"And I will try to fix you." |Billian|

« Je me doute que tu n'as rien sur toi .. ça aurait été assez bizarre d'emmener ton matériel parmi nos sous-vêtements et nos pulls alors qu'on partait à la montagne ! ». Julian éclata de rire et se laissa tomber en arrière quand Billie le poussa avec son doigt en appuyant sur son torse. Il roula sa tête sur le côté et la regarda se balancer tout en cherchant à le convaincre. Comme si elle avait besoin de le faire alors qu'il serait à nouveau sa première fois... même si ça l'étonnait qu'elle ai cette soudaine envie. Jamais elle n'en avait parlé, d'où lui venait cet élan soudain? « Mais .. Non .. Je veux que ce soit toi. On peut faire le dessin maintenant si tu veux, mais j'aimerais vraiment que ce soit toi qui me le fasse .. ». Le brun se mordit la lèvre inférieure sans la quitter des yeux, manquant de fondre devant le rosissement des joues de la jeune Eliot. Ce qu'elle pouvait lui donner envie de la croquer quand elle était dans un état pareil: intimidée et gênée.

Le canapé bougea quelque peu quand elle se releva et Julian la suivit du regard en tournant son torse vers elle, se relevant sur un coude. « Tu sais, si tu veux pas, j'comprends .. ». Le jeune brun se redressa sur le canapé et se leva pour la rejoindre. Une fois derrière elle, il posa ses mains sur ses épaules et lui murmura: « Bill', on ne va pas changer nos habitudes. Premiers pour tout et n'importe quoi, non?», Andrews se colla à elle pour poser ses lèvres sur sa joue avant de se détacher de Billie. « Allez, installe-toi près du feu pendant que je fais à manger. On s'en occupera demain, il faut que tu te reposes un peu.»

Julian tourna les talons en direction de la cuisine américaine, suivit de près de Junkee qui avait commencé à tourner, autant qu'il le pouvait, autour des deux jeunes gens pour attirer leur attention. Au passage, il attrapa un sac et l'ouvrit sur le plan de travail, pour ranger le minimum vital qu'il avait acheté, avant de se mettre à faire leur dîner tout en sifflant. Après quelques minutes, le repas préféré de Billie: une salade de tomates et du porc à l'ananas, était servi dans leurs assiettes tandis que Junkee se régalait avec un os acheté chez le boucher. A la fin, l'Eliot se leva pour sortir deux yaourts aux smarties, parfum fraises, du frigo en ayant un sourire malicieux aux lèvres. « Un petit film comme accompagnement, bien au chaud sous une couette, avec Junkee comme chauffage central, ça te tente...?», demanda le brun, prêt à se plier en 4 pour lui faire plaisir. Il avait pensé à tout, avait creusé dans ses souvenirs pour se rappeler de tout. Maintenant, il suffisait de prier qu'il ne se soit pas trompé.

Le feu crépitait et j'observai la bûche que je venais d'ajouter s'enflammer progressivement. Mes yeux se perdirent dans le ballet somptueux qu'exécutaient les flammes et je me laissai hypnotiser par ce spectacle. J'avais toujours eu une fascination déconcertante pour cet élément. Autant j'avais peur de l'eau, mais le feu m'attirait depuis toujours. La sensation des mains de Julian pressant mes épaules me fit sortir de ma contemplation et je tournai légèrement la tête pour le regarder du coin de l’œil. « Bill', on ne va pas changer nos habitudes. Premiers pour tout et n'importe quoi, non? » Mon corps se réveilla et je me sentis rougir une nouvelle fois. Heureusement, la luminosité que diffusait le feu dans la pièce ne permettrait pas au jeune homme de remarquer ce genre de détail. Un petit sourire fendit mon visage et je sentis mon humeur s'envoler petit à petit. J'acquiesçai en m'éclaircissant la gorge, presque gênée. Il avait raison ; il avait été le premier pour toutes les choses importantes dans ma vie, ou presque. Alors ça ne semblait que logique qu'il soit le premier à marquer ma peau. Il se pencha pour embrasser ma joue et je tressaillis en le sentant poser ses lèvres à la limite de l'éraflure qui y trônait. Je baissai les yeux et lâchai un soupir que je n'avais pas conscience de retenir lorsqu'il s'éloigna de moi.

Suivant son conseil, j'allai attraper un carnet en cuir noir dans mon sac et retournai m'asseoir sur le canapé, remontant un peu mes jambes afin qu'elles fassent office de table. Je posai le carnet sur mes genoux et l'ouvris, m'arrêtant longuement sur les pages déjà noircies, passant mon index sur les lignes d'encre gravées sur le papier. C'était un carnet que je tenais depuis que j'avais treize ans. Je l'avais noirci pour la première fois cette année-là à la suite de mon premier réel baiser. Il me manquait une figure maternelle et je n'avais jamais éprouvé assez d'affection envers mes amies pour leur raconter mes sentiments, alors j'avais décidé de me pencher sur l'écriture à la place puisqu'il était hors de question que je parle de ce genre de choses avec mon père. Il avait subi tous les plus grands moments de ma vie ; y compris le meurtre de mon père. La dernière chose qui s'y trouvait retranscrivait le retour de Julian dans ma vie. Je ne l'avais pas touché depuis. Ce carnet avait toujours été mon unique thérapie et je savais pertinemment qu'il faudrait que j'y vide toutes les pensées qui me traversaient depuis l'agression pour faire un pas vers la guérison. Je tournai la dernière page griffonnée et appuyai sur la reliure pour le maintenir ouvert en soupirant. Je n'avais pas pris de stylo, mais ça avait été purement intentionnel ; je savais que je n'allais pas écrire un seul mot aujourd'hui. Il était encore trop tôt. Alors pendant que Julian préparait le repas, je restai figée sur le canapé, à trier mes pensées et contempler la page blanche qui s'étalait devant moi. Rien ne me perturbait : ni Junkee qui tournait autour de moi avec agitation, ni le bruit des couteaux de cuisine, ni le bruit du téléphone de Julian qui bippa plusieurs fois, rien. Ce fut uniquement lorsqu'il passa devant moi et déposa un plateau sur la table basse que je me tirai de mes songes, relevant le regard vers lui puis le baissant sur le plateau. Instantanément, un sourire prit possession de mes lèvres. Je refermai mon carnet, le posai sur le canapé et me relevai pour enrouler mes bras autour de son cou. Je m'inclinai en avant et posa ma bouche au coin de ses lèvres doucement. « Merci .. » soufflai-je, mes mots signifiant quelque part bien plus que ma reconnaissance pour ce repas.

Une vingtaine de minutes plus tard, Julian revint vers le canapé, tenant dans les mains deux yaourts aux Smarties. J'ouvris de grands yeux et me sentis trépigner d'impatience en découvrant qu'en plus, ils étaient à la fraise. Je me redressai sur mes genoux et attrapai rapidement le mien, l'ouvrant impatiemment. J'avais l'eau à la bouche et j'avais hâte d'attaquer. J'étais en train d'enfourner sauvagement la première cuillère dans ma bouche pendant que j'acquiesçais vivement à la proposition de Julian. « 'Ai em'né Aftéri et Oblixf mifion Clé'pât' ! » marmonnai-je la bouche pleine. Je relevai mon regard vers mon meilleur ami et eus du mal à me retenir de cracher le yaourt partout lorsque j'explosai de rire. Je doutais qu'il ait compris un traître mot alors je me levai et allai chercher le DVD d'Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre dans ma valise puis le lui tendis. Nous étions tous les deux bilingues et nous aimions beaucoup regarder les comédies françaises quand nous avions commencé à vivre ensemble. Pour celui-là, nous avions passé des heures et des heures à le regarder, le décortiquer afin de comprendre le moindre jeu de mot et les références qui y étaient fait. Ça avait été un grand jour pour tous les deux lorsque j'avais crié Eurêka un soir, mettant à fond la chanson de Claude François "Alexandrie, Alexandra" dans l'appartement. Nous avions cherché pendant des jours à comprendre la scène sur le bateau où se trouvaient des références évidentes à cette chanson. Aujourd'hui je ne manquais pas une occasion de dire « en tout cas, j'ai plus d'appétit qu'un barracudas » de mon accent presque plus anglicisé dès que mon ventre se mettait à gargouiller. Le film commença et je m'installai allongée contre le torse de Julian, Junkee se couchant contre moi. « Interdiction de dire toutes les répliques ! » lançai-je à l'intention de l'Eliot, un doigt pointé, les sourcils froncés sévèrement. Mais bien sûr deux minutes plus tard, nous reprenions nos mauvaises habitudes et nous mettions à rigoler avant même que la blague ne soit faite. Mais bien vite, la fatigue me rattrapa et mes yeux papillonnèrent avant de se clore pour de bon. J'eus à peine le temps de sentir ma tête s'enfoncer dans le cou de mon chien avant que le sommeil ne s'empare de moi. Je n'avais eu que trop peu d'heures de repos ces derniers jours et la présence sécurisante de Julian m'aida à être suffisamment apaisée pour rejoindre les bras de Morphée.

Les plaisirs simples faisaient les grandes joies et Julian était persuadé de faire une heureuse en achetant un pack de ses yaourts préférés. Andrews secoua la tête de gauche en droite, un sourire amusé sur le visage quand Billie lui arracha presque l'un des pots. La bouche pleine, elle lui répondit comme si de rien n'était: « 'Ai em'né Aftéri et Oblixf mifion Clé'pât' ! ». Allez comprendre ce charabia! Le brun eu une moue dubitative et haussa les sourcils, incrédule, les yeux ronds comme des billes. Finalement, après un effort surhumain de ne pas gâcher le yaourt, elle se leva et revint sur ses pas avec un DVD dans les mains. Après avoir lancé le film, le deux jeunes gens s'installèrent confortablement dans le canapé, Junkee suivant le mouvement au moment et s'allongeant contre Billie au moment où elle prévenait son meilleur ami d'un « Interdiction de dire toutes les répliques ! », avec son air autoritaire qui ne lui allait pas dans cette situation-là.
Le musicien se rendit compte que Billie s'était endormie quand elle ne rigola pas devant un de ses passages préférés. Bon, ils passeraient la nuit sur le canapé... de toutes façons, il n'avait aucunement l'envie de la laisser une seule seconde après ce qu'il s'était passé.

Julian essaya de continuer le film mais il avait eu une longue journée et l'aveu de Billie lui avait fait un choc mine de rien. Alors, il appuya sur stop, éteignit la tv et caressa longuement sa boule de poils, qui dormait depuis belle lurette, entre les oreilles.
Le brun se releva sur un coude, le plus doucement possible et regarda sa meilleure amie dormir profondément. Il passa un bon moment à essayer de l'appeler, dans sa tête, par son véritable prénom mais il n'y arrivait pas. Il ne trouvait pas qu'Ashlee lui allait aussi bien que Billie. Au fond, il se sentait blessé qu'elle lui ai caché la vérité aussi longtemps alors qu'elle savait tout de lui et puis... si l'assassin de son père avait réussi à finir ce qu'il avait commencé, qu'est-ce que l'Eliot aurait fait? Il aurait sûrement fait son retour du mauvais côté et aurait étranglé ce salopard de ses mains, même s'il avait été en prison. Non, vraiment, Julian n'arrivait pas à imaginer une vie sans Billie.
Le jeune artiste finit par se rallonger, remonta correctement la couverture sur eux et passa un bras par-dessus la taille de sa meilleure amie par habitude et s'endormit quelques secondes plus tard.

Au petit matin, un grognement sourd et agacé le tira de son sommeil. Promptement il ouvrit les yeux, croyant que Junkee avait vu quelque chose d'anormal, pour se retrouver face à son chien qui réclamait son petit-déjeuner. Billie dormait encore heureusement. Alors en essayant de la secouer le moins possible, Julian s'extirpa du canapé pour ouvrir la porte à son chien avant de préparer sa gamelle et de passer sous la douche.
Enfilant un bon gros pull et un jean, il récupéra son téléphone, se servit un bol de céréales après avoir ouvert au berger blanc, qui était revenu de sa promenade matinale, et sortit à son tour sur le perron pour profiter du soleil.
Il regarda ses messages et répondit aux textos qu'il avait reçu. Un sourire satisfait, Julian s'installa dans le rocking-chair et dégusta son petit-déjeuner.

La pièce baignait dans une obscurité quasi totale lorsque je me réveillai quelques heures plus tard. Junkee s'était relevé pour descendre du canapé et j'avais immédiatement ressenti son absence, ce qui me tira de mon demi coma. Je relevai la tête, suivant mon chien du regard grâce à la faible lueur de la lune qui s'infiltrait à travers les persiennes. Mes mouvements étaient amoindris et je compris vite pourquoi en baissant le regard vers le bras de Julian qui encerclait mes hanches. Mon esprit était encore embrumé mais je sentis que j'avais besoin de bouger un peu. Alors je me levai discrètement, reposant avec délicatesse le bras de mon meilleur ami sur le canapé et j'offris une caresse à mon chien en passant à côté de lui. Je m'étirai en tentant de ne pas pousser mes grognements habituels pour ne pas réveiller l'Eliot et ouvris le frigo pour en sortir un yaourt. J'allai me poser en tailleur sur le comptoir tout en commençant ma dégustation ; de là où j'étais, je pouvais apercevoir un bout de la silhouette de Julian. Je le fixai jusqu'à avoir raclé une dernière fois mon pot, puis sautai de mon point d'observation lorsque Junkee gratta une fois sur la porte en bois en me fixant avec insistance. J'allai attraper un pull épais dans la valise de Julian et après l'avoir enfilé, j'ouvris la porte d'entrée. Je la laissai largement entrebâillée histoire de me sentir plus en sécurité et je m'installai dans le rocking-chair et sortis une cigarette du paquet qui était dans ma poche. Mon regard était fixé sur la boule de poils blanche qui furetait à quelques mètres. « Ne t'éloigne pas, » lui ordonnai-je doucement, définitivement pas rassurée. Je fumai nerveusement ma cigarette et quand je la terminai, Junkee revint en trottinant dans ma direction. Je rentrai et refermai tout derrière moi, allant même jusqu'à coincer une chaise sous la poignée de la porte. Après m'être lavé les dents et avoir troqué mon jean pour un short en coton, je retournai m'allonger contre Julian. Sauf que cette fois, je me couchai face à lui et je glissai mon bras gauche sous son pull dans son dos pour me réchauffer. Je le vis tressaillir, sûrement à cause du froid de mes mains mais rapidement, il retomba dans un sommeil profond.

Les rayons du soleil réchauffaient mon visage lorsque je m'éveillai quelques heures plus tard, remarquant l'espace vide à côté de moi. Je me redressai sur un coude, plissant les yeux face à trop de clarté. Je soupirai et me laissai tomber à nouveau contre le sofa en grognant. Je n'étais pas du tout matinale, c'était d'ailleurs probablement pourquoi je dormais souvent jusqu'à midi. Je finis par me faire une raison et je me levai, remarquant par la fenêtre que Junkee était en train de courir dehors. Je sortis donc directement et vis Julian dans la chaise ; il était en train de poser son bol vide à côté de lui lorsque j'étais apparue. J'étais encore à moitié endormie, alors j'allais sans la moindre hésitation m'asseoir en travers de ses genoux, enfonçant ma tête dans son cou et refermant directement les yeux. Je pliai mes genoux et enfonçai mes jambes nues sous le pull que je portais, me retrouvant congelée en moins de dix secondes. « Il fait trop froid dans ce pays, » marmonnai-je. « J'vais perdre mes orteils et ce sera de ta faute. » Je me serrai un peu plus contre son torse, refusant catégoriquement de rouvrir mes yeux et bien décidée à me rendormir dans son étreinte. Mais rapidement, je me résignai, poussant un léger soupir. « Alors, c'est quoi le programme de la journée ? »

Tout en se balançant lentement dans la chaise, le jeune brun engloutit son bol en quelques minutes. Il avait toujours été affamé au réveil. Surveillant Junkee avec un air amusé en voyant le cirque que faisait le chien, il sortit son paquet de cigarette juste après avoir posé son bol à terre. Le bruit de la porte qui s'ouvrait lui fit relever la tête tandis qu'il cherchait son feu.
Avec un sourire, il accueillit Billie sur ses genoux et l'embrassa sur la joue avant de reprendre son mouvement de balancier tout en passant un bras dans le dos de sa meilleure amie qui logea sa tête dans le creux de son épaule. Elle marmonna quelques mots pendant qu'Andrews glissait sa clope entre son oreille et son crâne pour avoir la main libre et essayer de récupérer son portable qui venait de vibrer suite à la réception d'un message. « - J'vais perdre mes orteils et ce sera de ta faute. - Si tu avais mis des chaussettes, tu n'aurais pas à déplorer l'hypothétique mort de tes doigts de pieds.» se lancèrent les deux jeunes gens du tac au tac.

O'Connell se serra davantage contre lui tandis qu'il délaissait son téléphone pour poser sa main sur la cuisse de la jeune femme. Juste pour se venger de la nuit dernière où elle avait passer son bras glacial dans son dos alors qu'il était bien au chaud. Un soupir apprit à Julian que la discussion à ce sujet n'irait pas plus loin. « - Alors, c'est quoi le programme de la journée ?, Julian hésita un instant avant de répondre en haussant les épaules, - On pourrait faire un petit tour dans les environs, histoire de profiter du grand air, qu'est-ce-que tu en dis? Ou sinon... on peut rester au chaud, flemmarder et commencer le dessin de ton tattoo.»
Entre nous, Julian préférait rester à l'intérieur du chalet pour cette première journée. La semaine avait été longue entre ses cours et ses visites à Billie. A croire qu'au lieu de donner moins de travail, ses professeurs s'étaient mis en tête de l'ensevelir sous les projets à rendre, et ce, dans toutes ses matières.
Heureusement, pendant ces quelques jours, il aurait le temps de souffler un peu et de prendre un d'avance sur les prochains travaux qu'il aurait à faire.