(+) Dina vs Bambi w/ Bambi

« Bonjour Shiloh, j’aimerai parler à ma sœur s’il te plait » demandais-je à la jeune femme qui venait de m’ouvrir la porte. Celle-ci me toisa quelques instants. « Elle est dans notre chambre mais si tu la fais pleurer attention à toi, je te chasserai à coup de poêle à frire parce que je fais des chichis ! » me répondit-elle et je la regardais avec surprise… De temps en temps, cette femme était difficile à suivre. « Je veux juste discuter avec elle » précisais-je avant qu’elle ne me laisse entrer et m’indique leur chambre. Je toquais quelques brefs sur la porte avant de l’ouvrir. « Bonjour Dina. Est-ce que je peux entrer ? »lui demandais-je.

Bambi broyait du noir. Elle passait son temps cloîtrée dans sa chambre, à balancer sa balle rebondissante contre le mur pour mieux la rattraper au vol, et ce sans même bouger de son lit. Shiloh avait bien essayé d’égayer ses journées mais là, tout de suite, c’était peine perdue. Mais le summum fut atteint lorsqu’Hippolyte l’honora de sa présence, à vrai dire… « Fais-toi plaisir y’a pas de taxe d’entrée aujourd’hui » fit-elle sans sourire avec une ironie douteuse. « Je t’écoute. »

J’entrais dans l’antre de ma petite sœur, chopant la balle au passage car je sentais que la voir lancer cet objet allait rapidement me taper sur le système. « Comment vas-tu ? »lui demandais-je tout en venant m’asseoir sur le lit à ses côtés, l’air toujours aussi mortellement sérieux dans mon costume impeccable. « J’aimerai qu’on parle de ce qui se passe entre Elisandra et toi » lui dis-je après coup ne sachant pas vraiment comment aborder le sujet alors, je prenais la chose à bras le corps.

« Pourquoi tu m’as chipé ma balle ? » Dès que Bambi avait le malheur de se renfermer sur elle-même, son âge se faisait doublement sentir. Elle redevenait presque enfantine à vrai dire, parce qu’elle avait l’impression d’être punie à vrai dire. « On va dire que ça va » soupira-t-elle non sans regarder Hippolyte s’asseoir contre le lit, à ses côtés. « Qu’est-ce que tu veux que j’en dise ? J’ai déconné à plein tube et maintenant tu dois me détester, fin de l’histoire. J’ai toujours été douée pour faire foirer les choses, à croire que je mériterais un prix Nobel en la matière. »

« Parce que ça va me taper sur le système de l’entendre rebondir » avouais-je en toute honnêteté. Je laissais ma sœur s’exprimer et je levais les yeux au plafond. Malgré tout ce que je pouvais penser, la détester ne faisait clairement pas parti du décor. « Je ne te déteste pas. Je t’en veux de t’en être prise à ma femme mais je ne te déteste pas. Je veux juste que tu sois consciente que ce n’est pas en étant violente que tu pourras t’approcher de moi ou des miens » lui dis-je avant de glisser mon bras autour de ses épaules. « Dina, je veux pouvoir t’aider mais je peux rien faire pour toi si tu te renfermes sur toi »

« Ah… j’avais pas pensé à ça » marmonna-t-elle en triturant maintenant ses mains, même si Bambi ne faisait plus de bruit à proprement parler. C’était toujours ça de pris pour les oreilles de son frère, n’est-ce pas ? « En fait, ça fait un moment que ça m’énerve. J’en avais parlé à Shiloh quand c’était encore gérable mais je supportais pas tellement le fait qu’Elisandra minaude toujours devant toi » commença-t-elle en soupirant sans repousser une seconde Hippolyte. « Je contrôle pas mes colères. J’ai des crises, c’est passager, mais en général destructeur. D’habitude je calme ça avec de la boxe mais dernièrement, c’était pas suffisant apparemment. Je viens de te retrouver et j’avais l’impression qu’elle allait t’enlever à moi… bref c’est compliqué. »

« Elisandra est ma compagne et la mère de mon fils. Je crois que cela lui donne le droit de minauder devant moi non ? » soupirais-je à mon tour avant de l’écouter me confier à moi concernant notamment sa peur de me perdre. « Ecoute moi Dina »commençais-je en me décalant légèrement pour relever son menton et qu’elle me regarde dans les yeux. « Rien ni personne ne nous enlèvera notre relation. Nous sommes frère et sœur et le même sang coule dans nos veines. Je ne t’ai pas recherché pour te perdre maintenant et si tu veux tout savoir, c’est elle qui m’a poussé à venir te parler. Eli ne viendra pas se mettre entre nous mais ne cherche pas à te mettre entre elle et moi… Il faut que tu essaies de te contrôler… Est-ce que tu sais d’où viennent tes colères ? »

Bambi devait admettre qu’Elisandra avait toutes les raisons du monde de « minauder » devant Hippolyte et pourtant elle ne parvenait pas à l’énoncer à voix haute. C’était un peu impensable à ses yeux… « C’est elle qui t’a poussé à venir me parler ?! » s’étonna-t-elle grandement, demeurant même plusieurs secondes bouche bée tant Bambi ne s’y était pas attendue. D’un coup, il était possible qu’Elie remonte dans son estime. « Oh je sais très bien d’où elles viennent. Père adoptif souvent absent, trop autoritaire puisqu’il m’a imposé des études que je n’ai jamais voulu faire, mère qui m’a appris à être tueuse et à devenir aussi sentimentale qu’une pierre, beaucoup de difficulté à exprimer mes sentiments aux autres… toujours à nager dans un bain de sang aussi, je continue ou tu vois où je veux en venir ? »

J’hochais la tête à sa question. Oui, c’était Elisandra qui m’avait poussé vers ma petite sœur pour ne pas perdre cet être que j’avais si longuement cherché. Je fus néanmoins désolé d’entendre tout ce par quoi elle était passée mais dans un sens, je me disais que c’était toujours mieux qu’une existence dans les rues d’Athènes à ne pas manger à sa faim. « Je vois où tu veux en venir mais désormais, tu n’es plus seule. Tu as une famille et je ne parle pas uniquement de ta femme et de vos enfants. Je suis là… Tu n’as plus besoin d’être celle que tes parents adoptifs t’ont forcé à être… Tu peux faire cesser cette violence » lui répondis-je en ouvrant les bras pour qu’elle vienne s’y blottir.

« Le problème, c’est qu’on ne quitte pas un milieu comme le mien sans conséquences » fit-elle valoir avant d’accepter aussitôt le câlin proposé par les bras ouverts d’Hippolyte, où Bambi se réfugia aussitôt. Elle avait bien essayé de quitter ce bain de sang perpétuel une fois ou deux… sans succès. « Si je ne suis plus au courant, c’est la vie de Shiloh et celle de nos enfants que je risque. Je ne suis pas sûre que le jeu en vaille la chandelle… c’est comme si je te demandais de quitter le monde des affaires sauf que mon monde à moi est plus sanguinaire. »