" qui ne disait rien. Ma vraie mère et mon vrai père n'étaient pas comme ça. C'était ça, qui me soulageait.
Quand ma nouvelle soeur vit que j'étais mal et que tout le monde commençait à me regarder étrangement, je la vis se lever et se mettre à... danser la macarena. Je la regardais longuement sans comprendre avant de me rendre compte qu'en fait, elle essayait d'attirer l'attention sur elle pour que ce soit elle que les gens regarde bizarrement. Alors je souris un peu, rangeais mon livre porte bonheur dans mon sac et me levais. J'étais maintenant heureuse d'avoir une autre soeur. Une soeur qui n'était pas partie sans prévenir personne. Une soeur qui était... visiblement aussi folle que Nova.
Okay..! J'eus un léger rire. Viens, on va rentrer dans le bâtiment derrière, on va aller dans la salle commune et on s'fait des chocolats pour discuter, okay ? C'était la Quincy House. J'avais hâte de connaître ma soeur.