César & Diego - New day, new roommate

Prenant une capsule du café qui correspondait à ses attentes, je mettais la machine en marche. J’avais l’air très à l’aise, mais il m’avait fallu plusieurs jours à prendre le mécanisme. « J'ai l'habitude de supporter des filles au quotidien, alors je suis un peu rôdé. » C’était déjà ça de gagner. Quant à moi, j’avais grandis avec Cordélia, donc j’étais habitué, mais cela faisait neuf ans, que je n’avais pas vécu avec elle. Etant du genre solitaire, je risquais de disparaitre souvent. « Ouais, Cordélia ça devrait aller, même si bon, je sais pas ce que c'est de vivre avec elle non plus, je suis pas à l'abris de mauvaises surprises » Avec ma cousine, il n’y avait pas de soucis à se faire. C’est un peu Isaline, qui était inquiétante. « Et pour Isaline comme je te l'ai dis, elle me prenait pour un psychopathe qui la suivait partout, car je l'ai d'abord connu en Angleterre, quand j'étais à Oxford. Donc bon, c'est tendu, mais on a pas de raison de se faire la tête non plus, donc si on met un peu d'eau dans notre vin à tous les deux et qu'elle fait gaffe avant de rentrer la douche » Son commentaire m’arrachait un sourire. « ça t’as bien retenu » disais-je en ricanant, alors que je lui donnais son café. Je mettais une nouvelle capsule dans la machine, avant de disposer une tasse en-dessous et de faire fonctionner le tout. « Je pense que ça devrait le faire. » Il ne devait pas y avoir de soucis. « Y a pas de raison. Alors, t’en pense quoi de l’appart ? »

J'acquiesça en souriant, amusé. Si j'avais été là à ce moment là, à tous les coups, je n'aurais pas put m'empêcher de rire. J'étais pas du genre à aimer les conflits et plutôt du genre à les éviter au mieux. Le rire était un bon mécanisme de défense pour apaiser les tentions, ou alors faire monter le niveau d'hystérie, mais bon, c'était tout ou rien à quoi et c'était un coup à tenter justifiable. Merci dis-je alors qu'il me donnait mon café. J'en huma rapidement l'odeur, un vieux réflexe puis porta doucement la tasse à mes lèvres, sirotant une première gorgée. Huum. Une des meilleures choses de ce monde, clairement et c'était meilleur que le café que j'arrivais à me faire dans ma vielle bestiole, trônant tristement sur le comptoir dégarni de ma cuisine à l'appartement. Je donnais mon avis sincère sur mes appréhensions vis-à-vis de la colocation, à savoir que j'avais la foi, que je voyais pas de réelles raisons pour que ça parte en vrille. Bien sûr, ce serait pas drôle tous les jours, mais bon, c'est pas négociable ce genre de choses. Il est top et vraiment immense. J'ai vécu dans une grande maison pendant dix-huit ans, mais depuis que je suis parti de chez mes parents, je me suis habitué à des endroits plus confinés. Ca va me faire bizarre, mais bon y a du bon bizarre répondis-je. Je racontais un peu ma vie, mais c'était intentionnel. Je ne connaissais pas Diego comme je connaissais sa cousine et je voulais faire plus amplement connaissance avec lui, tout comme avec Isaline, quand l'occasion s'en présenterait. Où est-ce que t'as grandis, toi ? Demandais-je, laissant ma curiosité se faire ressentir.

(c) darkdreams/marine

« ll est top et vraiment immense. J'ai vécu dans une grande maison pendant dix-huit ans, mais depuis que je suis parti de chez mes parents, je me suis habitué à des endroits plus confinés. Ca va me faire bizarre, mais bon y a du bon bizarre » Je comprenais ce qu’il voulait dire. En Espagne, j’avais vécu dans la grande propriété familiale et lorsque je venais voir mes parents à New-York, je vivais dans leur immense appartement. Néanmoins, j’avais appris à m’habituer aux espaces ridiculement petits à cause du pensionnat de redressement. Ce passage eu le don de marquer ma vision des choses. Que ce soit à Princeton ou Harvard, j’avais gardé une chambre d’étudiante, jusqu’à aujourd’hui. « Ça nous fait un point en commun. C’est aussi nouveau pour moi » M’accoudant au bar, je buvais un peu de café. « Où est-ce que t'as grandis, toi ? » Question difficile à aborder. Je détestais parler de moi et à chaque fois que l’Espagne était mentionné, j’en venais à devoir caché mon passé en pensionnat. Ce n’était pas à cause d’une quelconque honte, mais plutôt, parce que j’avais toujours été ainsi : renfermé et secret. Néanmoins, je voyais bien que César voulait faire un effort en apprenant à me connaitre, alors pourquoi ne pas répondre à ses interrogations. « A Narja en Espagne avec Cordélia. Puis, après j’ai dû rejoindre mes parents en Amérique et toi ? »

Déjà enfant, je trouvais notre maison familiale disproportionnée. Je passais limite que la nuit dans ma chambre et pourtant, elle était immense, idem pour le lit et ce même quand j'étais pas plus haut que trois pommes. Tout était ridiculement trop grand à l'époque et ça m'avait fait le même effet quand j'avais passé quelques jours en Australie, il y a maintenant plus d'un mois. J'avais beau avoir encore parfois les allures d'un enfant pourri gâté, j'avais vraiment laissé mes goûts de luxe au placard. J'aimais toujours autant les belles choses, mais je pouvais vraiment vivre sans. Je n'étais pas aussi matérialiste que mes parents. J'essayais ensuite de lancer la conversation, laissant ma curiosité surgir tout en espérant que Diego ne le prendra pas mal. Il y a des gens qui n'aiment pas parler d'eux. Je n'aimais pas aborder certains sujets non plus, mais dans l'ensemble, je n'avais pas trop de difficulté à parler de ma vie. Je l'écouta parler avant de répondre. En Australie, à Sydney, avec mes parents et ma petite soeur, qu'est aussi à Harvard, mais je me suis fait viré à dix-huit ans, j'ai voyagé après, jusqu'ici répondis-je, me surprenant moi-même d'aborder le sujet de mon départ de la maison aussi simplement. Fut un temps, ça suffisait à rendre mon regard tout vitreux, mais c'était plus le cas. Ca faisait quand même six ans, de l'eau avait coulé sous les ponts.

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« En Australie, à Sydney, avec mes parents et ma petite soeur, qu'est aussi à Harvard, mais je me suis fait viré à dix-huit ans, j'ai voyagé après, jusqu'ici » Il s’était fait viré ? Avait-il eu des problèmes avec ses parents ? Sans doute. J’étais curieux de savoir, mais je ne voulais pas le forcer à parler. Surtout que moi non plus, je n’aimais pas aborder certains sujets de ma vie. « T’as voyagé où ? » D’un autre côté, on allait vivre ensemble et César m’apparaissait comme une personne digne de confiance. Alors pourquoi ne pas lui en parler ? « Donc en fait, tu as retrouvé ta sœur que maintenant ou bien tu avais toujours gardé contact avec elle ? » Un véritable exploit ! Je me surprenais à être curieux. S’il venait de la retrouvé, il était dans la même situation que moi avec Cordélia. Si ce n’était pas le cas, je devrais sans doute lui demander comment il avait fait, pour gérer ça.

J'étais content que la conversation prenne cette tournure. On allait pas devenir les meilleurs amis du monde et se raconter toutes nos histoires comme deux filles qui bavassent autour d'un café, mais avec le temps, on allait en apprendre plus l'un pour l'autre, c'était un peu inévitable dans une colocation, en fait. Enfin, quand on a l'intention que ça se passe bien. En Europe et aux Etats-Unis, surtout et je me suis posé en Angleterre après, quand j'ai commencé l'université. Répondis-je. Bon, là je parlais que de mes voyages après mon départ de la maison. Avec mes parents, j'avais déjà posé le pied à terre environ partout. Je me mordis la lèvre et but une gorgée de café avant de répondre à sa nouvelle question. C'était la partie qui me plaisait pas, celle qui me faisait passer pour un horrible grand frère, mais bon, j'avais cessé de taire les détails concernant ma famille, j'allais pas faire une multitude de pas en arrière maintenant, ça aurait été vraiment bête. Je ne l'ai pas vu et ne lui ai pas parlé durant six ans. J'avais des nouvelles d'elle via un membre du personnel de mes parents, mais c'est tout. Fallait que je m'éloigne des parents et j'avais pas le choix à l'époque, on a toujours été trop surveillé, dans ma famille répondis-je. C'était vrai même si aujourd'hui, je me disais que j'aurais put mieux faire. Soit prendre sur moi, soit prendre le risque de la contacter, mais à l'époque, j'en voulais vraiment trop à mes parents. Comme aujourd'hui en fait. Je suis revenu ici pour être avec elle terminais-je.

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