Accueil
Invité
est en ligne
Invité
C’était le jour J. Le jour du procès que j’avais espéré et craint toute ma vie. Malheureusement, ce n’était pas pour faire payer à cet homme les mois d’enfer qu’il m’avait fait vivre il y a quelques années mais pour celui d’une autre victime. Le procureur m’avait simplement demandé de témoigner et après avoir pris conseil auprès de mon père, j’avais accepté. J’avais fui depuis trop longtemps, il était temps que j’affronte mes démons. Seulement, je n’y arriverais jamais tout seul et c’est pourquoi j’avais fait appel à la seule personne capable de me soutenir : mon meilleur ami Aidan. Pour cela, j’avais dû tout lui raconter : les problèmes de mon ancien meilleur ami puis, mon propre calvaire quand j’étais devenu l’obsession de cet homme. J’avais tout balancé : les viols qu’il m’avait fait subir, le suicide de mon meilleur ami car il ne supportait plus le monstre qui était son père, le fait que j’avais caché tout cela à tout le monde et que ce monstre était revenu en menaçant ma femme. J’avais tout balancé en pleurant comme un gamin mais je me sentais mieux. La seule chose que je craignais, c’était de me retrouver face à cet homme et de raconter à une foule d’inconnu et surtout à ma mère ce que j’avais subi. « J’y arriverai pas Aidan… C’est impossible ! Je peux pas » paniquais-je car non seulement, je me sentais à nouveau dans la peau de cet adolescent mais en prime, je savais que je briserai le cœur de ma mère, tenue à l’écart.
(Invité)
Son regard bleuté allait et venait au fur et à mesure des mouvements de Caleb. Son meilleur ami ne tenait pas en place sous l'effet de l'angoisse, de l'appréhension et Aidan ne pouvait que le comprendre. Quelques semaines plus tôt, son pote lui avait avoué l'inavouable, et face aux larmes le Peintre avait rétorqué comme il pouvait mais avec toute la sincérité qui le caractérisait. Le jour du procès était arrivé et Caleb paniquait. Quoi de plus normal ? Avouer devant un parterre d'inconnu la façon dont un homme l'avait détruit, l'avait éraillé en tant qu'homme et ce d'autant plus que sa mère était présente. Aidan déglutit et rétorqua d'une voix calme mais ferme. « C'est le moment d'être fort Caleb. C'est toi la victime et non le coupable de la folie de ce mec. » Il prit les avant-bras de son meilleur ami au creux de ses paumes, donnant à la scène une image touchante, presque absurde d'un chaton tentant d'apprivoiser un tigre. « Pense à Thaïs, pense aux enfants. A défaut de crever, ce mec doit resté à l'ombre jusqu'à la fin de ses jours. » Il n'y avait pas d'autre endroit pour un malade pareil et si Caleb gardait le silence, la sentence aurait moins de poids.