(+ Jasey) We can't deny we belong for each other

Le garçon ne peut en vouloir à son papa, n'est-ce-pas adorable ? « Personne ne te le demande. » C'est vrai, nous vivons dans une société où chaque être humain est libre de ses actions et pensées. Rien ni personne ne peut se donner le droit de nous dicter notre conduite contrairement à cette époque chrétienne maintenant si loin derrière. Je connaissais mieux que personne la relation que l'Ellington entretenait avec son père et à aucun moment je n'ai souhaité la gâcher. Au contraire. J'aurais aimé n'avoir jamais exister car ainsi leur vie aurait été beaucoup plus simple. Peut-être que j'exagère mais Jasper n'a pas idée de combien son bonheur me tient à coeur, même si je ne le lui démontre pas, et surtout même si je suis précisément la cause qui le lui gâche la plupart du temps. C'est jamais volontaire, pourquoi lui souhaiterais-je du malheur alors qu'il est depuis toujours le seul être en qui je puisse avoir confiance ? Jasper et Leyna, Leyna et Jasper, ces noms sont gravés cote à cote dans la pierre et le resteront éternellement. Le fait qu'il me propose aujourd'hui de m'accompagner dans ma rencontre avec notre père me le prouvait une fois de plus. « Merci ! » Ce mot à la fois si simple, si court, si significatif pour nous. Parce que nous ne sommes pas le genre de personne qui parlons à travers notre chapeau pour meubler les silences. Chaque regard, chaque parole s'inscrit dans notre histoire. Mais dans cette histoire il y a ce fameux chapitre de la rencontre entre le père et la fille abandonnée - moi en l’occurrence. J'avais accordé tellement de temps à appréhender la réaction de Jasper face à tout cela que je ne m'étais jamais vraiment demandé comment je me sentirais face à lui. Ainsi oui, il valait mieux que ça se passe ici, en territoire neutre. « Vaut mieux qu'il vienne, ce sera plus facile. » J'étais incapable de promettre de ne pas lui en vouloir, j'étais trop mitigée face à tout cela. Mais je présume qu'ici, à Harvard avec mon frère près de moi, ça jouait en sa faveur car j'avais tout pour me sentir à l'aise et sereine. « Jasper, je... » Je quoi ? Non en fait je referme ma bouche, impuissante. Je me sens incapable de m'aventurer plus loin dans cette conversation déchirante.

Personne ne le demande, et personne n'en a le droit. Eux, à Harvard, ils ont tous ces soucis avec leurs parents castrateurs. Certains les marient, d'autres les brident, la majorité font peser sur leurs épaules des responsabilités qu'ils n'ont pas l'âge et la maturité de supporter. Pas Ellington père. Il est de ces paternels qui admirent leurs fils autant que l'inverse. En venant dans cette université, Jasper s'est rendu compte que son enfance était une chance, il essayait d'ailleurs de répandre les valeurs apprises, même sur Leyna. A elle, il avait tenté de lui montrer le poids de l'argent, et que son compte en banque ne faisait pas d'elle quelqu'un de supérieur. La tolérance, aussi. Avec plus ou moins de réussite, demoiselle était devenue peu à peu une personne digne de porter son nom. Mais ça n'en faisait pas le partage plus facile. Pour l'aider.. lui-même, en réalité, Jasper proposait sa présence. Ca lui arracherait peut-être moins le ventre. Elle semblait être rassurée par cette idée. Logique. Tout était plus simple quand l'autre était là. Ils fonctionnaient toujours mieux à deux que seul. Complémentaires. « D'accord, je lui dirais et on fera ça après l'été.. » Laissons-nous un moment de répits, pour souffler entre les attaques. Jasper allait avoir deux mois pour se faire à l'idée de son père à côté de Leyna, dans un tableau familial. Mais ça y est, le rendez-vous est prit, l'idée était acceptée, ils étaient partit pour un avenir à trois. Il souffle, encaisse. Elle tente quelque-chose, mais se ravise vite. Il n'a pas besoin d'entendre la suite de toute façon. « C'est bon Ley, y a rien d'autre à dire. » Plus dans le genre : t'inquiète pas, tout est dit. On a assez fait d'efforts pour aujourd'hui. Il se recule un peu, la regardant. « Hum.. j'suppose qu'on se croisera à l'occas', y a pas de raison. » Y en a plus, ils avaient crevé l'abcès non ? Tente un sourire aux coins des lèvres, et tourne les talons.

FIN