(billander) flashforward ☛ when life gives you lemons, make lemonade

Billander ★
Cambridge, Jeudi 9 Juin 2016 - 5.37 pm

Installée au bord du lit, une jambe croisée par-dessus l'autre, j'étais serrée contre Alex et ma main libre était posée sur sa cuisse. Mes épaules étaient voûtées par le manque d'espoir, même si je m'efforçai d'adresser un sourire se voulant rassurant à mon petit ami. Je savais pertinemment qu'il n'y croyait pas, qu'il était conscient que l'anxiété me bouffait autant que lui, mais c'était un réflexe de chercher à le faire se sentir un peu mieux. Ça n'était pas la première fois que l'on se retrouvait dans cette situation ; bien au contraire, ça nous arrivait trop souvent à notre goût durant l'année qui venait de s'écouler. Et l'histoire se répétait tellement qu'aujourd'hui je ne cherchais même plus à me munir du moindre brin d'espoir puisque je savais qu'il allait être assassiné dans l'œuf. Oh, expression mal choisie. « Ça va être négatif. » Au diable les sourires et les gestes rassurants, j'étais tellement stressée qu'il fallait que je dise le fond de ma pensée. Je tenais ce foutu test de grossesse du bout des doigts, arrivant à peine à le regarder pour lire le résultat qui allait s'afficher dans quelques secondes. Au point où j'en étais, je n'avais même pas envie de savoir. Je passai une main sur mon front, sachant d'ores et déjà que mon corps allait une fois de plus me faire défaut. « J'arrive pas à regarder. » soupirai-je en le jetant à côté de moi sur le lit.

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Cambridge, Jeudi 9 Juin 2016 - 5.37 pm

J'avais envie qu'on fonde notre famille. Genre, sérieusement. Et c'était pour cette raison qu'on avait fait en sorte que ça soit le cas. On était marié depuis un moment maintenant, deux ans. Deux ans et on était encore ensemble, toujours aussi amoureux et maintenant désireux d'avoir un petit bout qui partage notre sang. Sauf que.. évidemment, on ne pouvait pas avoir simplement cette partie là. J'étais déjà papa de Robyn mais j'avais envie d'avoir un enfant de ma femme, de celle que j'aimais. Un enfant qu'on éduquerait ensemble. C'est juste que le destin n'est pas d'accord. On était tous les deux dans notre chambre, assis sur le lit et on attendait que le temps s'écoule pour avoir le résultat du test de grossesse. C'est toujours aussi stressant, malgré le fait que ça soit pas la première fois qu'on y est confronté. « Ca va être négatif. » Mon bras placé derrière elle venait se resserrer autour de sa taille pour tenter de rester positif. « Dis pas ça... on sait pas. C'est peut-être la bonne. » J'espérais que ce soit la bonne. J'en avais marre des tests négatifs à longueur de temps. Pourquoi on avait pas le droit à un vrai bon positif. Exaspérée, elle jetait le test à côté d'elle et je remontais doucement ma main dans son dos. « J'arrive pas à regarder. » Je déposais mes lèvres sur sa joue avant de récupérer le test à côté d'elle. « Laisse-moi faire.. » Si j'étais tout aussi affecté qu'elle, je me devais tout de même de regarder pour nous deux. Je déglutissais et je fixais le bâton, en attendant que le résultat s'affiche.

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Cambridge, Jeudi 9 Juin 2016 - 5.37 pm

Avant d'apprendre que j'étais dans l'incapacité d'avoir des enfants, j'étais absolument contre le fait de me créer une descendance, rien que d'y penser j'en aurais frémi. En apprenant la nouvelle, j'avais voulu faire comme si ça ne me touchait pas, comme si c'était logique que ça m'arrive à moi plutôt qu'à quelqu'un qui aurait vraiment envie d'en avoir. Sauf que je n'avais pas été longue à péter un câble, mettant aussitôt ma vie en danger sans le vouloir et me rendant compte une fois à l'hôpital que peut-être, cette histoire me touchait plus que je ne voulais me l'avouer. C'était comme si on m'avait retiré une part de moi, comme si on m'avait sucré mon libre-arbitre et j'avais eu beaucoup de mal à le vivre. « Dis pas ça... on sait pas. C'est peut-être la bonne. » me dit Alex pour être rassurant sauf que je n'y croyais pas. Non, 'la bonne' s'était passée il n'y avait pas si longtemps de ça, mon corps avait exceptionnellement réussi à concevoir et il avait fallu qu'il autodétruise ce miracle. Sous bien trop de nervosité, j'avais balancé le test et Alex le récupéra à côté de moi en embrassant ma joue. Il prit le test et baissa les yeux, attendant patiemment pendant que je me levais pour faire les cent pas. Quand je me retournai pour le regarder, je lus immédiatement le résultat sur ses traits lorsque je vis son visage se décomposer, comme trop de fois cette année. Je soupirai, sentant mon estomac se contracter violemment et je me courbai en deux, posant mes mains sur mes genoux. « Fuck .. » Je me remis à faire les cent pas, mains désormais plongées dans mes cheveux et je me mordais les lèvres pour empêcher les larmes de se pointer. « Faut s'rendre à l'évidence, c'est arrivé une fois et ça se reproduira plus. Tout l'monde nous le dit .. » En effet, tous les spécialistes que nous avions vus nous disaient de ne pas nous faire de faux espoirs, mais comme des cons, on ne pouvait pas s'en empêcher.

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Cambridge, Jeudi 9 Juin 2016 - 5.37 pm

Je me souviens encore quand j'ai appris qu'elle avait fait une fausse couche. Au début ça m'a foutu dans un état de choc. J'avais eu du mal à croire que je perdais mon enfant.. que Billie portait mon enfant. Puis il y a eu l'espoir quand Billie et moi avions discuté. Elle pouvait être enceinte, elle pouvait porter un enfant et on pouvait fonder une famille tous les deux. Je sais qu'elle est pas vraiment à l'aise avec tout ce qui est famille mais il est clair que je ne refuserai pas l'opportunité de la voir être mère de mes enfants. Je l'aime et je ne me vois pas vivre un jour sans elle, sans l'aimer et être aimé en retour. Si elle peut cependant pas me donner d'enfants, ça ne changera pas l'amour que je peux lui porter. Attrapant le test de grossesse, je posais mon regard sur l'endroit où doit apparaitre le résultat et... après plusieurs secondes, ça apparaissait. J'avais l'habitude maintenant de comment ça marchait et je connaissais que trop bien le symbole. C'était négatif. J'inspirais, relevant les yeux pour regarder Billie. « Fuck .. » Elle n'avait pas eu besoin que je le dise pour comprendre qu'elle n'était pas enceinte. J'étais triste. Aussi bien pour elle que pour moi. Pourtant, j'avais tout fait pour qu'elle le soit. Régime adéquate, j'ai respecté tout ce que les médecins nous disaient pour optimiser la fécondation et Billie aussi. Faut croire que ça ne se reproduira pas, c'est tout. La gorge nouée, je regardais de nouveau le test pour être sur que je ne me trompais pas mais... non, je ne me trompais pas. Dégoûté, je venais jeter le bâtonnet dans la poubelle et je venais m'approcher de ma petite amie. « Faut s'rendre à l'évidence, c'est arrivé une fois et ça se reproduira plus. Tout l'monde nous le dit .. » J'inspirais et j'expirais avant de poser mes mains sur ses joues, la forçant à me regarder. « Ne baisse pas les bras, okay ? Je veux pas qu'on baisse les bras.. C'est dur, je sais mais on y arrivera. On y arrivera... » avouais-je pour la convaincre mais aussi pour me convaincre, le front contre le sien.

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Cambridge, Jeudi 9 Juin 2016 - 5.37 pm

C'était arrivé une fois, sans qu'on s'y attende le moins du monde et on n'avait même pas eu le temps de réaliser, que c'était déjà la fin. Peut-être que si je l'avais su, peut-être que si j'avais été plus prudente, peut-être que si j'avais été plus attentive, si j'avais suivi un bon régime, que je n'avais pas fumé à ce moment-là, peut-être que ça aurait pu marcher, j'aurais pu tenir notre enfant dans mes bras. Malheureusement les choses étaient loin d'être idéales et je l'avais appris après l'avoir perdu. Alors même si je n'avais pas eu le temps de me faire à l'idée, ça flanquait un grand coup derrière la tête. J'avais passé l'étape de la conception alors que c'était normalement ce qui était absolument impossible pour mon corps. Alors ça nous avait donné de l'espoir, que peut-être un jour ça pourrait se reproduire et qu'avec tous les outils en mains, on pourrait mener cette grossesse à terme. Sauf que mon corps avait produit un miracle une fois et refusait de céder pour un second. Et même si je le savais, ça me détruisait de plus en plus. « Ne baisse pas les bras, okay ? Je veux pas qu'on baisse les bras.. C'est dur, je sais mais on y arrivera. On y arrivera... » tentait-il de me rassurer en encadrant mon visage de ses mains. Sauf que je me sentais inconsolable, perdue dans des émotions trop intenses pour pouvoir réussir à ressentir de l'espoir. J'étais déprimée d'essayer encore et encore pour nous retrouver toujours confrontés au même résultat. « On n'y arrivera pas. C'était un miracle, les médecins nous l'ont tous dit et j'pense qu'il est temps de commencer à les croire. Ils savent mieux que nous. Ça n'arrivera jamais et j'en ai marre d'espérer et d'espérer pour qu'on continue de se prendre des murs. » Et de toutes façons si nous arrivions encore à concevoir, tous me disaient que ce serait trop difficile à gérer sur le plan psychologique, donc à quoi bon continuer ?

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Cambridge, Jeudi 9 Juin 2016 - 5.37 pm

On en a vécu des coups durs dans la vie elle et moi. Disons qu'on était un peu abonné à cette chaine et il était impossible de nous en défaire. Elle avait eu un bébé, dans son ventre. Un beau petit bébé mais son corps ne l'a pas supporté et elle l'a perdu. Elle a perdu notre enfant et ça nous a foutu un coup. Seulement, il y avait de l'espoir, qu'on a sur alimenter pendant plus d'un an... jusqu'à aujourd'hui. Elle n'en pouvait plus d'espérer et même si j'avais de plus en plus de mal moi aussi, je me disais que je devais continuer malgré tout. La voir comme ça cependant, c'était pire que tout. Elle essuyait un nouvel échec, blâmant sûrement son corps qui ne voulait pas de ce petit bout.. et ça me tuait de pas réussir à la rassurer. On savait pas si elle pourrait de nouveau tomber enceinte. Après tout, la dernière fois c'était un miracle, c'est tout. Un miracle. « On n'y arrivera pas. C'était un miracle, les médecins nous l'ont tous dit et j'pense qu'il est temps de commencer à les croire. Ils savent mieux que nous. Ça n'arrivera jamais et j'en ai marre d'espérer et d'espérer pour qu'on continue de se prendre des murs. » Elle baissait les bras et je savais qu'elle devait ressentir en ce moment bien trop d'émotions négatives pour pouvoir espérer encore. « Je t'aime.. et si tu veux qu'on arrête, alors on arrête. De toute façon, on a encore d'autres façons d'avoir un enfant. » Dans tous les cas, je la suivrai, parce que je l'aime et que tout ce que je souhaite, c'est son bonheur à elle.

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Cambridge, Jeudi 9 Juin 2016 - 5.37 pm

C'était agaçant au plus haut point de ne jamais avoir le droit de ressentir mes émotions au maximum. J'étais désormais privée de ça à cause de foutus cachets. J'avais la sensation d'être barricadée dans mon propre corps, comme si on m'interdisait d'être malheureuse alors que j'avais parfaitement le droit de l'être. Il était extrêmement compliqué d'apprendre à vivre avec ça, surtout maintenant qu'Alex et moi voulions un enfant et que nous n'y parvenions pas. Pourquoi je savais pertinemment que j'étais infertile, que c'était arrivé une fois et que ça s'arrêterait là, mais il était difficile de lâcher prise quand il s'agissait de quelque chose que je voulais vraiment. Surtout que j'avais découvert récemment que c'était une envie que je ressentais. Et voir ce bâton en plastique me communiquer un non catégorique, ça me mettait hors de moi. Voir Alex déçu une fois de plus me faisait mal au cœur et me faisait me sentir encore plus coupable, et tout ça s'ajoutait à la peur de le voir me quitter du jour au lendemain pour rejoindre une femme dont le corps ne ferait pas défaut à la tâche la plus vieille de tous les temps. Depuis que nous essayions d'avoir un enfant, mes nombreux doutes et craintes de début de relation étaient revenus en full force et tout le travail que j'avais fait pour lui vouer une confiance aveugle était bafoué. « Je t'aime.. et si tu veux qu'on arrête, alors on arrête. » Ouais, je voulais qu'on arrête de se faire du mal, surtout. « De toute façon, on a encore d'autres façons d'avoir un enfant. » Je relevai un regard empreint de curiosité vers lui, me demandant de quoi il parlait. Je devais avouer que j'étais complètement paumée là, perdue dans ma rancœur et la tristesse. D'autres façons d'avoir un enfant .. Est-ce qu'il parlait .. Quoi ? De mère porteuse ? Non, cette solution ne m'allait pas. D'adoption ? Oh .. Je remis une mèche derrière mon oreille et fixai le torse d'Alex timidement pendant un moment. « Tu crois qu'on .. pourrait envisager un autre scénario ? Comme l'adoption, peut-être ? » C'était vraiment tout ce que je voyais dans les plans de secours et c'était peut-être une lueur d'espoir pour nous. En tout cas, j'étais curieuse de savoir si c'était à ça qu'il pensait.

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Cambridge, Jeudi 9 Juin 2016 - 5.37 pm

C'était dur mais il allait bien falloir s'y faire. Elle n'allait plus tomber enceinte et nous n'aurions pas d'enfant ensemble. Bien sûr, ça me faisait du mal de me faire à cette idée, mais je l'accepterai, comme j'acceptais les traits de caractère que je n'aimais pas chez elle. Je l'aimais et le fait qu'elle ne puisse pas porter mon enfant n'était en aucun cas une raison de rupture entre elle et moi. Je ne pourrai même pas me résigner à la quitter un jour tant j'étais amoureux d'elle à l'heure d'aujourd'hui. Nous avions passé tellement d'épreuves ensemble qu'on est capable de surmonter tout, même ce détail de grossesse. Il ne fallait pas tout dramatiser, je me l'interdisais. A vrai dire, je lui proposais même de songer aux nouvelles options qui s'offraient à nous. Après tout, nous ne sommes pas le premier couple qui essaye et qui n'y arrive pas. Alors forcément, pour nous, il y a toutes ces autres solutions. Fécondation In Vitro, même si elle n'est pas vraiment adéquate. La mère porteuse, même si franchement, je ne sais pas si je supporterai voir une femme autre que Billie porter mon bébé. Et l'adoption. Évidemment, ce choix allait avec beaucoup d'années de paperasses avant de voir finalement un enfant sous notre toit, mais je pense que ça vaut le coup d'essayer. « Tu crois qu'on .. pourrait envisager un autre scénario ? Comme l'adoption, peut-être ? » Je laissais tomber ma main le long de son bras avant d'attraper sa main pour entrelacer nos doigts ensemble. Gardant mon regard rivé sur nos mains, je hochais la tête. « Je suis un enfant adopté et je remercie le ciel de m'avoir donné l'opportunité de tomber sur les Reynolds-Kovalevski. Dieu seul sait où je serai aujourd'hui sans eux... Je me dis que ça serait quand même plutôt pas mal d'être comme mes parents. Bon, pas un enfant déjà âgé comme je l'étais mais un bébé abandonné, sans famille et sans repère, ça doit être faisable de nous construire une famille de cette façon. » Je me rapprochais d'elle, déposant mes lèvres sur le haut de son crâne. L'adoption restait la meilleure option qu'on avait pour l'instant, et je ne pense pas qu'on devrait l'écarter, au contraire.

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Cambridge, Jeudi 9 Juin 2016 - 5.37 pm

Je devais avouer que depuis le début que nous essayions d'avoir un enfant, pas une seule fois l'adoption ne m'était passée par la tête. J'ignorais pourquoi, parce que je connaissais l'histoire d'Alex sur le bout des doigts, je savais qu'il avait été adopté et que ça avait été la meilleure chose qui ait pu lui arriver dans sa situation. Il était si reconnaissant envers ses parents adoptifs de l'avoir sorti de ce cercle malsain qu'était la vie d'un enfant abandonné. Et puis, il était la preuve qu'être adopté pouvait être une bien meilleure solution, tandis que j'étais la preuve de l'inverse. Donc pourquoi est-ce que je n'y avais pas pensé jusqu'à ce qu'il me mette l'évidence sous le nez ? Pas la moindre idée. Peut-être le fait de vouloir prouver à tous que mon corps était aussi capable de féconder qu'un autre. Ou peut-être que c'était autre chose. Quoiqu'il en soit, il s'agissait d'une idée sur laquelle nous devions longuement réfléchir, la plus intéressante pour nous. Il entrelaça nos doigts et à son instar, je fixai nos mains intensément. « Je suis un enfant adopté et je remercie le ciel de m'avoir donné l'opportunité de tomber sur les Reynolds-Kovalevski. Dieu seul sait où je serai aujourd'hui sans eux... Je me dis que ça serait quand même plutôt pas mal d'être comme mes parents. Bon, pas un enfant déjà âgé comme je l'étais mais un bébé abandonné, sans famille et sans repère, ça doit être faisable de nous construire une famille de cette façon. » En fait, je trouvais ça carrément effrayant de devenir des parents adoptifs. Donner une nouvelle chance à un enfant à qui la vie n'a jamais fait de cadeau et risquer de lui gâcher cette seconde opportunité de toucher le bonheur. Je me mordis la lèvre, hochant la tête un instant avant de soupirer. « Et tu penses qu'on serait la meilleure option pour un enfant ? » Mes doutes remontaient à la surface et je commençais à voir pourquoi j'avais repoussé cette idée de mon esprit. « Et si on acceptait jamais de nous confier un enfant, avec le passé qu'on a ? » Je relevai un regard incertain vers lui, reniflant un peu. « J'suis pas sûre qu'on puisse le supporter. » Ça pouvait vouloir dire des années à s'acharner pour nous retrouver dans la même situation que maintenant. Est-ce qu'on était capables d'encaisser ça ?

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Cambridge, Jeudi 9 Juin 2016 - 5.37 pm

Pendant tout ce temps, j'avais pas vraiment pensé à l'adoption puisque, pour moi, il était possible que Billie tombe de nouveau enceinte. Après tout, si c'est arrivé une fois, ça pouvait arriver une seconde fois. Mais visiblement, après un an et demi à essayer sans relâcher, ça n'avait pas l'air de vouloir se refaire. Alors forcément, l'espoir s'en allait toujours un petit peu à chaque fois que le bâton du test de grossesse indiquait "pas enceinte". Jusqu'à aujourd'hui. Billie était au bout du rouleau et je ne savais pas trop comment la consoler. Je n'étais pas capable de me consoler moi-même, pour dire. Fixant nos mains liées, je lui donnais ma motivation à devenir des parents adoptifs, puisque moi-même j'étais un enfant adopté. « Et tu penses qu'on serait la meilleure option pour un enfant ? » Je hochais la tête, bien qu'elle ne me regardait pas, sentant qu'elle n'avait pas fini de parler et je préférais ne pas la couper. « Et si on acceptait jamais de nous confier un enfant, avec le passé qu'on a ? » reniflait-elle avant de lever le regard vers moi. « J'suis pas sûre qu'on puisse le supporter. » Je ma main libre, je venais caresser légèrement sa pommette, avec délicatesse, petit sourire sur les lèvres. « On sera la meilleure option pour un enfant.. On a réussi à récupérer Robyn et ça se passe bien. La petite grandit dans les meilleures conditions. Du moins, avec des parents séparés, mais quand même. Et.. Je pense pas qu'on soit des monstres Billie. Si le système m'a donné à une famille comme les Strudwick, alors que c'était des monstres, je pense qu'ils n'ont rien à craindre de nous. » Je me rapprochais d'elle, collant mon front au sien, la regardant droit dans les yeux. « Tu vas être une mère formidable et je veux pas que tu doutes de toi. On sera des parents aimants et on saura éduquer cet enfant, c'est ce qu'on veut et c'est ce qu'on aura. »