Who are you?!

Je regardai les gens, toutes les personnes qui participaient. Je m’étais assis au pied d’un arbre, entre les racines. C’était un point de vue en hauteur qui me permettait d’avoir une certaine vue d’ensemble. Je ne manquais pas de voir le blond qui braquait son téléphone sur moi, mais je fis comme si de rien n’était. Il attendit un peu, regarda encore son portable et leva les yeux sur moi. Je tournai la tête mais le regardais du coin de l’œil. Il avançait vers moi, le dos droit, la tête haute, le pied sûr, et s’arrêta à moins de deux mètres. Il me salua et me demanda d’une voix avenante s’il pouvait me parler. Je me levais et enlevais les brins d’herbe collés à mon pantalon. Je m’approchais de lui en conservant tout de même une distance que j’estimais être une distance de sécurité. J’étudiais son visage. Il ne me disait rien, absolument rien. Je ne le connaissais pas, alors de quoi voulait-il parler ? Me parler de quoi ? Je ne pouvais rien lui avoir fait durant les cinq ans que j’étais là, j’avais été discret et je n’avais parlé à personne, courant dans les couloirs tête baissée pour rester le moins longtemps possible entouré de monde. Donc il ne pouvait même pas être un dégât collatéral d’une bourde hypothétique de ma part.

-Bien sûr. Hum… Je m’appelle Adonis. Adonis de la Torre. Et… Toi ?

J’avais un peu peur de l’inconnu, sauf que l’inconnu m’entourait de toute part… Je ne savais même pas qui j’étais avant mes dix-sept ans, un trou noir… Mais ma personne n’était probablement le sujet de conversation qu’il voulait aborder. Il allait sans doute m’adresser des reproches, comme ce que la plupart des gens font aux autres.

Un cousin ? Comment était-ce possible ? Drew se le demandait toujours alors qu’il comprenait parfaitement la raison. Sa famille avait toujours fait partie des plus conquérantes de l’Angleterre donc lorsque la Nation avait décidé de se trouver des colonies un peu partout, des Membres de la Kenworth Family avaient fait partie des voyages coloniaux – d’ailleurs Drew avait déduit que Thomas Cook faisait partie de la famille aussi – d’où le fait qu’il était plus que probable qu’il ait de la famille en Australie. Le jeune homme à qui il parlait actuellement était la preuve vivante de cette famille cachée. S’il avait bien compris par rapport aux témoignages qu’il avait découvert dans le journal intime de son Ancêtre, tous les Kenworths colons avaient essayé de s’émanciper de la famille anglaise par conséquent, ils avaient été reniés à vie pendant ainsi leurs droits à l’Héritage Familial. Enfin bref, Drew regardait tranquillement son interlocuteur australien qui se présentait comme étant Adonis de la Torre. Parfait, c’était bel et bien lui. « Moi ? Eh bien je m’appelle Andrew Kenworth, je fais partie de la Winthrop House. Et je sais qui tu es Adonis, du moins je connais ton grand frère qui est un grand nageur. Mais ce n’était pas de ça que je voulais parler avec toi. Je peux me joindre à toi ? ». Drew désigna son emplacement comme pour lui demander s’il pouvait s’asseoir.[/size]

Ce soir une fête foraine avait été organisé par Cambridge pour l’arrivé de l’été. Cela s’annonçait assez sympa. En plus, il y aurait des feux d’artifices pour conclure la soirée. J’avais envoyé un message à mon amoureux pour lui signaler d’arrêter d’étudier et de venir avec moi à la fête. Il avait hésité quelques instants, mais avait finalement accepté  mon invitation.  J’avais mentionné à Adonis qu’il m’envois un texto pour me dire où il m’attendrais, car il y aurait pas mal de gens à la fête.  Adonis m’avait dit qu’il serait assis au pied d’un arbre à m’attendre. Bien sûr, il allait arriver avant moi, car il était très ponctuel et toujours en avance. C’est ce que j’avais remarqué, depuis que j’étais en relation avec lui. Quand je rentrai dans la fête foraine, j’essayai de trouver Adonis. Cela me prit quelques minutes avant enfin de l’apercevoir. Je le vis au loin avec une autre personne, j’espérais qu’il n’avait pas d’ennui, alors je me mis à marcher un peu plus rapidement. Quand j’arrivai sur les lieux, il était avec un Winthrop. Je regardai les deux. Je semblai les déranger. Je ne voulais pas me montrer jaloux, même si je l’étais un peu. « Tout va bien ici Schatzi ? Il te dérange ?» Je regardai le Winthrop avec un air un peu féroce. Je ne voulais pas qu’il l’embête.

La fête était déjà bien peuplée. J’avais vu un blond au bas du talus couronné d’un arbre entre les branches duquel je m’étais installé en attendant mon petit ami. J’aimais être un peu en avance, et regarder les gens qui s’amusaient. Tout cela me paraissait étranger, je n’avais pas l’impression que je pouvais y accéder, alors je restais systématiquement en retrait, et je regardais. Sauf que le blond, après un instant, monta à ma rencontre. Il me salua et me demanda s’il pouvait me parler. Je vins vers lui, gardant une distance de sécurité. Je craignais le contact physique. Je déclinais mon identité, lui demandant la sienne : Andrew Kenworth, dans la même maison que moi. Je ne le connaissais définitivement pas, mais lui savait qui j’étais, et… il me parla de mon frère. Je n’avais pas de frère. Enfin… En six ans passés ici, personne ne s’était présenté comme étant mon frère. Depuis mes dix-sept ans, j’étais seul, sans personne. Mais je ne relevais pas ce détail. Il voulait me parler d’autre chose. Je l’invitais sous mon arbre et me rassis. Puis une silhouette familière attira mon attention. Lukas s’approchait de moi. Il avait l’air un peu inquiet. Il demanda si tout allait bien et si Andrew me dérangeait. Je secouais la tête.

-Il ne me dérange pas, Lukas. Viens t’asseoir si tu veux, il fallait qu’il me parle de quelque chose.

Je tapotais le sol juste à côté de moi et lui lançais un sourire avenant. Je voulais qu’il s’assît à mon côté.

-Désolé de t’avoir coupé Andrew, de quoi est-ce que tu voulais me parler du coup ?

Drew étudiait en détail le jeune homme face à lui, cherchant en lui la silhouette d’un vrai Kenworth. Il avait bel et bien l’aura d’un membre de son illustre famille mais il se demandait s’il avait la carrure en fin de compte. Il lui semblait que ce jeune De la Torre était un peu trop introverti, fermé sur lui-même comme s’il avait peur de tout. C’était à ce moment-là qu’il se souvint qu’il faisait également partie de la Winthrop House mais qu’il était tellement discret que personne ne le remarquait. Pas même lui d’ailleurs mais tout le monde savait que le jeune Comte surveillait les gens de loin sans les côtoyer. Enfin bref il s’apprêtait à parler de nouveau lorsqu’un Winthrop s’approcha d’eux pour marquer son territoire. Drew le connaissait de nom et ne s’était jamais réellement intéressé à lui jusqu’à présent. Il ne pouvait être ami avec tous les Winthrops tout de même mais qu’importe, son insolence alors qu’il venait d’interrompre la conversation ne plaisait guère au Comte mais il l’ignora totalement et en plus Adonis était en train de calmer l’autre avant de reporter son attention sur lui. Drew afficha un sourire calme avant de répondre d’une voix posée posant son regard inexpressif sur Ziegler : « N’aies crainte. Ce que je m’apprêtais à te dire est une chose que tu vas certainement avoir du mal à concevoir mais tel était le cas » il s’interrompit légèrement pour reporter son attention sur Adonis avant reprendre d’une voix des plus sérieuses : « Eh bien… Nous sommes cousins au deuxième degré… »

Quand je suis arrivé, j’avais eu peur que le Winthrop était entrain de déranger ou de faire du mal à mon amoureux et je n’aurai en aucun cas tolérer cela. J’aurais été prêt à me battre si jamais cela avait été le cas. Adonis me réassura en me disant que le Winthrop, dont je ne connaissais pas trop, n’était pas là pour l’ennuyer. Adonis me proposa de s’asseoir à coté de lui ce que je dis de ce pas. Je m’étais assis près de lui, plus près qu’un simple ami l’aurait fait. Le Winthrop allait facilement se rendre contre que peut-être nous étions plus qu’ami. Du moins s’il avait de la cervelles. Par chance je n’avais pas eu l’air de l’offusquer ou de le rendre mal à l’aise. J’imaginais qu’il se sentait un peu plus confortable d’être en couple avec moi. Le Winthrop aussi avait m’avait répondu de ne pas avoir craintes, mais je préférais resté avec mon petit chaton juste au cas. Je répondis au Winthrop de façon amical «J’espère !» Finalement, le Winthrop avait dis la raison de sa visite. Les deux étaient cousins. Moi et Adonis étions en couple depuis quelques jours et nous n’avions pas parlé de famille encore. J’imagine que j’étais entrain de rencontrer son cousin.

Le blond s’était approché et avait demandé à me parler. Nous étions à peine installés que Lukas arrivait à ma hauteur. Il semblait tendu comme la corde d’u arc, pas des plus à l’aise. Il me demanda si tout allait bien, et je m’empressais de le rassurer : le blond ne m’avait pas agressé, il montait un peu vite dans les tours. Je lui fis signe de venir s’asseoir près de moi, et il obéit. Cependant, il entendait bien me garder pour lui et s’assit au plus près. Jalousie, quand tu nous tiens ! Je n’avais aucune sorte d’attirance pour le blond, et encore moins avec ce qu’il s’apprêtait à me dire. J’étais tout ouïe. Après qu’Andrew l’eût rassuré, il attaqua directement le sujet de sa visite : il était mon cousin au deuxième degré. Aucune réaction de ma part. Je m’étais simplement figé, tendu. Mon cœur loupa un battement. Non, non, non… Il mentait, ce ‘était pas possible… En six ans, personne ne m’avait cherché, je n’avais eu personne à qui me confier. Et il débarquait et annonçait qu’il était de ma famille ?! Je me levai. J’étais indécis. J’aurais aimé le croire, mais je ne pouvais pas. La famille était un mot banni de mon vocabulaire.

-Andrew Kenworth, il est possible que vous soyez mon cousin, mais je n’ai plus de famille nulle part. J’ai…

Je jetais un coup d’œil à Lukas. Je fis quelques pas en arrière pour les avoir tous deux dans mon champ de vision.

-Je ne me souviens de rien. Avant le 16 juillet 2008, deux jours après mes 17 ans, je ne sais rien de moi. Je suis amnésique. Tu me parlais de mon frère: je n'en ai pas. Il ne m'a jamais cherché. Ça fait 6 ans que je suis là. Et même si je le voyais, je ne le reconnaîtrais pas, alors pourquoi faire du mal à cette "famille" que j'ai abandonné depuis 6 ans?

Alors qu’il avait pour but de parler seul à seul avec celui qu’il devrait considérer comme un membre de sa famille désormais, un autre Winthrop avait fait son apparition et en juger par son attitude de protecteur semi-jaloux, c’était plus qu’un ami pour le fameux Adonis. Hum un couple homosexuel, n’est-ce pas ? Drew n’en avait cure et après avoir rassuré le fameux Ziegler qu’il n’était point là pour engendrer des problèmes, il avait expliqué à l’autre garçon le but réel de sa visite de courtoisie : leurs liens familiaux datant de plusieurs siècles ! Il savait parfaitement que le jeune homme ne le croirait pas… En effet, quelques secondes de réflexion suffirent à Adonis avant qu’il ne se mette à parler en disant des mots que Drew avait facilement déduits rien qu’en l’observant longuement de là où il se trouvait. C’était si facile pour lui d’analyser ses interlocuteurs puisqu’il employait cette méthode dans le monde du business ! Qu’importe lorsque le mec face à lui eut terminé de parler, Drew inspira longuement avant de le fixer dans les yeux, puis il reprit la parole d’une voix calme et posée : « Je sais ce qu’il t’est arrivé et je suis navré pour toi d’apprendre que tu es devenu amnésique… Néanmoins les résultats sur notre parenté sont sans appel. Nous sommes bien cousins à 100%. J’ignorais jusqu’à récemment que j’avais de la famille. J’ai toujours été élevé comme un fils unique, l’héritier des Kenworth mais quand j’ai découvert l’existence de ma sœur jumelle, j’ai su qu’il y avait des secrets bien enfouis de la famille… C’est en faisant des recherches que j’ai découvert que tu es mon cousin… »