priape & alexia - que la guerre commence !

  Assise dans un des canapés de la dunster house, son ordinateur sur les genoux, Alexia était en train de se consacrer à une nouvelle application, probablement la première lancée par sa nouvelle start-up qu'elle venait tout juste de monter avec sa meilleure amie. On était en plein milieu de semaine et Alex sortait tout juste de cours, elle avait prévu de rejoindre son associée justement après avoir avancé sur la programmation de l'application. Depuis quelques jours c'était son seul passe-temps. Même le piratage, qui était une de ses spécialités - et elle l'avait prouvé à de nombreuses reprises - était mis de côté. Alex attrapa le gobelet rempli de café acheté vingt minutes plutôt chez starbucks, qui se trouvait sur la table basse. Elle en but une gorgée et regarda la plafond, se disant qu'elle se sentait chez les dunsters comme chez elle et qu'elle n'aurait pas pu faire de meilleur choix pour sa fraternité. Ici, elle s'entendait bien avec tout le monde et tout le monde était sympathique ou presque. Et comme il y avait d'autres geeks et as de l'ordinateur, elle se sentait d'autant moins un extraterrestre. Alexia n'était pas seulement le petit génie de l'informatique qui revendait ses applications de plus en plus cher, elle était aussi une vraie personne, pas toujours collée à son écran, avec des passions, de l'humour, de la maladresse, et beaucoup de bonne humeur. Certaines personnes avaient tendance à l'oublier un peu trop vite.

"Aïe !" lâcha-t-elle sous le coup de la douleur. L'ordinateur venait violemment de s'écraser sur sa main droite. Elle releva la tête. Non mais c'était qui ce dingue ? Pour qui il se prenait, on ne refermait les ordis des gens comme ça ! Surtout avec aussi peu de délicatesse, vu le prix du matériel. Ok Alex était riche, mais ce n'était pas le cas de tout le monde et en plus elle prenait un soin fou de ses affaires. Une rayure sur son écran et elle en devenait malade pendant une semaine. C'était un dunster, assurément, sinon il n'aurait pas été là, mais inconnu au bataillon, même pas sur de l'avoir jamais croisé sur le campus. Elle fronça les sourcils, signe qu'elle réfléchissait. Comment ça pirater les infos des dunsters ? D'abord elle évitait de s'attaquer aux dunsters par principe. Mais si elle ne le connaissait pas, c'est sur qu'elle n'avait pas tilté. Et puis ensuite, elle n'avait jamais rien piraté qui puisse être grave, elle ne s'emparait jamais des données bancaires des gens par exemple. Elle rendait service à des amis en général en hackant des services de police, voire quelques services fédéraux attaquables, américains ou étrangers, mais les données personnelles c'était déjà plus rare. Il y avait quelques personnes très spécifiques pour qui elle pouvait effectivement faire ça, en échange d'un service particulier, ou pour remplir des sondages, des statistiques, des trucs comme ça. Qui plus est, elle n'épluchait pas ce qu'elle piratait. Elle s'assurait que c'était ce qu'elle devait trouver et elle le transmettait, rien de plus. Aussi, elle ne sut même pas laquelle de ses victimes il pouvait être. Autre question: comment avait-il su que c'était elle qui l'avait piraté ? Peu de personnes auraient pu trouver cette information sur le campus. La première à qui elle pensait était Jasper, ils étaient du même niveau et travaillaient souvent ensemble. Est ce que Jasper l'avait balancée ? Là elle commença sérieusement à être contrariée à cette idée. Elle lui  rendit son regard fort peu aimable et posa son ordinateur fermé sur la table basse, prenant le soin de laisser quelques secondes de silence s'installer. "Excuse moi mais je pense que tu fais erreur sur la personne, je suis en train de travailler sur une application là. Enfin, j'étais, avant que tu ne m'écrases la main. Et ce n'est pas ma faute si tu n'as pas su protéger ton ordinateur d'un pirate, apparemment. Je ne sais même pas qui tu es, c'est ridicule !" lui dit-elle, choisissant l'option nier en bloc. S'il ne l'avait pas abordée de cette façon aussi abrupte, elle aurait tout à fait pu s'excuser et reconnaître son erreur. Mais Alexia avait horreur de se sentir agressée.

Ouh là là, elle ne savait pas ce qu'elle avait bidouillé dans l'ordinateur du dunste, vu qu'elle ne connaissait pas son nom, mais elle visiblement ça l'avait mis très très en colère. Encore un type qui avait un problème avec l'espionnage, le piratage des données et tutiquanti, alors que ça faisait déjà plus de dix ans que les données de tout le monde étaient à disposition de n'importe qui grâce à la nsa et consorts. Ce qu'il fallait comprendre c'était que le problème n'était plus que les données personnelles soient espionnées, mais c'était ce qu'on faisait avec ces données une fois qu'on les avait. Or Alexia prenait soin de ne pas prendre part à des choses justement immorales à ce niveau là. Mais bref, ça, personne ne voulait le comprendre. Il savait que c'était elle. Mouais, il n'avait surement pas trouvé ça tout seul, avec sa grande assurance. Puis c'est moche de porter des accusations comme ça sans preuves, même si elle se doutait que c'était effectivement à elle à l'origine de sa contrariété du moment. Ne plus hacker des potes de Jasper ou tout autre personne de leur niveau informatique à Harvard, type Feldt, c'est noté. Si on ne pouvait même plus compter sur les amis pour vous couvrir hein. Il fallait vraiment qu'elle travaille à un nouveau programme pour effacer ses traces en renvoyant sur une multitude serveurs à l'autre bout du monde, vu qu'apparemment camoufler son IP en passant par trois serveurs proxys n'était plus suffisant. C'était forcément ça, parce que contrairement à d'autres avec un ego surdimensionné, elle ne glissait jamais son pseudo dans ses codes. "Tu ne sais même pas qui je suis ! J'aimerais bien savoir sur quoi tu te bases pour m'accuser comme ça, surtout que le hacking c'est illégal, et je suis peut-être blonde, mais pas encore suffisamment stupide pour risquer de la prison." Elle n'avait aucune intention d'avouer pour l'instant. Qui plus est, elle n'avait surtout pas envie de donner satisfaction à un gars qui avait failli la faire amputer d'un doigt. Elle se leva pour être à la hauteur du jeune homme - enfin à peu près grâce à des talons compensés qui la faisaient passer d'un mètre 68 à un bon mètre soixante quinze. "En plus, désolée de te dire ça mais les hackeurs ça court les rues à Harvard, et je ne vois pas pourquoi j'aurais fait un truc pareil alors que tu es un dunster et que je ne connais même pas ton prénom, alors ton adresse IP, ça m'étonnerait fort ! Cherche quelqu'un d'autre pour passer tes nerfs."

Bien, celui qui l'avait dénoncée avait même balancé son nom complet. Il allait l'entendre celui là, surtout que ses soupçons sur Jasper étaient de plus en plus gros. Surtout qu'il reconnaissait ouvertement qu'il avait été aidé - mais ça elle le savait déjà, elle connaissait tous les hackeurs de Harvard et il n'en faisait donc pas partie. "J'espère que tu fais une confiance aveugle à ta source alors, parce que rien ne te dis que ce n'est pas lui et qu'il ne t'a pas renvoyé sur quelqu'un d'autre volontairement. On ne peut jamais savoir de quoi un hackeur est capable." Il lui fallait le nom de ce type, pour qu'elle fasse son enquête, et voir de qui il était proche. Mais en tant que dunster, forcément Kiryl et Jasper sortaient automatiquement du lot. L'hypothèse Kiryl était inenvisageable. "Et d'ailleurs j'aimerais bien que tu m'expliques pour quelle raison j'aurais voulu m'introduire dans ton ordinateur, qu'est ce que je pourrais bien avoir à y gagner ? Tu sais ce qu'on dit, pour accuser d'un crime, il faut d'abord trouver un mobile." Et là bon courage, parce que souvent c'était pour filer un coup de main à des amis et pas pour elle-même, elle n'avait donc effectivement aucun intérêt à hacker son ordinateur dans le fond. Puis tout à coup, il commença à lui faire des menaces, comme quoi il allait la dénoncer au doyen, à la police, la faire aller en prison et l'empêcher de finir Harvard. Elle haussa les sourcils mi-incrédule, mi-ironique. Et elle finit par éclater de rire. Littéralement. "Tu es un comique en fait ! Je t'en prie, vas-y, ne te gêne pas, dénonce moi, aucun problème ! Personne ne te croira, vu que tu n'as aucune preuve de ce que tu avances. Et je doute que la personne qui t'a aidé veuille te suivre là-dedans. Elle sait ce qu'elle risque en retour. Et si ça ne suffit pas à te convaincre, sache que le doyen ne voudrait surement pas que mon père arrête de participer au financement de l'université." Et oui, papa Dickins en tant que vice PDG de HSBC offrait régulièrement des financements avantageux et des partenariats conséquents à l'école. Même si Alexia avait sa place dans l'école sans ça étant donné ses excellents résultats, c'était un bon argument n'est ce pas ? Et puis aucun hackeur du coin n'était assez fou pour la dénoncer aux flics, elle s'occuperait de son cas aussitôt. Le problème ici c'est qu'ils étaient presque tous aussi bons les uns que les autres. "Ne t'en fais pas pour mes études, je peux les finir de n'importe où, sans problème." Et pouf, il continuait son bluff en faisant semblant de partir. Semblant ou pas d'ailleurs, qu'il y aille, parce qu'elle n'avait vraiment pas peur. Elle était une élève modèle, riche, fille d'un vice-PDG, et en plus elle gérait un réseau interne pour les élèves en réseautique. Le doyen ne la virerait jamais pour une allégation pareille, et il n'y croirait probablement même pas. "J'ai hâte que tu expliques au doyen qu'un élève de Harvard s'est introduit dans mon ordi pour vérifier que je m'étais introduite dans le tien, je pense que ton ami va beaucoup apprécier. N'oublie pas de me raconter la tête qu'il va faire !" lui dit-elle en le regardant s'éloigner sans bouger le petit doigt, le sourire aux lèvres.

"Petite minette dans ton genre" Alors là, elle se retint pour ne pas aller lui mettre une tarte en pleine tronche parce que si elle avait bien horreur d'une chose c'était qu'on la dévalorise sous prétexte qu'elle était une fille, de manière aussi misogyne et machiste. Elle le traita intérieurement de gros con. Pour la faire sortir de ses gonds il fallait y aller, franchement. "Si j'étais toi je ferais attention à ce que je dis parce que la petite minette pourrait bien causer de gros ennuis à ton ordinateur si tu insistes et crois moi cette fois personne ne pourra rien faire pour toi." dit-elle froidement. Et si elle mettait cette menace à exécution il allait fermement le regretter. Un black out complet sur son ordi, la divulgation de ses coordonnées bancaire, le piratage de tous ses comptes mails, facebook, ou autres, elle pouvait presque tout faire. Il n'avait visiblement pas d'idée sur qui était en face de lui. Et cette fois, elle serait intraçable, en utilisant un programme miroir, même Timothy McGee ne pourrait pas la retrouver. "Je préfère encore mourir que fantasmer sur un type comme toi mon pauvre, je n'en ai rien à faire de ta misérable vie, garde tes rêves pour toi." Quel culot, il ne manquait pas de prétention celui-là, ça complétait bien le portrait du machiste de base, dragueur pourri sans aucune subtilité. Déjà qu'il n'était pas du tout son genre physiquement - même s'il l'avait été, elle ne se le serait jamais avoué de toute façon. Et tout à coup, pouf, il se mit à sauter sur son ordinateur et avant même qu'elle ait eu le temps de bouger le petit doigt il s'était enfermé dans sa chambre avec. Elle en était stupéfaite. "Non mais je rêve, et c'est toi qui me parles de maturité ?" cria-t-elle bien fort pour qu'il l'entende. En plus, c'était con, parce que ça ne servait à rien. Elle partit dans sa propre chambre chercher son deuxième ordinateur - et oui, elle en avait toujours deux, sans compter sa tablette si besoin était. Dès qu'il rouvrirait l'ordinateur, elle pourrait écraser tout ce qu'il contenait et il serait vide. Son disque dur externe contenait une copie de out ce qu'elle avait, à l'exception du travail qu'elle avait effectué avant qu'il le lui pique. C'était encore frais, elle perdrait une heure mais elle pourrait le refaire sans problème. Quand à l'ordinateur perdu, elle s'en rachèterait un autre, ce n'était pas un problème vu son compte en banque. Elle attendit donc avec impatience qu'il ouvre l'ordi, prête à agir.