You. Me. Wrong combination. (Maxym)

Coupe de champagne à moitié vide en main, je me tenais un peu en retrait de la foule, au calme. Le bal s’était globalement bien déroulé jusqu’à présent, j’avais même remporté le prix du meilleur dunster avec mon coloc, chose à laquelle je ne m’attendais vraiment pas. Et pourtant, cette soirée était imparfaite, sans que je ne réussisse à identifier clairement ce qui m’avait manqué ce soir… Le fait que je ne sois plus avec Caly devait certainement expliquer en partie ce sentiment d’insatisfaction… J’avais un peu desserré ma cravate et je profitais d’un moment de répit pour faire le point lorsque je sentis une présence dans mon dos. Je me retournai alors et levai les yeux au ciel en reconnaissant la silhouette désormais presque familière de Maxym. « J’ai un mauvais pressentiment… » soupirai-je en guise de bonjour. En effet, à chacune de nos rencontres, les choses avaient plutôt eu tendance à mal tourner. Enfermés dans un placard, ou encore coincé dans un ascenseur, elle et moi réunis ce n'était jamais de bon augure. Mauvais karma dirons-nous… D’où mon appréhension justifiée lorsque je me retrouvais de nouveau à moins d’un mètre de la jolie Eliot. « Je dois m’attendre à quoi ? Un tremblement de terre ? Le plafond qui s’effondre ? » demandai-je avec néanmoins une pointe d’amusement dans la voix.

Finalement, ça allait. Cody ne lui avait pas trop massacré les pieds, sa table était agréable, Maxym s'était même réconciliée avec son meilleur ami, et, plus étonnant encore, avec Leyna. Pour une soirée qui s'était annoncée comme désastreuse, elle s'en sortait plutôt bien. Son verre vidé au bar, la demoiselle était partie à la recherche de Marika, mais s'arrêta quand la silhouette de Priape se dessina non loin d'elle. Entre eux, rien n'était clair. En fait, elle n'était même pas capable de dire si elle l'appréciait ou non. Enfin.. sa compagnie avait toujours été divertissante, au moins. Il sent sa présence dans son dos, et se retourne. « Je suis moi aussi très heureuse de te voir Priape ! » Qu'elle réplique à son accueil soupirant, tranchant avec un large sourire orangé. « Je ne saurais dire si t'es mieux dans le noir, ou en costard.. » Ses billes foncées se baladent sur le tissu, appréciant malgré tout. Mais ça se saurait si leurs échanges étaient pacifiques. Toujours un peu d'ironie latente. Faut dire que les circonstances de leurs rencontres n'étaient jamais franchement propices à la banale conversation. « Peut-être les deux, si on a de la chance ! T'as déjà repéré les issues de secours ? » Se moque-t-elle de leur passé avec humour.  

Maxym me réserva une réponse pleine d’ironie, du moins ce fut ainsi que je choisis d'interpréter son –très heureuse de te voir- surtout vu la réplique qu’elle ajouta ensuite en me toisant alors que je lui lançais un regard exaspéré et la questionnais sur ce que je devais craindre pour ce soir. En tant qu’abonnée aux catastrophes en ma présence, l’Eliot eut la réflexion maline de me demander où étaient les issues de secours. Ramenant un instant ma coupe à mes lèvres pour en prendre une gorgée, je désignai ensuite la sortie du doigts avec un sourire amusé. « Là bas il y en a une… Mais perso je préfère opter pour une autre échappatoire… » fis-je en levant mon verre une nouvelle fois et en le finissant d’une traite ce coup ci. « Tu m’accompagnes pour faire le plein ? » demandai-je alors en faisant quelques pas en direction du bar. Je me tournai ensuite vers mon interlocutrice pour l’interroger avec un brin de curiosité : « Comment ça se fait que tu n’aies pas un pingouin d’accrocher à ton bras ? Il est resté coincé dans un placard ou bien il a juste fui devant tes cris d’hystériques ? » me moquai-je gentiment. En réalité, je trouvais cela plutôt étonnant de retrouver la ravissante brune seule durant ce bal. Je me serais plutôt attendu à voir un essaim de mecs lui tourner autour…

Elle suit du regard celui de Priape, afin de repérer la sortie de secours. Sait-on jamais. « Ca serait trop beau si on s'en sortait indemne pour une fois.. » Ils ironisent sur leur sort.. oui, mais Max se méfiait quand même. La loi des séries, vous savez. « Et puis, ça perdrait de son charme. » Rajoute-t-elle avec un sourire aux coins des lèvres, relevant ses yeux noisettes vers le garçon. Sa compagnie n'était pas si désagréable. Au moins, avec leurs mésaventures, elle avait pu voir le garçon dans des situations diverses, et son caractère n'en était que d'avantage ressortit. Peut-être qu'en dehors des ascenseurs et des placards, il était chiant comme la pluie. « Tu m’accompagnes pour faire le plein ? » La belle hausse les épaules en guise de réponse, n'étant jamais contre un second verre. Surtout au bal. C'était bien le premier moyen de survie à cette soirée. Elle le suit donc sur quelques pas, s'amusant de le voir s'interroger sur la non présence d'un homme à son bras. Évidemment, il ne manque pas l'occasion de lui balancer quelques sarcasmes. C'est de bonne guerre. « Justement, j'ai pris le seul capable d'encaisser mes ultrasons ! Mais je lui laisse quelques moments pour se reposer. » Qu'elle lance avec un rire, dans un mouvement d'auto dérision. Et continue dans cette lancée : « T'inquiète pas va, ils savent me trouver quand ils en ont besoin. » Oh non, pas d'amertume. Ou si peu, bien caché dans son sourire. Arrivés au bar, la demoiselle se hisse sur une chaise haute. « Allez, je t'offre un cocktail aux fruits ! Faudrait pas que tu noies ton chagrin de ne pas avoir de cavalière dans l'alcool. » C'est vrai quoi, elle ne l'avait pas vu accompagné jusque là. Elle se moque, de lui, d'elle, et se dit qu'ils méritent quelque chose d'un peu plus fort.

Pourquoi l’avais-je invitée à me suivre au bar, prolongeant ainsi ce moment entre nous ? Peut être, parce que j’avais envie de tester le destin, de voir jusqu’à quel point nous pouvions rester ensemble sans qu’une énième catastrophe se produise… Ou plus simplement, parce qu’au fond de moi, je l’appréciais un peu, derrière ses sarcasmes et ses piques toujours bien placées à mon égard… Un petit sourire amusé se dessina sur mon visage après sa réponse. « Ha bon, il est sourd c’est ça ? » poursuivis-je alors en parlant de son cavalier. « Du moment qu’il pique pas une crise en te découvrant en ma compagnie au bar, moi ça me va. » Je n’étais pas de la meilleure humeur qui soit, malgré la tournure pour l’instant sans trop d’embûche de la soirée. J’ignorais quel était le lien exact entre Max et son cavalier, mais je n’avais pas envie de faire les frais de l'éventuelle jalousie du jeune homme. S’installant sur l’une des chaises hautes devant le comptoir, elle m’informa alors de son intention de m’offrir un cocktail de fruits. Avec un sourire faux et un ton enjoué exagéré, je lui répondis tout en m’asseyant à mon tour : « Des vitamines youpi… Tu sais parler aux hommes toi, y’a pas à dire ! » Avant d'ajouter : « J’aurais préféré un whisky… » Aveu implicite de ma volonté d’effectivement noyer certains de mes soucis dans l’alcool, dont l’absence de Calypso à mes côtés. J’essayais pourtant de ne rien laisser paraître lorsque mon interlocutrice souligna l’absence évidente de cavalière à mon bras. « Honnêtement, j’ai presque pas eu une minute à moi depuis que je suis arrivé. » C’était vrai, j’avais croisé May, son copain Owen, j’avais discuté avec Elia et sa cousine Aby, aidé Valentin, papoté avec Charlie, rencontré Birdy, reçu un prix… « Ma cavalière a surement eu raison de m’abandonner, j’avais pas vraiment le temps de m’occuper d’elle de toute façon. » fis-je avec une notre d’humour. Priape Zacharias, homme très demandé et débordé. On pouvait presque y croire... « Et puis franchement, on devrait pas se rendre au bal avec une ex. C’est jamais une bonne idée. » confiai-je alors sur un ton bien plus sérieux cette fois.

Vaut mieux Priape que les couples amoureux, vaut mieux Priape que l'ennui. Et puis, c'est sympa de jouer avec les habitudes. D'humeur aventurière, Maxym suit le dunster jusqu'au bar, ses lèvres se soulignant en un sourire presqu'amusé à sa réponse sous forme de provocation. Plus une taquinerie. Elle choisit de ne pas y répondre, il y avait tout de même un fond de vérité. Un sourd, ça serait pas mal comme cavalier. Muet aussi. Une plante, en fait. « Oula, y a pas de risque ! » Qu'elle ironise, voyant très mal Cody s'inquiéter de la présence de Priape à ses côtés.. ce n'était pas dans le plan. Et ça serait carrément bizarre. « Heureusement pour toi. » Rajoute-t-elle avec malice en lui jetant un regard en biais, s'empêchant de tâter ses biceps. Bon, si on est tout à fait honnête, même Max placerait une pièce sur la victoire de sa compagnie actuelle. Une fois installés sur les chaises, cette dernière n'a pas l'air d'apprécier sa proposition de boisson. Eternel insatisfait ce Priape. « Oh ça va hein, j'm'adapte à mon public.. » Un dunster, ça boit de l'alcool ? Parce qu'elle compte pas le traîner jusqu'à sa confrérie s'il se surestime niveau résistance. Vous avez vu ses talons ? Allez, soyons téméraires. Se penchant sur le bar, la demoiselle commande alors deux whiskys secs, ils avaient l'air d'en avoir tous les deux besoin. Elle, passe encore, mais lui, quel problème pouvait-il avoir dans sa petite vie parfaite ? Ce semblant d'aveu attisait sa curiosité, et sans le vouloir, la malicieuse met le doigt sur la plaie. « Honnêtement, j’ai presque pas eu une minute à moi depuis que je suis arrivé. »  Ouais, on s'en fout, passe.  « Ma cavalière a sûrement eu raison de m’abandonner, j’avais pas vraiment le temps de m’occuper d’elle de toute façon. » Voilà qui est plus intéressant. « Et puis franchement, on devrait pas se rendre au bal avec une ex. C’est jamais une bonne idée. » Oh, elle n'attendait pas tant de confessions. « Tu vas au bal avec une ex, et t'as pas le temps de t'occuper d'elle ? » Maxym grimace, aspirant de l'air dans un petit sifflement exprimant combien la bourde était grande. « Tu voulais définitivement t'en débarrasser, c'est ça ? » C'est la bonne façon pour le faire, si c'est le cas. Après tout Maxym n'était pas au courant des mésaventures amoureuses de notre grand séducteur, cette fois, il n'y avait même pas la volonté de le provoquer. Pendant ce temps, le serveur déposait leurs boissons devant eux. Attrapant son verre, elle le lève vers le bellâtre. « Allez, à nos états d'âme et au fait que l'électricité marche toujours ! » Qu'elle fête avec un léger rire.

Spoiler:

Maxym me rassura : son cavalier n’était pas du genre à jouer les jaloux… « Ou bien heureusement pour lui… » répondis-je avec un sourire amusé en captant son regard. Je reconnus ensuite ne pas être vraiment séduit par un cocktail de fruits, confiant que j’avais une préférence pour le whisky, surtout ce soir… « Ca veut dire quoi ça ? Je m’adapte à mon public ? » repris-je en prenant un air faussement vexé. « Est-ce que ça veut dire que je dois te payer uniquement du champagne ? » Moi aussi je pouvais user de mes stéréotypes. Parce que c’est bien connu : les Eliots, ça ne carbure qu’aux bulles. Ca boit du champagne, ça se douche au champagne, ça doit même arroser ses plantes avec le précieux liquide ! Mais finalement, à bas les préjugés : la brune céda, commandant deux verres de whisky. Franche et directe, Maxym ne prit pas de pincettes pour souligner ensuite l’incohérence de la situation : emmener son ex pour la délaisser ensuite. J’hochai les épaules, feignant l’indifférence. Mais non, je n’avais pas voulu me débarrasser de Caly… « Pas besoin de faire quoi que ce soit pour m’en débarrasser, les gens ont la fâcheuse tendance à s’en aller de toute façon… » Je pensais bien sur à Denys, que la brune connaissait également. Savait-elle d’ailleurs que mon cadet avait quitté Harvard pour la deuxième fois ? Et puis impossible pour moi de ne pas penser également à Zoïa. Ma rivale avait carrément disparu du campus plusieurs mois auparavant. Peut être Max avait-elle raison, peut être que finalement c’était mon attitude qui les poussait tous à déserter… C’était elle qui faisait des études de psy après tout. Finalement, les conso arrivèrent au bon moment. Buvons plutôt que de se lamenter. Je levai mon verre vers celui de Max avant de l’amener jusqu’à mes lèvres pour savourer une gorgée du liquide ambré. Aucun regret pour les vitamines, ça, c’était tout ce qu’il me fallait.

Jouons sur les clichés. D'ailleurs, leurs confréries avaient frôlé la guerre non ? Qu'importe, Max ne respectait déjà pas celle bien engagée avec les mathers. Que des conneries. Priape parle champagne, elle se met à rire. « Et dans des coupes en cristal, s'il te plait ! » Le pire, c'est qu'il y avait beaucoup de ça dans sa charmante maison, le cliché n'étant pas né de si grosses exagérations. Oui, ils étaient superficiels. Pas tous, heureusement. Pas elle, par exemple. Son verre de whisky dans la main, la demoiselle trinque à leurs déboires. « Regardez-moi cette petite mine.. Tu vas m'faire pleurer si tu continues. » Qu'elle se moque gentillement, atténuant sa remarque d'un sourire taquin. Absorbant une gorgée, la remarque du garçon raisonne dans son esprit. Cette année, elle avait perdu pas mal de gens aussi. Leyna, quasiment, Zoia, Cordelia, Meadow.. C'est comme ça. On donne sa confiance et ils en abusent, sans le moindre remord. La piétine, pendant qu'on morfle comme des cons. « Il est parti, hein.. » Plus sérieusement, son regard se pose sur le dunster. Ils savaient tout deux de qui elle parlait. Denys, encore. Un spécialiste de la fuite. « Il s'est peut-être cassé avec ma coloc ! » Un rictus mi-amusé, mi-amer vint orner ses lèvres. Si seulement ça pouvait être drôle.

La demoiselle choisit de prendre mes réflexions sur les goûts de luxe de sa confrérie à la rigolade, m’arrachant un petit rire tout en réclamant carrément du  cristal. Mais ce fut au whisky que l’on se contenta de tinter.  La jeune femme se désola alors avec humour de ma mine défaite alors que je plongeai mes lèvres dans mon verre, essayant de me débarrasser un peu de ma rancoeur. Je n’avais pas fait beaucoup d’effort non plus pour cacher l’amertume que les récents départs autour de moi provoquaient en moi, mais la perspicacité de mon interlocutrice me frappa, puisqu’aussitôt elle fit le rapprochement avec Denys. Du moins, c’est ainsi que j’interprétai son -il est parti- le –il- ne pouvant faire référence pour moi qu’à mon cadet, notre connaissance commune, celui-qui involontairement avait été responsable de notre première rencontre, dans ce placard, l’été passé. J’hochai simplement la tête pour acquiescer, l’air sombre. Deuxième départ en peu de temps et celui-ci sonnait comme un adieu définitif. Le jeune Zacharias ne remettrait surement plus les pieds à Harvard à présent… Je n’étais pas le seul à avoir du mal à digérer certaines fuites, la seconde réflexion de la jeune femme me laissa entrevoir que certains départs lui restaient également en travers de la gorge. « Peut être… » acquiesçai-je à sa supposition farfelue. J’ignorais jusque là que la brune vivait en colocation alors j’étais bien incapable de dire si Denys avait de près ou de loin fréquenté la demoiselle dont elle parlait. « Tu connais Denys, il est pas difficile, il couche avec n’importe qui…. » ajoutai-je sur un ton taquin. Bien qu’on n’ait jamais ouvertement parlé du lien qui l’unissait avec mon frère, je me doutais bien que si Max l’avait évité avec autant d’énergie durant le summer camp, c’était surement pas à cause d’une partie de cartes qui aurait mal tourné. Pour moi elle faisait partie des nombreuses conquêtes du jeune homme, d'où ma petite pique.

Denys, ou la plaie de la famille. Maxym n'avait pas été chercher loin sa proposition de nom, puisqu'il est le seul qui lui vint. Après tout, elle ne connaissait pas bien la vie de Priape, et ne s'y intéressait pas spécialement non plus. Leurs entrevues étant rarement propice à une simple discussion sur la famille Zacharias. Seulement, elle avait dans ses contacts Denys, et suite à quelques mois où elle s’efforçait de l'éviter, et qu'elle eu vent qu'il s'était complètement barré de la faculté, la demoiselle avait décidé d'aller le voir. Puisqu'ils étaient amis, avant que monsieur se décide à la psychanalyser et attirer ainsi ses foudres. Soyons adultes. Mais.. à sa confrérie, on l'avait dit absent. Et les déductions sont vites faites. Sa compagnie n'infirme pas. Ainsi, il avait choisit de repartir. Sans forcément l'attrister, Maxym encaisse tout de même. Cette fois, la fuite semblait être la bonne. Quand à la possibilité qu'il soit avec Zoia, le sarcasme suinte de sa réplique, n'en croyant pas un mot. « C'est pas n'importe qui.. » D’abord, elle pense à son amie en y répondant, l'esprit obnubilé dans l'instant par ce prénom. C'est pas n'importe qui cette fille, et c'est pour ça qu'elle faisait partie de son paysage. Pour ça aussi que ça ne passe pas. Que ces quatre lettres restent bloquées dans sa gorge. Mais il peut pas comprendre Priape, y a personne qui peut comprendre sans l'avoir côtoyé. L'Eliot absorbe une gorgée, et pose son regard sur le garçon. Et.. son esprit revient à la raison, aidé par la mine qu'il tire. Hum, il se fout de sa gueule là, c'est ça ? « Et moi non plus ! » Qu'elle s'exclame à retardement, lèvres entrouvertes et lui balançant un coup de pied dans le tibia.