Tout les scénarios possibles et inimaginables trouvaient alors sans aucune difficulté un fil conducteur dans son esprit, permettant ainsi à ces idées de se matérialiser. Elles gravissaient les échelons, démunies de quelconques frontières susceptibles de les maintenir dans un état stable. Toutes les éventualités effleuraient son esprit, pourtant, il n'en savait toujours pas plus. Est-ce qu'ils lui avait dit qu'une autre fille était dans sa vie à ce moment là? Peut être, peut être pas. Les possibilités étaient si nombreuses qu'il laissait peu à peu un brouillard épais s'installer, ne faisant qu'attiser plus sèchement cette colère croissante et indélébile. S'il avait le choix de s'apaiser en dédramatisant, il ne faisait que plus s'enliser dans cet état furieux, similaire à ses êtres aquatiques, ses prédateurs qui les toisaient sans importance, lui rappelant avec amabilité, qu'il était préférable de ne pas laisser son poing s'effondrer contre cette paroi, ne serait-ce que pour retomber en pression. « Mets toi à la mienne. » Du répondant, comme toujours. Cette réponse lui déplaisait, bien qu'il ne savait pas quelles étaient ses attentes vis à vis des réponses qu'il attendait si fébrilement. Le silence? Une chose encore plus détestable qu'il ne supportait qu'avec complexité. « Tu m'excuseras, j'y arrive pas. » Son regard se voulait dur et glacial, à l'image même de ce qu'il parvenait à ressentir depuis le début de cette conversation. Il ne mentait pas et était plus que sincère dans les propos qu'il pouvait tenir. Non, il n'arrivait pas à se mettre à sa place, la faute sans doute à cette absence de bonne volonté, afin de tout résoudre, d'éclairer le chemin éteint depuis de nombreuses années, l'éclairer. Le regard vagabond, son corps l'était tout autant, perturbé par cette chaleur imminente, causée par ce renversement de situation. « Ils sont venus me voir, et ce n'était surement pas pour m'inviter à passer un peu de temps en "famille". Je savais qu'ils ne m'aimaient pas, mais j'ignorais qu'ils allaient en venir au point des menaces. » On venait soudainement de lui ôter tout ce qui le maintenait dans cet état intempestif de colère : vidé, comme si tout venait de s'envoler ailleurs, dans un coin perdu, reculé, tellement bousculé, qu'il ne parvenait même pas à raisonner de façon rationnelle, cette vérité tant attendue, qui lui tombait soudainement sur le coin du nez. Déglutissant il ne parvenait soudainement plus à la regarder dans les yeux, perdu. Comment avaient-ils pu lui faire ça? Une trahison, c'était absolument ce qu'il ressentait à cet instant précis, une dure trahison qu'il n'arriverait jamais à digérer. « Ils m'ont demandé de sortir de ta vie. D'après eux je n'étais qu'un fardeaux à ta vie et je faisais honte à ta famille. Je me foutais de ce qu'ils pensaient de moi jusqu'à ce qu'ils ne menacent de dénoncer ma situation pour détruire le peut qu'il restait à ma mère et moi. » Sa main se portait automatiquement à son visage, posée sur le front, comme pour absorber toutes ces ondes négatives qui l'assaillaient une énième fois. Une claque, une gifle, voilà ce qu'il venait de se prendre, et pourtant, Dieu savait qu'il n'était pas prostré dans l'inconnu quant aux comportements de ses parents. Seulement, un détail lui échappait. Qu'est-ce qu'elle voulait dire par faire honte à sa famille? De ce qu'il savait, elle n'avait jamais manqué de respect à qui que ce soit et ce n'était ni une prostituée, ni une sdf. « En échange de mon départ, ils m'ont donné de l'argent. Je ne pouvais pas refuser, de toute manière je n'avais pas le choix. » Hein? « Pardon? » Ni une ni deux que monsieur réagissait déjà. Il avait bien entendu? Elle était sérieuse en disant ça? S'il s'était quelque peu éteint face à ses aveux, il ne tardait pas à reprendre du poil de la bête, réitérant cet état de colère qui semblait devenir permanent, en oubliant presque ce détail qui restait flou. « Je sais vraiment pas quoi dire, je sais même pas si ça vaut la peine qu'on continue cette discussion tellement vous me décevez, eux comme toi. » Confondant tout, il n'hésitait tout simplement pas à mettre tout le monde dans la même sphère, quitte à blesser et à devenir presque désagréable, perdurant dans cet état péjoratif. Putain, mais c'était quoi leur problème? Ils avaient besoin d'acheter les gens maintenant? Il hallucinait. « T'es en train de me dire, que t'es partie, pour de l'argent. Waouh. Et après tu oses me dire que je ne me suis pas trompé sur toi? » Il se fichait ouvertement de ce que son attitude pourrait lui inspirer, en voulant presque au monde entier. Putain, comment c'était possible? Ce pauvre dicton qui décrétait que l'argent ne faisait pas le bonheur devait vraisemblablement être revu de toute urgence. Elle avait préféré l'argent à lui, du moins, c'était ainsi qu'il percevait la chose. « Tu sais quoi? Au final, t'es pas mieux qu'eux, t'es exactement pareil. » Ses mots étaient durs et il poussait sans doute le tout à l'extrême, se trahissant avec facilité : il était impulsif, mais non seulement, il dévoilait clairement cette atteinte, cette situation qui ne le laissait pas indifférent. « De l'argent. Notre relation valait donc quoi, allez, quelques euros? Non sérieusement, combien ils t'ont donné, hein? » Oui combien, combien leur relation avait-elle valu? Il parvenait presque à rire de la situation, un rire qui n'inspirait nullement la joie ou le bon temps, c'était un rire moqueur, triste presque. Ce qu'il comprenait pas cependant, c'était pourquoi elle avait marchandé avec eux, et encore moins pourquoi pour de l'argent. De ce qu'il savait, elle n'avait jamais souffert de quoique ce soit. « Putain. Je sais pas merde quoi, si t'avais besoin d'argent, pourquoi est-ce que tu m'as pas demandé? Et rassures moi, tu t'appelles bien Hawkins? » Oui au point où on en était après tout.