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Qu'importe son comportement à la limite de l’égoïsme, Aaron, n'avait certainement pas besoin de l'avis d'une adolescente quelconque. Après tout, elle ne pouvait que trop bien le comprendre, qui tiendrait compte du jugement évasif d'une gamine rencontrée par hasard un soir d'été. Leurs difficultés au quotidien furent incomparables, quant à Imane elles subsistaient encore sans la moindre conséquence. Une relation resterait pour elle sans promesse d'avenir, raison pour laquelle, Celyan n'était franchement pas la mieux placée dans l'art de remonter un moral à la baisse. Passer pour une mégère de bas étage n'était aucunement son but, toutefois elle-même reconnaissait ouvertement combien les confidences ne lui ressemblaient pas. D'autant plus, qu'on ne lui octroierait franchement pas le prix nobel de la curiosité malsaine, plausiblement à l'origine de ses échanges particulièrement superficiels, sans la moindre profondeur. « Avez-vous voyagé ? » Lançait-elle le plus naturellement du monde. Tant ses projets à proprement dit, ne firent à sa connaissance d'aucune espèce d’importance, néanmoins il était davantage agréable d'en savoir un minimum sur la personne en face, qu'importe sa profession. « C'était une erreur. » Plus synonyme en réalité d'un, mes vacances sont sont définitivement pitoyables depuis, mais elle n'en dit rien. Tous s’étant réfugiés au summer camp, Forester devait admettre combien elle avait été grandement stupide en s'y opposant. C'était étrange cette manière de refléter l'engouement tant bien même lorsqu'il n'a pas lieu d'être. Cette conversation n'avait fructueusement pas de quoi engendrer l’enthousiasme, néanmoins Imane, s'avérait plus attrayante encore que son allure daignait généralement laisser paraitre. Ses prunelles grisâtres toisèrent longuement Connor de haut en bas, dès lors qu'elle acquiesçait de quelques pas en sa direction. « Je voudrai pas dire, mais nous semblons deux âmes en peine. » Vint-elle répliquer de son fin sourire habituel, tant sa marche se stoppait nette à quelques centimètres de son interlocuteur. En effet, la brune sous-entendait qu'à l'intérieur ils seraient nombreux dans le cas similaire, s'apitoyant chacun sur leur sort pour des raisons différentes. Puis le mois d'août se voulait plus frais que prévu, ce qui dans l'immédiat n'eut rien d'excessivement agréable.

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Imane & Aaron


Non, je ne trouvais aucun intérêt au Summer Camp, même si une partie de moi pensait que j’aurais pu y mettre les pieds seulement si j’avais de bonnes relations avec les autres professeurs qui s’y trouvaient actuellement. Je m’entendais d’ailleurs très bien avec eux, là n’était pas le souci. Seulement, je restais ‘‘nouveau’’ au sein du corps professoral de l’université d’Harvard. Les liens se tissaient peu à peu, mais tout sera beaucoup plus simple dés la rentrée scolaire dans la mesure où je n’arriverais pas en cours de route. « Oui, je suis repartie chez moi, en Irlande pour quelques temps. » En vérité, j’y étais resté bien moins longtemps que prévu. De quoi tout de même profiter de ma famille. Je tirais de nouveau sur le joint tout en observant Imane s’approcher de moi pour s’arrêter à seulement quelques centimètres de ma personne. Je plantais mon regard bleu dans la sien, sans sourciller. « Je dirais deux âmes solitaires. Il y a ici une grande différence. » Mauvaise foi, bonjour ! A cet instant précis, oui, j’étais pour ma part une âme en peine. Quoi qu’il en soit, je me mordillais la lèvre inférieure avant de sourire. « Que s’est-il passé pour que vos vacances soient si misérables ? Ou plutôt dénuées d’intérêt comme vous semblez le penser ? » Atterrissais-je sur un terrain miné ?


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Outre les apparences, Imane restait intimement persuadée que le Summer Camp n'aurait pas été de bonne envergure la concernant. Son manque cruel de sociabilité n'avait cessé de la conforter dans l'idée que ce voyage n'aurait été que miséricorde en sa totalité. Certes, elle aurait pu se donner cette peine inespérée que de tenter la carte de l'intégration, en vain. La situation subsistait délicate à Cambridge, forcément l'aurait-elle été davantage aux Caraïbes. Acquiesçant de son indétrônable sourire en coin, faussement compatissant, Celyan, ne détournait guère ses prunelles fixes d'Aaron. Son jugement s'avouait naturellement plus évasif tant elle ne parvenait à se faire une franche opinion sur son interlocuteur qu'elle accusait, changeant. « Pourquoi ne pas avoir enseigné là-bas ? » Lançait-elle spontanément, appuyant ses propos d'une moue apparente. Ce n'était en rien une curiosité mal placée, seulement une interrogation à l'exemple de milliers d'autres. De plus, elle ne subsistait franchement pas à colporter leur échange, ce seraient fort probablement des détails que la brune aurait littéralement omis dès le lendemain. Toutefois, sa précédente remarque lui arrachait un léger rire vivement étouffé de sa main sur ses lèvres. « Un homme seul, tentant de noyer désespérément sa peine au travers de l'alcool et du tabac qui plus est, n'est pas seulement une âme solitaire. » Vint-elle répliquer, sans la moindre arrière pensée. Son traditionnel sourire ne s'estompait pas tant ses pupilles grisâtres dévisageaient inconsciemment Connor. Comme à ses habitudes, Imane tiltait sur des bagatelles. Rarement cherchait-elle à obtenir le dernier mot, néanmoins son tact peu élaboré pouvait occasionner la gêne chez certains. Toutefois, la brune esquissait un infime mouvement en surplace dès lors que la conversation se stoppait nette sur ses congés, un brin foireux. « Les vacances en famille à mon âge, devraient être interdites. » Sachant qu'elle s'était-elle même opposée à son départ pour le summer camp... tu parles d'une indécise. Famille fut cependant, un bien grand mot et Forester, ne s'était jamais réellement étalée sur le sujet. Ses prunelles vaguement élancées dans le vide à la minute même durant laquelle elle eut prononcé ses propos laissèrent présager combien il restait préférable de ne pas s'avancer davantage là-dessus. « Vous venez souvent, ici ? » Vint-elle rétorquer hâtivement, tant son regard se fixait une nouvelle fois sur Aaron, ses bras s’entremêlant l'un à l'autre contre sa poitrine. Concentrant entièrement son attention sur ce dernier, la brune finissait par omettre distinctement le brouhaha en arrière plan.

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Imane & Aaron
Cette question, je me la posais souvent. Certes, j’étais venu jusqu’aux Etats-Unis afin que mon fils rencontre les meilleurs médecins, même si, malheureusement, ça ne l’avait pas sauvé. Ainsi j’avais quitté l’Irlande. Aujourd’hui, je pourrais y retourner. Mais je refuse de quitter la terre où mon enfant repose. Oui, nous aurions très bien pu rapatrier le corps jusqu’à mon pays natal, mais mon ex-femme avait refait sa vie ici, et je ne pouvais définitivement pas lui arracher la sépulture de son enfant. Soit. Un jour, je n’aurais plus ce mal du pays, j’en restais persuadé. « Une longue histoire. », commentais-je d’un ton détaché et fatigué. Je n’avais pas envie de la conter, comme elle ne possédait pas le désir de l’entendre, n’est-ce pas ? Je dérivais donc la conversation sur un sujet plus sympathique. Enfin, plus sympathique à mes yeux, mais visiblement pas aux siens puis qu’il semblait s’agir d’une conversation qu’elle ne souhaitait pas avoir. Très bien, je pouvais l’accepter. « Ca m’arrive. Quand j’ai envie de jouer l’âme solitaire, ou le poète maudit. Ca attire les femmes, paraît-il. » L’autodérision. Il n’y a que ça de vrai. J’esquissais un sourire amusé. Le pire, c’est qu’effectivement, cela attirait les femmes. Autant dire que j’en profitais. Je suis un séducteur, et j’en joue, sans pour autant manquer de respect à la gent féminine.
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Suite à ses propos, Imane assimilait rapidement combien les "longues histoires" restaient souvent les plus compliquées, raison pour laquelle elle privilégiait dans l'immédiat un bref hochement de tête aux interrogations embarrassantes. Creuser davantage n'était pas dans ses habitudes et quiconque ne pouvait prétendre à son oreille attentive. D'autant plus qu'Aaron était un adulte, un professeur, il ne comptait certainement pas lui vendre ses aléas, et autres difficultés. Ce dernier n'avait nullement besoin d'une gamine à l'écoute, vulgairement banale à l'exemple de centaines croisées chaque jour dans l'enceinte d'Harvard. Toutefois, la conversation vrillait sur un sujet totalement différent qui vint instinctivement décrocher un énième sourire à Celyan. Ses prunelles grisâtres ne se détournèrent pas de leur interlocuteur qu'elles ne cessèrent de jauger la moindre seconde. « et d'après vous, ça fonctionne ? » Lançait-elle le plus naturellement du monde, acquiesçant d'un bref haussement d'épaule. Au fond, Forester imaginée typiquement le professeur libre d'esprit, célibataire, mais séducteur, subsistant seul en compagnie de son animal de compagnie. Certes cliché, néanmoins plausible. Inclinant doucement la tête sur la droite, son regard intègre jusqu’alors, dérivait sur le paysage nocturne qu'elle accusait, d'angoissant. Étrangement la sensation émise n'était pas celle d'un échange parfaitement gênant d'un professeur à son élève, de cette façon elle prenait considérablement conscience de combien ils n'étaient pas tous aigris et coincés en leur genre. « Êtes-vous marié ? » Si c'était le cas, sa présence en ces lieux ne représentait rien d'excessivement judicieux, tant bien même elle n'émettait aucune opinion. Les bars restaient seulement le moyen idéal de détériorer pleinement son couple, sa curiosité s'arrêtait là. Ses pupilles inquisitrices bifurquèrent une nouvelle fois en direction d'Aaron, un léger mouvement en surplace comme pour appuyer sa précédente interrogation.

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Imane & Aaron
Oui, cela fonctionnait. Très bien même. Je restais un grand séducteur, et je ne m'en cachais pas. Cependant, je m'étais calmé en la présence d'Analind. Mordu, c'est elle que je désirais, au point de ne plus poser mes yeux clairs sur une autre femme. Autant dire que ça m'avait changé, dans le bon sens du terme. Désormais, je me retrouvais seul. Ainsi, je pouvais reprendre cette vie d'avant, de débauche et d'histoire inutiles. Et étrangement, l'idée ne me plaisait plus autant qu'avant. « Je n'ai pas à me plaindre. » Cette réponse restait volontairement vague. Oui, je pouvais attirer des femmes. Régulièrement ? Elle n'aurait pas la réponse, car je suis professeur, et elle, une étudiante. Finalement, elle me demanda si j'étais marié. Mes sourcils se haussèrent sous la surprise de sa question. Finalement j'esquissais un sourire amusé qui dévoila deux fossettes sur mes joues recouvertes d'une barbe naissante. « Je l'ai été. Mais toute bonne chose a une fin. » Oui, beaucoup d'hommes joueront les machos en expliquant que se marier, c'est comme se passer la corde au cou. Pour ma part, j'ai aimé mes années de mariage. Et même si ça n'a finalement par marcher, notamment suite au décès de mon fils, si c'était à refaire, je me marierais avec cette même personne, sans l'ombre d'une hésitation. « Ca vous arrive souvent de venir seule ici et de parler à des inconnus ? » J'esquissais un nouveau sourire. Certes, nous nous connaissions vaguement de vue, mais nous restions des inconnus l'un pour l'autre.
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