Let's go for a ride, baby ! Amber & Akira

C'était à peine l'heure de l'apéro, et pourtant j'arrivais déjà bien éméché sur le campus, au volant de ma caisse. Petite voiture en fin de vie. J'avais pourtant les moyens de m'en payer une nouvelle, mais que voulez vous, on s'attache à ces choses là. C'était un peu ma deuxième maison. Ou ma maison tout court, en fait, selon l'état où je me trouvais. La musique à fond -de grands classiques de rock, pour ne pas citer de nom et ne froisser personne-, j'allait peut-être un peu vite. J'sais pas trop, et sincèrement je m'en foutais.

Le temps de me garer, proprement mine de rien, et j'arrêtais le moteur, soufflant en même temps que le véhicule s'arrêtait de vibrer et que la musique se stoppait. Et je jetais mécaniquement un coup d'oeil dans mon rétro. Je voyais une fille marcher. Elle m'était familière. Bordel mais c'est Amber !

Je sortis de ma voiture pour avancer rapidement vers elle. " Hey ! " Je souriais. C'était rare. Mais ça faisait longtemps que je ne l'avais plus vue... Plusieurs mois. J'arrivais à son niveau. " T'étais passée où pendant tout ce temps ? " J'étais direct, c'est vrai. Mais j'étais fatigué des manières et des politesses. Je pense qu'on se connaissait assez pour oublier un peu tout ça.

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Enfin débarrassée d'Amara, je venais de sortir du secrétariat et de terminer mon inscription pour l'année qui suivait. J'avais été surprise qu'ils me reprennent, mais je n'avais plus à me poser des questions : j'étais belle et bien là. J'étais revenue.
Je ne m'inquiétais même plus pour le summer camp et le moment où je devrais aller voir Charlie, Lexie et Grace pour leur annoncer mon retour. En fait je n'aurais pas grand chose à leur dire puisqu'ils le verront par eux même... Mais il n'y avait pas de quoi stresser hein ? Tout allait bien. Certes j'étais partie sans dire grand chose durant six mois, certes certains risquaient de m'en vouloir mais... Et alors ? J'étais là et ceux qui n'arriveraient pas à se faire à l'idée pouvaient dégager.
Je pressai le pas pour atteindre rapidement le parking. Je n'avais pas de voiture, mais pensais sérieusement à en acheter une. Je fouillai dans mon sac à la recherche de mon porte monnaie pour prendre un taxi. Et merde. Je l'avais laissé dans ma chambre d'hôtel. Soupirant, je me fis à l'idée : j'allais devoir marcher.
Commençant mon voyage, je traversai le parking. "Hey !" Je m'arrêtai net, espérant que ce simple mot ne me soit pas adressé. Me tournant rapidement, j'observai le nouveau venu qui venait de garer sa vieille bagnole. Fais chier ! pensais-je en remarquant euh.. Akira ? Oui c'était bien ça. Il s'approcha, tout sourire et me semble-t-il que le voir sourire ne m'étais pas arrivée souvent... "T'étais passée où pendant tout ce temps ?" Je plongeai mes yeux dans les siens, réfléchissant à la manière dont j'allais m'en débarrasser et pouvoir rentrer tranquillement chez moi. Lui et moi nous étions souvent retrouvés pour faire la fête et pour prendre un peu de beuh voir de coke par-ci par-là, par conséquent, il représentait une menace potentielle envers ma désintox. Je souris poliment et lançai : "J'ai passé pas mal de temps en famille en France, histoire de profiter d'eux et de voir autre chose..." Je m'apprêtais à partir, mais il me restait quand même un peu de savoir vivre. Je me retournai vers lui. "Qu'est-ce que t'es devenu depuis ?"

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Je la sentais un peu fuyante. C'était bizarre. Mais bon, peut-être que je me faisais des idées. Après tout, je ne la connaissais que des soirées que l'on avait passé ensemble.

" Oh, je savais pas que tu étais d'origine française. " Je savais pas grand chose d'elle, en fait. Mais bon, ça expliquait son absence. M'en fallait pas plus. Et puis c'est elle qui me posa une question. " Toujours la même routine. " C'est à dire soirée sur soirée. Elle s'en douterait. J'avais pas freiné ma consommation, c'était peut-être même plus qu'avant. Je sais pas trop. J'avais arrêté de quantifier tout ça depuis bien longtemps.

" Ca te dit de sortir ce soir ?... Tu as l'air tendue. " Je souriais moins. Parce que j'étais plus sérieux. J'aimais pas voir les gens avec qui j'avais l'habitude de passer de bons moments dans un état d'enervement. Et j'enchainai : " Je peux conduire, j'ai ma caisse juste là. " Je la montrai d'un geste de la tête.

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"Je n'ai jamais vraiment eut l'occasion de te le dire". Il n'avait encore rien dit, mais je le sentais venir. La routine. Lui et moi avions la même, auparavant. Je ne voulais plus que ce soit le cas. J'aurais du partir tant qu'il était encore temps. Je le sais car Akira ne tarda pas à me faire une proposition.. "Ça te dit de sortir ce soir...? Tu as l'air tendue...".
Génial ! Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même. Je n'aurais pas du venir à cette heure, ainsi je n'aurais croisé absolument personne et je n'aurais pas perdu de temps. Mais je n'avais pas envie de lui expliquer que pour moi c'était finie. Pourtant je devrais bien finir par le faire... "Euh.. Ce soir ? J'suis désolée, mais j'ai pas très envie de sortir, j'suis un peu crevée de mon retour alors.." Alors fous moi la paix. "Je peux conduire, j'ai ma caisse juste là". Je l'observai un instant, non seulement je n'avais pas envie de faire la fête, mais en plus, lui, il avait l'air de l'avoir commencé depuis longtemps. "Je ne sais pas si tu es en état de conduire, Akira. Un peu trop bu ?" Ca m'avait l'air d'être autre chose que de l'alcool, mais je ne souhaitais absolument pas aborder ce sujet là, surtout pas avec lui. "Tu devrais peut-être rentrer toi aussi..."

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Pas envie de sortir ? Elle se foutait de moi ? Elle aurait été la première à partir en soirée il n'y avait pas si longtemps que ça. Et voilà qu'elle me sortait sa phrase moralisatrice et me demandait de rentrer chez moi. Sincèrement, j'avais un peu de mal à y croire.

" T'en fais pas pour ça. " J'avais conduit dans des états bien pires que celui-ci, sans qu'il ne m'arrive jamais rien. On m'a dit que j'avais de la chance. Mais j'vois pas le problème.

Alors en soit, j'aurais très bien pu lui dire bonne nuit et chacun serait reparti de son côté. J'aurais pas eu de mal à motiver d'autres personnes, ou j'y serai allé par moi même. Mais voilà, j'aime pas qu'on me dise non. Peut-être est-ce un truc de gamin, je sais pas.

" J'ai pas l'intention de rentrer si tôt. " Sincèrement, c'était la dernière chose dont je pouvais avoir envie. Me retrouver tout seul, enfermé entre quatre murs, je ne pouvais plus le supporter. " Je peux te déposer, au moins. Si je me souviens bien, tu habites trop loin pour rentrer à pieds. "

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Ça c'était du Akira tout cracher. Il n'avait jamais peur de conduire bourré et rendu dangereux par l'alcool. En fait, il arborait un contrôle assez important qui lui permettait de pouvoir réagir même sous l'emprise d'alcool. C'était assez impressionnant des fois, mais ça ne suffisait pas pour me rassurer. J'avais de nombreuse fois crains qu'il n'ait un accident et qu'il en meurt. Dieu merci, ce n'était pas encore arrivé.
Une autre chose qui lui était propre : il était butté ! Et il n'y avait rien de plus énervant qu'une personne qui insistait pour sortir alors que l'on en ressentait pas l'envie. Akira prétexta ne pas avoir l'intention de rentrer maintenant. A présent, il me lançait un regard malicieux que je compris très vite.
Chez moi ? Comment ça chez moi ? "J'habite dans un hôtel depuis mon retour. T'sais, avant je vivais à la Quincy House, t'as pas très bonne mémoire. J'imagine que ça en a grillé des neurones, toutes ces substances..." Je l'avais dit sous le ton de la blague, mais je ne m'étais jamais aussi sentie sérieuse aujourd'hui. J'aurais du lui dire non merci et rentrer chez moi à pieds. Mais je ne sais pas ce qui me convaincu, au fond. Je me disais qu'à ma porte, j'arriverai à m'en débarrasser et cela m'aura fait gagner du temps plutôt que de rentrer à pieds. Je levai les yeux sur lui : "Ok mais j'te préviens : je suis fatiguée alors pas question de prendre quoi que ce soit là-bas. Surtout dans cette foutue chambre d'hôtel." Je le suivais jusqu'à sa voiture, ignorant ses sourires satisfaits. Puis dit :"tiens et si tu m'laissais conduire l'dealer ? J'tiens pas à mourir ce soir, une autre fois peut-être !" J'étais consciente que ce genre de remarques pouvaient se montrer très lourdes et ennuyantes, mais je n'étais pas d'humeur aux courtoisies et politesses en tout genre. Il allait me ramener chez moi vite fait et me foutre la paix.

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Dans un hôtel ? Après la Quincy House ? Ouais, j'étais franchement pas très attentif à ce genre d'informations, mon cerveau filtrait ça dans la catégorie "blabla". Par contre, sa petite blague effaça ce qui restait de mon sourire. Ce genre de remarques m'exaspérait un peu. Au fond, j'aurais bien aimé avoir plus de neurones grillés. Les gens bêtes sont les plus heureux.

Finalement, je fus un peu surpris d'entendre qu'elle acceptait ma proposition. C'est vrai que j'avais un certain sentiment de satisfaction à entendre ça. Et puis si elle voulait conduire... c'était loin de me déranger. " Ca marche. " Je sortais les clés de voiture de ma poches pour les lui déposer dans sa main, avant de prendre place sur le siège passager. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ma bagnole n'était pas le terrain crasseux d'un toxicoman en folie. A part un paquet de clopes qui trainait près du levier de vitesse et dont je m'emparais, il n'y avait pas de bordel.

Je m'allumais une clope, avant de tendre le paquet à Amber pour lui en proposer une. " Sers-toi. " Je sentais bien qu'elle essaierait de me planter le plus vite possible. J'avais franchement pas envie de jouer au pot de colle, mais j'aurai au moins l'occasion de l'accompagner un petit bout de chemin. Essayer de comprendre ce qui avait changé, tout ça.

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A ma grande surprise, Akira me fila les clés sans broncher et s'installa sur le siège passager. Je restai bête durant un millième de seconde avant d'ouvrir la portière conducteur à mon tour et de me glisser dans le véhicule. Je m'étais attendue à une voiture dégueulasse, pleines de joints écrasés au sol, de plastiques ou toutes sortes de conneries sur la banquette arrière et dans laquelle une odeur infâme régnait. Mais il n'en était rien. Elle était propre et aucune odeur ne dominait l'habitacle.
Je mis la clé, la tournai et allumai la bagnole alors qu'Akira me tendit une clope, lui même en tenant une dans l'autre main. "Sers toi." me dit-il, toujours avec cet air décontracté sur ses traits. Parfois, je me disais que rien ne pouvait inquiéter Akira Walkers. Rien. Je fis non de la tête, fixant le pare brise. "Je m'en passerai, merci." Je n'avais pas fumer depuis six mois, ce qui en réalité, me paraissait bien plus long que ça.
Sans attendre la réaction de ce que j'aurais pu autrefois considérer comme un pote, j'enclenchai la marche arrière, puis sortis du parking. Il devait bien y avoir vingt minutes de route en voiture jusqu'à mon hôtel. Vingt longues minutes durant lesquelles lui et moi devrions trouver une sujet de conversation. Si possible autre que les soirées et tout ce qui s'en rapproche. "Alors, il s'est passé quoi durant mon absence ? J'imagine que t'es pas allé au bal de fin d'année, c'est pas trop ton genre, ce style de soirée..". En fait, je commençais à être curieuse. Qu'y avait-il dans la vie d'Akira quand on excluait toutes les fêtes dans lesquelles on le retrouvait, en grande majorité. "Et ton année ? Comment ça s'est passé ? Tu passes la suivante ?"

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J'levais un peu les yeux au ciel quand elle refusa de prendre une cigarette, me disant qu'elle refuserait juste tout en bloc. J'avais peut-être eu tort de l'accompagner. J'crois qu'on avait plus rien en commun et son attitude sage me faisait presque passer pour un malade. J'soupirai. Et puis elle me posa quelques questions, sans doute pour faire la conversation. J'ouvrais ma fenêtre pour y jeter mes cendres avant de répondre. " Non, j'y suis pas allé. " Ce genre de soirée où tout le monde essaie d'être le plus beau ou la plus belle, ça me donnait l'envie de gerber. Trop de manières, trop d'hypocrisie.

" Je commence la maîtrise à la rentrée. " J'avais passé les examens toujours avec la même facilité. On ne peut pas dire que je ne foutais rien. J'aimais bien bosser ce genre de choses. Ca me changeait les idées. " Faut que je trouve un projet à réaliser, maintenant. " Une machine fonctionnelle et innovante. Y avait du boulot, surtout que je partais de rien. Je repris une taffe en tournant la tête vers la jeune femme. " Et je suis curieux de savoir ce qu'il s'est passé en France pour que tu nous revienne si changée. " Mon regard était peut-être assez sévère. Froid, en tout cas. Je ne sais pas si je lui en voulais d'avoir changé. C'était juste que ça me renvoyait mon propre reflet en pleine face. J'avais conscience de mes sales habitudes, et je sentais bien qu'elle me rejetait catégoriquement à cause de ça. En aucun cas je n'avais envie de changer.

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Je sentis qu'il voyait mal mon refus pour la cigarette. J'm'en foutais complètement ! Mon but à moi, c'était d'en finir avec lui et vite. Pas parce que je ne l'appréciais plus, je ne dénigrais pas à ce point mes potes, même s'il ne l'était pas autant que je croyais, mais parce que je me devais de l'éviter. Pour moi. Simplement. Parce que je n'avais pas fait la sainte six mois pour retomber bêtement comme une merde dès mon retour. Plus de clopes, plus d'alcool, plus de beuh, plus de crack et de coke. Point à la ligne. C'était fini pour moi tout ça, j'en avais décidé ainsi et je refusais catégoriquement qu'on essaye de me dévier de mes motivations.
Cela ne m'étonnait pas du tout qu'il n'ait pas participé au bal. Ce n'était absolument pas son truc, lui, c'était plutôt les party bien hard, vous voyez ? A vrai, mon style de fête à moi ressemblait beaucoup à celui d'Akira. Le dernier bal auquel j'avais participé, me semble-t-il que je m'étais emmerdée à mort avec leur slow à la con et que j'avais fini aux toilettes pour me sniffer une petite dose pour trouver l'ambiance plus cool. Finalement, je n'étais pas restée jusqu'au bout, et j'étais allée à une de ces soirées de malades auxquelles les gens respectables ne participaient pas. "Bon courage alors !". Là je me rendais compte que j'avais pas grand chose à lui dire, quand on ne parlait plus de soirées et de toute cette merde. Finalement, il aborda le sujet en premier. Il avait donc remarqué que j'avais changé (évidemment, je m'étais à peine montrée amicale envers lui depuis qu'on était ensemble). Je retins mon souffle en garant la voiture devant mon hôtel. Je restai quelque temps dans la voiture pour pouvoir lui dire au revoir (un A Dieu à mes yeux) et me tournai vers lui. "Ouais... Disons que je peux plus me permettre de faire d'la merde, tu vois. Et puis, on m'a dit que c'était pas la vraie moi, fin tu sais ce genre de connerie mais je pense qu'ils ont raison et que... ça me va pas d'être défoncée tout le temps". Akira devait très bien savoir que je n'avais que faire de savoir si ce mode de vie m'allait ou pas. S'il se rappelait encore de mon caractère, il devinerait facilement qu'il me suffisait encore d'un rien pour être tentée et qu'il n'était pas aussi facile que je voulais le faire croire d'arrêter tout ça.

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