(+) Devenir un ange gardien. w/Elisandra

Il m’avait demandé de veiller sur elle avant de partir comme un fou à la recherche d’un médecin. Je me retournais pour être certain que c’était bien à moi qu’il s’adressait mais oui. En même temps, tous les autres étaient en mode un peu hagard après avoir vu Elisandra convulser. Elisandra. J’étais le seul ici à connaitre toute la vérité sur son agression mais aussi le meurtre dudit agresseur. J’embrassais ma femme puis me dirigeais vers la chambre de la jeune femme, les mains dans les poches de mon pantalon. Elisandra Haraldsen. Un nom que je connaissais parfaitement et pour cause, cette femme avait été un de mes contrats avant que je n’y renonce. « Bonsoir Elisandra. Je suis Declan, le mari de Mallory qui est la meilleure amie de ton frère jumeau. Bref, moi être gentil » lui souriais-je pour ne pas l’effrayer inutilement. « Hippolyte m’a demandé de veiller sur toi le temps qu’il règle la paperasse pour te faire sortir »

« Toi être gentil… » reprit Elie en écoutant cette grande gigue lui parler comme si elle était une débile mentale. « J’ai convulsé, j’ai pas moins de neurones tu sais » plaisanta-t-elle avant de l’inciter à s’asseoir, soit sur le lit, soit sur la chaise présente dans la pièce. « Hippo doit te faire confiance pour te demander de veiller sur moi… par contre c’est marrant mais ça m’étonne pas que Mallo t’ait passé la corde au cou. En tout cas merci de jouer les anges gardiens, je pète facilement un plomb ici… »

« J’en sais rien, on t’avait peut-être bercé trop près du mur dès ta naissance, va savoir » rétorquais-je avec un sourire amusé même si je connaissais déjà tout de sa vie pour avoir enquêté sur elle lorsque je devais me charger de son cas. Je m’installais sur le fauteuil sans la lâcher du regard. Elle ne semblait pas me reconnaitre et je poussais un soupir de soulagement, le plus discrètement possible. « En même temps, je crois surtout qu’il a pris la seule personne qui paniquait pas… C’était moi ou sa sœur donc je présume que le choix était vite fait mais je peux savoir pourquoi ça ne t’étonne pas pour Mallo et moi ? »

« Et toi on t’a peut-être donné des trucs pas nets dans tes biberons, va savoir aussi ! » rétorqua-t-elle non sans démontrer son incroyable capacité à chercher le dernier mot. Elisandra ne l’aurait peut-être pas avec Declan mais elle pouvait toujours essayer de s’en approcher néanmoins. « Ça m’étonne pas à la façon dont elle te regarde. Comme si tu avais illuminé sa vie et que sans toi, elle serait au contraire plongé dans les ténèbres. Tu es à la fois son protecteur et son prince charmant, en fait. Tu saisis ? Ceci dit, c’est bizarre mais j’ai l’impression de te connaître d’avant… on s’est déjà rencontrés ? »

« Ah ça… T’imagine pas ce que mes parents me collaient pour que j’arrête de pleurer quand je faisais mes dents ! J’ai été nourrie au whisky et mate un peu le Dieu grec que je suis désormais »bombais-je le torse de fierté, loin de me démonter face à cette femme. Elle avait du tempérament et je commençais à me dire que c’était assez amusant de voir Caleb avec une paire de boobs. « C’est bien ma Mallo ! » souriais-je avec plus de tendresse avant de redevenir sérieux, la toisant avec attention. « Si tu n’arrives pas à me recadrer dans le décor c’est peut-être parce que tu as seulement une vague impression de déjà vu »haussais-je les épaules, essayant de noyer le poisson.

« Quels délicats parents ! Ceci dit ta plastique est parfaite mais bon… côté tempérament je te connais pas encore assez pour connaître tes vraies séquelles » s’amusa-t-elle à répliquer, trouvant cette conversation nettement plus stimulante que de répondre à des questions de toubib. Elisandra commençait à être fatiguée surtout qu’elle avait convulsé, pas fait une crise cardiaque ni retourné dans le coma pendant quatre ans ! « Mouais, je crois pas au hasard ni aux impressions de déjà vu. D’après les toubibs, j’ai un QI trop élevé pour ça, me faut de la logique, du concret. Je suis sûre que je t’ai croisé quelque part avant… »

« On t’a encore rien dit ?! Je suis Dieu. Call me god ! » lâchais-je avec amusement car cette conversation me distrayait beaucoup, je devais bien le reconnaitre. Elisandra était non seulement une belle plante mais en prime, elle était intelligente. Trop peut-être et ce n’était pas vraiment pour m’arranger. « Tu pouvais pas être conne ? Non parce que cela m’aurait arrangé pour la peine. Je vais être sport. Oui, tu m’as déjà croisé, il y a quatre ans » répondis-je finalement en plantant mon regard dans le sien. « J’étais chargé de te tuer »

« Laisse-moi deviner : tu sors cette phrase au moins cinquante fois par jour à ta femme, nan ? » ironisa Elisandra sans réellement se moquer car pour qu’il y ait de la méchanceté dans ses propos, il fallait déjà pousser le bouchon extrêmement loin. « Bah pas ma faute, j’te donne un peu de QI si tu veux, franchement ça m’arrangerait ! » avoua-t-elle pour mieux se prendre un coup de poing dans le ventre au sens figuré du terme. Elle perdit toute sa superbe pour laisser entrevoir pleinement son étonnement. « Vu que je suis encore debout je suppose que t’as pas concrétisé et comme Hippo m’a dit que mon agresseur avait été retrouvé mort… c’est toi qui l’a tué ? » C’était définitif : elle n’était pas conne.»

« T’es même en dessous de la vérité mais je veux bien te pardonner. Il faut être adepte du Declanisme pour comprendre l’importance de me vénérer »lâchais-je sur un ton mortellement sérieux mais mon regard pétillait de malice bien que cela ne soit de courte durée. « Oula non merci ! J’ai déjà suffisamment de croix à portée pour m’encombrer en prime d’une intelligence hors norme… Je préfère être con » répondis-je avec un léger sourire pour mieux lui avouer que j’avais été payé pour la tuer. « Personne ne sait l’existence de ce contrat et encore heureux car je ne pense pas que ton cher et tendre me laisserait veiller sur toi » rétorquais-je dans un premier temps avant de me relever pour m’approcher d’elle. « Oui. J’aurais aimé intervenir avant qu’il ne te tire dessus mais je n’ai pas eu temps et j’en suis désolé. Tu ne risques rien désormais, j’ai toujours veillé à ce que ta tête ne soit pas mise à prix »haussais-je les épaules sans lui avouer que j’étais celui qui l’avait laissé sur un brancard devant les urgences pour qu’elle puisse survivre à ses blessures.

« Declanisme, waow… t’as pensé à lancer ton propre dico ? » répliqua-t-elle aussitôt, mélangeant sérieux et haut amusement car tout ce qui pouvait l’empêcher de penser au fait qu’elle soit dans une chambre d’hôpital restait bon à prendre. « Sauf que t’as l’air de beaucoup de chose, notamment un air d’autoroute mais pas l’air con » avoua-t-elle en le dévisageant quelques secondes à peine. « J’ai envie de savoir deux choses : d’une, pourquoi ma tête a été mise à prix au départ et pourquoi… et de deux, comment tu peux être aussi certain que personne ne me fera plus de mal ? Je veux dire… t’es devin ou marabout ou un truc dans le genre ? »