+ Devyn ~ J'aime le théâtre, t'aimes le théâtre : on est faits pour s'entendre !

Rencontrer un théâtreux sur un bateau dans les Caraïbes. Y a que Harvard pour permettre ce genre de chose. Quand je pense aux trucs qui me sont arrivés depuis la rentrée dernière, je me dis que c'est quand même dingue. Ma vie avait atteint un tel seuil de monotonie auparavant, dans le genre dépression, que je me sens revivre et assaillie de part en part par des hordes d'événements. Des retours impromptus, des rencontres improbables, de riches amitiés... C'est comme ça que je l'aime la vie ! Faire parie du club de théâtre en tout cas, semblait une bonne idée pour faire de nouvelle rencontres intéressantes ! "C'est ce que je vais faire aussi ! J'adore l'esprit de groupe qui règne dans ce genre d'assoc' !" Même s'il y a toujours la diva ou le petit prétentieux de service, c'est toujours sympa. On passe au-dessus des égos surdimensionnés de certains et tout se passe bien. Normalement. "Ouais, j'ai appartenu à une troupe à Paris. On voulait monter les plus grands Mussets. Et toi ?" Des souvenirs inoubliables, une experience riche : la scène m'appelle de nouveau et je sais pas résister. Comme Oscar Wilde l'a dit : "le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est s'y céder." J'suis totalement d'accord,

En tout cas, si tu choisissais bel et bien de faire partie du club de théâtre, tu connaîtrais au moins quelqu'un qui en faisait partie, c'était une bonne chose... sauf que du coup, tu connaissais du monde dans tous les clubs qui t'intéressaient maintenant, tu allais avoir du mal à faire un choix. L'esprit de troupe est particulier oui,c'est comme une famille. Enfin, toi, souvent, tu n'étais pas des plus intégrés à ce genre de familles, mais tu avais toujours aimé cette impression de faire partie d'un tout, d'avoir une certaine place qui permettait à cet ensemble d'exister. C'était étrange de la part d'un homme comme toi qui "craignais" l'attachement et qui était assez réservé, mais c'était aussi ça, la magie du théâtre. Après, tu avais déjà tes études de théâtre, tu ne savais pas si être dans deux troupes à la fois serait facile et gérable, d'où ton doute malgré ta passion. Elle connaissait ça de son côté, mais plus dans un club qu'en études apparemment, pour du Musset. Tu habitais Paris ? C'était une belle ville Paris, à ta connaissance. Tu n'y avais jamais été, mais tu avais déjà vu des livres de photos de la capitale française, et tu aurais adoré visiter. Faisant des études en majeur de théâtre, hormis la promotion, absolument pas. Je faisais partir de l'un d'eux avant d'être à Harvard, mais c'est tout.

Ouais, je suis d'accord avec Devyn. L'esprit de troupe, y a rien de tel. Chacun a sa petite place : du comédien introverti à la diva capricieuse. Y a de la place pour tout le monde et on s'accepte entre nous, parce que donner vie aux mots, c'est ce qu'il y a de plus beau à faire. "J'donnerai tout pour revivre ça..." dis-je les yeux dans le vague, pleine des souvenirs de mes différentes troupes. Et celle de Paris particulièrement. Parce qu'on a été loin. Très loin, on a fait plus de 30 représentations à Paris avec On ne badine pas avec l'amour. Inespéré pour un tel classique, mais avec notre metteur en scène, tout était possible. Paris : la ville où tout est possible, c'est ce que je retiens. "Ouaip. Deux ans." Paradoxalement, même si j'ai côtoyé la lumière des projecteurs, ces deux années ont été les pires de ma dépression, les plus noires dz mon existence... "Ah oui, je comprends. Faut que tu retrouves ça en loisir, ça a une autre portée qu'en étude je trouve !" C'est pas les mêmes sensations on va dire. Je suis contente d'avoir trouvé un tel interlocuteur, un peu de joie dans tout ce merdier qu'est ma vie.

Tu comprenais cette envie d'être sur la scène, dans une troupe, et de simplement être quelqu'un d'autre. C'était l'évasion assurée, l'apaisement aussi, d'une certaine manière. Si tu devais être impatient de retourner en cours, cela en serait l'une des raisons principales, sans aucun doute. Si tu avais choisi d'étudier le théâtre en majeur, c'était surtout pour ça : tu voulais en faire ton métier, tu ne te voyais étonnement pas suivre une vie monotone maintenant que tu avais goûté à cet Art. Ce serait dur bien sûr, les artistes ne vivaient pas toujours bien, ce qui expliquait aussi pourquoi tu faisais d'autres études mineures dans l'Art, pour être plus polyvalent. En sachant prendre des photos ou faire des vidéos, tu pouvais toujours trouver de petits jobs pour vivre. C'est tellement à part... On ne peut pas vivre ça ailleurs. Même pas juste en vivant à Paris en théâtre à ton avis. Même si tu avais toujours été attiré par la ville, tu ne serais rien sans le théâtre. J'ai toujours voulu visiter cette ville, je n'en ai entendu que du bien. Si elle y avait vécu pendant deux ans, elle pourrait te dire si la réputation de la ville française était usurpée ou non. Par contre, tu n'étais pas d'accord avec elle, lorsqu'elle disait que la pratique en études ou en loisirs était différente. Pour moi... Faire du théâtre est toujours une passion, une détente, que ce soit dans le cadre des études ou du loisir. La même joie, la même portée... Pas pour toi ?