Knock Out. feat Akira

J'accepte la cigarette que me propose Akira et l'allume avec son feu. Je ferme les yeux quelques secondes en tirant dessus et appuie ma tête contre le lampadaire. Je vais avoir une sale, sale gueule demain, encore heureux, je commence assez tard. Et puis merde, c'est bientôt les vacances. J'avale encore deux-trois gorgées du liquide translucide et en propose à Akira. "Ton père?"

Je ricane doucement, la mâchoire crispée en l'écoutant."T'as un truc contre ton vieux? Ne te méprends pas, j'aurais bien voulu en faire autant..." Dur quand on est un gamin. Encore plus dur quand une fois adulte, ton frère t'en empêche. "Mon premier, c'était mon grand-frère. La dérouillée de sa vie. Mon père ne m'a presque plus parlé depuis que j'ai touché à son gamin chéri, mais putain qu'est-ce que je me suis senti bien. J'ai compris qu'il n'y avait que ça qui pouvait me libérer de certaines pensées. Ensuite ça a été au collège et au lycée, où je participais à d'autres Fight Clubs." Je tire encore deux taffes, et regarde devant moi, le regard vague. Il me faut plus de vodka. Si je me mets à ressortir des souvenirs aussi sombres, c'est que j'ai pas assez bu. Et si je continue, il faudra que je retourne m'en mettre plein la gueule à l'intérieur.
"On fait deux vrais cas, dans cette putain d'université, hein?" dis-je en nous désignant.
© code de boo. gif de tumblr.

J'acceptais volontiers la bouteille qu'il me proposait, et en buvait quelques gorgées qui venaient brûler mes lèvres ouvertes. Ca faisait mal, mais sincèrement c'était une douleur que j'appréciais. Je m'étais donné à fond, je m'étais défoulé. Se prendre une dérouillée avait du bon.

Il me surprit en me parlant aussi de sa famille. Si bien que je commençais à sourire franchement. C'était peut-être aussi l'alcool, mêlé à l'après-coup de l'adrénaline. Quoi qu'il en soit, j'crois que j'aimais bien ce type. Pour une fois qu'on ne me reprochait pas d'être "violent"... " On s'comprend. " J'me doutais bien qu'il y avait quelque chose derrière le fait qu'il se soit sérieusement battu contre son frère -car d'évidence il s'agissait de bien plus que d'une simple bagarre fraternelle- tout comme moi avec mon vieux. J'avais pas tellement envie d'en dévoiler plus. Ca me mettrait de mauvaise humeur. Je lui rendais sa bouteille après une dernière longue gorgée.

" Battons-nous. " Ici et maintenant. Oui, j'agis par pulsions, et ai toujours cette fâcheuse habitude de faire le mec autoritaire quand j'ai envie de quelque chose. Je repris un air un peu plus sérieux, plantant mon regard dans le sien. J'avais envie de vraiment savoir ce qui se cachait derrière ce mec. L'affronter en direct. Probablement parce que j'avais l'impression qu'on se ressemblait un peu. Vu le match qu'on venait d'achever, les chance que je lui tienne tête longtemps étaient minces. Mais j'en avais tout de même terriblement envie.

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Je hausse les sourcils à la suggestion d'Akira et tire une taffe avant de lui répondre. "T'es sérieux?" Mais il suffit de le regarder pour savoir qu'il ne plaisante pas une minute. Le mec est déterminé. Il a le regard sévère et l'air farouche. J'ai l'impression de me voir pendant une seconde quand je le regarde, je me demande ce qui l'a amené à se battre avec son père. C'est con, si je savais que ça finirait comme ça avec Akira. Je le voyais plutôt dans le genre « Je broie du noir toute la journée, et j'étudie en criminologie. », et pas en mec impulsif.
Je hoche la tête, tire une dernière fois sur ma clope et la balance derrière moi. Et allez, à continuer comme ça, on va finir par être meilleurs copines, et j'suis pas une minette. Il a raison, on ferait mieux de voir ce qu'on vaut l'un contre l'autre. J'ai pas tendance à attendre beaucoup des gens en général, mais je sens qu'il en a dans le ventre, je l'ai vu tout à l'heure. Je me lève et crache du sang par terre. "Je te préviens, je vais pas y aller doucement parce que tu es nouveau." Je me rattache les cheveux. On se mesure à distance quelques instants, avant de foncer l'un sur l'autre. Je lui décoche un crochet du droit qu'il évite, et tente un swing du gauche qui l'atteint à la tempe. La tête me tourne de moins en moins, et je me déconcentre une seconde, sans voir qu'il commence à contrer.
© code de boo.

Le moment de se mesurer l'un à l'autre était venu, et je sentais bien dans le regard de Koray qu'il n'allait pas me faire de cadeau. Pourtant, je n'avais aucun regret à le lui avoir proposé. Au contraire, j'étais clairement motivé à montrer ce que je valais, quitte à en prendre plein la gueule.

Quand son premier coup fusa, je réussi à l'éviter. Ce ne fut pas le cas du second, qui vint frapper ma tempe et embrumer ma vision quelques instants, dans un léger acouphène et une vive douleur... Je reculai d'un pas, soufflant à peine avant de repasser à l'offensive. Pas question de me laisser dominer aussi facilement. Et malgré tout le respect que j'avais pour ce type -il était pourtant difficile d'être bien placé dans mon estime-, je me laissai emporter par ce qu'on pourrait appeler l'instinct, ou plus simplement la rage de se battre. Ce retour à un état presque sauvage, où tout le corps est mis à l'oeuvre.

Je parai quelques un de ses prochains coups, en évitai d'autres, même si certains continuèrent de m'atteindre. Je finis par prendre le dessus quelques secondes, juste assez pour frayer un chemin à mon poing vers sa mâchoire, que je percutai. Définitivement, ce Fight Club était la meilleure découverte que j'avais pu faire dans cette satanée ville.

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