nightcall ► libre

Il était plus de minuit passé. J'étais allongé sur la pelouse depuis déjà quatre bonnes heures, admirant le ciel et ses étoiles. Il n'y avait pas un seul nuage dans le ciel, rendant la visibilité parfaite. Ce soir, je ne mettais pas la tête à l'envers, ce soir, je suis raisonnable. Une cigarette à la bouche, je savourais la fraicheur de l'air du soir. Je n'étais pas bien loin d'Harvard, à quelques minutes à pied. Je songeais aux quatre années que j'avais passé ici, en tant qu'étudiant en journalisme. Je n'avais jamais vraiment été à fond dans mes études, privilégiant les sorties, les fêtes, les filles avant les études. Et pourtant, j'ai une épreuve importante à la fin de l'année, il allait donc falloir que je me ressaisisse si je ne voulais pas foirer mes études définitivement. Et pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de sortir, c'est un peu comme si j'étais hyperactif, à ne pas pouvoir rester sur sa chaise pour étudier plus de trente minutes par jours. Mon avenir était en jeu, et je le savais plus que bien. Mais rien n'y faisait.

Je me redresse tranquillement, aspirant un bouchée de fumée, la relachant à la manière d'un dragon. Etant finit, j'écrase mon mégot sur la pelouse fraiche, et enterre mon mégot à l'aide de mes doigts. Je n'avais jamais été très écologique. D'un côté, je n'allais pas faire la collection de mes mégots, cela ne me servirais à rien. Je tourne la tête dans toutes les directions, espérant un peu de compagnie, mais je suis actuellement le seul à être dans ce parc. Poussant un soupir de lassitude, je me recouche, observant avec attention les points lumineux que produisaient les étoiles.

Je songeais à rentrer dormir. Mais ces derniers temps, je ne me couchais pas avant quatre ou cinq heure du matin, du coup, je pense que même si je voudrais dormir, tout de suite, maintenant, je n'y arriverais pas vraiment. Mon horloge interne était totalement déréglée, causant mes troubles de sommeil quotidiens. Je restais donc allongé, sur la pelouse fraiche et humide du parc.

J'entendis soudain des pas, marcher sur le chemin principal de ce charmant petit parc. Je redresse légèrement la tête, pour voir si je connaissais la silhouette. Hum, non, elle ne me disait rien. Les pas se rapprochaient, arrivant à ma hauteur, et une voix féminine s'éleva au dessus de moi, me saluant. Je me redresse, par politesse, m'asseyant dans l'herbe, levant la tête vers mon interlocutrice. Jamais vue. Pourtant, en quatre ans j'aurais du voir à peu près tout les visages de ce campus, mais il faut croire que non, qu'il y avait encore des inconnus à ma mémoire. Elle était mignonne, avec ses beaux cheveux blonds. Elle avait bien la tête d'une insomniaque, son allure aussi, converses-robe-sweat, c'est pas commun commun pour sortir, sauf en pleine nuit, quand tout ce que l'on recherche c'est de se vider la tête pour pouvoir aller dormir en paix.

- Bonsoir, insomnie ?

Question complétement idiote, étant donné qu'elle n'allait pas me répondre " non non, je vis la nuit, je suis un vampire " La fatigue me faisait perdre la tête, parfois.

Bavarde la jeune fille. Je n'avais pas le temps de placer une réponse, qu'elle reprenait aussitôt la parole. J'affiche un petit sourire. Les filles étaient toujours des vraies bavardes, ne sachant jamais s'arrêter quand il le fallait, déballant leurs vies aux inconnus en qui personne n'a confiance.

- moi c'est pas vraiment une insomnie, c'est plus un déréglage de mon horloge interne.

Faire la fête tout les soirs, on a beau dire, ce n'est pas forcément que positif. Il faut savoir faire des concessions. D'une part, on ne pouvait pas travailler, la plupart du temps, le lendemain nous séchons les cours pour nous remettre de notre folle nuit. De plus, ça commençait à me revenir cher, d'aller prendre une dizaine de pastis chaque soirs, ainsi que d'innombrable shouters.

- je n'aime pas la solitude, je préfère être en ta compagnie, c'est mieux.

Je tourne la tête vers elle, et lui décroche un large sourire, dévoilant toutes mes dents. Elle se met à observer les étoiles, et commente la place que j'avais choisis pour observer ces dernières. Je ne réponds pas à cette remarque, que répondre après tout ? Je me contentais d'esquisser un sourire satisfait. Elle me disait qu'elle voulait absolument dormir. Elle devait être épuisée. Pour ma part, c'est un peu comme si j'étais en fin d'après-midi. Ma journée est donc loin d'être finie.

- Fernando, enchantée Gwen.

Les grillons se faisaient entendre, comblant le silence de la nuit noire, laissant une ambiance d'été, de chaleur, alors que pourtant, il ne faisait pas si chaud que cela. Sa question me fit sourire. C'était une des seules qui m'avait demandé mes origines, en lien avec mon prénom. J'avais bien envie de répondre autre chose que l'Espagne, histoire de rire un peu, mais à cette heure avancée de la nuit, mon humour n'était pas tellement au top.

- Espagne, Barcelona !

Répondis-je avec un accent fort espagnol. Je n'aimais pas vraiment mon pays, tout simplement parce qu'il me rappelle des souvenirs que je préférerais oublier. Et pourtant, certains souvenirs ne s'effacent jamais, et nous devons vivre avec, toute notre vie. Gwen se gratta la jambe, dévoilant ses belles jambes fines. Elle allait me donner des idées, la blonde. Je hausse les sourcils, légèrement amusé, était-ce le début d'un jeu ? La jeune femme me tendit une cigarette que j'acceptais avec plaisir, l'allumant tranquillement.

- Oui, je suis dans ma quatrième année de journalisme... Je ne t'ai jamais vue non plus, pourtant un visage comme celui-ci ne passe pas inaperçu...

Je la regarde, le sourire charmeur au bout des lèvres.

Mes pensées furent vite confirmées. Elle voulait jouer. Hum, une petite cochonne. J'allais me faire un plaisir de répondre à ses désirs. Elle était donc du même continent que moi. Bien. L'Irlande, il y fait bien froid, dans ces pays nordiques. A cette pensée, un spasme parcours mon échine dorsale, redressant les poils de mes bras. Je l'écoutais attentivement, mémorisant chaque info qui pourrait être importante par la suite. Droit. Elle était en droit. Ce n'était pas bien loin du journalisme, du moins, ce sont en quelques sortes, d'un point de vue spécial, deux matières qui se voisinent. Car sans les journalistes, les hommes politiques ne seraient rien, rien du tout, ils ne seraient que des vulgaires pions, au service du président.

- Lorsque l'insomnie me prend, deux choix s'offrent à moi. Soit je me vide la tête, et finit au lit avec une parfaite inconnue qui aurait succomber à mon charme dans la soirée, soit je me pose quelque part, et je pense, je me ressasse d'anciens souvenirs.

Actuellement, c'était plutôt la deuxième option que j'appliquais. Gwen se caressait la cuisse. Une jeune fille en manque de sexe peut-être ? Quel dommage. Ce manque, personne ne peut l’assouvir de lui même, il faut obligatoirement un partenaire. Ou alors, il faut être sacrément associable. J'avais beau être un parfait coureur de jupons, ce n'est pas pour autant que je bondis sur les inconnues sans les connaitre un minimum.