JASPEANDRA → be there for you.

Je ne savais pas ce que j'allais dire, ni même ce que j'allais faire. En fait, j'ignorais totalement ce que je faisais maintenant. J'allais juste mal et j'avais seulement besoin d'un ami qui pouvais me comprendre et me rassurer un temps soit peu. Rien qu'un peu, je voulais pas quelque chose d'énorme, juste quelques phrases qui étaient censés me faire aller mieux -même si en les entendant, je saurais clairement que ce serait débile aussi bien à dire qu'à entendre-. Machinalement, je suis allée voir Jasper. Pas pour retomber dans les bras de quelqu'un parce que Jude allait partir, non, juste parce que c'était l'ami le proche que j'avais et celui qui me comprenais certainement le mieux. Je lui avais envoyer un message juste avant, donc je savais que c'est lui qui allait ouvrir quand j'allais frapper. Je me moquais bien des autres qui partageais sa cabine, j'avais juste besoin de le voir un moment, et ce, même s'il était minuit passé. Une fois la porte ouverte, je n'avais même pas chercher à comprendre, ni même à lui expliquer. Je me suis juste jetée dans ses bras et je l'ai serré contre moi.

Tout le monde sort. Jasper avait suffisamment accordé de « cabine vide » pour le compte de ses colocataires d'un été qu'ils lui devaient bien ça. Oui, ils lui devaient de dégager quand il le demandait, même s'il était minuit passé. La moitié était encore dehors, et avaient été prévenu qu'ils fassent durer leur nuit. La raison ? Rien d'exotique ou d'affriolant, juste un sms de Leandra qui lui annonce sa venue. Et croyez-moi, c'est dingue ce qu'on peut transmettre comme émotions par écrit. Enfin, ce que peuvent ressentir les gens qui vous connaissent. Ainsi : tout le monde sort. Et quand Jasper ouvre la porte de sa cabine, c'est pour réceptionner son amie. Attention, demoiselle en détresse. Chacun sert de son côté, elle pour se réconforter, lui pour la soutenir. Ca donne juste un truc très compact dans l'encadrement de la porte. Ils restent là, quelques secondes, minutes, jusqu'à ce qu'il sente que Leandra réduit son étreinte. « Allez, viens-là. » Il attrape sa main, ferme la porte de l'autre, et la guide jusqu'à son lit où il s'assoit à côté d'elle. Abandonnant les doigts féminins, il la prends par les épaules pour l'entrainer contre lui. « T'as rêvé de moi entrain de me faire manger par un poisson ? » Faisant référence à la dernière fois qu'elle avait surgit dans un état proche de celui-ci. Il n'en pense pas un mot, mais sait qu'il est plus facile de répondre, que d'annoncer.

Je ne sais pas combien de temps je l'ai serré contre moi. Assez longtemps pour me sentir un peu mieux, je suppose. Quelques minutes peut-être, même si j'aurais aimé que ça se transforme en heures. Jasper, il était toujours là, et je priais pour que ça ne change jamais. « Allez, viens-là. » Il prends ma main et ferme la porte, et tout ce que je fais, c'est le suivre. Comme une enfant qui viens de faire un cauchemar. Comme une fille qui va mal, simplement. On s’assoit, et bizarrement je pense à tout ce que Jude dirait par rapport à cette situation. « T'as rêvé de moi entrain de me faire manger par un poisson ? » Il me tira un sourire, et je secoue la tête. « non.. » si seulement ça avait été ça. Si seulement ce n'était que ça. Je restais contre lui, parce que j'y étais bien. Il avait cette carrure rassurante, et cette odeur aussi. C'était Jasper, tout ce qu'il dégageait me rassurait énormément, comme s'il avait une sorte de pouvoir qui faisais que contre lui, tout allait mieux. « c'est Jude.. » les histoires de cœur d'une fille, rien de plus ennuyeux. Je me met à regarder sa chambre, et je fronce les sourcils. Il y a personne ici. Je vérifie bien partout dans la chambre avant de dire une bêtise, et demande, « ils sont pas là tes colocataires ? » c'est étrange qu'il soit seul. Ou alors, il a raté une soirée énorme où tout le monde allait. Pire encore, peut-être qu'il attendait une fille et que j'ai tout gâché.

Et d'un sourire de gagné. Quand c'est comme ça, on les compte, et on se réjouit de chaque petite victoire. Une fille comme Leandra, ca a pas le droit d'être triste. C'est comme ça, y a que la joie qui lui va bien. Alors la voir à sa porte, solidement encadrée de sa tristesse, ça lui serre le cœur, et il ne peut rien faire d'autre que tout essayer pour lui enlever ce poids. Même balancer n'importe quoi.. surtout balancer n'importe quoi, en fait. Évidemment, il vise à côté, mais cet échec entraîne la réelle explication. Celle qui revient ces derniers temps. « c'est Jude.. » Un prénom qui signifie pas mal de trucs, et pas que des sympas. Sitôt, sa mâchoire se serre, traçant quelques sillons sur ses joues. Ce type fait n'importe quoi. Quand t'as cette chance de fréquenter Leandra, tu la laisses pas être triste par ta faute. Si, Jasper est bien placé pour le savoir. T'as juste pas le droit de la faire souffrir. Gardant ses lèvres scellées pour éviter de s'emballer dans une tirade anti Montgomery, il profite d'un « ils sont pas là tes colocataires ? » pour calmer sa verve. C'est vrai que ça pouvait paraître étrange cette solitude. « Ils sont à une.. fête sur la plage je crois, ils rentrent tard. » Chaste mensonge. Il n'allait quand même pas lui dire qu'il les avait viré pour elle. « Pourquoi, je te suffis pas ? » Moyen de détourner l'attention, tout en fronçant les sourcils légèrement, ses lèvres armées d'un sourire taquin. Oh, Jude allait revenir sur le tapis d'ici quelques secondes, il lui laissait juste un infirme moment de répit.

Mes yeux sont encore plein d'eau, alors ma vision n'est pas au meilleure d'elle-même. Je suis moins attentive, aussi. Trop préoccupée par le départ de Jude, je suppose. Trop occupée à penser à ce qu'il a dis, naturellement, comme si de rien n'était, comme si tout allait aller bien. Naturellement et simplement, sans se douter des réactions que ça pourrait produire sur les autres. Je regarde et vérifie bien la chambre avant de lui demander pour ses colocataires.  « Ils sont à une.. fête sur la plage je crois, ils rentrent tard. » je fronce les sourcils, prête à relancer une question sur pourquoi lui n'est pas à cette fête. Les vacances, c'est fait pour ça. Pour s'amuser et pour aller aux fêtes. Je venais peut-être de gâcher sa soirée, mais cette idée se chasse très vite d'un sourire grâce à sa question. « Pourquoi, je te suffis pas ? » je secoue la tête, avec mon faible sourire aux lèvres. « tu sais que si.. » mais disons que.. « j'trouve ça juste bizarre que tu n'y sois pas.. » à cette fête. Possiblement entrain d'essayer d'avoir Salomée dans ses filets, même si le plus gros du boulot est déjà fait. Je n'arrive pas à retenir mes larmes, et lance, presque comme ça, comme un cheveux sur la soupe, « il s'en va.. il va me laisser.. »

Évidemment, Leandra ne le laisse pas s'en sortir avec son explication foireuse, quoique presque crédible. Bizarre ? Ouais, peut-être. Sûrement. Vu que c'est faux, ca l'est. « Même le plus gros fêtard d'Harvard doit s'accorder une soirée de repos, t'sais.. » Il ironise, ne sachant garder un quelconque sérieux en face du désarrois. Ca vient de son éternel optimisme, on dira. Sa seule façon de répliquer,  c'est le soutien et une certaine forme d'humour. Pleurer en cœur n'aidera jamais personne. Même si l'envie n'est pas loin, quand des larmes viennent garnir les joues de la belle. « il s'en va.. il va me laisser.. » Ses doigts se serrent d'avantage sur la silhouette féminine, comme une tentative désespérée de la maintenir hors de l'eau. « Il s'en va.. ? » Répète-t-il, ne comprenant pas bien la portée de cette phrase. « Comme.. quitter Harvard ? » Pas une grosse perte, si on veut l'avis du dunster. Mais pour Leandra, c'est tout autre chose. Enfin, pour l'instant cette idée lui paraît complètement irréaliste, pourquoi quitter faculté, amis et famille ?

Ça m'étonnais qu'il ne soit pas parti à cette fête, surtout que tous ses camarades de chambres s'y trouvent. Si je ne le connaissais pas aussi bien, je dirais que là dedans se trouve une pointe de mensonge, mais j'avoue que sur le coup, je suis tellement triste et je pense à tellement de chose que j'en oublie presque son excuse -pas terrible, soit dit en passant-. « Même le plus gros fêtard d'Harvard doit s'accorder une soirée de repos, t'sais.. » je lui lance un faible sourire, il ment, c'est certain. Qu'importe l'excuse, c'est pas très important, du moment que je suis avec lui. Je lui annonce que Jude s'en va, et je m'attends presque à un 'il était temps' mais non, au lieu de ça, il ne fait que répéter, comme s'il avait mal entendu. « Il s'en va.. ? » je hoche la tête, « Comme.. quitter Harvard ? » je me pince les lèvres, retenant mes larmes. « ouais.. » ça me rendait folle, et je le réalisais un peu plus à chaque fois que je le disais à voix haute. « il va faire.. une sorte de truc pour médecin sans frontière grâce à un de ses amis et.. » et je veux être seule. Totalement seule et perdue. « et c'est une opportunité géniale pour lui.. pour son avenir.. » et je le comprends parfaitement. Si ça avait été l'inverse, j'aurais sauté sur l'occasion. On ne rate pas ce genre de chose, surtout quand ça concerne son propre avenir. « ça va durer.. des mois.. » pas trop longtemps non plus, j'espère.

Ils savent qu'il ment, mais peu importe. Choisissant d'ignorer ce détail d'un tacite accord, les amis se resserrent. C'est comme ça les obstacles sur le joli chemin, ça rapproche. Merci Jude pour ça, vraiment. Tu te casses et tu me la laisses, grand plan. L'Idiot en chef s'en allait donc, laissant femme et enfants à la maison, mais attention, pour une cause comme on en fait plus. Il peut pas faire tel que tous les étudiants d'Harvard en quête de leur BA, et remonter son karma en s'inscrivant à un de ces clubs de bonnes œuvres ? Pas assez dramatique pour lui, sûrement. Jasper se pince les lèvres, agacé. « Lui et son avenir.. ouais. » Lui et lui, quoi. A son prochain changement de confrérie, qu'il postule chez les Eliots. « Il a pas des gosses, lui ? Dont un qui est malade en plus, il me semble ? » Hum, ils allaient faire l'acte 2 de : - Jude est un connard égoiste – Mais non, c'est un ange, regarde comme il est généreux. « Je veux dire, il en faut qui partent hein, je dis pas.. mais sur ce coup je comprends pas. » Pourquoi maintenant, alors qu'il n'avait même pas finit ses études ? Y a tellement de façon de jouer aux sauveurs ici. Jasper s'écarte un peu d'elle pour pouvoir mieux la regarder. « Et vous, vous allez faire comment ? Il t'as demandé de l'attendre ? » Normalement, ça devrait presque le réjouir de voir Jude s'éloigner de Leandra, tellement il le trouvait nocif pour elle. Mais il pensait d'abord à la brune.  

« Lui et son avenir.. ouais. » Je sens l'agacement dans sa voix mais je ne relève pas, je sais ce qu'il pense et je sais aussi qu'il peut me prendre dans ses bras comme s'il appréciait Jude alors que ce n'était pas le cas. J'avais confiance en lui, alors c'est pas grave, ce n'est que de l'agacement. J'hochais la tête, c'était une décision que je comprenais, parce que je l'aurais fais aussi. L'ambition certainement. « Il a pas des gosses, lui ? Dont un qui est malade en plus, il me semble ? »  je me pince les lèvres, retenant quelque chose sur le bout de ma langue. Je sens le jugement dans sa voix et je m'apprête à lui demander d'arrêter avant même de commencer, sauf qu'il reprends, « Je veux dire, il en faut qui partent hein, je dis pas.. mais sur ce coup je comprends pas. » okay, il s'est rattrapé. « ouais.. » j'ai plus trop la force de dire quoi que ce soit, ou de débattre, et pour dire vrai, je ne comprenais pas non plus. « je me pose les mêmes questions.. il m'en a même pas parlé avant.. » à l'annonce, je n'avais même pas parlé avec Jude, j'étais juste venue ici, voir Jasper.  « Et vous, vous allez faire comment ? Il t'as demandé de l'attendre ? » j'haussais les épaules, j'en avais aucune idée. « il l'a annoncé et.. j'suis venue directement ici.. on a pas encore.. parlé.. » non, pas encore. Bientôt, quand j'arrêterais de faire la tête. « j'espère que.. qu'il me demandera pas de.. tu sais, rompre.. » ouais, malgré tout, je tenais à Jude et je venais ici voir Jasper en tant qu'ami.

Jasper se freine, se modère, s'auto-censure. Mais croyez bien que le jour où ce type sortira de sa vie, il sera là pour déverser tout ce qu'il ne peut pas dire maintenant. Combien Leandra mérite mieux. Qu'elle en trouvera d'autres, des mecs comme lui, en mieux en plus. Qui pensent à elle, avant de penser à eux. Ca doit se trouver sûrement. Pas dans cette pièce d'accord, mais quelque-part. Enfin, pour l'instant, l'homme dans la chambre juge. Camouflant son attaque avec malice, pour ne pas blesser son amie aux yeux mouillés. « Il s'en va comme ça, sur un coup de tête ? » Sans même consulter sa petite-amie, hum ? Vla la communication. C'est pas vraiment une question, plus une affirmation d'un Jasper surprit devant un Jude jamais avare de déceptions. Le brune semblait avoir autant de questions que lui, ainsi, ça ne servait à rien de l'interroger sur les détails de son voyage. N'empêche, il retenait qu'elle avait prit directement la direction de son bateau, ce qui lui soutirait un sourire discret. La suite lui retira. Les amoureuses, j'vous jure. « Tu.. veux rester avec lui quand même ? » Tente-t-il en y mettant toute la neutralité dont il était capable. « Je pense pas, à mon avis il sera bien heureux si tu l'attends.. » Non, on évite de lever les yeux au ciel. Presque une minute s'écoule, le temps de rassembler tout ce qu'il a de bonne volonté et d'attachement pour Leandra, et reprends, le regard fixé dans le vide : « Jude, c'est un connard égoïste qui fait des choix carrément douteux, mais il a l'air de tenir à toi, d'être amoureux. » Ses billes se tournent sur la demoiselle, arborant un demi-sourire. En toute sincérité, et même s'il aurait été plus simple de penser le contraire, le mather semblait solidement attaché à la belle.