Why you judge me ? ¤ Kate

WHY YOU JUDGE ME ?

Kate et Quinn

J'crois sérieusement pouvoir dire sans mentir que j'étais à ce moment précis la personne la plus désemparée et perdue au monde. Suffisait de me voir ces derniers jour. Comme si j'étais totalement déconnectée du monde réel. Je n'avais aucune idée de quoi faire ou dire et la plupart du temps, je restais dans mon coin sans adresser la parole à qui que ce soit. Comportement franchement bizarre et incompris de la plupart des personnes. Tant pis. J'avais besoin de temps pour moi. Pour réfléchir et peser le pour et le contre. Pour trouver des solutions. Et alors que tout le monde semblait plus ou moins se disputer un match de volley, je m'éloignais du groupe préférant m'installer tranquillement à l'espèce de paillotte se trouvant sur la plage. Commandant un sirop de menthe -adieu l'alcool, je me bourre la gueule au sirop- j'observais au loin les gens semblant tellement heureux d'être ici. Et dire que quelques temps avant j'étais dans le même état d'euphorie que. Comme quoi, les situations peuvent très vite changer. Poussant un soupir, je m'enfermais un peu plus sur moi même commençant même à me parler toute seule. Folie quand tu nous tiens. « Et un bébé sur les bras, quelle merde ! » Encore heureux que je marmonnais seulement.

Il se trouve que juste à côté de Quinn assise au bar de la plage se trouvait Kate, un bloody mary à la main. Elle le sirotait tranquillement, observant le match de beach volley sur la plage, prête à aller réconforter les perdants dont certains étaient très sexys. Quand elle entendit distinctement la plainte de sa voisine. Qui buvait en plus un sirop à la menthe. Pauvre fille. Elles devaient avoir le même âge en plus. Décidément il y avait une épidémie de grossesses chez les filles d'Harvard en ce moment. Heureusement Kate ne serait jamais touchée. Elle faisait extrêmement attention, avoir un enfant; quel cauchemar, jamais de la vie. Du haut de son culot habituel, Kate balança "L'avortement ça existe, ça t'évitera les menthes à l'eau" et hop, elle sirota son bloody mary avec son air de vraie connasse. Un amour cette fille pas vrai ?

Quoi que même en marmonnant, fallait quand même avouer que ça pouvait paraître bizarre. Mais qui ne parlait pas tout seul ? Tout le monde le faisait et celui qui disait le contraire était un menteur. Bref. De toute façon, c'était pas la question du moment et pour l'instant, j'étais juste perturbée par apport à tout ça. J'avais besoin de solution, de réconfort et surtout, d'un peu d'aide. Histoire de pas rester totalement paumée face à tout ça. "L'avortement ça existe, ça t'évitera les menthes à l'eau" J'avais bien entendu là ? Je venais vraiment de me prendre ça dans la tronche. Je tournais la tête doucement regardant une blonde assise non loin de moi. Non mais pour qui elle se prenait elle ? Elle était sérieuse de me sortir un truc comme ça. Je beuguais sur le coup mais j'allais pas la laisser me parler de la sorte. « L'euthanasie existe aussi et pourtant, j'tai jamais demandée d'aller te faire piquer. » Non mais quelle connasse celle là. En temps normal, je n'aurais même pas réagit mais fallait croire que ces derniers temps, mon caractère s'était quelque peu développés me rendant assez difficile à vivre.

Oups, on dirait que Kate avait froissé la petite demoiselle fragile. De toute façon, elle ne pensait jamais qu'elle pouvait heurter des gens, en fait elle ne se posait même la question de savoir si les autres êtres humains pouvaient parfois ressentir des choses. C'était trop lui en demander. Elle était piquante la brunette quand même, c'était bien renvoyé. Un large sourire étira les lèvres parfaites de Kate. "Je me porte très bien, c'est gentil de t'en inquiéter. Dommage pour toi alors, tu vas prendre vingt kilos en plus, des vergetures, te faire ouvrir avec une césarienne, et te taper de la rééducation pour pouvoir aller aux toilettes correctement. Pour le coup à ta place, je choisirais le suicide, effectivement. Par euthanasie pourquoi pas." Jamais Kate n'aurait d'enfants, pour toutes ces raisons tellement vraies. "Tu en prendras surement conscience pendant ta dépression dite "baby blues"" lâcha-t-elle avec un soupir. Pauvre fille. Oui, elle le pensait vraiment, pauvre fille. Une victime de plus pas fichue de se prendre en main. Il faut être réaliste dans la vie, et Kate elle pensait qu'avoir des enfants pour une femme, c'était de la torture. Sans parler des couches, des hurlements, etc.

Ou pas. C'était un mal pour un bien en fait. J'étais pas plus chiante que d'habitude, je ne me laissais plus marcher sur les pieds, that's all. Et au final qui pouvait m'en blâmer ? J'en avais plus qu'assez d'être la victime, la gentille petite fille qui ne ferait pas de mal à une mouche. Beaucoup trop de gens avait eu tendance à me considérer comme faible alors que non. J'étais loin d'être faible. Je savais me défendre et je n'avais aucune peur de rentrer dans le tas. Puis en prenant en compte le fait que j'étais potentiellement énervée aujourd'hui, la blondasse n'avait juste pas intérêt à me chercher des noises pendant longtemps. A ses risques et périls. « Merci de tes conseils. » J'avais même pas envie de perdre mon temps à lui répliquer une quelconque vacherie. Qu'elle aille se faire foutre. Un petit sourire hypocrite et hop, je détournais le regard. "Tu en prendras surement conscience pendant ta dépression dite "baby blues" Bon. Inspire, expire. Inspire, ex.. Et rentre lui dans le lard. Histoire qu'elle se mêle dans son cul. « Et toi, à cinquante ans, tu seras le genre de meuf seule, sans personne qui l'aime parce que les pétasses dans ton genre, personne ne peut les blairer. Rend service à l'humanité, tire toi une balle. »

Voilà, des remerciements, c'est qu'au fond elle savait bien que Kate avait raison. S'en suivit une réplique acerbe et saumâtre, mais c'était parce qu'elle refusait d'avouer la vérité, de voir les choses en face. La pauvre, elle la plaignait. Une ratée de plus. La canadienne ne put réprimer un sourire qui se transforma presque en un rire. Elle était drôle la petite brune, à essayer de se débattre comme ça. "Contrairement à ce que tu penses il y aura toujours des gens pour m'aimer, j'ai tout ce qu'il faut là où il faut pour ça. Alors que les filles qui ont ruiné leur vie pour un gosse qu'elles ont élevé seule à cause d'une histoire d'un soir, tout le monde se moque d'elles dans leur dos, avec leur image de fille facile. C'est dommage pour toi." Kate n'était même pas touchée de se faire traiter de pétasse. Elle s'en était déjà pris tellement plein la tronche dans la presse par les paparazzis et autres mauvaises langues. Ce n'était pas un truc pareil qui pouvait l'atteindre. "Et à propos, les pétasses dans mon genre sont celles qui ont le pouvoir entre leurs mains. Tu devrais essayer."   

Non, sans déconner, peut être que j'y allais un peu fort. J'étais pas le genre de meuf méchante à envoyer des piques à tout bout de champs. Encore moins celle qui insinuerait qu'elle ferait mieux de se planter sauf que là.. Y avait peut être un ras le bol général. Un trop plein de critique, un trop plein de tout. Et j'en avais tout bonnement assez d'être la bonne poire. J'voulais me faire respecter et si pour ça, j'devais en venir à me montrer aussi perfide que la majorité des êtres humains, no souci. J'pouvais jouer dans le même camp qu'eux sans problème et ça risquait de faire bizarre à pas mal de monde. « Et si au lieu de critiquer mes choix, tu te mêlais de ton cul ? C'est une bonne option je trouve. Et à propos, les putes ont les aimes pas, on les baises. Après j'veux pas détruire tes rêves. » Il allait vraiment falloir qu'elle arrête de me chercher celle là. J'étais à bout et sans aucune patience qui pouvait être vraiment pas beau à voir si elle continuait dans ce sens. « J'préfère largement être cette pauvre fille dont tout le monde se moquera plutôt qu'avoir une tonne d'hypocrite collés au cul qui te tournerons le dos dès que quelque chose ira mal. »

"Sans vouloir te vexer, je crois que tu fais plus prostituée que moi avec ton bébé dans le ventre." Sbam ça c'était fait. Kate n'aimait pas se faire traiter de traînée, qu'on se le dise, elle ne couchait pas avec n'importe qui, son tableau de chasse était rempli de noms prestigieux et populaires. "Désolée d'avoir voulu te le faire remarquer, il faut bien que quelqu'un le fasse." soupira-t-elle. D'accord, c'était juste parce qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de dire ce qu'elle pensait à tout le monde, mais le pire c'est que pour elle il n'y avait rien de méchant dans ce qu'elle avait dit au départ. Kate avait quelques lacunes en terme de codes sociaux, c'était un fait. "Quoique tu fasses, tu seras toujours entourée par des hypocrites. Tout le monde est hypocrite. Toutes les jolies filles attirent les hypocrites. Sans vouloir briser tes rêves de naïveté et d'innocence. Enfin, aussi innocente que tu puisses être." Elle sirota tranquillement son verre. On aurait qu'elle parlait de courses dans un supermarché. Elle lui avait quand même fait un compliment, c'était déjà beaucoup, même si elle était moins jolie qu'elle-même, elle était plutôt mignonne. Tant que son ventre ne ressemblait pas à un ballon de football.

Ok, jamais tu n'aurais cru avoir autant de répartie en fait. Genre d'habitude, tu te contentais de baisser les yeux et de faire comme si t'avais rien entendu. Histoire de ne pas t'attirer d'ennui et laisser couler. Puis comme ça, les gens avaient tendance à laisser tomber. C'était tout de suite beaucoup moins amusant si tu ne répondais pas. Et bim, là elle te mettais une grosse claque en plein visage. Non mais parce que pour le coup, elle avait pas tord, ça pouvait porter à confusion. « C'était un accident, j'temmerde. » Ouais puis elle était qui pour juger comme ça ? Elle savait même pas ce qui s'était passée. Autant, j'aurais pu me faire violer ou un truc dans le genre alors elle pouvait la fermer. « J'ai pas besoin que tu me fasses remarquer quoi que ce soit. Je t'ai rien demandée alors fous moi juste la paix. » C'était pas compliqué comme demande tiens. Elle pouvait juste siroter son cocktail et faire comme si je n'existais pas, ça m'allais très bien. « C'est quoi ton problème en fait ? Tu souffres d'un complexe d'infériorité te poussant à être méchante avec les autres ? Ca t'avanceras à rien, tu te sentiras pas meilleure parce que tu te comportes comme une connasse. J'sais pas moi. Je te demande rien et tranquille, tu te permets de juger. Peut être que c'est parce que tu te sens seule ou bien alors parce que t'es totalement inintéressante et tu fais ça pour t'apporter une minime distraction. Peu importe la raison, t'es pathétique. »

Qu'est ce qu'elle était vulgaire par moment, et en plus elle s'énervait comme pas deux. Ca confortait Kate dans sa position d'être supérieur. Elle gardait parfaitement son calme, savait se tenir, et était même très amusée. Quinn la faisait rire en essayant de se défendre. Vraiment, c'était un phénomène comique. Un complexe d'infériorité. Kate ne put retenir un grand sourire amusé de s'étirer sur son visage, et encore parce qu'elle était au bord du fou rire. Qu'est ce qu'il ne fallait pas entendre comme ânerie. Ou inintéressante. Encore mieux. La pauvre ne savait décidément pas qui elle avait en face d'elle. Quand on avait la plastique d'un mannequin reconnu, le compte en banque d'un acteur hollywoodien célèbre et le sens de la mode d'une styliste dont l'entreprise commençait à prospérer, on ne pouvait pas avoir un complexe d'infériorité à moins d'être cinglé. Kate finit par éclater de rire. "Tu as déjà songé à faire dans le comique ? Ou dans le théâtre. Je pense que tu as un bon potentiel. Par contre évite la sociologie ce serait un désastre." Question devinettes la pauvre était à côté de la plaque. Kate continua à siroter son verre. "Tu es sure que tu ne veux pas que je t'offre un mojito ?" Cette fille l'amusait même si elle lui balançait des insultes au visage. Difficile d'atteindre la jeune franco-canadienne vu son estime d'elle même.