it's just you and me. ► (Ricardo)

Les cours avaient repris depuis seulement quelques jours et j'avais déjà un emploi du temps si chargé qu'il ferait probablement perdre la tête à n'importe qui. Mais moi, j'étais motivée à tout réussir, aussi bien niveau cours, que projet caritatifs, et projets artistiques. Pour l'instant j'y arrivais plutôt bien, même si je n'étais pas sûre à cent pour cent de pouvoir continuer à suivre ce rythme là éternellement. De même, j'avais décidé de mettre ma vie personnelle de côté. Ouais parce que j'estimais avoir suffisamment déprimé à cause des mecs pendant le summer camp. À cause de Royce, de Ricardo, et indirectement de Marshall. Mais hors de question de penser encore à tout ça maintenant que nous étions tous rentrés à Cambridge. Du coup je les avais évité, et ignoré, depuis notre retour. Et j'avais plutôt bien réussi, jusqu'à aujourd'hui. Je devais me rendre à la bibliothèque pour y déposer des manuels que j'avais emprunté deux jours plus tôt pour un devoir. J'aurais pu prendre les escaliers afin de monter au troisième étage, mais mon sac était vraiment trop lourd, et j'avais plus ou moins la flemme. J'appuyais donc sur le bouton et j'attendais que l’ascenseur arrive à mon étage. Lorsque les portes s'ouvraient devant moi, je m'apprêtais à m'y engouffrer, jusqu'à ce que je me rende compte que j'étais face à Ricardo. Et merde ! Je le regardais un instant en hésitant à faire un pas. Pourquoi dois-je toujours tomber sur les personnes que je ne veux pas voir ? Je décidais enfin de monter dans l'ascenseur, parce que je n'avais pas envie de lui montrer que je l'évitais comme la peste. Salut. dis-je simplement en appuyant sur le bouton de mon étage. Je n'avais pas envie de paraître mal polie, j'ai des principes quand même. Je tournais le dos à Ric, qui était au fond de la petite cabine. Je devais juste tenir quelques secondes et je pourrai enfin fuir et ne pas le revoir de la journée, ou même de la semaine, voir plus avec un peu de chance. Mais ça, c'était sans compter sur ce stupide ascenseur qui décidait de s'arrêter. Oh non ! Je fixais les portes, priant silencieusement qu'elles s'ouvrent, sauf que ce ne fut pas le cas. C'est une blague, c'est ça ? Il y a une caméra cachée quelque part ? J'appuyais sur un bouton, puis sur un autre, puis sur tous en même temps, mais rien ne fonctionnait. Ok, garde ton calme.. Je soufflais en passant mes mains dans mes cheveux. Ce n'était pas le moment de paniquer. Sauf que je n'y arrivais pas.

Question existentielle du jour : Pourquoi nous retrouvons nous toujours dans les pires situations en compagnie des personnes que l'on a le moins envie de voir ? Bon c'est vrai que mes sentiments envers Ric étaient plutôt contradictoires, d'un côté j'étais vexée et blessée parce ce qu'il avait pu me dire durant le Summer Camp, mais je crevais aussi d'envie de lui parler, d'être avec lui, contre lui.. Bref, ce n'était pas le moment de penser à ça, même s'il n'était qu'à quelques centimètres de moi, dans cet ascenseur qui venait soudainement de se stopper. C'était quoi le problème, hein ? Il n'était jamais tombé en panne au par avant, du moins pas à ma connaissance, et il choisissait cet instant précis pour le faire. C'est une blague ? Ricardo demandait à voix haute ce que j'étais en train de me dire silencieusement. Oui, ça devait être ça, une stupide plaisanterie. Je risquais un coup d’œil dans sa direction, et je le vis regarder son portable. Bonne idée ! Je sortais donc le mien de ma poche. Pas de réseau. J'en aurais pleuré. Je me tournais alors vers le jeune-homme. Dis-moi que tu as du réseau. Le problème c'est que rien qu'en voyant l'expression de son visage, je compris que ce n'était pas le cas. Quelqu'un va forcément remarquer que l'ascenseur n'arrive pas. On va sortir de là. J'essayais de m'en convaincre moi-même en tout cas. Je m'adossais à la paroi près de Ric. Mon coeur battait fort et je ne savais pas si c'était parce que j'étais coincée dans un ascenseur, ou si c'est parce que j'étais coincée avec Ricardo.

J'espère bien. Je n'ai aucune envie de me retrouver coincé avec toi. Il ne fallait pas être très intelligents pour comprendre que Ricardo m'en voulait encore d'avoir couché avec Marshall. Et après tout, pourquoi tout ça aurait changé alors que nous ne nous étions pas adressé la parole depuis notre dispute. Pourtant ce qu'il me répondait, et l'intonation qu'il utilisait, me brisaient le cœur encore une fois. J'avais cru avoir tourné la page en un mois, mais ce n'était apparemment pas le cas. J'avais cru que je ne pourrai pas me sentir plus mal que je l'avais été, sauf que l'instant présent me démontrait le contraire. Cependant, je ne pouvais pas le laisser me parler comme ça. Je me tournais vers lui afin de lui faire face, et je le foudroyais du regard. J'ai compris que tu m'en veux, que t'es en colère contre moi parce que j'ai couché avec ton "pire ennemi". J'ai pigé ! Mais t'as pas le droit de me traiter comme ça, comme si je t'ai trompé ou trahis, parce que c'est pas le cas. J'savais même pas que tu le détestes. Et puis on sortait pas ensemble, Ricardo. Je m'arrêtais de parler un instant, afin de reprendre mon souffle suite à ces mots que j'avais débité rapidement. Et puis pour regarder la réaction de mon interlocuteur aussi. Puis je continuer : Et puis j'suis une grande fille, et j'estime avoir le droit de coucher avec qui je veux, que ça te plaise ou non. Je ne t'appartiens pas Ric, alors t'as pas le droit de me faire la gueule. Ces derniers mots, j'aurais aimé les prononcé d'une voix tranchante et froide, mais j'avais plutôt l'air de le supplier de me parler à cause de ma voix tremblotante.

J'étais surprise par ce qu'il me répondait. Il admettait enfin que j'avais raison et qu'il n'avait pas à me traiter comme ça. Tout d'un coup j'avais l'impression qu'un énorme poids s'envolait de mes épaules. Je devais avoir un air ahurit, avec des yeux grands ouverts. Si j'avais su qu'il suffisait d'hausser un peu le ton je l'aurais fait il y a bien longtemps. Il continuait en me disant que Marshall était un connard, et je ne pus m'empêcher de sourire. Je croisais les bras en le regardant. C'est bizarre, t'es la deuxième personne à me dire ça, presque mot pour mot. Ouais, Royce m'avait fait la morale pendant le Summer Camp, et depuis on ne se parlait plus non plus. Marshall était-il réellement un connard comme beaucoup le prétendait ? Je n'en avait pas vraiment eu l'impression quand j'étais avec lui, mais je m'étais peut-être trompée ? Peut-être que les centaines d'autres mecs d'Harvard ne m'intéressent pas. À croire que je me jette dans les bras des mauvaises personnes. Je plaisantais bien sûr. Quoi que.. Le fait que Ric me répète que ça le dégoûtait me serrait le cœur une nouvelle fois, comme si quelqu'un l'empoignait et tentait de me l'arracher. Je me mordais l'intérieur des joues en baissant le regard quelques instants avant de le relever vers le visage du jeune-homme. Je tendais mon bras afin de lui caresser la joue. Je sais que t'es dégoûté, mais ne pense plus à ça Ric.

"Tu veux dire que Marshall t'intéresse ?" Je faisais les gros yeux. Non Marshall ne m'intéressait absolument pas, en plus c'était un ami de mon frère aîné et on ne touche pas au ami (normalement). Et puis d'après ce que j'avais entendu sur lui, il n'était pas vraiment le genre de mec en qui j'aurais aveuglément confiance. Or, la confiance est primordiale dans un couple selon moi. Bref, je regardais Ric en secouant vivement la tête de droite à gauche. Non bien sûr que non, il ne m'intéresse pas. Lui et moi c'était rien.. Juste un soir. On en a même jamais reparlé. Normalement ce genre de chose n'était pas mon genre. Avant Marshall je n'avais jamais couché avec un mec pour qui je n'avais pas le moindre sentiment. Je ne saurais même pas dire pourquoi j'avais fait ça. Je ne le regrettais pas, sauf peut-être face à la réaction de Ricardo. "Qu'est ce que t'as fait sérieux..." Je pinçais mes lèvres en baissant les yeux un court instant avant de le regarder de nouveau. Je posais ma seconde main sur son autre joue, approchant ainsi mon corps du sien. Je le regardais dans les yeux, et je m'y perdais même un instant. Ils étaient si bleus, un peu comme l'océan sur lequel nous avions navigué pendant le Summer Camp. Ric.. Je sais que tu m'en veux. Mais je t'assure que je suis toujours la même fille qu'avant, je n'ai pas changé.. Et je ne veux pas que ce que j'ai fait avec Marshall m'éloigne encore de toi, parce que je ne le supporterai pas. Je n'allai pas lui raconter à quel point j'étais mal après notre dispute sur la plage. Que mon frère avait dû tenter de remonter le moral et qu'il avait largement échoué, et que j'avais mis du temps à m'en remettre.