JUDE&SAMARA ¶ je suis de retour pour te jouer un mauvais tour ?

De retour à Harvard depuis peu, je savais que ce moment devait arriver. Je devais me confronter à Jude avant de revoir Aaron, car je pense qu'il doit avoir la garde de mon fils depuis ma subite disparition. Je ne savais pas comment le jeune homme allait réagir, j'avais appris qu'il avait intégré la Mather et qu'il n'était plus à la Dunster House. Au départ j'étais craintive me demandant ce qui avait bien pu arriver pour qu'il change de confrérie, puis je me suis dis qu'il y avait d'autre chose plus importante. J'étais devant la Mather House attendant patiemment que Jude sorte. Qu'est-ce que j'allais dire ? Qu'est-ce que j'allais faire ? Je n'avais même pas un argument valable de ma fuite, car si je disais que c'était parce que je voulais avoir ma liberté, Jude me répondrait que lui avais volé également sa liberté. Enfin bref je ne pourrais rien dire à part que j'étais là et que je voulais revoir Aaron et tenter de la convaincre. De toute façon je ferais tout pour revoir mon fils. Mais je devais me montrer calme et douce, pas agressive et méchante. Je vis au loin Jude, je le reconnaissais il avait toujours cette coiffe et ce même visage. Est-ce que j'y allais ou est ce que je devais me défiler. Non je devais y aller pour une fois je devais me montrer courageuse. Je marchais d'un pas rapide, car je le voyais partir dans le sens inverse. Donc je ne pouvais pas me permettre de le perdre de vue. Il était seul donc au moins je ne serais pas dérangée. Posant ma main sur son épaule j'attendais qu'il se retourne, je me doutais bien qu'il ne s'y attendait pas. Qu'est-ce que j'allais prononcer comme parole ? « Jude c'est Samara. Enfin je pense que tu te souviens de moi. Euh qu'est-ce que je peux dire ? Je suis de retour à Harvard ? » dis-je en tentant de restrer sereine. Qu'est-ce que j'avais fais, qu'est-ce que j'avais dis ? Je me sentais plus qu'idiote, je me sentais faible, même si je me motivais au fond de moi. Je ne savais pas comment j'allais surmonter cette difficile épreuve que j'avais malheureusement mérité.

J’avais eu une dure journée. Une dure et longue journée. J’avais du reconduire Aaron à l’hôpital pour qu’il fasse une nouvelle semaine de chimiothérapie. Sa leucémie ne semblait pas disparaître ou s’améliorer. La chimio n’avait pas beaucoup d’effet mais c’était pour le moment la seule solution. Il fallait qu’on s’acharne à continuer avant qu’il ne soit prêt pour une greffe si la chimio n’aidait pas. J’avais appris que j’avais réussi ma cinquième année de médecine que j’avais foiré l’année d’avant et j’étais tellement heureux parce que redoubler cette année, ça avait pas été la joie. Comme Aaron passait la nuit à l’hôpital, en fin d’après-midi, je décidais d’aller à la Cabot House pour faire une petite surprise à Leandra. Sortant de la maison, je me dirigeais vers le chemin pour m’éloignait de la Mather House quand je sentis une main sur mon épaule. Je me tournais et là… « Jude c'est Samara. Enfin je pense que tu te souviens de moi. Euh qu'est-ce que je peux dire ? Je suis de retour à Harvard ? » Je m’arrêtais de marcher et je la regardais de haut en bas, reculant d’un pas pour qu’elle retire sa main de mon épaule. Mon Dieu. Mon Dieu. Samara. C’était elle. Et je restais là, comme un débile à ne pas savoir quoi lui faire. J’étais... pétrifié. « Tu croyais vraiment que je n’allais pas me souvenir de toi ? », finissais-je par demander sur un ton moqueur. Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? « Pourquoi ? Pourquoi t’es de retour ? » Elle était partie, pourquoi elle revenait du jour au lendemain ? C’était tellement pas le moment..

Une mauvaise idée ? Sans doute que j'aurais dû lui envoyer un message avant de le voir ? Je ne savais pas, je ne savais plus, mais en même temps sa réaction n'était pas positive et je m'en doutais. Comment pouvait-il se réjouir de me revoir alors que j'étais celle qui avait abandonné son fils. Du moins qui était également mon fils, mais je ne l'avais pas vu depuis quasiment deux ans. Deux années c'est long ? Il ne se souviendra sans doute pas de moi, je ne l'ai connu qu'une semaine alors comment pourrait-il savoir qui je suis. Moi je saurais toujours qu'il est mon fils, mais lui ne saura sans doute pas que je suis sa mère.  « Pour Aaron, je suis de retour pour Aaron.» dis-je en le regardant droit dans les yeux. Je devais rester calme et sérieuse et me dire que cela n'était qu'un mauvais moment et ça allait passer. Mais comment savoir si je pourrais revoir ou prendre dans mes bras mon enfant une seule fois ? Je n'en savais rien et je devrais me poser des questions, Jude ne me laisserait sans doute pas rentrer aussi facilement dans la vie de notre fils. J'étais sans doute sa mère, mais je l'avais abandonné juste pour moi. J'avais été égoïste et je n'avais pensé qu'à moi. « Jude je sais ce que tu vas dire. Je l'ai abandonné oui et j'ai fais une terrible erreur que je n'aurais jamais du commettre. Mais en même temps j'étais perdue je ne savais pas quoi faire. Je sais que ce n'est pas un argument valable, mais en même temps j'aimerais avoir une nouvelle chance. » dis-je d'un ton calme. Ne pas me laisser emporter par l'émotion, voilà ce que je devais me dire. Mais c'était tellement difficile. J'avais peur de sa réaction face à ce que je venais de dire.

C’était comme me retrouver tout à coup face à un fantôme. J’étais d’abord muet, parce que je n’en croyais pas mes yeux. Comment est-ce que je ne pouvais pas me souvenir de Samara, de comment elle ressemblait ? Aaron lui ressemblait beaucoup. Il avait le même sourire qu’elle. Les mêmes traits de visage, aussi. Et puis, si j’avais été draguer Samara en soirée il y a plus de deux ans, c’était surtout parce qu’elle ressemblait à me première petite amie décédée dans un accident de voiture en Italie. Alors non, je n’avais pas oublié son visage. « Pour Aaron, je suis de retour pour Aaron.» Je la regardais longuement, encore une fois, sans savoir quoi dire. Qu’est-ce que j’étais censé dire d’ailleurs ? Elle l’avait abandonné alors qu’il n’avait qu’une semaine elle… elle n’avait même pas prit de ses nouvelles. Elle allait tomber de haut quand j’allais lui apprendre sa maladie. « Jude je sais ce que tu vas dire. Je l'ai abandonné oui et j'ai fais une terrible erreur que je n'aurais jamais du commettre. Mais en même temps j'étais perdue je ne savais pas quoi faire. Je sais que ce n'est pas un argument valable, mais en même temps j'aimerais avoir une nouvelle chance. » Je fronçais les sourcils, j’avais enfin l’occasion de lui dire ce que j’avais eu envie de lui dire quand j’avais lu sa lettre. De pouvoir lui balancer toute ma colère à la figure. « Et tu crois que j’étais pas paumé moi quand j’ai découvert notre fils sur le palier de ma chambre ? Tu te rends compte à quel point c’est dur de m’occuper de lui tout seul ? J’ai de l’aide et heureusement mais.. » Je soupirais en passant ma main sur mon front, « En partant t’as tout chamboulé… il appelle Roxanna maman Samara.. comment on peut lui faire comprendre le contraire à son âge.. ? » Finalement je n’étais pas si méchant que ça. Je savais que ça n’était pas la solution, d’être méchant. On avait d’autres problèmes à gérer comme… la leucémie d’Aaron.

Encaisser, oui il fallait que je réussisse à encaisser sans pleurer ou autre. De toute façon j'étais assez forte, j'étais préparée depuis des semaines et je savais que je pourrais affronter les pires horreurs. Oui je savais qu'il avait raison lorsqu'il disait que lui aussi n'avait pas su quoi faire. La différence entre lui et moi c'était qu'il avait eu le courage de tenter de l'élever. Pas seul selon ses dires avec Roxanna bien sûr que mon fils appelait Maman. Et boum premier choc à encaisser, je ne devais pas broncher, savoir que Aaron pensait que Roxanna était sa mère et que moi je n'étais qu'une étrangère pour lui me faisait horriblement mal. Mais je ne devais rien laisser paraître, juste tenter de le convaincre. « Je comprends Jude, j'ai regretté très vite le choix que j'ai fais, mais malheureusement j'ai mis du temps à revenir. Mais je veux être là pour lui. Il appelle sans doute Roxanna maman, mais je resterais sa mère ou du moins celle qui lui a donné naissance. Je suis revenue pour mon fils et rien que pour lui, pour tenter de rattraper le temps perdu pour tenter de réparer les erreurs et j'espère qu'il n'est pas trop tard. » dis-je en commençant à mordre légèrement ma lèvre. Oui je commençais à devenir nerveuse, mais je devais rester calme et tranquille. Je ne devais pas m'énerver ou perdre le contrôle de mes émotions. « Est-ce qu'il va bien ? Est-ce qu'il est en bonne santé au moins ? » demandais-je d'un ton craintif. Oui je posais des questions qu'une mère se posait, la santé de son fils était primoridiale. Peu importe qu'il ne se souvienne plus de moi, moi je ne  l'oublierais pas et je ferais tout pour lui. Et ça même si pendant deux ans je ne me suis pas montrée parfaite, là je devais devenir une femme exemplaire.

Je crois que le choc faisait beaucoup. Je ne m’attendais tellement pas à la voir ici, et certainement pas maintenant. J’veux dire.. c’était la fin de l’année, c’est pas dans ce genre de moment qu’on se pointe à notre ancienne fac. Je ne savais même pas comment réagir : faire le choqué, être méchant, lui déballer tout ce que je pensais ? Je n’y arrivais même pas, les mots ne sortaient pas de ma bouche et je me sentais tellement nul de laisser tout passer. J’essayais de lui faire comprendre que la vie avait avancé et qu’il n’y avait peut-être pas de place dans la vie d’Aaron au jour d’aujourd’hui pour une... troisième mère. Ouais parce que y’avait Roxanna, mais Leandra ma petite amie s’occupait aussi énormément d’Aaron et elle l’aimait beaucoup, je le savais. « Je comprends Jude, j'ai regretté très vite le choix que j'ai fais, mais malheureusement j'ai mis du temps à revenir. Mais je veux être là pour lui. Il appelle sans doute Roxanna maman, mais je resterais sa mère ou du moins celle qui lui a donné naissance. Je suis revenue pour mon fils et rien que pour lui, pour tenter de rattraper le temps perdu pour tenter de réparer les erreurs et j'espère qu'il n'est pas trop tard. » Elle l’a regretté, mais elle est partie pendant deux ans sans même prendre de nouvelles. Je savais aussi qu’elle restait sa mère, et je n’étais pas sûre que je pourrais l’interdire de voir Aaron, ça ne me semblait pas.. juste. Je restais silencieux alors qu’elle reprenait : « Est-ce qu'il va bien ? Est-ce qu'il est en bonne santé au moins ? » Je me pinçais la lèvre et je soupirais, passant ma main dans ma nuque. « Il… va pas si bien, en fait.. », disais-je en regardant Samara. Il ne fallait pas que je soit trop direct. « Tu te souviens, j’t’avais dit que j’avais une leucémie.. ? Enfin, là je suis je rémission là mais.. » Je soupirais de plus belle, « On a apprit y’a neuf mois qu’il avait le gêne et.. le gêne se manifeste..  enfin.. Aaron a le leucémie, voilà.. » En médecine on apprend à dire aux patient les mauvaises nouvelles, mais quand il s’agit de son fils… c’est pas pareil.

Pourquoi est-ce que j'étais partie ? Je n'aurais sans doute jamais du partir et je commençais à m'en vouloir encore plus. Jude tentait de m'annoncer quelque chose, mais il n'y arrivait pas ! Aaron était malade, Aaron était atteint d'une maladie grave qui était la leucémie. J'avais juste envie de m'effondrer et de pleurer, mais je devais me montrer forte. Ne pas pleurer et tenter de rester forte. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que mon fils à moi était atteint d'une leucémie ? Je me sentais fautive je n'ai même pas été là pour lui. J'étais sans doute une mère indigne oui j'étais une mère horrible. « Dis-moi que c'est une blague. S'il te plait, est-ce qu'il va bien ? Est-que son état est correcte. Je veux le voir, je veux juste voir s'il va bien. Qu'est-ce que j'ai fais ? » dis-je en mettant mes deux mains sur mon visage. Je ne devais pas pleurer, mais c'était dur, je versais quelques larmes silencieusement. Je devais me montrer forte pour Aaron au moins, là il était hors de question que je ne sois pas là pour lui. Peu importe l'avis de Roxanna, de Jude ou même de toutes les personnes qui connaissent Aaron. J'étais décidée je verrais Aaron et je ferais tout pour me rapprocher de lui. Je me battrais pour lui pour soigner sa maladie, j'étais en colère contre moi, je m'en voulais, mais en même temps je ne pouvais rien y faire. La leucémie de Aaron pouvait se soigner, je devais rester optimiste et tout faire pour qu'il retrouver la santé. Laissant es mains retomber pour de nouveau fixer Jude droit dans les yeux je me sentais désemparée et je ne savais même plus quoi faire.

Même si Samara avait beaucoup de tords et même si je lui en voulais, ça me faisait de la peine de devoir lui annoncer ça comme ça. Aaron avait été en bonne santé pendant la première année de sa vie. C’était un bébé heureux qui grandissait bien et normalement. Mais après ses un an, il avait commencé à être fiévreux, toujours fatigué et je voyais bien que quelque chose n’allait pas. La leucémie n’est pas réellement une maladie transmissible génétiquement mais le parent atteint de la maladie peut donner un gêne qui finit par se réveiller à un moment donné chez l’enfant. Et bien entendu, la vie avait décidé que mon fils serait malade lui aussi. J’avais moi même eu une leucémie à l’âge de six ans et j’avais fait une rechute il y avait environ deux ans. « Dis-moi que c'est une blague. S'il te plait, est-ce qu'il va bien ? Est-que son état est correcte. Je veux le voir, je veux juste voir s'il va bien. Qu'est-ce que j'ai fais ? » Je soupirais en la voyant pleurer et je la prenais par le bras, « Viens là. » , disais-je à la blondinette en allant vers les marches devant la Mather House pour qu’on s’assoit. C’était plus confortable pour discuter. « Sa leucémie a été déclarée en octobre environ. Au début ça allait à peu près mais depuis plusieurs mois il fait de la chimiothérapie pour essayer de détruire le cancer de cette manière. Du coup une semaine sur deux il est à l’hôpital pour la chimio. Il va bien mais il est extrêmement fatigué, il a même commencé à perdre ses cheveux il y a quelques jours… c’est violent de faire de la chimio à son âge mais moins violent qu’une greffe alors on fait notre possible pour vaincre le cancer de cette manière, tu vois ? » Il fallait que je lui explique, même si ça allait lui faire peur. Durant nos études de médecine on a l’habitude d’annoncer de mauvaises nouvelles mais c’était différent quand il s’agissait de notre propre famille. « J’veux pas t’interdire de le voir Samara, mais laisses moi un peu de temps pour lui expliquer, parce que c’est pas facile tout ça.. » Et elle devait en être consciente : elle faisait elle aussi médecine donc elle savait que c'était délicat de traiter un bambin atteint d'un cancer.

Il se montrait encore sympathique avec moi alors que je débarquais ici après deux ans d'absence sans avoir rien dit à personne. Il m'expliqua alors comment était l'état de Aaron. J'annonçais souvent ça a des familles, oui je savais le faire calmement, mais quand il s'agissait d'une personne qu'on aimait ce n'était pas du tout la même chose. Là j'avais mal au coeur, je culpabilisais et je n'étais pas bien. le pauvre commençait à perdre ses cheveux, mais je ne pouvais rien faire pour l'aider.  « J'attendrais le temps qu'il faudra Jude ne t'inquiète pas. Je ne suis pas revenue ici pour chambouler la vie d'Aaron, mais justement pour l'aider. Je sais que je suis partie deux ans sans rien dire. Mais il vaut mieux que je revienne après deux ans d'absence que dans dix ou quinze ans lorsqu'il sera un adolescent. Si je peux faire quelque chose pour l'aider ... » dis-je en poussant un léger soupir. Oui je savais que c'était dur, mais je n'avais loupé que deux ans, deux ans c'était beaucoup, mais en même temps sur une vie pas tellement. J'ai réagi à temps et heureusement, car je ne sais pas si j'aurais pu revenir un jour. A force d'attendre on repousse jusqu'au jour ou on ne peut plus repousser. Au moins là il aurait la possibilité de rencontrer sa vraie mère, de la connaître. Je serais toujours là pour lui et je ne pourrais jamais le laisser tomber. Heureusement que Jude se montrait compréhensif, car je ne connais pas beaucoup de monde qui aurait pu réagir comme il le fait maintenant.

Franchement, je crois que si Samara avait débarqué alors qu’Aaron aurait été en bonne santé, je me serais plus mis en colère. C’était même sur et certain en fait. Sauf que là, elle avait la ‘chance’ si on peut dire qu’Aaron allait mal et que du coup, j’étais calme. J’étais calme parce que m’énerver sur Samara n’allait servir à rien. Ça n’était pas le moment que je me prenne la tête. En plus, j’avais peur que d’être méchant avec elle la mette en colère et qu’elle veuille engager des avocats pour récupérer la garde du petit et il en était juste hors de question. Il avait grandi avec moi et je ne voulais pas qu’il grandisse ailleurs. Je ne voulais pas le voir seulement un week end sur deux ou quoi que ce soit dans ce genre. « J'attendrais le temps qu'il faudra Jude ne t'inquiète pas. Je ne suis pas revenue ici pour chambouler la vie d'Aaron, mais justement pour l'aider. Je sais que je suis partie deux ans sans rien dire. Mais il vaut mieux que je revienne après deux ans d'absence que dans dix ou quinze ans lorsqu'il sera un adolescent. Si je peux faire quelque chose pour l'aider ... » Sur ce coup là, elle n’avait pas tord. C’était mieux qu’elle revienne maintenant que dans dix ans ou même jamais. Je regardais Samara en haussant les épaules car pour le moment, elle ne pouvait pas faire grand chose. « Tout ce que j’te demande.. c’est de pas.. de pas me le reprendre… », disais-je calmement. Je la regardais et je demandais, « T’étais où pendant deux ans.. ? »