Jasey ● The whole world indulged in wild suspicions

C'est après des semaines, voir un mois, où elle fait tout pour ne pas arriver à ce moment que Leyna se décide enfin à tout dire. Dans la vie, elle est loin d'être la fille qui évite les situations malaisantes, préférant toujours être direct. Elle est la première à prôner l'attitude où il vaut mieux faire mal d'un coup que de se faire souffrir trop longtemps avec les mensonges. Toutefois là la situation était différente, il s'agissait de celui qui avait toujours été là pour elle, de son meilleur ami, celui qu'elle aimait inconditionnellement malgré qu'ils se soient souvent blesser mutuellement. Et maintenant qu'elle assume, qu'elle est honnête, Jasper le prend à la blague en affirmant qu'elle c'est bien faite avoir. La Dunster ne peut retenir un profond soupir. C'est pas des conneries Jasper. qu'elle dit, raide. Elle n'était vraiment pas du genre naïve en temps normal alors comment pouvait-il croire qu'elle lui balancerait un truc pareil à la figure sans être préalablement sure et certaine que c'était la vérité ? Probablement pour la même raison qu'elle ne le croyait pas quand elle avait reçu la lettre : parce que tout ça sa n'arrive que dans les films. Seulement un beau jour il faut se rendre à l'évidence que là c'était bel et bien réel. La demoiselle lui prend donc la main et le regarde dans les yeux pour qu'il assimile l'information, même si ça fait mal. J'ai vu les papiers, les signatures de ton père et de mes parents... Puis Aidan m'a parlé de cette histoire d'adoption sans même que je lui parle de la lettre de ma mère. Ils nous ont menti Jasper. Dit quelque chose cette fois,s'il-te-plait. Cri, pleure, tape dans un mur mais ne fait pas sentir la pauvre Leyna encore plus mal qu'elle ne se sent déjà. C'est peut-être bête à dire mais le déni est la pire forme de souffrance.

Oh mais c'est qu'elle est presque vexée la Leyna. C'est quand même pas de sa faute si elle s'est faite avoir par cette grosse mascarade. Certes, bien faite. Pour berner la demoiselle, les choses avaient dû être travaillé pour être crédible, à moins.. qu'elle se moque de lui. Quoiqu'il en soit, quelque-soit la version qui prime, Jasper ne croyait pas un mot de son histoire. C'était bien trop gros pour qu'il accepte de l'avaler. Puis Salomée c'est leur troisième sœur, aussi ? Profiter de la mort de sa mère pour la faire souffrir avec un nouveau bouleversement, l'auteur devait sacrément haïr sa meilleure amie pour prendre la peine de créer ce mensonge. Et en plus d'y mêler le président Lowell. Bon, lui, tu lui refiles deux pinceaux et il accepte de te réciter ce que tu veux. C'pas une référence. « C'est pas des conneries »... si, ça en est. Jasper se garde bien de le dire à voix haute, mais le pense fortement. C'est juste parce qu'elle semble se braquer qu'il se retient. Tout, sauf la blesser d'avantage. La brune lui attrape la main, et fait ce genre de truc où t'essayes que les mots rentrent mieux. Mais le Dunster est un mur. Pire, il se braque. « Arrête Leyna. Parle pour toi, pour tes parents, mais mêle pas mon père à ça. » Elle insinue quoi là ? Que son père est le sien aussi ? Que c'est un espèce de connard qui a abandonné sa fille et mentit à son fils ? « Ma mère est morte dans un accident de voiture quand j'étais petit, je m'en rappelle.. » pas, j'm'en rappelle pas de ma mère. Mais c'est le choc de la perdre à ce qu'il paraît, j'ai effacé tous les souvenirs qu'il m'en restait. « T'as peut-être été adopté, je dis pas, mais on a rien à voir là-dedans. » Il retire sa main, les traits durcis. « Laisse ma famille en dehors de ça. » Il hausse la voix, et se redresse sur le canapé, prêt à se relever. Son père, sa seule famille qui compte. Son duo, son binôme, c'était eux contre la terre entière, et c'est toujours le cas. Il était son modèle, son idéal. Leyna le savait pourtant, alors comment pouvait-elle .. ?

Le président Dunster a un seul et unique idole dans sa vie : son papa. Son papa qui est un homme,un vrai, fort. Il a tout surmonté, la mort de la femme qu'il aimait le plus au monde, il a élever son fils comme il faut et a même réussi à monter sa compagnie au sommet. Alors pourquoi cet homme si intègre, si fort, serait-il un lâche qui refuse de se voir confier la garde de la petite fille qui a provoquer la perte de sa femme ? Sa femme est morte dans un accident de voiture. Pourquoi cet idole mentirait-il à son fils durant toutes ces années ? C'est impossible, Leyna le comprends parfaitement. C'est pourquoi elle n'hausse pas la voix face à son meilleur ami qui lui interdit de le mêler à son histoire sans queue ni tête. Je savais que tu réagirais comme ça... Parce qu'elle le connait son Jasper national, parce qu'ils ont le même sang, le même ADN et qu'ils sont tout aussi différents que complémentaires. Ils se ressemblent tout en étant tellement opposés. Leur point commun le plus important est que l'un comme l'autre refusent de voir leur vie détruire par une simple phrase, ils refusent de croire un truc aussi énorme. Tu sais je te blâme pas de ne pas me croire, moi non plus j'y croyais pas. T'as qu'à me demander de m'en aller et je le ferai Jasp. Mais tu sais que je te connais, et que plus tu te braque à ce que je te dis, plus ça veut dire que t'as peur que ce soit la vérité et que ton père ne soit pas celui que tu crois... Et elle se lève la jolie demoiselle, prête à partir, à quitter la scène de tournage. Elle est une comédienne hors pair vous ne trouvez pas ? Il y a même les larmes aux yeux qui montent pour rendre le tout bien dramatique. Avant de refuser d'entendre quoi que ce soit de plus, demande toi une chose : pourquoi je te dirais une telle chose si ce n'était pas vrai ? Je suis ta meilleure amie depuis toujours Jasper alors pourquoi je voudrais détruire ta famille ? J'ai eu mes tords dans cette relation, je t'ai blessé comme tu m'as blessé, mais on l'a fait par maladresse, parce qu'on a voulu protéger l'autre et qu'on est pas douer. Comme des frères et soeurs. Leyna sait très bien où se trouve la sortie ne vous en faites pas, elle est prête à la prendre. Tout ce qu'elle souhaite c'est d'avoir semer une graine dans son cerveau qui finira par grandir et qu'il fera les bonnes recherches. Après tout, il l'a dit lui-même tout à l'heure, le petit pro en informatique qu'il est peut tout trouver sur internet. Comme la mort d'une femme à Chicago il y a 23 ans et une adoption qui s'en suit.

Heureusement que Leyna a l'intelligence de rester calme. Puisque Jasper ne l'est pas, maintenant. Ni intelligent, ni calme. Qu'importe ton statut, tu provoques sa foudre si tu oses t'attaquer à son père. Parce que son père, c'est son socle. Et ils sont pareils, ces deux meilleurs amis, enfermés dans leur cocon fabriqué à mains nues. Ils refusent de faillir, de mettre genoux à terre. Ce sont des monstres de stabilité. Alors comment peut-elle lui faire ça ? Elle sait, pourtant. La preuve, elle lui annonce qu'elle connaissait sa réaction d'avance. « Tu oses insinuer que mon père a abandonné son propre enfant, comment tu veux que je réagisse ? » Il est débout désormais, il tourne en rond, sa main réchauffant sa nuque. Il bouillonne, l'entendant blablater sur combien elle est compréhensive. C'est encore pire. Ca rends tout ça encore plus... exact. Ley l'analyse, décrit exactement la vérité. Il a la trouille, parce qu'il s'est toujours dit qu'il serait capable de tout refaire, si tout s’effondrait, de zéro.  Avec son père, comme ils l'avaient déjà fait. S'il perdait tout, lui resterait son supérieur. Et là ? Là il devait juste accepter que cet idole était un connard, menteur, manipulateur. « Comme des frères et soeurs. » Il digérait ses paroles, essayant de les contrer dans son esprit en apportant des arguments. Faibles arguments. Jusqu'à cette réplique qui l'électrise. « En fait c'est ça ! Tu perds ta mère, alors tu te dis que les autres méritent pas d'avoir eux une famille. » C'était absurde, même lui le savait en le disant. La brune n'était pas du tout comme ça. « La prochaine fois, essaye de ne pas choisir une histoire où tu tues la mère de quelqu'un d'autre, ça passera mieux. » Puisque c'était ça non ? Sa mère serait morte en mettant Leyna au monde. Petit enfant égoïste, qui veut pas prêter son nom. Ni le deuil de sa mère. SA mère. SON père. Sa main passe sur ses traits, il soupire, le cœur battant. Jasper sait bien que rien dans son plaidoyer ne tient la route. Il a juste besoin de s'énerver, de clamer combien on a pas le droit de foutre sa vie en l'air. « Et t'as des preuves, hormis un bout de papier complètement falsifiable ? Parce que si t'espères que je blesse mon père sans aucune preuve, tu peux oublier. » Il ne repousse plus l'idée, il ne peut plus. Mais demande une preuve.

Leyna refoule sa colère, les pleurs qui ont envie d’exploser d’un coup car elle sait que ça ne ferait qu’envenimer la situation. Comment pourrait-il réagir sans exploser alors qu’elle lui enlevait toutes ses bases ? C’est comme construire une maison sur le pic d’une montagne très pointue, ça tombe. Elle ne s’imagine même pas comment elle-même aurait réagi si Jasper détruisait sa famille. Il y a un mois elle aurait crisé, frappé dans un mur, claquer une porte et l’aurait évité durant des semaines. Aujourd’hui elle rigolerait en s’exclamant un mensonge de plus dans ma vie. Mais bref là n’est pas la question, il s’agit plutôt de faire assimiler à un sourd un truc absolument improbable. Par contre même si elle s’attend à entendre les pires horreurs dans la bouche de son meilleur ami et s’y prépare depuis des semaines déjà, la pauvre Dunster émotive qu’elle est ne peut retenir ses yeux de se remplir de larmes en entendant ce qu’il lui dit. Une part aurait envie de lui demander s’il croyait que ça lui faisait réellement plaisir de détruire sa famille, la sienne aussi, et leur amitié par la même occasion. Mais elle se retient car ça n’aiderait en rien. Aujourd’hui Leyna est une petite éponge qui encaisse les pires méchancetés et qui implosera plus tard lorsqu’elle sera seule. Non, si elle le pouvait, elle resterait volontiers dans sa petite vie heureuse avec les papillons et les princesses. Seulement cet univers est fini. Jasper fini finalement par… se calmer si on peut dire cela comme ça. Il cesse de tout nier en bloc et demande des preuves. Elle s’y attendait, car la demoiselle avait elle-même voulu des preuves concrètes de ce scénario de film ridicule. Ley’ sort alors de son sac un dossier. « Là-dedans il y a tout ce dont tu as besoin. Appelles ton père aussi, je crois que vous devriez discuter. » Papiers certifiés d’adoption, articles de journal concernant la triste mort d’une femme décédée en donnant la vie à son enfant, lettres du papa Ellington pour prendre des nouvelles de sa fille malgré tout. Ça ne suffirait sans doute pas tant qu’il ne l’entendrait pas de vive voix de son cher paternel adoré, mais pour ce que ça vaut. « Tu sais Jasper, je n’attends rien de ta part ou de celle de ton père. Je ne veux pas faire partir de votre famille après 23 ans si vous ne voulez pas de moi. Je croyais juste qu’il était temps que tu saches… Je veux que t’aies confiance en moi parce qu’à partir d’aujourd’hui, on ne peut plus compter sur personne d’autres que toi et moi. J’ai besoin de savoir que tu ne t’imagines pas réellement que je puisse inventer une histoire pareille… »

Jasper ignore tout ce qui se passe sur le visage de sa meilleure amie. Pourtant, il ne lui faudrait pas longtemps pour s’apercevoir du mal que ses mots font. Il la connaît par cœur, n'est-ce pas ? C'est instinctif. Mais pas là. Ou si, il le voit, mais choisit sciemment de passer à côté de sa douleur, trop concentré sur la sienne. Il doit y mettre toute sa volonté pour ne pas imploser et demander à la demoiselle de dégager sur le champs. Parce qu'elle loin, qui pourrait répondre à ses questions ? Non, il faut qu'elle reste encore un peu. Juste un peu, le temps qu'il apprenne à se tenir debout malgré la nouvelle qui appuie sur ses épaules et grignote ses appuis. Heureusement que tout ceci vient d'elle, sa réaction aurait été tout autre face à un Aidan, par exemple. Ley lui tends un dossier, qu'il a du mal à prendre. Les doigts tremblent légèrement, mais le courageux les oblige à se saisir de la bombe. Sa main hésite, restant sur la couverture un moment. Fallait-il vraiment passer par la divulgation du reste ? Distraitement, son index se glisse dans la reliure, et ses yeux se baladent sans insister sur quelques papiers pendant que sa meilleure amie parle en fonds. « J'espère bien que t'attends pas une quelconque part d'héritage. » Qu'il raille, sachant très bien tous les deux qu'elle avait plus les moyens que lui. Mais c'était un moyen de souligner que ce qu'ils avaient, ils se l'étaient construit à deux. Seulement à deux. « J'ai plus vraiment confiance en quiconque, là tout de suite. » Si son père était capable de lui mentir, qui ne le pourrait pas ? Allez, tenez, un couteau chacun. Frappez, son dos est à disposition. Ses billes se posent sur l'écriture de son père qu'il reconnaît sur ce qui ressemble à une lettre. Il ne la lit pas pour autant, mais cette seule vision de ces lignes lui appartenant le font déglutir. Il a passablement envie de gerber, maintenant. Et d'envoyer chier tout le monde. « Je sais que tu l'inventerais pas pour me faire du mal. » Qu'il lui dit en relevant son regard vers elle, lui accordant ces quelques mots dont il sait qu'elle en a besoin. « C'est bon, c'est tout ce que t'as à me dire ? » Elle a tout balancé, elle s'est rassurée, et maintenant c'est lui et ses merdes.

Leyna avait passer des heures devant son miroir à répéter son discours ainsi que les intonations de sa voix et le regard détâché. C'était équivalent à la petite fille qui compte faire sa première déclaration d'amour et qui a peur. Et dans les deux cas, rien ne se déroule comme dans la pratique, parce que ce n'est pas qu'un reflet de nous-même. C'est dans ces moments là qu'on se dit que le téléphone aurait été un bien meilleur moyen de communication pour faire passer son message. Bien qu'elle ne l'ai jamais vraiment dit, pour la brune, Jasper a toujours été une sorte de héros. Il est la personne la plus forte qu'elle connaisse, il ne démontre jamais vraiment ses émotions, sait toujours contrôler ses émotions, refouler les pires pour rester neutre en toute situation. Sauf celle où sa meilleure amie est en réalité sa soeur biologique. Il est complètement détruit, ses bases, ses fondements, il n'arrive même plus à cacher son mal. Tout ce qu'il arrive à faire c'est de formuler des petites phrases et regardant le dossier qu'il a sous les yeux sans vraiment le lire attentivement. Ce qu'elle donnerait pour que ce ne soit qu'une mauvaise blague. Mais ce n'était pas le cas et fallait l'assumer et à partir de ce moment il n'y a rien à ajouter qui change quoi que ce soit. Oui, je crois... Alors pourquoi est-elle toujours assise là sans envie apparente de bouger son petit cul ? Ils ne vont quand même pas passer des heures à se regarder dans les yeux en pleurant, ce serait pathétique. Pourtant elle le sent, elle sent cette fissure qui c'est crée et le sang de leur amitié qui coule. À plusieurs reprises ils croyaient l'avoir détruite à tout jamais, que c'était la fin, qu'ils ne s'adresseraient plus jamais la parole et finissaient quand même toujours par retrouver ce qui en était. Quelle était la différence aujourd'hui ? C'est simple, aucunes insultes n'étaient prononcées, limite ils agissaient comme des adultes matures et responsables, et ça sa fait encore plus mal. Je sais que tu vas probablement en avoir rien à foutre de ce que je te dis là, parce que l'orgueil ça coule dans le sang Ellington, mais t'as pas à vivre ça tout seul. Je suis pas ton adversaire, je suis ton alliée, ta meilleure amie. Je suis là pour toi dans les pires moments comme dans les meilleurs. Ne me repousse pas Jasper, on est ensemble là-dedans. Elle est sincère, les larmes sur ses joues et la chaleur de sa voix le démontrait. Bien sur qu'il allait affronter son malheur tout seul, elle en mettrait sa main dans le feu qu'il le ferait, mais rien ne l'y oblige. Ils sont soudés l'un à l'autre à la vie à la mort. La demoiselle se relève quand même du sofa parce qu'elle sait qu'elle partira dans les prochaines secondes.