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Qu'est-ce qui m'avait pris d'entrer dans ce vieux rad pourri dont l'atmosphère saturée en cigarettes me donnait la nausée ? La musique était par moment si forte que je craignais de perdre l'audition et les odeurs de sueur des clients qui dansaient sur une piste qui n'existait pas me retournait. Officiellement, je n'étais pas rentrée à l'université, j'étais censée me reposer chez mes parents après mon hospitalisation mais l'ennui doublé d'une maison suintant le luxe et le vide m'avait rendue folle. Je voulais me bourrer la gueule, je voulais m'échapper, je voulais oublier, m'oublier. Avant de quitter la maison familiale et de prendre la voiture pour Cambridge, j'avais enfilé une robe noire bustier ajustée à la poitrine qui se voulait rock'n roll mais rock'n roll, je ne l'étais pas, je n'étais qu'une pauvre gosse de riche, quelque peu excentrique sur les bords mais le stéréotype même de la fille parfaite qui se pavane en tenue de pom-pom girls pour exprimer sa supériorité sur les autres fourmis du campus. Je n'étais plus cette fille. Et le regard que me lançaient certains hommes m'agaçait. En fait, ce qui m'agaçait c'était de constater à quel point j'aurais aimé qu'il s'agisse de femmes, beaucoup moins prévisibles et surtout très sensuelles. Je n'étais pas gay, ce n'était pas moi, je ne voulais pas l'être. Pour me forcer à le croire, je répondis aux avances d'un type dont l'haleine si imbibée d'alcool semblait m'avoir décoiffée à la minute ou il m'avait demandé mon nom. Nous passâmes une bonne partie de la soirée à discuter, de tout et de rien, de choses futiles entre autre. Il était sois-disant troublé par mes yeux bleus lagons et n'imaginais pas une seule seconde à quel point je pouvais me fiche de ce qu'il avait à dire. La seule que je faisais était de hocher la tête et de boire, encore et toujours pour meubler le temps.
Je me sentais, bien que pas mal imbibée à mon tour, mal à l'aise dans ma robe haute couture et mon air précieux dans ce bar ou j'aurais facilement pu y entrer sans attirer l'attention en guenilles ou couverte de merde... j'oubliais rapidement cette impression lorsque je croisais le regard d'une brune, la première et seule fille potable de la soirée et en l'observant, je ne pu que constater qu'elle était bien plus que potable... j'en oubliais mon interlocuteur que je congédiais de la main pour demander au barman - ou ce qui s'en rapprochait le plus - de donner un verre à cette femme de ma part.
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