MARSHÉO. ► Thé à la Shall !

Quand j'avais entendu parler d'une soirée en plein air organisé par des inconnus qui ne faisaient absolument pas partis d'aucune confrérie d'Harvard, et qui se déroulait justement pas trop loin de cet endroit. Javais donc décidé de m'y incruster. Seul. Je n'avais pas besoin de compagnie et je n'en avais pas envie non plus. Ces derniers temps avec les drôles d’événements qui se passaient dans ma vie, j'avais juste besoin de me retrouver tout seul. J'étais pris par de drôles de sentiments envers plusieurs jeunes femmes et je devais reconnaître que je ne savais absolument plus ou donner de la tête. La musique battait son plein et je décidais de m'appuyer contre un mur, bière à la main après avoir bu toute autre sorte de truc, juste histoire d'observer les autres se déhancher. J'en étais à ma combien là ? Je n'en avais aucune idée. Haussant les épaules, je décidais de me concentrer sur la foule, quand mon regard fut subitement attiré par quelque chose à ma droite. Un homme était là et cet homme, je le connaissais plus ou moins bien. Trop tard pour reculer en moonwalk ni vu ni connu, je m'adressais à lui, poussé par le trop plein d'alcool que j'avais ingurgité. « Tiens, qu'est-ce tu branle ici toi ? » Charmant, je sais.

Une fête organisée par des inconnus où il y aura tout un tas d’inconnu? Sounds good to me. Non, sérieusement. Je croyais que tout allais bien, peut-être même que j’allais prochainement me mettre avec Juliet –qui sait. Mais j’avais eu une de ces rechutes les gars! Ouf! Attendez, en même temps, faut voir le cul d’Abbey et vous comprendrez rapidement! Bref, ce soir, j’étais saoul à en oublier mon nom et même défoncé histoire d’être certain de m’amuser correctement. Je ne croyais d’ailleurs pas rencontrer qui que ce soit de connu alors qu’est-ce que ce pouvait bien foutre? Mais non, apparemment, fallait que je manque de bol. « Tiens, qu'est-ce tu branle ici toi ? » Je tournai la tête vers la voix et tout tourna autour de moi. J’éclatai de rire en reconnaissant à peine Théo. « Hey! Phyl! Comment va? » Genre on était pote maintenant? Ouais, c’est ça.

« Hey! Phyl! Comment va? » Niaaah ? Personne ne m'avait jamais appelé comme ça de toute ma fichue vie. Si les gens optait pour mon prénom complet c'était qu'ils allaient m'en coller une bonne, si ils utilisaient uniquement mon diminutif c'est qu'ils allaient tenter de me toucher l'entrejambe et du coup là, je ne savais plus du tout comment le prendre. Dans quelle catégorie il se situait celui-là ? Levant ma bière dans sa direction, je me mis à penser au fait qu'avant c'était genre mon ennemi juré ce gars. Pire que ce trou duc qui servait de président aux Dunsters. En même temps apparemment, nous nous étions enfilés les mêmes gonzesses, s'en était presque malsain. Buvant alors un nouveau trait de ma bière, je répondis : « Ça va bien et toi Hall ? » Souriant, je ricanais dans mon coin. Œil pour œil, dent pour dent. « Ça fait longtemps que t'es planté là ? » Perso' je me serais bien vu bouger pour aller ailleurs tellement la tête commençait à valser.

C’est moi qui a la berlue où il a de la difficulté à tenir debout lui aussi? Je ris tout seul, buvant ce qui restait de ma bière en regardant le fond de la bouteille maintenant vide d’un air penaud. « Ça va bien et toi Hall ? » Hall? Bah pourquoi pas tient! Comme ça, il est le seul au monde à m’appeler comme ça –et que ça reste ainsi, amen! « Ça fait longtemps que t'es planté là ? » Je regarde autour, comme incertain que c’est à moi qu’il parle avant de balancer ma bière par-dessus mon épaule, qu’est-ce que j’en ai à faire si elle retombe sur quelqu’un? « Ça va et euh.. j’sais pas. J’allais rentrer… je crois. » Je souris bêtement. Ouais, en fait, j’ai une envie folle d’aller prendre une douche. Mais.. pas d’bol, celles de la Winthop house sont dead!

« Ça va et euh.. j’sais pas. J’allais rentrer… je crois. » C'est moi ou lui non plus était plus très frais ? Genre s'ayez distinguer la droite et la gauche devenait plus périlleux qu'une mission impossible. Le regardant jeter sa bière par-dessus son épaule, je terminais la mienne aussi en mode je m'en fou la vie est belle, j'me souviens de rien de toute façon. Et vive la gueule de bois que j'aurais probablement le lendemain au petit matin. Secouant la tête je me passais une main sur la tronche, lâchant la bouteille au sol. «  Azy' je vais rentrer aussi...Où est-ce que tu vas parachuter ? À la Winthrop House ? » Je commençais à faire quelques pas mais mes jambes avaient du mal à supporter mon poids. Putain formidable, t'es un gros malin Théo ! Souriant bêtement, je reluquais le cul de trois nanas qui passaient par là ! « Olé ! » Me tournant vers Marshall je réalisais un sourire de crâneur avant de reprendre: « Bref j'me tire. » À quatre pattes s'il le fallait, avec lui ou pas.

Bon okay. On est définitivement trop saoul tous les deux. Genre, j’ai aucune idée d’où on est exactement ni comment on va faire pour rentrer à la maison. Mais qu’importe. « Azy' je vais rentrer aussi...Où est-ce que tu vas parachuter ? À la Winthrop House ? » J’hochai lentement la tête, cherchant toujours une solution à mon besoin soudainement pressant de prendre une bonne douche. Peut-être pour diminuer un peu la gueule de bois que j’aurais d’main? Ou simplement parce que j’empestais l’alcool à trois blocs d’ici. Théo fit quelques pas et je le vis chanceler, je ne pus m’empêcher de rire. Ce qu’il avait l’air con! Je marche à mon tour, visiblement mieux, mais c’est peut-être juste une impression. Des meufs passent et je tourne un peu trop la tête pour les regarder. « Olé ! » Je ris à nouveau, j’avais le sens de l’humour très développé quand j’étais saoul, voyez? « Bref j'me tire. » Je fais un nouvel essai, le suis de peine et de misère et soudain une idée me percute. « Le complexe sportif! » j’m’exclame sans aucune explication et prend Théo par l’épaule. Peut-être que si je m’appuis contre lui et vice-versa tout ira mieux. « Les douches mon gars, les douches. »

Même mater le cul des demoiselles qui passaient devant moi, devenait un truc qui ne faisait pas que tourner ma tête, sinon le sol entier et l'environnement dans lequel je me trouvais. SOS, j'allais me croûter au sol et les Winthrop n'avaient plus qu'à se dégoter un nouveau vice-président. J'étais vraiment dans un sale état mais. grâce au ciel, je ne semblait pas du tout le seul. Je venais d'avoir le plaisir -si je pouvais le dire ainsi- de rencontrer Marshall. Celui-ci proposait donc, de rentrer. Ce que je commençais à faire, mais je chancelais comme si mes jambes ne savaient plus marcher ou me porter. « Le complexe sportif! » Hein ? Que disait-il ? Qu'il vendait des tapis ? Le voyant se rapprocher de moi alors que je pouffais de rire, il vint à me prendre par l'épaule, s'appuyant contre moi, me permettant ainsi de faire la même chose. « Les douches mon gars, les douches. » Hein la revanche ? Nous mettant donc à marcher, je percutais sa phrase avec un an de retard. « Tu trouves que tu pues donc tu veux t'laver ? » Je riais alors que je lui caressais l'arrière du crâne. « Toiii je t'ai jamais aimé, t'sais ? Mais là j'sais pas..J't'aime bien. » Han et l'alcool qui fessait son show business dans mon corps je l'aimais aussi. Nous marchions donc toujours, nous rapprochant toujours plus de l'endroit.

Théo s’appuya contre moi à son tour, me faisant alors réalisé que c’était la première fois qu’on était aussi proche sans avoir notre poing sur la gueule de l’autre. C’était un bel exploit en soi, mais pour l’heure, l’exploit résidait simplement dans le fait que nous soyons encore debout. L’eau froide me ferait un grand bien. « Tu trouves que tu pues donc tu veux t'laver ? » Je le dévisageai comme s’il venait d’me dire qu’il avait tué sa mamy en se branlant devant elle. Hein? Mauvais film? Tant pis. Il me caressa l’arrière de la tête et je suivis son mouvement du regard, appréciant tout de même l’attention. No homo hein! C’était juste une p’tite caresse bien agréable. Du genre mec qui flatte son chien. C’moi l’chien? « Toiii je t'ai jamais aimé, t'sais ? Mais là j'sais pas..J't'aime bien. » Je ris stupidement, me prenant les pieds dans mon ombre –quelle ombre?- et lui donnant de grandes tapes dans le dos. « Pareillement mon gars! » Lui donnant à nouveau des claques amicales sur le torse cette fois à l’aide de mon autre main. « P’tin! Mais t’es musclé là d’sous! » dis-je d’un voix pâteuse en pointant son torse. Moi qui croyait qu’il était tout mou. Je reportai mon attention sur la route devant nous, voyant déjà le stade se profiler au loin.

Marchant côte à côte avec Marshall, nous nous appuyons l'un contre l'autre pour ne pas tomber alors que nous étions l'un comme l'autre aussi abruti par l'alcool. Lui caressant la nuque, je lui racontais qu'avant je ne l'avais jamais aimé mais que désormais là, maintenant surtout, ça avait changé. Est-ce que ça allait duré ? Aucune idée. Il me donna alors des tapes dans le dos et je fus à la limite de lui gueuler que j'étais pas en train de m'étouffer: « Pareillement mon gars! » Puis j'eus le droit à des tapes sur le torse. « P’tin! Mais t’es musclé là d’sous! » Je me mis alors à ricaner. « Rien n'est moue chez moi chéri ! » Argh non j'avais pas dit ça. Croyant un instant que j'allais dégobiller au sol, je me stoppais brièvement. Le stade était déjà devant nous. « Qui va aller s'laver l'kiki ? C'est Hally ! » Entrant au niveau des douches, je commençais déjà à allumer l'eau d'une d'entre elles.

Notre progression était beaucoup plus rapide que c’que j’croyais! Ou alors c’était ma perception des distances qui faisait gravement défaut? Sûrement ça. « Rien n'est moue chez moi chéri ! » J’haussai les sourcils en regardant son torse, glissant vers son entre jambe et le regardant à nouveau dans les yeux, ricanant comme une fillette excitée. Enfin, le stade! J’entrai à la suite de Théo, me tenant finalement sur mes pieds sans son aide. Merde, l’eau me ferait le plus grand bien! Enfin, j’espérais. « Qui va aller s'laver l'kiki ? C'est Hally ! » Il partit l’eau et, de mon côté, je commençai à retirer mes fringues. Rien à foutre s’il me voyait, entre mec, j’en avais vu d’autre dans ces vestiaires après les matchs. Et puis, c’est pas comme si ça allait m’impressionner! « Hally? T’lui a donné un nom? » J’éclatai de rire en sautillant pour retirer mes chaussettes avant de passer à deux doigts de m’étaler sur le sol dans un fracas impossible. Finalement nu, je revins vers Théo pour constater qu’il était encore tout habillé. « Tu fou quoi Phyl? T’as b’soin d’aide? » J’eu un sourire carnassier avant de m’approcher de lui pour lui remonter son t-shirt. J’fais quoi là?