Jasey ● The whole world indulged in wild suspicions

Installée dans les bras de son meilleur ami entrain de soit disant écouter un vieux film en noir et blanc, la demoiselle Carlson avait clairement la tête ailleurs. En réalité elle se sentait extrêmement mal à l'aise de se trouver là dans cette pièce à faire mine de rien. Pourtant vu tout le temps où elle savait pour leur lien de parenté ce n'était plus vraiment à ça près de lui cacher la vérité. Justement ça faisait tellement longtemps Ley' n'y arrivait plus. Durant la première moitié du film elle se préparait mentalement à trouver les mots. Cette révélation risquait d'être dramatique car s'ils avaient l'habitude de se prendre la tête alors là en prime y aurait les larmes et les cris qui allaient s'ajouter. Sans préavis supplémentaire la brunette pris la télécommande pour éteindre la télévision avant de se retourner vers Jasper. Jas'... Tu tiens à moi ? Dans le genre direct la petite était douée. Dans le dramatique aussi quand on y pense car Jasper risquait d'avoir un peu les boules là puisque pour lui ça sortait de nulle part. Bon bah tant pis hein parce que Leyna n'arrivait plus à garder ce secret pour elle, il fallait démarrer l'été du bon pied.

Affalés l'un contre l'autre sur le canapé de la Dunster House, Leyna et Jasper profitaient des derniers jours dans la confrérie avant l'été pour se faire quelques films. De ceux qui restent au fonds de la bibliothèque car peu regardés. Mais eux appréciaient la quiétude qui se dégageaient de ces œuvres. Jusqu'à ce que la belle coupe la télé. « Ehm.. c'était pas terminé . » Qu'il râle un peu, lançant un regard interrogatif à sa meilleure amie. Le garçon ne chercha pas pour autant à récupérer la télécommande, puisqu'il avait bien vu que le geste était volontaire, et amenait donc une raison. Enfin, logiquement. Les femmes, des fois.. Tiens, justement, je vous le disais. « Faut qu'on arrête les films en noir et blanc, ça te rends mélancolique. » Il essaye de rendre l'ambiance plus.. moins pesante. Mais il voit bien aux traits de la brune que sa question est sérieuse. Il fronce les sourcils, plutôt surprit que les choses arrivent comme ça. Surtout que ce n'était pas du tout leur genre de s'envoyer ce type d'interrogations à la figure, alors que tout semblait bien aller entre eux. Trop peut-être. Ca manque de drame, c'est bizarre. Heureusement que Leyna en a un sous le coude. « Mais euh.. oui bien sur. Pourquoi tu me demandes ça ? » C'est que ça devait la travailler.. ce qui entraîne la suite : « J'ai fais quelque-chose .. ? » S'inquiète-t-il, réfléchissant déjà à une bourde qui aurait pu faire douter sa meilleure amie de son attachement.  

Prend de bonne respiration Leyna, cri un bon coup. C'est comme un accouchement sauf qu'au lieu que ce soit l'oeuvre de ta vie qui se pointe le nez, ce se sont des larmes et la fin d'une amitié. Il est vrai que cette année elle et Jasper avaient souvent eu l'impression que leur amitié était terminée et pourtant chaque fois elle revenait à la normale après quelques temps. Seulement là c'était différent... Elle allait bouleversée sa vie et jamais plus ils ne se verraient de la même façon. Ça expliquerait aussi pourquoi ils se prenaient aussi souvent la tête avant de revenir l'un vers l'autre comme si c'était naturel. Avant tout la belle avait besoin d'être rassurée sur l'attachement qu'il avait à son égard car c'est précisément sur cet attachement que reposait la suite. S'il n'était pas assez fort ils allaient s'écrouler... Non... Non t'as rien fais. C'est moi... encore... Ce qu'elle disait n'avait strictement aucun sens. Mais en même temps comment voudriez-vous que ça en ait alors qu'elle s'apprêtait à gâcher la vie de son meilleur ami et la sienne par la même occasion. Sans rien trouver de plus à ajouter Ley' posa sa main sur la joue de son meilleur ami, remontant dans ses cheveux tout en soutenant son regard. Il était beau comme ça, calme. Ils étaient beaux comme ça, ensemble à regarder un film. Dans quelques secondes cette beauté s'envolerait en fumée. Redit le moi, que tu tiens à moi. Juste une fois s'il-te-plait... Parce que bientôt ça va changer...

Ca y est, tout se passait trop bien pour eux c'est ça ? Ils avaient besoin de leur petite dose de drames, de larmes. De croire que s'en est finit de leur belle amitié. Ils se faisaient avoir à tous les coups, malgré leur expérience en la matière. Comme si à chaque fois, c'était leur première guerre. Allez, c'est quoi la thématique cette fois ? Jasper s'attend à tout. Principalement à une histoire mêlant l'un des hommes de sa meilleure amie. Le suspens résidait seulement sur son identité. Marshall, peut-être un come-back de Théo ? Puisqu'elle venait juste de lui dire que ce n'était pas de son côté que l'ennui résidait. « Encore ?! Vous êtes une vraie source de problèmes miss Carlson ! » Carlson, c'est toujours ça n'est-ce pas ? Mais quoique ce soit, le garçon avait décidé de prendre le parti de la légèreté. Il allait prendre les choses de façon calme. Même s'il allait forcément avoir envie de lui faire une leçon de moral. Ce même si elle tente déjà de l'amadouer avec ses doigts arpentant ses traits. « T'es amoureuse ou quoi ? » Naïf, terriblement naïf. Il se marre en plus. « Je.tiens.à.toi. » Qu'il hache bêtement, la regardant avec un sourire idiot. Pas inquiet pour un sou. Ca peut pas être pire que ce qu'ils ont déjà affronté. 

Leyna commençait très sérieusement à songer créer un télé-roman savon avec l'histoire de sa vie, elle était persuadée que le truc se vendrait extrêmement bien. Entre ses histoires de coeur et de famille il y avait amplement de quoi faire. Là tout de suite, c'est la scène où elle caresse Jasper partout à la recherche des bons mots pour lui avouer ce qu'elle sait sur eux. Sur lui. Sur sa famille. Leur famille. Avant toute chose elle avait besoin de l'entendre encore une fois lui dire qu'il tenait à elle et une fois cela fait, elle se jeta sur lui pour lui faire un énorme câlin. Franchement on croirait qu'elle allait annoncer que c'était le dernier jour de sa vie. Moi aussi Jasper, énormément... Elle reste dans ses bras un moment, juste pour profiter de ce moment avant que ces traits ne se durcissent. Étrangement ça avait été beaucoup plus facile de lui annoncer qu'elle était enceinte ou même quand ils s'étaient pris la tête à cause de Théo. Là c'était juste beaucoup trop d'émotions pour son petit coeur. Mais il le fallait, il était trop tard pour retourner en arrière, la bombe devait être lancée. Reprenant donc sa position initiale, Leyna soupira. Y a un truc que je t'ai pas dit... Tu sais quand je suis partie en France lors de la mort de ma mère ? Courage jeune femme, tu aimes te vanter comme quoi tu es tellement forte et tout bah alors c'est le moment où jamais de l'être. Et puis si sa se trouve Jasper sera enchanté que sa meilleure amie d'enfance soit en fait sa petite soeur comme sa il pourra jouer encore plus au mec protecteur. Ouais c'est beau de rêver pas vrai ?

Bizaaaaarre. Jasper était habitué aux sautes d'humeur de sa meilleure amie, mais tout de même. Elle se comportait d'une façon plus qu'étrange. Les effusions d'amitié, ce n'était pas pour eux. Pourtant, la demoiselle venait juste de se jeter dans ses bras. « Hum.. okay. » On fait plus enthousiaste, d'accord. Mais elle avait finit par l'inquiéter avec son comportement totalement inhabituel. Et ce n'est pas de la retrouver tout contre lui à le serrer comme si demain une météorite allait s'écraser sur eux qui allait le rassurer. Cependant il céda, entourant à son tour sa silhouette de ses bras pour la serrer encore d'avantage. Si elle en avait besoin, alors il ne pouvait rester stoïque. Qu'importe s'il n'avait qu'une envie : qu'elle déballe enfin ce qui lui pesait. Les secondes paraissaient des minutes, des heures. Quand elle s'écarte de lui, il soupire en même temps qu'elle. « Euh.. oui oui. D'ailleurs je suis désolé de pas avoir pu venir. » Parce qu'à par ça, Jasper ne voyait pas du tout ce que Leyna avait pu lui cacher. Elle lui avait paru préoccupé à son retour de France, mais qui ne le serait pas après avoir apprit la mort de sa mère ? Il avait même prit le parti de ne pas en parler avec elle. Parce qu'ils étaient pareils, et se lamenter ne faisait pas partie de leur.. adn ? Non, ils étaient plus forts que ça. « Il s'est passé quelque-chose là-bas ? » Qu'il continue avec intérêt.

La jeune femme avait conscience qu'elle était probablement entrain d'effrayer son meilleur ami en se jetant sur lui comme si c'était son dernier jour à vivre mais elle en avait besoin. Une étreinte de Jasper est la seule chose qui peut lui donner le courage de continuer à déballer ce qu'elle sait. Puis elle finit par s'éloigner de nouveau parce que c'était un peu surréaliste tout ça. À ses excuses, elle ne fit qu'un bruit de bouche ressemblant à un grognement d'enfant. Aucun mot ne sortait plus désormais. Et finalement les mots reprirent leur place. Oui... quelque chose qui va tout chambouler... et je veux pas te perdre... je voulais pas y croire... On comprend tout maintenant, merci Leyna ! Allez petite reprends toi, personne ne va mourir à cause de cette révélation ou du moins pas au sens propre du terme. Oui ça va faire mal mais elle est capable d'en prendre. Après avoir fermer les yeux un instant pour reprendre ses esprits, elle continua cette fois de manière un peu plus claire. En plus de son argent, maman m'a légué autre chose. Une lettre. Une lettre qui a remis en question mon existence. Seulement je croyais que ce n'était qu'une mauvaise blague alors je suis aller voir Aidan pour en avoir le coeur net... Peut-être que maintenant le président allait commencer à comprendre là où il voulait en venir puisqu'Aidan est son cousin. Ou alors pas du tout parce que c'est tellement plus  clair dans la tête de la demoiselle que ce l'est dans le monde réel. En fait non, même elle n'y comprenait rien encore. Voilà les larmes qui coulent pour que tout ça devienne un réel mélodrame.

Déjà, quand on vous dit que le problème vient de la mort de quelqu'un, attendez-vous à des drames. Les crises familiales, toussa. Heureusement que de son côté, Jasper avait une famille relativement calme. C'est simple, son père et lui ne parlaient à personne, ils se suffisaient à eux-même. Aidan constituait une petite exception, mais il faudrait du temps avant que le garçon le considère vraiment comme faisant partit de ses proches. Au moins, pas de drame. Pas de diners chiants. Non, c'est parfait comme ça. Enfin, ca l'était. Mais nous n'en sommes pas là. « Qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans ? » S'interroge le président, se demandant le lien entre ce qu'elle avait apprit en France et leur amitié. Peu importe ce qu'on lui avait dit, il n'avait pas à juger les affaires des Carlson. Elle restait sa meilleure amie malgré tout. « Si en fait t'es pauvre, je te renie complètement ! » Hum, non, il n'est toujours pas dans le délire larmes et catastrophes. Pire, il laisse échapper un rire. Oh allez, ça ne devait pas être si terrible que ça. Rien d'insurmontable pour la forte Dunster. « En plus de son argent, maman m'a légué autre chose. Une lettre. Une lettre qui a remis en question mon existence. Seulement je croyais que ce n'était qu'une mauvaise blague alors je suis aller voir Aidan pour en avoir le coeur net... » Bon, déjà, ca réponds à sa réplique amusée. Jasper calme un peu sa légèreté quand elle lui parle d'une lettre. Voilà que ça devient concret. Il s'enfonce un peu plus dans le canapé, faisant d'avantage face à la demoiselle pour l'écouter attentivement. Jusqu'à.. « Aidan ? Tu te poses des questions et tu vas voir AIDAN ? » Le prénom est articulé exagérément, pour qu'elle comprenne la connerie de la chose.  Ne parvenant à faire le lien entre les données, il ne retenait que le fait qu'en cas de problème, elle allait voir son cousin plutôt que lui-même. Comme s'il était plus intelligent, voyons. « J'savais pas qu'il faisait des études de décodeur de lettres.. » Ironise-t-il bêtement, avant de reprendre : « Bon et elle disait quoi cette lettre ? J'suis sur que je peux t'aider à vérifier rapidement si c'est des conneries ou pas. » Internet ma jolie, internet !

Mais oui Ley', il a quoi à voir dans cette histoire le petit Jasper ? Tout, absolument tout. Il est la base même du fondement de l'incompréhension qui c'était installée dans son esprit lorsqu'elle avait découvert la vérité. Et si son meilleur ami disait qu'il comptait la renier si elle était pauvre en réalité, il n'avait même pas une seule idée de oh combien ce qu'il venait de dire s'appliquait. La demoiselle n'était rendu qu'à avouer qu'elle avait du aller voir Aidan pour vérifier les données du puzzle que déjà le ton de voix amusé avait changé. Ça annonçait une belle suite moi je vous dis. Il était le seul à pouvoir m'aider Jasper... Ou comment donner un bon coup de pied sur l'égo de son meilleur ami. S'il n'avait pas apprécier qu'elle aille voir son cousin pour avoir des conseils sur ses problèmes, ça n'allait surement pas le calmer de se faire dire que de toute manière Jasper n'aurait même pas pu l'aider. C'était un peu comme lancer de la chair humaine à un lion, ça réveille l'instinct sauvage. Leyna aurait sans doute du prévoir tout cela avant d'ouvrir la bouche seulement voilà la capacité de penser est un peu atténuer parfois en temps de crise. Et encore ce n'était rien car désormais le jeune homme en mode attentionné lui demandait clairement ce qui se trouvait dans la lettre afin de vérifier l'information. On arrive donc à la partie qui tue. Je sais pas trop par où commencer... En gros elle dit que j'ai été adoptée. Ma mère biologique est décédée à ma naissance et mon père m'en voulait de lui avoir fait perdre sa femme alors du coup il m'a mis en adoption. Lui et son fils ont vécu à Chicago mais ils sont par la suite parti à New-York pour affaire. Selon la lettre qu'elle m'a léguée, j'ai aussi un frère de 25 ans aujourd'hui qui vient lui aussi à Harvard et il est président de la Dunster House. Voilà la bombe est lancée... Reste plus qu'à voir quels objets se mettront à planer dans la chambre dans les prochaines secondes.

« Oh croit-moi, si lui peut t'aider tout le monde peut le faire.. » Sourire narquois, amer, vexé. Leyna le sait pourtant, que Jasper a du mal avec son cousin, et avec n'importe quelle rivalité. Le fait qu'elle se tourne d'abord vers ce dernier ne pouvait que le toucher. Pourtant, elle insiste. Comment peut-il deviner que réellement, seul le Lowell pouvait apporter des réponses ? Impossible de s'approcher, même à des kilomètres, de la réalité de cette histoire. Enfin qu'importe, le président essaye de se concentrer sur ses paroles, et sur cette prétendue lettre. Sa meilleure amie se lance, et expose ce qui pèse sur son petit cœur. « En gros elle dit que j'ai été adoptée. Ma mère biologique est décédée à ma naissance et mon père m'en voulait de lui avoir fait perdre sa femme alors du coup il m'a mis en adoption. » Il grimace d'un air septique. C'est tiré d'une bonne quinzaine de mauvais films de l'après-midi non ? Genre, le truc qui arrive jamais en vrai. Non, on ne se met pas à rire Jasper, on écoute jusqu'à la fin. « Lui et son fils ont vécu à Chicago mais ils sont par la suite parti à New-York pour affaire. Selon la lettre qu'elle m'a léguée, j'ai aussi un frère de 25 ans aujourd'hui qui vient lui aussi à Harvard et il est président de la Dunster House. » Il écoute, entends, mais n'intègre pas. Hoche la tête d'un air à dire que c'est le truc le plus con qu'il a jamais entendu de sa vie. Puis il tilte qu'elle parle de lui, un peu à retardement. « Attends, tu parles de moi là ? » Ouais, tout correspond, et vu la gueule qu'elle tire en le regardant, il comprends mieux son air dramatique. « Non mais Ley... » Il écarquille légèrement les yeux en posant son regard sur elle, halluciné qu'elle croit un mot de ces conneries. Pire, ses lèvres fermées ne parviennent pas à empêcher un espèce de pouffement de rire. Plaquant sa main contre sa bouche pour éviter de rire ouvertement, il mets quelques secondes à retrouver un semblant de sérieux. « Ley.. qu'est-ce que tu vas croire ? Ils se moquent de toi, et visiblement Aidan s'est bien amusé aussi ! » Ou'il se moque gentillement, lui pinçant même légèrement la joue. Pourquoi sa mère lui raconterait ça dans une lettre posthume.. ? Ca, Jasper ne se le demande pas. C'est tellement absurde.