nightcall ► libre

A mes paroles, elle éclata d'un grand rire. Prétentieux ? Non, pas du tout, juste réaliste. Quand on a des atouts comme les miens, il n'est pas dur de faire du charme à une jolie demoiselle. Bon d'accord, je suis peut-être un peu prétentieux, mais je connais mes limites dans la prétention, c'est l'essentiel.

- chaque soir j'ai une nouvelle conquête dans mon lit, c'est un don, c'est tout !

J'affiche un petit sourire satisfait. Les souvenirs en effet activent la torture de l'esprit. A cette pensée, mon sourire s'efface, et c'est comme si je me revoyais, quatre ans plus tôt, en train de parcourir ce fichu sms. Cette pensée me fit froid dans le dos. Que ce que j'avais pu être idiot avec cette magnifique fille. Elle aurait tout donné pour moi, et moi je l'ignorais presque, la rabaissant au rang d'un objet sexuel naïf. Et aujourd'hui, je regrettais d'avoir agit comme cela avec cette fille. Parfois, il m'arrive de rêver d'elle, il m'arrive d'imaginer une suite différente. Mais à mon réveil, tout est comme je l'avais laissé en m'endormant. Gwen avait l'air d'être une femme à homme, le genre des coups d'un soir. On a beau dire, mais les gars ne sont pas les seuls à prendre les filles pour des objets sexuels, Gwen venait de m'en donner la preuve sans s'en rendre compte.

- 22 ans. Tu m'as l'air d'être plus âgée.. je me trompe ?

J'avais toujours mis en valeur mon côté honnête. Je n'aimais pas faire espérer les jolies filles qui espérait plus qu'une simple coucherie, et je ne mentais pas sur le nombre de filles qui avaient déjà atterrie dans mon lit. Après tout, à quoi bon mentir ? Dans une université aussi grande que celle d'Harvard, les rumeurs vont de bon train, et tout se sait. J'inspecte de loin mes chaussures, on aurait dit qu'elles avaient goutées à la boue. Charmant tout ça. J'esquisse une moue dégoutée, puis reporte mon attention sur Gwen. Elle avait l'air inquiète par ma deuxième phrase, celle où je suggérais qu'elle était plus âgée que moi. Un sourire malicieux s'affiche sur mes lèvres, et je réponds à sa question avec humour.

- Ah mais oui ! On ne voit que ça ! Même dans la nuit, j'arrive à voir tes racines blanches ! Et... Oh lala, ces rides ! Tu sais grand-mère, les crêmes contre les rides ça existe !

Je pars dans un éclat de rire franc. Comme si tout ce que je venais de dire était vrai, était réel. Je reprends mon sérieux, et la regarde droit dans les yeux, le regard charmeur.

- C'est l'instinct qui m'a dit que tu étais née avant moi, mais non, cela ne se voit pas, ou alors peut-être es-tu plus mature que moi. Mais ne t'en fais pas, ton visage n'a aucun défaut, tes cheveux non plus, ta peau m'a l'air bien douce, tel une pèche.

Les étrangers avaient toujours du mal à s’accommoder à mon humour. Pourtant il n’avait rien de spécial. Une fois que l’on me connaît, on s’aperçoit vite que je ne suis jamais sérieux, sauf dans des moments qui sont extrêmement rares. Je n’aime pas me prendre la tête. Pour moi, la vie mérite d’être vécue, alors je ne passe pas mes journées à déprimer. Avoir été exclus du monde de la nuit pendant un an m’a amplement suffi, depuis, je profite comme jamais je n’ai profité. Ses phrases m’alléchaient. J’allais me faire un plaisir de toucher sa peau, dans les moindres recoins, mais un peu plus tard. Je ne suis pas non plus le mec typique qui ne pense qu’à faire du sexe. Je voulais respecter les filles, j’avais trop souffert à cause de ça dans le passé, donc je ne touchais pas une fille avant un certain moment. Mais si Gwen continuait à me tenter de cette manière, j’allais sans doute écourter le temps.

- Je pose des théories, ensuite je teste les preuves…

Belle théorie. Je réfléchis un instant. Je ne savais pas trop quoi répondre. Enfin si, mais je ne savais pas comment argumenter. Je me pince les lèvres, pensifs, admirant les courbes de son corps, et essaye de formuler un argument qui tient la route.

- Tort. Si je n'ai pas de conquêtes certains soirs, je ne vais pas en mourir, déjà. Et après, pour la domination, je ne dis jamais non aux nouvelles expériences, donc ça dépend de ma partenaire. Et quelle peur veux-tu que j'ai ? Ma seule crainte.. c'est de mourir sans avoir assez vécu.

La fatigue me transformait presque en philosophe. Ne me demandez pas de tenir une conversation réfléchie à deux heures du matin, c'est totalement impossible, pour n'importe quel être humain, sauf pour les personnes nocturnes. Mais à ce que je sache, tout deux, Gwen et moi, nous ne le sommes pas. La blonde m'attira vers elle, m'embrassant. Baiser que je lui rendis volontiers, sans pour autant bouger. Il ne fallait pas dévoiler tout ces talents dès le début. Le but, c'est de marquer des points. Et chaque action bien accomplie nous fait marquer des points. Au bout d'un certain nombre de point, la confiance s'installe. Bien que ça m'étonnerait guère qu'il y ait besoin de confiance dans ce petit jeu.

J'écoutais à peine ce qu'elle me disait, plongé dans mes pensées. En revanche, j'entendis clairement sa dernière phrase. Au moins c'était dit. Je ne pensais pas trouver une conquête en allant au parc. Même les jours où je ne sors pas en boite ou me mettre la tête à l'envers, je trouve quelqu'un pour égayer un peu ma nuit. Chose bonne à savoir. Je me redresse, réfléchissant un instant. Je n'avais jamais fait l'amour dans un parc, sur la pelouse, mais l'idée ne me répugnait pas. Elle risquait d'être plutôt marrante.

- Tu prends la pilule j'espère, parce que je n'ai rien prévu.

C'est vrai quoi, je ne comptais pas faire ça ce soir. Mais puisqu'on me le propose, pourquoi refusé ? Sans me faire prier d'avantage, sans même attendre sa réponse, je bascule sur Gwen, plaçant mes mains autour de sa tête, la fixant. Tant pis si elle me coupait dans mon élan par la suite. Je m'approche de son visage, et n'y tenant plus, je dépose mes lèvres sur les siennes, lui offrant un baiser passionné.