(+) Le sexe c'est tabou, j'en viendrai pas à bout ! w/Bambi

« J’ai pas dit ça… je veux juste te plaire »bafouillais-je en baissant la tête. Idiote, je n’étais qu’une idiote bonne qu’à la vexer ou la blesser. Oh oui, je savais que je venais de la vexer car depuis que j’avais retrouvé ma mémoire, j’étais on ne peut plus attentive à son bienêtre et le moindre de ses doutes me donnait envie de me pendre. « On… on peut sortir oui.. Je vais mettre une robe »lui dis-je avant de m’enfermer dans le dressing pour me changer. Mon dieu dehors il y avait plein de monde donc plein de tentations et ça faisait une semaine que je n’avais pas mis le nez dehors. Pour un test, ça en était un. « Je suis prête ! » lui dis-je avec un léger sourire avant de m’approcher de déposer un léger baiser sur ses lèvres. « Bonjour au fait »

« J’avais bien compris mais ce n’est peut-être pas la peine de paniquer à ce point, si ? » fit-elle valoir en essayant de faire preuve d’autant de douceur que possible mais Bambi marchait également sur des œufs avec Shiloh, qui semblait proche de la crise de nerfs à chaque seconde. Une fois encore, elle la regarda disparaître en soupirant, se demandant bien si quelqu’un avait le manuel de la parfaite fiancée car si tel était le cas… bordel, elle était preneuse ! « Tu avais des envies de restau en particulier ? On peut aussi se faire un japonais où il y a des salles privatives et un chef cuistot qui nous prépare devant nous nos plats. »

« Oui c’est sûr. Désolée… C’est qu’avant, je ne savais pas et maintenant… C’est juste que je veux essayer de te faire oublier celle que j’étais avant » lui dis-je même si Bambi ne savait pas à quel point, je l’aimais déjà avant mon amnésie. Je l’aimais au point de vomir après m’être envoyée en l’air avec tous ses hommes, que je l’aimais au point de la regarder dormir lorsque je lui faisais l’honneur de partager sa couche plus de quelques heures. Je l’avais aimé et je l’avais détruite à cause de mon amour. Aujourd’hui, je voulais panser ses blessures parce que je l’aimais aussi fort. « Oui, on peut aller se faire un japonais… j’adooooore les sushis ! J’essaie d’éviter le monde extérieur en ce moment car je pourrais me frotter contre un lampadaire… hier, je fantasmais sur notre aspirateur »grimaçais-je de manière comique.

« Je peux te poser une question à ce sujet ? » Bambi se torturait les méninges depuis trop longtemps à cause de ça et peut-être était-il temps de crever l’abcès. Ça ne lui faisait pas plus plaisir que ça d’évoquer à nouveau ce passé qu’elles avaient en commun mais après tout… il serait ridicule de faire l’autruche. « Tu m’as aimée ou tu jouais ? » demanda-t-elle d’un air sérieux, sans chercher à l’enfoncer, sans la condamner non plus, elle voulait juste la vérité. Un simple oui ou non lui suffirait, d’ailleurs. « Toi, tu as trop vu Chouchou ! Tu as pensé à… en parler à un spécialiste ? Je sais pas, faut négliger aucune piste et moi je suis loin d’être spécialiste en la matière tu sais… mais l’aspirateur, quand même ! C’est pas sexy, pis c’est bruyant… »

Je m’attendais à cette question à vrai dire et je m’approchais d’elle pour lui prendre les mains dans les miennes. « Je t’ai réellement aimé Bambi. Je t’ai aimé bien plus que je te le montrais mais je ne savais pas gérer mes sentiments pour toi. Mon père m’avait détruite, il m’avait volé mon innocence, il m’avait volé mon enfance. La seule chose qui me restait, c’était mon cœur et tu me l’avais volé à ton tour. Je n’assumais pas mon homosexualité, je me figurais que j’étais un monstre mais j’avais tort. Je t’ai fait souffrir à cause de cela et je ne me le pardonnerai jamais mais je t’ai aimé. Je t’ai aimé au point de te regarder dormir, je t’ai aimé au point de me dégouter de mon désir des autres, je t’ai aimé au point que même mon amnésie n’aura pas étouffé cet amour. Mon amnésie a été une bénédiction car j’ai pu enfin t’aimer libérée de mon passé, de mes doutes, de mes peurs. J’ai pu t’aimer du plus profond de mon cœur et même en retrouvant la mémoire, je saurais continuer à t’aimer de la même manière car tu es ma vie, mon âme sœur, la seule personne que je désire réellement, la seule que je laisserai me toucher physiquement, mentalement, amoureusement » murmurais-je avec une tendresse infinie dans le regard avant de pouffer de rire. « Mais ça aspire bien… j’ai consulté quelqu’un et il m’a prescrit des médicaments pour lutter contre ce désir mais si je les prends, il se pourrait que cela me coupe de mon désir sexuel car c’est assez fort comme médication »

Bambi fut touchée par la déclaration de Shiloh. Tellement touchée que ses yeux s’humidifièrent légèrement et qu’elle s’en racla la gorge histoire de reprendre contenance. « Pourquoi tu ne m’as pas laissée partir si tu n’étais pas capable de gérer tes sentiments ? Tu me diras, si je suis revenue après ton amnésie c’est justement parce que je sentais que tu avais changé, que tu étais libérée de cette méchanceté dont tu faisais preuve et que comme ça, on avait une chance… mais là où toi tu étais l’innocence et la gentillesse incarnée, moi je n’arrivais pas à me lâcher. J’ai l’impression qu’il existe toujours une épée de Damoclès au dessus de ma tête et que cette foutue soirée de Saint Valentin peut recommencer… tu comprends ? Je suis aussi fautive dans le sens où j’ai eu beau essayer je n’ai jamais réussi à m’éloigner » avoua-t-elle en tentant un petit sourire, qui eut du mal à s’étirer comme il le fallait. « Et tu ne peux pas essayer de les prendre pendant quelques temps pour voir ? Je dis ça pour toi, pour que tu n’aies plus de… pulsions. »

« Parce que je ne pouvais pas te laisser partir. Je savais que je te fais du mal mais j’étais tellement accro à toi… C’était impensable… A chaque fois que tu partais, j’avais juste envie de m’arracher le cœur »avouais-je toute penaude. J’avais bien conscience que je ne pourrais jamais me racheter complétement parce qu’entre nous, il y aura toujours des doutes concernant ma fidélité, à cause de ma nymphomanie. « Si tu veux que je les prenne, je les prendrais B. Je ferais tout ce que tu veux pour réussir à ce que tu me fasses confiance » lui dis-je même si cela voulait dire ne plus avoir de vie sexuelle. « Je vais aller chercher les médicaments, j’ai l’ordonnance dans mon sac et après, on va au restaurant ? »lui demandais-je d’une petite voix intimidée.

Bambi esquissa un petit soupir car fondamentalement, elle avait l’impression d’avoir été le punching ball de Shiloh pendant toutes ces années. Traitait-elle les mecs avec qui elle couchait de meilleure façon ? La brunette ne voulait même pas le savoir. Elle se contenta donc d’un mince sourire, preuve qu’elle n’était pas en colère. « Disons qu’il ne faut négliger aucune piste, enfin à mon sens… je dis ça aussi pour toi, ne plus avoir à subir tes pulsions, ce serait peut-être sympa pour toi, non ? Je me dis que tu dois subir des trucs pas forcément simples… » tenta-t-elle doucement tout en prenant son sac à main. « En avant mauvaise troupe ! »

« Oui ça sera plus sympa mais c’est juste que je ne veux pas que cela se répercute sur notre vie sexuelle mais pour le moment la question se pose pas puisqu’on a dit qu’on faisait une pause » marmonnais-je en cherchant l’ordonnance dans mes papiers. « Voilà je l’ai, on peut y aller »lui dis-je avant de m’approcher d’elle et de glisser ma main dans la sienne. J’avais besoin de me montrer tendre envers elle. « Dis mi amor… Est-ce que tu es plus heureuse maintenant avec moi ou je te fais toujours autant de mal ? »lui demandais-je subitement car j’avais besoin de savoir que je me battais pas dans le mauvais sens. Peut-être me fallait-il renoncer à elle-même si cela me brisait le cœur. « J’ai conscience qu’il y a un souci avec Jack mais aussi avec moi, je ne suis pas aveugle. Tu souffres et cela me tue d’en être à l’origine »

Bambi ne savait pas comment réagir et à vrai dire, elle ne parvint pas à faire semblant durant toute la soirée. Elle essaya de tout son cœur de rassurer Shiloh, d’essayer de ne pas être trop dure dans ses propos mais ses efforts furent hélas vains : au terme de la soirée, l’envie de fuite lui matraquait littéralement l’esprit. « Pour être honnête, ça me fait toujours mal, Shishi. Je n’arrive pas à te regarder sans me dire, sans redouter que tout ne recommence. Même si Jack est un petit bout adorable, tu l’as tout de même eu alors qu’on était ensemble. Je sais qu’il s’agit de ton ancienne toi mais je ne sais pas… le fait que tu aies retrouvé la mémoire a fait ressortir plus de choses que je ne voulais l’admettre, sans doute. Je ne veux pas t’enfoncer, tu mérites d’être heureuse mais moi, j’ai besoin d’être seule pour réfléchir. Je… je pense que je vais partir quelques temps à Vegas. Crois-moi, c’est préférable sinon les rôles risquent d’être inversés et je ne me le pardonnerait jamais si je te faisais du mal… » La messe était dite.

TOPIC FINI.