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Depuis le début du Summer Camp, je jouais les associable. Je restais autant que possible enfermée dans ma chambre, sur le bateau, loin de toute activité humaine. Surtout que j’avais eu le malheur de tomber dans l’équipe de Lizzie. Non seulement je ne la portai pas dans mon cœur, mais en plus, nous nous étions récemment accrochées de façon plutôt violente juste avant la fin des cours. Autant dire que j’étais transportée de joie dès que je la voyais. Et pour couronner le tout, j’avais eu la bonne idée de suivre les conseils de Bleeker et d’appeler en France pour prendre des nouvelles de Siméon. Il n’avait pas été loin de la vérité dans son mensonge. Certes, il n’était pas atteint d’une maladie incurable. Mais il avait eu un accident de voiture deux ans auparavant, et après un an de coma et de respirateur, ses parents l’avaient finalement débranché. Je n’avais même pas eu la force de pleurer, restant complètement amorphe pendant une semaine entière entre la fin des cours et le début du Summer Camp, ne prenant contact avec personne. Je n’en avais même pas parlé à Charlie. Non, j’étais restée dans mon mutisme, ne réalisant qu’à moitié ce que j’avais appris. J’avais l’impression de ne ressentir aucune émotion, comme si mon cœur avait cessé de battre, me laissant en vie sans que rien ne m’anime. Plus d’amour, plus de haine, plus rien. Le vide intersidéral. Dans un sens, c’était préférable vu ce qu’il m’attendait. Je me levai, quittant mon lit si douillet pour aller affronter la brûlure du soleil et la réaction encore inconnue de celui que je devais aller voir. J’allais marcher sur la plage, rassemblant mes idées, cherchant mes mots pour aborder Bleeker sans qu’il ne se renferme instantanément ou qu’il m’envoie bouler comme une vieille chaussette. Je n’eus pas le temps de réfléchir bien longtemps, car j’aperçu une silhouette à quelques pas de moi, assis sur la plage. Il était là, je n’avais plus le choix. Je devais bien ça à Jackie. J’allai m’asseoir à côté de lui en douceur, évitant tout geste brusque – depuis notre dernière entrevue, il avait toutes les raisons du monde de se méfier de moi… « Ne t’inquiète pas, pour une fois je ne viens pas pour t’agresser, mais plutôt pour faire la paix… » Je fixai l’horizon, incapable de tourner mes yeux vers lui de peur de ne voir que de l’hostilité sur son visage.
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