Julian restait assez silencieux, me regardant faire. J’avais appris déjà depuis pas mal de temps de faire un pansement, mais ce genre de blessures plutôt graves, je n’en avais pas l’habitude. Et puis, je n’avais pas beaucoup de pratique non plus, mais je me débrouillais plutôt bien et ça n’était pas trop compliqué, surtout que Billie ne bougeait pas, gardant ses coussins sur son visage pour étouffer ses légers gémissements du au désinfectant. Une fois fini, la jeune femme se découvrit le visage, et se redressa un peu, alors que je rangeais rapidement tous les papiers des emballages des pansements. « On rentrait du bar après notre soirée avec Rox .. », je fronçais les sourcils : Billie avait l’air vraiment inquiète, mais aussi d’avoir peur, ce qui ne m’aidait pas du tout à rester calme : j’avais de plus en plus l’impression qu’il s’était passé quelque chose de grave. « On passait par le square comme d'habitude. À un moment on a eu l'impression d'être suivies et quand on s'est retournées on a vu qu'un gars marchait derrière nous mais qu'il était loin. Sauf qu'il nous a rattrapées rapidement et quand Rox a voulu lui dire de dégager, il .. » je regardais Billie, et je sentais ma nervosité monter de plus en plus en moi. Je n’arrêtais pas de m’imaginer la suite de son histoire, et forcément, une suite pas forcément très positive. « Il l'a .. attrapée et l'a balancée dans l'herbe. Puis il .. s'en est pris à .. à moi .. » Je me pinçais la lèvre et je fronçais les sourcils…je ne savais pas quoi dire, ni savoir quoi faire. Billie éclata en sanglots, mais je comptais bien sur Julian pour faire quelque chose pour la rassurer, la prendre dans ses bras ou quelque chose. Si je savais facilement soigner les « bobos physiques », c’était totalement différents pour les « bobos moraux ». Je passais mes deux mains sur mon visage, appuyant mes coudes contre mes genoux en soupirant. « Mon dieu… », murmurais-je avant de tourner mon regard vers Billie. C’était la seule et unique chose qui était capable de sortir de ma bouche, j’étais totalement pétrifié et je me demandais sérieusement dans quel état était Roxanna, et ce qu’on avait bien pu lui faire.
(Jude Montgomery)