Sometimes talking to your best friend is the only therapy you need. (Valou)

Val me rassura, répondant qu’il était paré. Je n’aimais pas avoir ce rôle de rabat joie trouble fête mais je ne voulais surtout pas qu’il espère trop un happy end si jamais Amy changeait d’avis au dernier moment, car elle m’avait quand même donné l’impression de tenir à cette grossesse et à cet enfant… Je le regardais avaler de bonnes gorgées de sa bière et je l’imitais, descendant ma propre boisson à mon tour, toujours un peu soucieux pour lui malgré sa réponse. Mais mon ami éprouva le besoin de changer de sujet et me demanda alors ce qui s’était passé pour moi depuis le début des vacances… Je pensais aussitôt à mon passage express en Russie. Je n’avais pas encore eu l’occasion de raconter mon entrevue éclair avec Caly à mon meilleur pote. Je savais que tout n’était pas au beau fixe entre lui et mon ex depuis la séparation, je ne voulais pas envenimer leur amitié en le mêlant à nos histoires, mais d’un autre côté Val était mon confident privilégié, je ne pouvais pas lui cacher une telle donnée. « Je suis allé faire un petit tour en Russie… » lâchai-je alors. « Il s’est passé pas mal de trucs de mon côté, et j’ai compris qu’il fallait que je m’explique avec elle une dernière fois, qu’on mette un vrai point final à notre histoire. » Je ne savais pas si c’était la distance, ma nuit avec Elia ou encore les précieux conseils de mes proches amis, mais beaucoup de choses m’avaient fait prendre conscience de la nécessité d’avancer et je ne pouvais pas le faire si j’avais toujours Caly dans la peau. «  Et c’est chose faite à présent. » La discussion avec Caly n’avait pas été aisée, j’avais du prendre sur moi pour ne pas craquer, pour conserver une distance raisonnable entre nous et ne pas la serrer dans mes bras. Mais au moins, à présent, j’espérais qu’elle avançait de son côté et je pouvais en faire autant du mien. Mais bizarrement, je ne pus m’empêcher de demander à Val malgré tout : « Elle ne t’en a pas parlé ? »

J'avais eu plus que ma dose à parler de Amy, de mes conneries, j'avais besoin de changer de sujet et de savoir ce que Priape avait fait de beau durant ses vacances et j'avais espéré qu'il me parle d'une autre fille que de Caly parce que j'espérais au fond qu'il ait réussi à tourner la page et qu'il retourne à la chasse de demoiselles tellement plus simples et moins chiantes si j'ose dire. Evidemment quand il me parla d'être allé en Russie, ça ne m'étonna pas du tout, et je sentis une grande déception m'envahir, jusqu'à ce qu'il me fasse part qu'il en avait eu besoin pour mettre un vrai point final à leur relation. J'arrondissais les yeux et l'écoutais parler jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il me demande si elle m'en avait parlé. Mes sourcils se froncèrent et je baissais les yeux par agacement Non évidemment que non, on est en froid, on est même plus amis, et ça j'ai bien peur que ça remonte bien avant votre séparation, parce que figure-toi qu'elle ne me tenait jamais informé de quoique ce soit, fallait toujours que ce soit moi qui lui demande quoi de neuf toutes les trente secondes, et après c'est moi qui m'en fout d'elle ... Bref, je suis quand même ravi pour toi et que t'es enfin réussi à tourner la page, parce que c'était devenu la folie ces derniers temps. Lui disais-je en reprenant un souffle et une voix plus posée, moins énervée, parce que mine de rien, on avait autant perdu l'un que l'autre, notre meilleure amie qui avait tellement changé depuis le lycée et qui n'était plus la même, qui n'était plus celle qui ne se prenait jamais la tête, qui ressemblait plus à un pote qu'à une fille insupportable. Et du coup t'es vraiment passé à autre chose ? Lui demandais-je avec un regard taquin qui voulait tout dire.

Je regrettais presque instantanément d’avoir évoqué Caly. Aussitôt le visage de mon meilleur pote se ferma et je compris avant même qu’il n’ouvre la bouche que les choses n’allaient pas mieux entre eux deux. Je pouvais pas m’empêcher de me sentir un peu coupable et responsable de leur éloignement, même s’il s’empressa de me rassurer sur ce point : pour lui, cela datait d’avant notre rupture. « Je suis désolé Val… » soufflai-je alors. Je savais qu’il avait longtemps considéré Calypso comme une sœur et que de la voir devenir une quasi étrangère devait être encore plus douloureux pour lui que cela ne l’avait été pour moi. La jeune femme avait changé, elle s’était éloignée de nous, et l’époque où notre trio complice paraissait indestructible était bien loin désormais. Il sembla ensuite se radoucir, m’avouant être content de me voir passer à autre chose. C’était le but de mon passage en russie : un au revoir pour mieux pouvoir l’oublier, même si dans le fond Caly restait inoubliable je devais avancer. La question pleine de sous entendu et le regard parlant de mon meilleur pote m’arrachèrent un petit rire : « Toi tu veux des ragots ! » Je repris néanmoins mon sérieux assez vite. Je savais que le seul véritable potin que je pouvais lui raconter n’allait pas lui plaire. Parce que depuis ma séparation d’avec Caly, la seule fille qui s’était retrouvée dans mon lit était Elia, et je savais combien les relations entre elle et mon meilleur pote étaient tendues. De plus, on avait convenu avec la jeune femme d’oublier cette nuit et de faire comme si rien ne s’était passé entre nous. « Y’a bien eu une fille, une nuit… Mais je suis pas certain que ça vaille vraiment la peine de s’attarder sur le sujet… » fis-je simplement, espérant ainsi éluder le sujet.

Parler de Caly était bien le sujet qui me mettait le moins à l'aise, encore moins que celui de mes exs, de mes problèmes avec Amy, que n'importe quoi à vrai dire. Elle est sûrement ma plus grande déception, mais j'ai encore heureusement ma vraie petite soeur et mon frère de coeur, eux, je suis certain qu'ils ne m'abandonneront jamais pour une connerie et qu'ils resteront toujours ce qu'ils sont. C'est pour ça que mon meilleur pote s'excusa et que ça me fit sourire chaleureusement, parce que je n'en attendais pas moins de sa part. Mais je voulais surtout changer de sujet et surtout savoir s'il avait une autre demoiselle dans sa ligne de mire. Ou plusieurs. Je me suis mis à rire quand il me fit savoir que je voulais des ragots Tu m'as eu ! Répondais-je avant de continuer à boire ma bière tranquillement, même si elle descendait bien trop vite, comme toujours. J'aimerais bien avoir la décente d'une meuf parfois. Et j'eus ce que je voulais. Non pas la décente d'une meuf haha mais le ragot bien croustillant. Et mon pote qui me fait part que ça ne valait pas la peine de s'y attarder ! S'il croyait vraiment que j'allais si facilement changer de sujet, c'est qu'il me connaît mal ! Tu déconnes ?! Raconte moi ! S'il y en a qu'une, c'est que forcément qu'elle en vaut la peine, allez vas-y balance ! Oui bon parce que parler de mes relations amoureuses désastreuses, ça va un peu quoi ! J'ai besoin d'air et de changement, et puis bon je suis quand même surtout heureux pour mon grand ami qu'il ait enfin pu tourner la page.

J’avais tenté d’esquiver la question, reconnaissant avec franchise avoir conclu avec une fille le temps d’une nuit mais ajoutant très vite que ça ne valait pas la peine d’en dire plus. D’une part, parce qu’Elia et moi avions convenu de continuer comme si de rien n’était, d’autre part parce que je savais qu’entre la brune et l’italien, ce n’était pas l’amour fou et je redoutais un peu sa réaction. Bien sûr, il ne me laissa pas clore le sujet comme ça… Il me réclama plus de détails, mais ce fut surtout sa seconde remarque qui marqua mon esprit : s'il y en avait eu qu'une, c’était que forcément qu'elle en valait la peine… J’avais pas vraiment réalisé mais oui, en presque 4 mois de célibat ma seule aventure se résumait à ma nuit avec Elia… Est-ce que j’éprouvais quelque chose pour elle ? De l’affection très certainement, un profond attachement c’était sûr, c’était l’une de mes plus proches amies et l’une des personnes à qui je m’étais le plus confié ces derniers temps… Je chassais ces questions de mon esprit, ne voulant pas me laisser troubler par les paroles de mon pote. Elia et moi étions amis, nous avions décidé de ne pas laisser ce moment d’égarement entraver notre amitié et c’était très bien ainsi, me répétai-je intérieurement avant d’affirmer: « Y’a pas grand chose à raconter. C'était rien qu’un dérapage avec une de mes bonnes copines. On avait trop bu, je t’assure que ça veut rien dire. C’était un très agréable moment, mais cela ne se reproduira plus. » Puis j’attrapai ma bière pour la finir d’une traite, espérant surtout que Val se contenterait de mon explication et qu'il n’essayerait pas de connaître l’identité de cette mystérieuse conquête.

J'avais essayé tant bien que mal de lui arracher les mots de la bouche, parce que niveau confession avec les meufs c'est pas forcément chose facile pour lui, surtout vu comment ça s'était terminé avec Caly, un grand amour perdu pour enchaîner par derrière, c'est la chose la plus difficile au monde, et je sais que pour lui ça l'est encore plus. Mais ça me faisait du coup plaisir qu'il me parle de cette fille avec qui il avait passé une nuit agréable, même si apparemment il ne comptait pas aller plus loin avec cette fameuse amie. Mais en général quand on couche avec une amie c'est qu'il y a moyen d'aller plus loin, vu qu'il y a tout ce qu'il faut pour devenir amoureux non ?! C'était un peu ce qu'il lui était arrivé avec Caly. Mais bon, je veux bien croire qu'il ne veuille pas reproduire le même schéma. Il ne semblait surtout pas vouloir en parler davantage Comme tu voudras mon pote, mais promet moi de ne pas te priver et d'en profiter hein ?! Disais-je en haussant les sourcils malicieusement pour finalement lever mon verre pour trinquer Allez ! A notre jeunesse pleine de folie !