You are an alibi to me ♡ DEXEY

Je l’accusai de s’être servi de moi. D’avoir agi dans son propre intérêt et rien d’autre. Pourtant, une partie de moi refusait de croire à mes propres paroles. «Bien sûr que tu peux, la vie est trop courte pour ne pas en profiter… pour ne pas faire exactement ce dont… on a envie.» Oui, il était bien là le problème. C’était que j’en avais envie. Mais il avait tort. Peu importe qu’on ait une vie ou plusieurs à vivre, je ne pouvais pas faire ça. Parce que c’était mal et que Wyatt ne méritait pas ça. Pas même avec ce qu’il me faisait subir. La langue de Dexter lui glissa sur la lèvre et cette fois je n’en manquai pas une miette. Il s’avançait vers moi et je frémissais à l’idée de son contact. J’aurais dû reculer, au lieu de quoi je baissai la tête. Comme si le simple fait de ne pas le regarder dans les yeux rendait notre proximité plus supportable, moins vrai. J’étais totalement à côté de la plaque. Je sentais les larmes me brouiller la vue et je lui admis finalement que je lui aurais rendu son baiser. Parce que c’était la pure et simple vérité. Et qu’il avait le droit de savoir aussi. «Prouve le alors… rend le moi, rembourse ta dette.» Mon regard alterna entre ses yeux et ses lèvres. Cette assurance dont il faisait preuve me déstabilisait au plus haut point. D’autant plus qu’il avait l’habitude d’être timide, réservé, poli et chaste. Peut-être n’était-ce qu’une impression que j’avais eu durant tout ce temps. Ses doigts trouvèrent mes cheveux et il enroula une mèche de cheveux autour d’eux. Je respirais difficilement, me sentant chancelante. Il était près, trop près même. «Je n’en dormirai pas de la nuit si tu ne m’aides pas Torrey, tu me rends dingue.» Il lâcha enfin mes cheveux et j’eu un léger soupir de soulagement. Ou alors était-ce simplement que je recommençais à respirer? Il ne pouvait pas me dire ce genre de chose. C’était mal, très mal. Et si sensuel à la fois. Jamais on ne m’avait parlé à cœur ouvert comme ça. Je ne savais même pas que Dexter s’intéressait à moi! Avais-je été si naïve? Aveugle peut-être pour ne pas reconnaitre les signes plus tôt? « Dexter ne m’oblige pas à partir je t’en pris… » Je fermai les yeux brièvement, pinçant fort mes paupières pour en chasser les larmes et le regardai à nouveau. Levant ma main, je la portai à sa joue –celle où elle s’était abattu violemment quelques minutes plus tôt. Doucement, je le caressai du pouce. « Tu as mal… ? »

Je caressais sa joue sans savoir ce qui me prenait. Non, en vérité, je le savais très bien. C’était là pour moi la seule façon de le toucher sans que ce ne soit déplacé. Sans faire de bêtise. Parce que je ne comptais pas l’embrasser, même si mon corps réclamait férocement ce genre de contact. Je ne le pouvais pas et n’y songeait pas –ou alors le moins possible. Dexter rabattu rapidement mon bras et j’eu un mouvement de recul. «Me touche pas, t’as loupé ta chance.» Je me sentais mal, terriblement mal et je ne savais plus comment agir avec lui. Aussi réussit-il à me rendre d’autant plus perplexe lorsqu’il sourit. Était-il devenu complètement fou? «Tu ne comprends pas encore Torrey, mais je t’apprendrai.» Je fronçai les sourcils, avalant difficilement ma salive. En effet, je ne comprenais pas. Que comptait-il m’apprendre? «Toi et moi ça ne fait que commencer.» Je secouai lentement la tête de gauche à droite, sentant tout de même qu’il avait raison. Que toute cette histoire ne pourrait pas simplement se terminer ainsi. À tout le moins, je ne pourrais pas partir aujourd’hui sans lui reparler par la suite. Il était d’abord et avant tout un ami pour qui j’avais toujours été présente et vice-versa et je ne pouvais pas simplement m’enfuir sans demander mon reste. «Quand on se reverra tu te donneras à moi comme tu ne l’as jamais fait pour un autre homme, d’ici là je te laisse régler tes histoires, mais ma patience à ces limites… » Je clignai des yeux, sentant mon cœur battre suffisamment fort pour sortir de ma poitrine et aller se jeter à la mer. Parce qu’il me semblait soudainement que ce serait bien plus simple ainsi. J’avais envie de lui crier dessus, de lui dire qu’il ne pouvait pas me dire tout ça. Mais j’avais aussi envie de lui demander de quoi il parlait. J’ouvris la bouche pour parler, me ravisai et la refermai. Si j’avais été un tant soit peu brillante, je serais parti. Là, tout de suite. Mais mes pieds étaient aussi solidement ancré dans le sable que s’ils avaient été dans du béton. « Je ne sais pas de quoi tu parles Dexter…. Mais tu vas devoir m’expliquer depuis combien de temps tu avais envie de tout ça… » dis-je finalement d’une toute petite voix. Voilà, j’étais bien trop curieuse pour partir sans réponse. Et puis, la façon dont il avait de me regarder me rendait encore toute nerveuse et excité. Qu’est-ce qui me prenait à la fin? J’avais du mal à la regarder en face.

Curieuse et excité. Voilà les deux mots qui me décrivaient le mieux présentement alors que j’aurais encore une fois dû être totalement dévasté par ce qui venait d’arriver. Dexter m’avait embrassé alors que j’étais toujours en couple avec Wyatt et je ne savais même plus où me situer. C’était mal, très mal même, mais je ne pouvais m’empêcher de penser au contact de sa peau. À la chaleur de sa main sur mon ventre, à la tendresse de son regard et à l’intensité de ses émotions. Il me transmettait cette passion rien qu’en respirant devant moi et ça me faisait tourner la tête. Aussi parvins-je à articuler une question, lui demandant depuis combien de temps il avait ces idées salaces à mon égard. Je me sentais si stupide de n’avoir rien vu plus tôt. Ou alors était-ce plutôt que je ne voulais pas voir. «Irrésistible.» Pardon? «Ça n’a pas d’importance, penser à tout ce temps qu’on a perdu alors qu’on aurait pu être ensemble nous ferait plus de mal que de bien. On ne peut rien changer, mais on peut choisir de notre avenir. Parlant de ça, je suis déjà impatient d’en être à notre prochaine rencontre, alors si tu me permets je te quitterais bien pour mieux te retrouver. Quelque chose à ajouter?» Je clignai des yeux une fois de plus, ne bronchant même pas lorsqu’il fit un pas vers moi. Je me mordillai la lèvre, incertaine de la marche à suivre. Il valait certainement mieux le laisser partir puisque j’étais incapable de faire les premiers pas. J’avalai difficilement ma salive, mon regard déviant instinctivement sur ses lèvres, m’arrachant un frisson d’appréhension et secouai finalement la tête de gauche à droite. Je n’avais rien du tout à ajouter sinon qu’il devait arrêter de me faire cet effet-là. Et tout de suite. Mon cœur battait la chamade et, allez savoir pourquoi, bien que je ne veuille l’admettre, je savais qu’il avait raison. Que ce n’était que le début de notre avenir et la fin de notre passé.