(+) Dîner au bord du lac w/ Elisandra

« J’espère qu’elle va aimer ma cuisine, je suis complétement stressé »avouais-je à ma femme alors que nous attendions ma sœur jumelle pour le repas. Je n’avais pas pensé une seule seconde que je pouvais me sentir aussi stressé à l’idée de la faire venir chez moi, qu’elle découvre mon habitat naturel –cela faisait très chasse et pêche mais c’était en somme ce que je ressentais. « J’aurais peut-être dû inviter son compagnon… Bon sang, on devrait pas se découvrir de jumelle sur le tard, c’est trop stressant »marmonnais-je pour moi-même en vérifiant l’assaisonnement. La sonnette résonna et je quittais mon tablier pour embarquer ma femme en l’attrapant par la main. « Bonsoir Eli »la saluais-je après avoir ouvert la porte avant de lui faire la bise maladroitement. « Entre… J’espère que tu as trouvé facilement. Je te présente ma femme Thaïs. Chaton, je te présente ma sœur jumelle Elisandra »

Thaïs avait longuement rassuré son mari sur sa cuisine, sur le fait que l’entrevue allait bien se passer mais aussi sur le fait qu’Elisandra apprécierait forcément ce moment en compagnie de Caleb, il ne pouvait en être autrement. D’ailleurs, la blondinette se pointa vêtue d’une jolie robe, saluant son frère non pas en lui faisant la bise mais en le serrant contre elle. « Bonsoir frérot ! » s’exclama-t-elle nature, se doutant que pour l’heure, elle devait être celle faisant ce genre de pas vers lui. « Bonsoir Thaïs, je suis tellement contente de faire ta connaissance ! Tu es magnifique… et puis ça pousse ça pousse dis-moi !! Merci encore de m’avoir invitée vous deux… »

Elle était enfin arriver et je ne savais pas si je devais l’étreindre ou lui faire simplement la bise. Ce n’était pas évident de prendre ses marques avec une inconnue qui se révélait être sa sœur jumelle. Heureusement, le lien qui existait entre nous me permettait de passer outre ce blocage et je la serrais dans mes bras. « Oui, cela pousse tellement qu’elle n’est pas loin du terme ! Ne restons pas dans l’entrée ! » donnais-je en quelque sorte le signal pour que tout ce petit monde rejoigne la terrasse où nous attendait un petit apéritif. « C’était avec plaisir et puis, j’ai vraiment envie de faire ta connaissance… Tout va bien de ton côté ? Pas de problème de poisse ? » la taquinais-je gentiment.

Au départ, Elisandra avait vraiment craint que Caleb ne lui rende pas son étreinte mais par chance, elle avait craint le pire pour finalement un petit grain de riz mâché trois fois… « Pas loin du terme, à ce point là ?? J’en ai des choses à rattraper alors ! » remarqua-t-elle tout en ayant bien l’intention de se mettre à la page à chaque fois que son jumeau lui en laisserait l’opportunité. « Bah écoute pas encore mais va pas me porter la chkoumoune hein ! Bon j’ai pleuré ma belle paire de chaussures, m’enfin… bien rentré l’autre soir au fait ? En tout cas… votre baraque, c’est juste le top, et je parle en tant que future pro ! »

« Tu n’imagines pas combien mais on va t’épargner tous les détails sinon, on en a pour au moins un mois »plaisantais-je et puis, je n’avais pas furieusement envie de raconter tous nos malheurs ce soir bien au contraire. Je voulais rester sur du positif pour la mettre à l’aise. « Je suis bien rentré oui » lâchais-je avec malice en regardant ma femme. La pauvre, elle avait d’abord cru qu’Elisandra était ma maitresse. « Merci, c’est notre refuge depuis notre seconde rencontre… J’ai sélectionné un jeune architecte car son projet me plaisait. C’est con mais c’était limite s’il n’avait pas lu dans ma tête… haraldsen, peut-être que tu connais ? »

Elisandra hocha la tête, ne souhaitant pas s’immiscer dans la vie du couple de jeunes mariés s’il ne l’invitait pas à le faire au préalable. Elle esquissa un petit sourire en entendant qu’il était bien rentré avant de lui parler de l’architecture de ces murs, qui lui disaient affreusement quelque chose… pour le coup, face aux propos de Caleb, elle éclata de rire. « Oh ouais je connais même très bien » avoua-t-elle avec une grande malice dans le fond de son regard avant de sortir son passeport. « Sauf que c’est pas « il » mais « elle » plutôt… c’est une gonzesse ! E. Haraldsen c’est moi ! »

Je n’étais pas surpris qu’elle connaisse ce jeune architecte car j’étais persuadé qu’il avait énormément de talents et qu’il percerait un jour ou l’autre dans le métier mais là où elle me surprit, ce fut quand elle me tendit son passeport. « C’était toi ?! » m’exclamais-je en regardant son nom. Je partis dans un grand éclat de rire. Il fallait le faire quand même que dans tous les projets que j’avais visionnés, je retienne le sien parmi des centaines. « Finalement, tu as toujours fait plus ou moins partie de ma vie… J’aime le concept pas toi ?! En tout cas, je maintiens ce que j’ai dit, tu as vraiment beaucoup de talents » la complimentais-je. Elisandra et moi étions vraiment jumeaux car si elle savait dessiner des plans, j’aimais les réaliser de mes propres mains.

Au départ, Elisandra fut un peu surprise par l’éclat de rire de Caleb mais il la rassura rapidement avec ses paroles suivantes. « J’aime beaucoup le concept, surtout que les plans de cette maison sont parmi ceux qui ont rencontré le plus de succès parmi les promoteurs… merci pour tes compliments en tout cas, c’est trop d’honneur ! J’espère que vous êtes bien ici » ajouta-t-elle en reprenant son passeport, qu’elle rangea non sans lancer un petit regard ému à son frère. Pour elle aussi, c’était difficile de se dire que ça y est… les recherches étaient terminés, elle avait son jumeau en face d’elle. Une telle émotion fit d’ailleurs subitement trembler ses mains.

« Nous sommes très bien et on désire même faire une dernière aile à la maison pour être certain d’être encore plus à l’aise. Les jumeaux doivent avoir chacun leur chambre et puis, sait-on jamais, dans quelques années, la famille s’agrandira peut-être encore »lui dis-je avant de sourire à ma femme. Thaïs voulait une grande famille et j’étais prêt à la lui offrir mais nous avions encore le temps de voir venir après les jumeaux. Ou pas. « Tout va bien Eli ? »lui demandais-je alors en voyant ses mains trembler.

« Vous voulez que je vous aide en faisant les plans de la dernière aile ? Vu que j’ai fait construire cette maison je peux bien vous aider avec des aménagements, puis ça me ferait plaisir… vous êtes trop mignons, je suis sûre que vous allez pas résister à agrandir la famille plus tôt que prévu ! » ajouta-t-elle avec un mélange de malice et de tendresse avant de se racler subitement la gorge car hélas, ses mains s’étaient mises à trembler. « Oh c’est rien ! Quelques séquelles de mon coma, ça va passer t’inquiètes pas. »