aaron j. & alexia - ne jamais se fier aux apparences

Il la fit rire avec sa liste. "A une condition, j'aimerais beaucoup voir ce que vous faites. Ca vous dirait ?" Elle était vraiment intéressée, ce n'était pas fondamentalement une excuse pour le revoir, quoique tant qu'à faire c'était une belle occasion à saisir aussi. Il était beau, il était galant, charmant, poli, respectueux, talentueux apparemment, et très intéressant. Et en plus il semblait connaître la France, une qualité supplémentaire. Ce que peu de gens savaient, c'est que la mère d'Alexia était française et que par conséquent, elle était parfaitement bilingue. Même s'il regrettait que la France pique des touristes à la Suède, il n'avait pas tort. "Ma mère est Française, et je parle parfaitement la langue, c'est un très beau pays même en dehors de Paris vous savez ! Mais à mon avis ce qui fait la différence, c'est les croissants, parce que les harengs au petit déjeuner ça peut faire peur !" Elle rit. Expérience personnelle parce que quand elle avait été au Danemark, l'odeur de hareng au petit matin lui avait littéralement soulevé le coeur. Ah, donc maintenant, il lui demandait son avis sur son attractivité, pas mal. Elle devint encore plus rose. "Chacun ses goûts mais je l'espère ! A mon avis les suédois sont particulièrement charmants en tout cas." C'était rare qu'elle ose comme ça, elle était assez timide avec les hommes, mais il la mettait vraiment à l'aise et pas besoin du double scotch pour ça.

 
Si là était sa seule condition, il n'y avait pas de problèmes! J'avais loué un petit studio spécialement pour mon activité. Normalement je logeais dans une chambre avec mon frère, mais j'avais aussi passé de nombreuses soirées en compagnie de mes "œuvres" dans ce petit appartement? j'l'aimais tout particulièrement parce qu'il était isolé au dernier étage d'un grande bâtisse et que la lumière y était extraordinaire. C'était une vieille véranda à la base, mais je l'avais réaménagée pour pouvoir y vivre de temps à autre. Presque personne n'était venu dans mon antre à part mon frère.
Si cela peut me permettre de vous revoir, ce sera avec grand plaisir.
Oui c'était certain, le hareng ce n'était pas le top. Quand j'étais petit, on s'est mainte fois chamaillé avec Niels près es étangs, et combien de fois on était tombés dedans ...Après on puait la mort et on se faisait réprimander... Je croit bien que je ne recommencerais pas...
Les croissants c'est sacré ... fis-je en faisant pour rire le signe de croix, avant de ramener mes mains en signe de prière. Puis je lâchais ma pose avant de rire à mon tour. J'n'étais absolument pas croyant, mais je voulais bien l'être pour des croissants !
Je rigole bien sûr ! Mais les viennoiseries au petit dèj c'est quand même le top ! Je vivrais en France rien que pour ça. Vous avez bien de la chance de connaître ce beau pays.
Les suédois seraient donc charmants ? Bon d'un côté j'avais toujours eu du succès, mais je ne voulais pas vanter mon physique devant tout le monde. Le beau est subjectif après tout, non ? Mais ça fait toujours plaisir quand on vous le dit.
Alors ils sont tout aussi charmants que les anglaises le sont.
J'me montrais toujours charmeur, on ne se change pas, et Alexia était de très bonne compagnie. J'avais un peu hâte de lui montrer ce que je savais faire pour avoir son point de vue.

Alexia était en train de se dire que le Aaron qui se tenait en face d'elle était peut-être l'homme le plus gentleman et le plus galant qu'elle ait jamais rencontré. Tellement respectueux. Ca devenait rare, encore plus à Harvard où tous les mecs avaient la grosse tête. Plus incroyable, elle avait hâte de le revoir alors que leur première rencontre n'était pas finie. Il la fit rire avec les croissants son petit signe de prière. En plus il était drôle. Pourquoi était-il encore célibataire ? A moins qu'il ne le soit pas et que ce soit un menteur de première. Beaucoup d'hommes étaient comme ça. Mais franchement, Alex ne pouvait pas croire cette thèse. Quel charmeur, le rose lui montait encore aux joues. "Vous êtes adorable" dit-elle avec un petit sourire mi-gêné mi-flatté. "Si vous aimez la photographie, je pourrais peut-être en profiter pour vous montrer un book la prochaine fois ? Je rêve de pouvoir exposer un jour." C'était une proposition, mais elle espérait qu'il dirait oui. Leur fibre artistique était déjà un premier point commun. Et pas des moindres. "Parlez moi un peu de la Suède, je suis curieuse d'en savoir plus sur votre pays." demanda-t-elle de son si reconnaissable accent anglais. Elle avait le goût du voyage, elle aimait croiser les différentes cultures et apprendre à les connaître. Et celle des pays nordiques était particulièrement intéressante d'après ce qu'on en disait.

  L'art sa rapproche les âmes ! Ouais ça faisait un peu pompeux comme ça, mais il n'y avait rien de plus vrai. Fallait croire que les artistes étaient sur la même longueur d'onde parce que je prenais plaisir à parler avec elle.
C'est avec plaisir que je regarderais vos photos, les passions c'est fait pour se partager !
C'était vrai, j'aimais qu'on regarde mes sculptures et qu'on les critique. ça me permettait d'évoluer dans mon style, dans ma façon de voir les choses. Et puis cette passion me faisait voyager : je cache pas que je dépensais pas mal pour aller admirer les plus belles œuvres des plus grands artistes ! J'pouvais pas m'en empêcher.
Alors la suède... Par quoi puis je commencer ...
J'faisais trainer la chose parce qu'en fait même si c'était mon pays natal, je ne m'y était jamais vraiment intéressé. Bon je connaissais les endroits les plus fameux, mais niveau touristique je m'intéressais plus particulièrement à la France, je l'avoue. J'faisais plutôt la fête avec mon frère, on foutait rien... Du coup je cherchais dans ma mémoire des choses intéressantes à dire.

Ca faisait super plaisir à Alexia que quelqu'un veuille bien regarder ses photos et donner un avis avisé, les critiques étaient toutes bonnes à prendre. Elle avait l'impression que Aaron et elle étaient sur la même longueur d'ondes. Il était surprenant ce beau suédois. En parlant de Suède justement ... "Ou si vous préférez on peut aussi parler de la France" dit-elle amusée en voyant qu'il se creusait les méninges pour trouver quoi dire. "Pas forcément de croissants d'ailleurs" ajouta-t-elle en riant. Elle croisa les jambes et se décida à boire un peu son verre pour lui faire plaisir. Il avait réussi à la mettre très à l'aise avec lui. "Et sinon, dites moi, je serais curieuse de savoir ce que vous pensez de Cambridge et Harvard, comment vous vous y sentez." Tout le monde ne se plaisait pas ici ou tout le monde ne vivait pas ses études de la même manière. D'ailleurs certains élèves, souvent chez les mathers, détestaient le fait que l'université si prestigieuse soit bourrée de gens bien pensants et éthiques, réservée à une élite, ce qui donnait parfois une ambiance particulière, pleine de rivalité. Mais si on savait trouver des amis et des gens de confiance, l'aventure était géniale. Ce dernier point de vue était celui d'Alexia, sans aucun doute.

Être un touriste dans son propre pays... C'était quand même une grosse blague ... Et je n'avais pas dû être assez discret, Alexia semblait avoir deviné que je ne savais pas trop quoi dire en me proposant de parler de la France si je le souhaitais. Je souris quand elle mentionna à nouveau les croissants. Elle bu une gorgée du double scotch que je lui avais offert mais si j'avais bien deviné quelque chose à mon tour, c'était qu'elle n'aimait pas tant que ça ... J'aurais dû choisir autre chose ...
Au moins on ne boit pas de double scotch avec les croissants. Je fis mine de vouloir récupérer le verre. Si vous n'aimez vraiment pas vous pouvez prendre autre chose vous savez ... ne vous sentez pas obligée. Je lui souris pour la rassurer et bien lui montrer que je ne lui en voulais absolument pas.
Puis elle me demanda si je me plaisais ici, à Harvard. J'étais comme un poisson dans l'eau oui ! Loin de mon père mais toujours avec mon frère, de belles filles à tous les coins de rue... Et ce fabuleux studio où je pouvais sculpter. Cette passion était un peu réfréner alors que j'habitais encore la Suède. Il fallait que je fasse bonne image en étudiant le droit. Eh bien, je mène une vie tout à fait confortable où je peux à la fois exercer ma passion, passer de bons moment et faire de belles rencontre comme présentement : je dirais donc que je me plait énormément ici ! Je m'adossais à mon fauteuil. Et qu'en est il de vous si je peux me permettre ?

Elle était définitivement grillée pour le double scotch. Ca la gênait un peu, Alexia était du genre à manger même ce qu'elle détestait tellement elle avait été formatée par son éducation bourgeoise anglaise. So british. Faut dire que vu ce qu'on mange en Angleterre c'est facile de s'entrainer. "Repérée !" dit-elle en rougissant légèrement mais un sourire amusé aux lèvres. "C'est gentil à vous mais je ne voudrais pas gâcher ça, ça m'embête." Elle était pleine aux as et pourtant le moindre gâchis pouvait lui tordre le ventre quand elle pensait à ceux qui n'avaient pas sa chance. Jeter de la nourriture quand les Africains et les Indiens étaient sous nourris, quand elle y pensait, elle était même prête à manger des épinards, c'est pour dire. En ce qui concerne le moment présent, elle eut droit à un nouveau compliment, qui la fit sourire. Comment réagir autrement face à un gentleman pareil ? Alexia avait un faible pour tout ce qui s'appelait Johanson, même si pour l'instant elle n'avait pas fait le lien. "Les Etats-Unis sont devenues ma deuxième patrie, j'adore vivre ici, le charme est complètement différent mais on se sent libre. Je ne pourrais retourner vivre complètement en Angleterre. Et c'est vrai qu'on rencontre des gens tellement différents sur le campus, c'est une expérience incroyable. Les futures célébrités de demain. Un futur grand sculpteur par exemple." C'était un petit clin d'oeil à son activité artistique évidemment. C'est vrai qu'elle se sentait ici comme un poisson de l'eau et ne regrettait pas une seconde son choix entre Yale, Stanford et Harvard.

J'avais visiblement visé juste. Elle avoua qu'elle n'aimait pas trop ça et que ça la gêné de gâcher ce verre. Je comprenais. J'avais moi même fait déjà plusieurs dons en direction des pays en développements pour aider les enfants qui mourraient de faim et de soif. Je pris le verre qu'elle tenait dans les mains en bu une gorgée.
Ce ne sera pas gâché ! Je m'occupe de le finir. fis je pour la rassurer une nouvelle fois. Je fis signe à une autre serveuse pour qu'Alexia puisse choisir quelque chose qui lui plairait ce coup ci.
J'appréciai son allusion sur le fait que l'Amérique était un pays libre où émergeaient de nombreux nouveaux talents.
Aha, c'est vrai que lorsque qu'on est éloigné de tout ce qui nous rattachait à notre vie d'avant, on se sent libre ! On a brisé les chaines ! Je suis donc bel et bien déjà inscrit sur votre liste, dis je avec un clin d’œil. Nan vraiment, quelle agréable soirée ! Je bus plusieurs gorgées. Il faudra vraiment qu'on se donne rendez vous pour reparler de tout ça ! J'ai hâte !

Aaron eut un super réflexe en prenant le verre, elle n'en attendait pas moins de lui. Puis il devait visiblement aimer ça le double scotch. Par contre elle s'empourpra un peu quand il fit venir un serveur pour lui offrir un second verre. Il ne lésinait pas sur les moyens. "Une limonade s'il vous plaît." Elle restait à du non alcoolisé pour être encore en forme quand elle reprendrait le service après. "Je dois retourner derrière le bar à la fin de ma pause alors j'essaie de m'obliger à rester le plus sobre possible." dit-elle au jeune homme en souriant. Et elle n'avait pas du tout envie de retourner bosser, ça non. "Moi aussi, j'aime pouvoir parler de tout et de rien avec quelqu'un." Elle attrapa une serviette du lord hobo, un stylo qu'elle avait dans sa poche, et griffonna dessus son numéro de portable et son nom complet, Alexia Dickins, avant de la faire glisser sur la table vers Aaron. "Tenez, appelez moi ou envoyez moi un message quand vous êtes libre." déclara-t-elle en espérant qu'il le ferait, ne serait ce que parce qu'elle mourrait d'envie de voir ses sculptures. La limonade arriva à ce moment là, apportée par sa collègue, qui lui dit au passage "C'est à mon tour de prendre ma pause la tienne est finie". Charmant n'est ce pas. "Je crois que le devoir m'appelle." Alexia grimaça, pas enthousiaste du tout.

Aaron comprenait tout a fait qu'elle préfère garder ses moyens face aux quelques ivrognes qu'elle devait retourner servir. Il avait apprécié leur discussion de ce soir, et attrapa le numero de la jeune femme avec un grand sourire. Alexia attrapa sa limonade et notre jeune suédois le paya à la collègue qui lui annonçait la reprise du service de façon très subtil et gracieuse. Aaron fit une petite moue deçue.
Oh, ce fut court mais très agréable ! Je vous contacterez !dit il en agitant le morceau de serviette où était écrit le numero.
Après les dernières salutations il la regarda remettre son tablier en s'éloignant. Il attendit quelques minutes histoire de finir son verre à lui tout en l'observant s’affairer derrière le bar. Il se leva, et une fois devant la porte il se retourna une dernière fois et lui adressa un signe de la main quand il eut capter son regard. Il était bien contant d'avoir rencontrer Alexia et avait hâte de pouvoir parler art avec elle, ou de tout est n'importe quoi !