go work ? no, go rock ! (joan&socrate)

Je regardais l'horloge accroché au mur dans la salle des professeurs, il n'était que quatorze heures. Je venais tout juste de quitter un cours, et je n'avais toujours pas mangé. J'avais énormément de travaux, et je devais vérifier quelques copies d'élèves qui, quand j'avais lu la première copie, ne me rassurait pas trop sur leurs niveaux. Je soupirais, la journée allait être tellement longue. En plus de cela, j'étais seul dans la salle des professeurs, ce qui n'était pas rare. De façon, la solitude, j'adorais ça et ça me permettait de mieux réfléchir. On toqua à la porte de la salle, un élève peut-être ? « Oui ? », disais-je.

Joan avait validé son année, Joan avait fini les cours, mais Joan ne se résoudrait pas à quitter l'université de si tôt. À vrai dire, elle ne savait pas trop ce qu'elle ferait de ses journées si elle ne les passait pas à errer dans les couloirs de l'université. Sauf qu'aujourd'hui, la jeune femme avait un objectif. Enfin, objectif … Elle voulait aller voir Socrate. Certes, entre eux, c'était weird. Tentative de drague de la part de Joan. Râteau. Tentative de drague de la part de Socrate. Râteau. Aujourd'hui elle en était au point où elle donnait des conseils au professeur pour qu'il arrive un jour ou l'autre à sortir avec une fille. Joan passa la tête dans l'ouverture de la porte de la salle des profs. « C'est Joan. Je peux entrer ou tu veux que je repasse plus tard ? »

La fin d'année. Je n'aimais pas les au revoir, ou les adieux pour certaines personnes qui étaient en dernière année et que je n'allais plus revoir. Je soupirais en pensant que le Summercamp allait pas tarder à arriver. J'avais décidé d'y aller, pour ne pas rester chez moi ou d'aller en Norvège rejoindre mes parents. J'en avais assez de faire toujours la même chose, et je n'avais jamais fait ce stage d'été depuis que j'étais à Cambridge. Bref. On toquait à la porte, et ce fut Joan qui montra sa petite tête dans l'embrasure de la porte. Je souriais, j'étais content de la voir. « Entre, entre. », lui disais-je alors que je me le vais pour la prendre dans mes bras. Déjà quelques jours que l'on ne s'était pas vu. « Tu vas bien ? », demandais-je. Et pour votre gouverne, oui, j'avais toujours été proche de mes élèves. Faut dire que je suis pas très vieux.

Joan serra le jeune homme dans ses bras avant de s'avancer dans la salle. La jeune femme regarda la table que le brun venait de quitter. Apparemment il était en pleine correction. En riant, la Quincy lui demanda.  « Encore dans les copies ? L'année est pas censée être finie ? Tu as bien une tête de prof qui torture ses élèves jusqu'à la dernière minute. » Même s'il était loin d'être méchant. Lindley le savait bien, il fut même un temps où elle avait carrément craqué pour lui. Temps bel et bien révolu. Mais la brunette conservait une sorte d'affection pour lui, disons qu'il lui faisait un peu pitié à galérer avec les filles.

Comment vous dire que la voir me rendez joyeux ? Elle était plus jeune que moi, mais cette jeune femme faisait preuve d'une grande maturité lorsque l'on était ensemble. Et, parfois, je me disais que j'avais été con de refuser de coucher avec elle lorsqu'elle le voulait. Après notre légère étreinte, elle regardait mes copies et je souriais à sa remarque. « Mais non. Ce sont des élèves qui ont voulu me donner plus de travail. », avais-je dit en riant légèrement. Je m'approchais d'elle, et je m'assis sur la chaise où j'étais, indiquant à Joan de faire de même. « Que me vaut l'honneur de ta visite ? », lui demandais-je.

Parfois, la brunette était gênée lorsqu'elle était en compagnie du jeune homme. Selon son humeur et le ton de la conversation, elle se rappelait la honte qui l'avait habitée quand il lui avait mis son râteau en pleine face. Fort heureusement, ce râteau n'avait pas laissé de griffures trop importantes sur le visage de Joan. Disons qu'elle se l'était pris à temps, peut-être que quelques jours de plus auraient suffis pour qu'il lui fasse vraiment mal. Puis ils étaient quittes maintenant qu'elle lui en avait mis un. « Oui tu vas me faire croire ça. » Elle rit légèrement avant de répondre. « Je venais prendre des nouvelles, voir comment se portait Mr Jacobsen. »

La question que je me posais, c'était si elle avait été sincère. Ou, si je lui avais fait pitié. Parce que lorsqu'elle avait voulu me mettre dans son lit, elle était alcoolisée un peu. En fait, beaucoup. Enfin, c'était du passé maintenant, je souriais à sa remarque. Alors que je lui demandais la raison de sa visite, elle me répondit qu'elle avait voulu prendre de mes nouvelles. « Et bien, je vais très bien. D'ailleurs, le summercamp arrive, et je pense y aller. Et toi, comment vas-tu ? », répondis-je tout en retournant la question, tout en posant une autre par la même occasion. Peut-être allais-je la revoir durant la summercamp si elle y allait.

Joan oubliait moins facilement ses erreurs et ses échecs que ses victoires. Ça la torturait pendant des années jusqu'au jour où elle osait aborder le sujet et se libérer de son fardeau émotionnel. Chose qu'elle avait cru faite avec Socrate. À croire qu'elle s'était peut-être trompée. « Oh j'y vais moi ! On se croisera peut-être. Tu y vas accompagné ? » demanda-t-elle mine de rien. Il était clair que le brun avait un problème avec les filles, elle en était même venue à se demander s'il était gay. Puis elle hocha la tête, éludant la question. « Oui oui. » Elle sourit légèrement, son regard se portant de nouveau sur les copies. S'asseyant, elle feuilleta brièvement, ne portant pas vraiment attention à ce qui était écrit.

Elle y allait, et je souriais lorsqu'elle me le disait. Ne pas me retrouver seul là-bas était une chose importante, imaginer moi seul sans ami, j'allais mourir. Elle me demandait si j'y allais accompagner et je trouvais sa question assez bête. Elle savait plus que très bien que je n'étais pas très gâté avec la gente féminine. Et, je n'avais pas énormément d'amis hommes, si on ne comptait pas les élèves qui me considéraient comme leur pote pour la plupart. « Avec qui veux-tu que j'y aille ?  », lui demandais-je alors. Elle s'était assise et regardait mes copies. « T'es sûre ? On dirait qu'il y a un problème, Joan. »

En réalité, la brune s'inquiétait presque de voir le jeune homme aussi seul. Enfin, il n'était pas tout à fait seul, certes, mais Joan ne lui connaissait aucun ami proche et aucune copine. Ça c'était de notoriété publique. « Hum je sais pas une mystérieuse jeune femme, ou alors avec deux merveilleuses étudiantes. » Lindley sourit malicieusement. « T'inquiètes pas, c'est la fatigue. » Et vraiment en plus. De toute façon, il n'était pas question d'elle, mais de tirer les vers du nez de Socrate. La Quincy n'allait rien lâcher, elle sentait qu'il y avait quelque chose, ou plutôt quelqu'un.