No phone calls, no messages, but a long time || Lavender

No phone calls, no messages but a long time.

Ça faisait pas mal de jours que le summer camp avait commencé. Peut-être deux semaines ou plus et j'avançais petit à petit dans mes retrouvailles. J'essayais de pas brusquer les choses, retrouvant mon entourage souvent un par un. Lexie, Charlie, Socrate, Nevada et je pouvais même compter Akira. J'avais beau m'être libérée de nombreux poids, je savais que le plus gros restait à venir. Lavender. Celle que j'aimais plus que tout, cette à qui je devais tout. Je me trouvais souvent des excuses, comme quoi l'équipe me prenait trop de temps et que je ne la trouvais jamais, mais je me mentais à moi même. La vérité, c'était que j'étais effrayée à l'idée de retrouver la Quincy pour une raison bien trop simple: j'étais partie. Simplement. Un jour, j'étais là, un autre, disparue. J'étais consciente de ce qu'avait du vivre mon amie -seulement si elle me considérait toujours comme telle, mais je la connaissais comme très indulgente et compréhensible. En clair, je me rassurais à l'idée qu'elle ne m'en voudrait pas assez pour m'envoyer balader.... N'est-ce pas ? Mais cette fois c'en était trop. Je ne pouvais pas faire tant durer le suspense, je me devais de la retrouver. De lui montrer que non, je n'étais pas portée disparue. De toute façon, elle devait bien le savoir par le biais de mes frères et soeurs, ou bien de Socrate qui m'en avait donné l'idée. En fait, j'y pensais sincèrement en ridant sur mon skate pas loin du port. J'y pensais, mais je n'arrivais jamais à passer le cap. Pourtant, Lavender avait tant fait pour moi. Et elle ne me devait rien, elle l'avait fait parce que c'était une vraie Quincy. Une personne formidable.. que je ne méritais pas comme amie. Je passais devant les bateaux, m'arrêtant un instant. Nan je n'y arriverai pas. Demain. J'entrepris de retourner vers mon équipe lorsque je la vis. A quelques mètres, elle se tenait là, ses cheveux bien plus clairs que la dernière fois où je l'avais vu, le teint halé. Mis à part ça, elle n'avait pas changé.

© charney for ilh

No phone calls, no messages but a long time.

Lavender sortait de ce qui ressemblait à un office de tourisme local, les bras chargés de prospectus en tout genre. Elle savait que la commune de Cambridge avait prévu de quoi occuper les participants au Summer Camp pendant toute la durée du séjour mais elle avait envie de sortir des sentiers battus, pour une fois. Elle rêvait par exemple de découvrir la chaîne de la Selle à pied. Elle ouvrit son sac à main, et trouva un peu de place entre son appareil photo et ses lunettes de soleil, pour ranger les fascicules papier. Elle s'adossa à la longue barrière qui donnait une vue imprenable sur le port, les cheveux au vent. Les touristes et les habitants la frôlaient, semblant à peine remarquer sa présence. Non, pour rien au monde elle n'aurait laissé sa place. Elle se sentait revivre à des kilomètres de sa vie d'étudiante morose. Elle n'avait pas vu Casey depuis l'embarquement, peut être était-ce mieux ainsi. Peut-être se rendrait-elle compte de son propre chef que tout était bel et bien fini...Mais avant de retourner à son quotidien américain, elle profitait du sable chaud sous ses pieds dès qu'elle le pouvait et du soleil qui gorgeait sa peau de belles couleurs. Elle cligna des yeux en apercevant une jeune femme sur un skate-board, un peu plus loin. Si son regard ne s'était pas attardé ces quelques secondes de trop, elle serait certainement passée à côté...
Lavender sentit ses mains chercher la barrière de sécurité, par réflexe avant qu'elle ne porte la main à ses lèvres, comme pour cacher sa surprise. Ce n'était pas...possible.

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On aurait pu croire à un coup du destin. A une cinquantaine de mètres de moi, elle s'appuyait sur une barrière laissant virevolter sa chevelure au grès du vent. Je m'étais arrêtée à sa vue, posant d'un geste sec mon pied à terre pour mettre fin à mon ride, bouche bée. Et là, je subis un tsunami de sensations. Des émotions dont je ne savais que faire. La première idée qui me vint en tête, fut de m'en éloigner comme à mon habitude. Mais il suffit de fuir. La Quincy se tenait si près que la réalité me frappa en plein fouet. Je devais assumer la situation. Cette situation dont j'étais la seule et unique responsable. Je sentais mon cœur battre à trois cents à l'heure, ma gorge se serrer. Elle n'avait pas tardé à me remarquer, mais elle n'avait pas ciller. Pas un seul geste, pas un seul pas dans ma direction, pas un seul sourire. Elle devait être en état de choc. Prenant mon courage à deux mains, je ramassai mon skate, inspirait un grand coup et m'approchai. Ok... No stress, c'est Lavender, pas un tueur à gage. Je marchai dans sa direction déjà gênée à la base mais d'autant plus sachant pertinemment qu'elle me mesurait du regard, durant le court trajet. Me mordant les lèvres, anxieuse, je l'atteignais enfin. D'abord je ne sus quoi dire. Mais vraiment rien. J'aurais voulu sortir un mot, mais c'est comme si mon corps, mon esprit n'étaient pas encore prêts. Je me concentrai sur l'activité près des navires puis me tournait vers elle. "Salut... Lavender." Décidément les mots n'étaient pas pour moi dans ce genre de situation. Je laissais tomber mes efforts et la prit dans mes bras, sans rien dire. J'avais oublié cette sensation, celle de prendre mon amie dans mes bras.

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Lavender cligna des yeux, comme pour vérifier qu'elle n'avait rien imaginé. Ces gestes, cette posture, cette silhouette ; tout laissait à croire qu'elle ne se trompait pas et pourtant, ses yeux lui avait joué tellement de tours depuis qu'elle avait disparu. Amber. Le nom de son amie venait de refaire surface dans son esprit, comme un souvenir qu'elle avait cherché à refouler. Un douloureux souvenir. Elle ne pensait pas que la simple évocation de son nom lui ferait un tel effet. Elle se revoyait encore, des mois en arrière, laissant des dizaines de messages et tombant à chaque fois sur la messagerie de sa meilleure amie. Elle avait eu le temps de penser à des centaines de scénarii différents, et dans tous, elle craignait qu'Amber ne soit en danger. Elle savait qu'elle luttait difficilement contre ses démons et avait peur que son amie ait rechuté...jusqu'à n'en plus se réveiller. C'était devenu tellement courant de nos jours, la drogue et l'alcool circulaient bien trop facilement dans les universités. Et pourtant, elle continuait de se lever en pendant qu'Amber par l'appeler pour lui dire que tout allait bien. Son téléphone demeurait silencieux et les jours qui passaient diminuaient l'espoir de Lavender d'autant.  
Lorsqu'Amber s'avança dans sa direction, Lavender se demanda si elle serait capable de lui pardonner ; mais l'instant qui suivit, elle ne vit plus qu'une amie qu'elle avait espérait voir depuis des lustres. Pas une ennemie qui aurait voulu la voir souffrir. Elle se mordilla les lèvres pour ne pas craquer et lorsque la voix qu'elle avait tans espéré entendre la nargua d'un simple "Salut", aucune réponse appropriée ne lui vint en tête. Elle laissa son amie l'étreindre et la serra si fort contre elle qu'elle devait certainement lui faire mal aux côtés. Peu importait, elle était là. Elle sentit une larme couler sur sa joue, elle la balaya discrètement du revers de la main. Prenant son amie par les épaules, elle l'étudia sous toutes les coutures.
- Tu as l'air en forme...

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Pas de coups de files, pas de messages. J’avais de quoi me sentir coupable. Mais tous s’était bousculé dans ma tête à cette époque là. Lavender en était témoin, j’étais chaque jour de plus en mal, je faisais croire que je calmais mais ça empirait dès que mon entourage avait le dos tourné. Socrate avait eut raison de me proposer de partir. Il était comme mon grand frère, il connaissait mes parents, il était plus âgé, il savait gérer, alors je n’avais pas hésité. Je me revoyais encore faire mes valises à vitesse grand V en pleurant, écrivant un mot pour mes chers quincys puis disparaissant dans l’aéroport de Cambridge. Je n’avais même pas prévenu mes frères et sœurs, j’avais attendu d’être arrivée au pays pour leur parler. Tout le monde, sans exception était en droit de m’en vouloir.
Lavender me serra si fort que j’en eu le souffle coupé. Je ne dis rien cependant, je la laissai m’observer comme si elle avait oublié mes traits depuis le temps passé. Remarquer une petite larme, rapidement essuyée sur sa joue me fendit le cœur. Je l’avais fait souffrir, il suffisait de plonger dans ses yeux pour le voir. « Je vais bien oui. Mieux. Tu n’as pas changé. Qu’est-ce tu deviens depuis ce temps ? » Eviter le sujet ne servait à rien, je le savais, mais je n’arrivais pas. Et puis je mentais, Lavender avait changé. Elle n’avait pu que changer avec ce qui nous était arrivé

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No phone calls, no messages but a long time.

Après des mois sans nouvelles, Lavender ne savait plus comment agir face à Amber, comme si elles ne se connaissaient plus. Du moins, plus comme avant...Tout avait changé depuis son départ, y compris Lavender. La gorge serrée, elle avait l'impression de faire face à un souvenir, un bon souvenir. Un de ceux qui font mal lorsqu'on y repense, un qui vous change sans crier gare. Il y avait des personnes et des moments qui vous changeaient à jamais, le départ d'Amber en faisait définitivement partie. Lavender se retenait pour garder une contenance face à son amie, mais leur passé commun était des plus lourds. Elle avait toujours été là, quelques soit l'heure du jour et de la nuit. Elle sourit faiblement en entendant les propos anodins de l'ancienne Quincy.
- Qu'est-ce que je deviens ? Son sourire disparut rapidement, c'était tout ce qu'elle avait trouvé pour tenter de rattraper le temps perdu. Bonne question, dit-elle en faisant face à la mer. ça ne ressemblait pas à Lavender de cultiver son amertume, mais c'était plus fort qu'elle. Elle avait trop perdu depuis quelques temps et même si Amber n'était pas responsable de tout ce qui s'était passé, elle lui en voulait de pas avoir été là pour elle, au moment où elle en aurait eu le plus besoin. Il parait que c'était à cela que l'on reconnaissait ses amis...
- Et toi ? Qui es-tu devenu ?

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Le sourire de Lavender s’effaça aussitôt. Je levai les yeux sur elle, à ce moment précis, je sus qu’elle m’en voulait. Elle ne sut que répondre et je priais pour qu’on m’exécute sur place. Ma question était si anodine pour des retrouvailles telles que nous les vivions en ce moment, je ne pouvais pas faire mieux pour m’enfoncer davantage. Elle me retourna la question, mais d’une autre façon. D’une manière qui me perturba, me laissant presque sans voix devant elle. Qui étais-je devenue ? A quoi s’attendait-elle ? A un changement total de ma personne ? Je ne comprenais pas, mes idées se mélangèrent entre elles, mon cerveau frôlait la surchauffe. Est-ce ça signifiait que pour elle, je n’étais plus Amber ? Je n’étais peut-être plus rien. Et ma vue ne lui inspirait que de mauvaises expériences, de mauvais moments, de mauvais souvenirs. Je n’avais plus envie de sourire, ses derniers mots m’avaient refroidi. Soudain, je me rendais compte que j’avais blessée Lavender plus que je ne l’aurais crus, que je l’avais peut-être même perdu.
Elle se tourna, observant l’horizon mais mes yeux restèrent fixés sur elle. Que dire, que faire ? Les gens défilaient autour de nous, je n’y faisais même plus attention. Seule Lavender comptait, seul son jugement à mon égard m’inquiétait. « Quelqu’un de meilleur ? »

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C'était donc ça, ce sentiment qui lui écrasait la poitrine depuis qu'elle avait crû reconnaitre le visage d'Amber, comme un fantôme de son passé. La peur. La peur de se tromper et de reprendre espoir. La peur de devoir faire face à une Amber différente, changée par les événements. Evidemment qu'elle avait changée, son regard était plus profond, plus résigné. Lavender sourit en entendant la voix d'Amber, légèrement tremblotante, annoncer la réponse qu'elle attendait. Elle laissa ses mains jouer avec la rambarde mais arracha son regard à la contemplation de la mer pour regarder Amber en face. Oui, elle avait changée. Physiquement, sa peau avait bruni. Mais à quel point avait-elle changée intérieurement ? Risquait-elle encore de fuir, de laisser Lavender sombrer dans ses souvenirs ? Si elle avait su ce qui l'attendait ce matin...
- Je t'ai cherchée Amber, partout...Sa voix était calme, elle savait ce qu'elle avait à dire. J'ai eu peur de t'avoir perdue. Ils refusaient de me donner des infos à la fac, je suis même allée au commissariat, ils n'ont rien pu faire. Les premières nuits, je n'en dormais plus. J'attendais un appel, même un SMS me disant que tout allait bien. ça me minait de voir que la vie reprenait son cours et que tu n'étais plus là. Si elle pensait que Lavender l'avait oubliée, il y avait erreur.

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Maintenant que je me retrouvai face à Lavender, celle qui fut autrefois ma meilleure amie, tout me parut plus compliqué. Je connaissais les conséquences de mes actes lorsque je les avais tous quitter. J'étais consciente de l'inquiétude que ça engendrerait mais je n'avais pas pu me résigner. Pas cette fois. Cette fois j'avais besoin de partir loin d'ici. Aussi simple soit-il, j'avais fuis. Et cela faisait de moi une lâche, une faible.
Le pire dans tout ça, ce fut le regard de Lavender. Il m'était si inconnu aujourd'hui, j'avais l'impression d'être face à quelqu'un d'autre soudain. Et cela ne pouvait s'expliquer que d'une seule façon : j'avais loupé de nombreux épisodes de sa vie. Quoi qu'il se soit passé, quelque soit la gravité des événements, je n'étais simplement, pas là.
Je laissai mes yeux dans les siens lorsqu'elle me répondait et l'observer avec effroi. Pourquoi cela me choquait-il maintenant ? Pourquoi n'y avais-je jamais pensé auparavant ? Maintenant je me retrouvai là, face à elle à devoir expliquer la source de mon inconscience, de ma fuite, une envie inconcevable de me frapper pour ma faiblesse. Je sentais mes yeux s'humidifier et cette fois, je m'ordonnai à moi même de ne pas pleurer. Tu t'es déjà assez montrer faible comme ça, nan ?! Alors je faisais face, libérant mes traits de toute expression, plus durs, haineuse envers moi même.
- Ecoute, je sais que je n'aurais pas du vous faire subir ça, je sais que c'était une erreur et je regrette que tu l'aies aussi mal vécu... Il fallait que je parte. Mes traits se radoucirent instantanément et les larmes revinrent à la charge alors que je luttai pour qu'elles ne dévalent pas mes joues. Réveillant de douloureux souvenirs. Et je suis tellement désolée... Je suis désolée de t'avoir fait subir tout cela, parce que j'en suis consciente. Je suis consciente de ce que je t'ai fais, partir sans prévenir et sans donner de nouvelles n'était pas la meilleure des solutions, pourtant... C'est ce qui me paraissait le mieux pour me sortir de là...
Ces souvenirs me revinrent en tête. Je l'avais regretté dès le moment où j'avais quitté ma chambre, en pleurant. Qu'avais-je fait ?

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C'était toujours le risque lorsqu'on laissait quelqu'un entrer dans notre vie, le deuil était toujours plus difficile. Les sentiments faisaient parfois aussi mal que la perte pure et simple d'un proche. Lavender sourit intérieurement en pensant à tout ce qu'elle avait traversé cette année, toutes les épreuves auxquelles elle avait dû faire face seule. Sa rupture avec Casey l'habitait encore et elle ne pouvait s'empêcher d'ouvrir les yeux brusquement lorsqu'elle se réveillait en plein milieu de la nuit et que la portion du lit qu'il occupait était désespérément vide. Elle aurait bien eu besoin de stabilité dans sa vie, au moins une fois. Tout semblait lui filer entre les doigts, comme si tout était de passage mais qu'elle était incapable de garder quoique ce soit dans sa vie. Etait-ce l'image qu'elle donnait ? Une étudiante tellement forte qu'elle n'avait nul besoin d'être entourée à son tour ? Devait-elle se résigner à elle là pour les autres sans jamais rien attendre en retour ? Et si elle n'était pas capable de faire face seule ? Amber avec un regard gêné, comme si elle s'attendait à ce que Lavender explose d'un moment à l'autre. Comme si elle allait soudainement devenir un torrent de reproches. Mais Amber ne cilla pas et continua de fixer Lavender dans le blanc des yeux, fièrement. Inconsciemment, elle espérait de tout coeur qu'Amber soit consciente du mal qu'elle avait fait avant de partir.
- Ce n'aurait pas été une erreur si tu avais pris le temps de m'en parler. Je n'allais par te retenir si c'était ce que tu voulais, tu savais que je pouvais tout entendre. Ne lui avait-elle pas assez prouvé ? Amber ne lui faisait-elle pas assez confiance pour lui annoncer son départ ? Lavender ravalait ses larmes tandis qu'Amber avait les joues mangées par des gouttelettes transparentes. C'était éprouvant pour elles deux.
- Que tu veuilles repartir de zéro, je le comprends. Mais je pensais qu'entre nous, il n'y aurait plus de secret...que tu me faisait confiance Elle avait toujours été là pour Amber.

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