aaron j. & alexia - ne jamais se fier aux apparences

Vendredi soir, déjà dix heures. Alexia s'affairait derrière le comptoir du lord hobo où elle venait travailler comme serveuse supplémentaire quand on avait besoin d'elle. Ce soir là, le bar était bondé, elle ne savait plus où donner de la tête, et elle sentait qu'elle était là au moins jusqu'à trois ou quatre heures du matin, vu l'état d'ivresse avancé de certains individus. Elle rêvait d'enlever le polo noir logoté pour mettre un débardeur. Il faisait une chaleur à mourir, heureusement qu'elle avait tiré ses cheveux blonds en queue de cheval. En plus le patron était énervé - pour une raison inconnue - et avait une fâcheuse tendance à stresser ses employés encore plus qu'ils ne l'étaient. Va plus vite, ne renverse pas ça, va là bas, va chercher ci, etc. d'un ton pas très sympathique. Alexia jonglait entre les cafés de certains et les whiskys de la plupart des autres. Les vodkas se faisaient plus rares. Peu importe, elle constatait qu'elle était la serveuse qui s'en sortait le mieux, ses collègues avaient l'air perdus et débordés, oubliant des tables qu'elle se chargeait de récupérer en se faufilant avec souplesse dans la salle. Heureusement, elle était là depuis déjà quatre heures, et l'heure de sa pause d'un quart d'heures arrivait à grands pas. La première chose qu'elle allait faire ? Se servir un grand verre d'eau fraîche. En attendant, un type lui demanda une bière pression qu'elle s'empressa de lui apporter en la mettant sur sa note. Déjà longue comme le bras.

 
J'avais envie de bouger. Il était 10h du soir mais c'était hors de question que je glande dans l'appart avec mon frère. J'avais pas l'habitude de rester là les bras croiser à attendre que le ciel nous fasse un signe. Alors j'ai attrapé ma veste en cuir et je suis sorti. Je me suis dirigé vers le bar le plus proche : le lord hobo. J'suis rentré et je me suis dirigé vers la dernière table de libre. C'était bondé et c'était toujours dans ces moments là que je pouvais observer les gens autour de moi sans trop me faire remarquer et paraître louche. J'avais repéré un type anxieux qui arrêtait pas de mettre sa main dans sa poche ne regardant sa copine. nan je ne pensais pas que c'était une bague mais plutôt quelque chose de compromettant. J'étais un vrai fouteur de trouble et je n'allais pas me priver de cette occasion. Je m'approchait de leur table et fis semblant de trébucher en profitant pour mettre la main dans la poche du gars. C'était une lettre.
Oh pardon, excusez moi, je suis désolé ! Ah vous avez tomber ça monsieur ! Bonne soirée !
Moi un salaud ? Ouais parfois. ça m'amuse en fait. Je me distrayait comme je pouvais ! ça pouvait être une lettre de sa maitresse ou n'importe quoi, ce que je sais c'est sa dame avait pas l'air contente.
Je m'assis enfin à la table que j'avais repéré et commandai un double scotch. pas de panique, je tenais super bien l'alcool ! Les serveuses et serveurs s'affairaient comme des petites fourmis. Mais y avais une petite couette blonde qui attirait mon regard. Enfin qqch qui m’intéressait vraiment. La jeune femme était super active mais elle ne s'occupait pas de ma table. Dommage. L'autre arriva avec mon verre.
Oh merci, mais en fait je vais l'offrir à la serveuse blonde là bas, elle semble en avoir besoin.
Je souris à la demoiselle qui partie toute rouge vers sa collègue. Ah quel pouvoir séducteur j'avais !
De la part de Aaron bien sûr !

"Un autre mam'zelle" lui cria un client déjà ivre mort du bout du bar. Alexia leva les yeux au ciel et soupira. Et le s'il vous plait ça l'aurait tué ? Mam'zelle, comme si elle avait quinze ans. Ah ces ivrognes. A ce moment précis, alors qu'elle s'apprêtait à servir le nouveau verre, sa collègue Ashley vint vers elle un verre rempli à la main. Plus étonnant encore, elle lui tendit, en lui disant que c'était un client qui venait de lui offrir. De la part de Aaron. Cette petite phrase illumina sa soirée. Son meilleur ami était là, dans la salle, il était passé la voir, ça lui ressemblait tout à fait. La seule chose étrange, c'était qu'elle préférait la vodka ou les coktails et Aaron le savait parfaitement. En fait, il connaissait par coeur tous ses goûts. Alors que là, il s'agissait d'un double scotch, elle pouvait le dire rien qu'à la vie - forcément, puisqu'elle était barman. Peu importe, il avait peut-être voulu innover, elle ne s'en formalisa pas. Un immense aux lèvres elle prit le verre et demanda à quelle table il se trouvait. Table 10. "Formidable, et bien je prends ma pause, débrouille toi avec le type là-bas. A dans 15 minutes !" lui lança-t-elle ravie d'avoir une bonne excuse pour s'éclipser. Elle jeta un oeil dans le miroir le plus proche, remit une mèche de cheveux sortie de sa queue de cheval derrière son oreille et fila verre en main vers la table dix en se frayant péniblement un chemin. Enfin, Alexia parvint à s'asseoir sur une des chaises. "Ouf, j'ai cru que je n'arriverais jamais à arriver jusque là, merci pour le verre, c'est tellement gentil à toi ... " le Aaron resta coincé dans sa gorge lorsqu'elle leva la tête vers son locuteur. Ce n'était pas Aaron, ou en tout cas, pas le bon Aaron.

 
Je la regardai partir. J'avais peut être pas bien choisi ma boisson, un double scotch ça ne se proposait pas à une demoiselle ! Mais moi j'adorais ça et c'était ce que j’avais commander sans réfléchir. En plus je n'avais pas vraiment prévu de trouver une si jolie jeune femme dans ce bar. J'étais venu pour glander et observer. Et au final j'étais tombé sur un petit trésor ...
Bref, la serveuse apporta mon verre à la blondinette qui semblait ravie. Normalement, dans ce genre de situations il y avait plutôt un hésitation marquée, un regard qui cherche la provenance du verre, mais là, rien de tout ça. Elle a simplement donner la relève à son amie -je m'en suis douté puisque qu'elle est partie très rapidement en laissant en plan un client qui lui parlait.
J'avoue que j'ai pris un peu la grosse tête, je savais que j'avais une sacré réputation mais de là à ce qu'on accourt pour me voir ?! Mais, une fois assise, après j'ai vu son visage quand elle a relevé la tête vers moi. Elle avait commencé à me parler joyeusement et elle a laissé sa phrase en suspens. Je n'était pas la personne qu'elle pensait ? C'était pas mal comme situation, et rare ! Il y avait un autre Aaron dans les parages ! C'était bon à savoir !
Je lui souris pour lui montrer que j'étais pas méchant.
Bonsoir, lui dis je en espérant qu'elle ne parte pas en courant après ça.

A son plus grand étonnement, ce n'était pas le Aaron auquel elle pensait. En fait, elle était plutôt sure qu'elle n'avait jamais rencontré cet homme. Il était séduisant, en tout cas, il fallait bien le reconnaître. Mon Dieu elle devait lui paraître débile de lui avoir parlé comme ça, comme si elle le connaissait. "Oh, bonsoir. Désolée je m'attendais à quelqu'un d'autre, enfin à un autre Aaron." tenta-t-elle de s'expliquer plus ou moins adroitement. Ca voulait dire qu'il lui avait offert un verre en se basant sur le physique. Alex était franchement très flattée, elle n'avait pas l'habitude qu'on s'intéresse à elle. "Double scotch hein ? Ca c'est un verre avec du caractère pour une première rencontre ! Je vous remercie." Elle se demanda si elle aurait quand même accepté le verre en sachant que ce n'était pas son meilleur ami. Pas sur, mais elle l'aurait remercié par politesse. Maintenant qu'elle était là, de toute façon, plus possible de faire marche arrière. "Je m'appelle Alexia, enchantée ... Aaron donc." Elle faillit lui tendre la main par réflexe, mais ça aurait été un peu trop formel, probablement. Si ce Aaron se montrait aussi charmant que l'autre, ça promettait. "Vous offrez souvent des verres comme ça à des inconnues ?" demanda-t-elle pour lancer la conversation. En général les types qui faisaient ça étaient soit des dragueurs, soit des gentlemen. Pile ou face.    

 
Je sentais bien qu'elle était un peu décontenancée mais ça ne faisait que me conforter dans ma position de séducteur. Au final ce n'était peut être pas si mal qu'elle ait cru trouver une autre personne. Au moins elle était avec moi à ma table et j'avais une chance de pourvoir lui parler. Et puis je sentais bien que recevoir un verre d'un parfait inconnu la flattait quand même. Nos dames sont toujours heureuse pour une petite attention. Il fallait savoir prendre soin d'elles. Et je jouais la dessus.
Elle me parla du double scotch.
Ouais je sais ce n'est pas la boisson qu'on favorise quand on doit l'offrir à une jolie fille comme toi, mais j'ai été un peu pris au dépourvu d'en trouver une dans ce bar... Du coup j'ai donné ce que j'avais sous la main... ça ne pose pas de problème ? je le reprend sinon, et je vous commande autre chose ?
J'me suis demandé si elle n'allait pas poser le verre, faire ses excuses et repartir. Après tout c'est ce que ferais la plupart des gens normaux. J'espérais être tombé sur la bonne personne.
Eh bien, ça m'arrive parfois, oui, d'offrir un verre aux jeune demoiselles en détresse, perdues au milieu de leurs clients complètement saouls ! Et vous m'aviez l'air d'être dans ce cas là. J'espère ne pas m'être trompé.
Je haussai un sourcil en la regardant. Oui je la vouvoyais, mais un gentleman tel que moi ne se permettrait pas de tutoyer une demoiselle dès la première rencontre !

C'est vrai qu'une autre fille aurait surement pris ses jambes à son coup avec une excuse bidon. Pas Alexia, elle était trop curieuse de nature. Elle ne pouvait jamais s'empêcher d'aller jusqu'au bout des choses, sinon elle nourrissait des regrets. Puis franchement il était physiquement très séduisant, certes elle pouvait se sentir intimidée - et c'était le cas - mais ce serait dommage. Ses joues rosissaient à vue d'oeil à chaque compliment qu'il glissait dans la phrase ni vu ni connu. Elle n'tait pas franchement habituée, honnêtement, beaucoup à Harvard voyaient sa réputation de geek avant de la voir elle comme elle était. "Oh non ne vous inquiétez pas ça ira très bien, merci c'est gentil de proposer." En fait elle n'était pas très fan, mais elle le boirait gorgée après gorgée. Ca passerait mieux. Il la fit rire, l'image de jeune fille en détresse lui rappela les gros lourdaux qui lui tenaient la jambe avec une haleine d'alcool fétide et écœurante et dont elle ne parvenait jamais à se débarrasser avant la fermeture. Il avait tapé dans le mille, vu que ce soir là c'était bien parti pour prendre cette tournure. Alexia s'était toujours fait la réflexion qu'il y avait des ivrognes plus classes et plus dignes que d'autres. Et il y avait des gentlemen, comme le Aaron qui se trouvait assis en face d'elle - à première vue, elle penchait désormais pour cette possibilité. "Vous avez raison, c'est une soirée qui commençait à devenir difficile. Et je vous remercie de m'avoir donné une excuse pour prendre ma pause." Elle se sentait un peu intimidée et but une gorgée du double scotch. "Alors ... Aaron, vous faites quoi dans la vie, à part sauver les filles des ivrognes ?" fut tout ce qu'elle trouva à dire. Et dire qu'il n'était autre que le frère de Niels, avec qui elle avait passé une nuit suite à une escalade d'évènements involontaires, et qu'elle n'en avait absolument aucune idée.

 
Elle rougissait. Doucement mais surement, au fur et à mesure que je glissais des compliments mine de rien dans mes phrases. J'aimais voir les femmes rougir. En général c'était celles qui n'avaient pas l'habitude qu'on leur prête de l'attention, et qui n'étaient pas sûres de leur potentiel de séduction. Et pourtant, cette chère Alexia avait un charme fou. J'ne connaissais rien d'elle, je n'avais pas ce qu'elle faisait dans la vie, mais j'ai pris l'habitude de ne pas juger sur les apparences, je ne savais jamais à quoi m'attendre avec une femme et je faisais toujours au feeling. Su je voyais que ça bloquais je partais gentillement.
mais pour l'instant elle avait plutôt l'air de m’apprécier et elle semblait fort sympathique.
J'vous en pris, je pouvais bien faire ça pour vous, l'autre type m'avait pas l'air très clair...
Je souris à sa question en passant ma main sur mon crâne.      
En deux mot je dirais : je profite. Oui je profite de la vie ! Bon plus sérieusement, j'étudie le Droit et la sculpture... Je viens d'arriver de Suède. Mais je me sens déjà comme chez moi !
je rajoutais en le penchant en avant :
Et puis les filles d'ici sont tellement plus intéressantes.
                                                                                 

Pour être pas très clair, il était même carrément en eaux troubles l'autre type oui à force de boire comme un trou. "C'est vrai vous êtes un peu mon sauveur en fait" avoua-t-elle en riant. Etre une fille blonde et un peu fluette pour servir dans un bar comme le lord hobo, ce n'était pas toujours très simple. Mais le patron vous embauchait quand même parce que vous attiriez les clients avec le polo moulant décolleté qui servait d'uniforme. Elle avait même dû négocier pour pouvoir garder ses lunettes sur le nez, parce que ça n'était pas assez glamour selon monsieur le propriétaire. Heureusement son patronyme avait achevé de le convaincre sans qu'elle ait à passer sous le bureau, parce qu'elle soupçonnait certaines de ses collègues d'être passé à l'acte. Brr, ça donnait froid dans le dos. "La sculpture ? C'est super original, comment ça vous est venu ? Autant vous le dire tout de suite, à part Rodin et Camille Claudel, éventuellement Giacometti, je ne m'y connais pas trop mais je serais curieuse d'en apprendre plus." Alexia avait une petite tendance artiste par la photographie, et elle était assez branchée musique et danse, vu qu'elle était déjà sorti avec un danseur. Et elle s'y connaissait bien en peinture également, elle avait suivi une option là dessus quand elle était au lycée en plus d'adorer visiter les musées. C'était une fille extrêmement curieuse intellectuellement et très touche à tout. La Suède ne la fit pas tilter immédiatement, si elle avait déjà rencontré Niels, à ce moment précis elle ne savait pas encore qu'il était Suédois. "J'ai toujours voulu aller en Suède, l'Angleterre n'est pas très loin, mais je n'en ai jamais eu l'occasion malheureusement." Oui car comme son accent britannique avait dû le faire deviner à Aaron, Alexia était anglaise. Sa petite phrase sur les filles intéressantes fit sourire et au passage rosir la jeune serveuse. "C'est gentil, j'espère que par filles d'ici vous incluez les britanniques de passage" lui dit-elle amusée pour le taquiner. "

 
C'était vrai que faire de la sculpture n'était pas une activité très commune. En fait je touchais un peu à tout dans les arts, et j'étais particulièrement pointilleux sur la peinture et les sculpture. J'avais envisagé de devenir restaurateur d’œuvres pour les musées. C'tait vraiment quelque chose qui me tentait bien, mais j'avais pris droit en matière dominante pour faire plaisir à mes parents. Vous comprenez, j'n'avais pas trop le droit de dévier du chemin tracer par mon père ! J'lui souris quand elle évoqua quelques uns des plus grands artistes avec son petit accent, et lui dit en riant :
Eh bien maintenant vous pouvez me rajouter à la liste !
Elle avait l'ait d'être une fille très intelligente, curieuse ... Et franchement c'était des traits de caractères qui me plaisaient plutôt. je préférais largement converser avec des demoiselles comme elles, que bimbos à grosse poitrines avec un petit pois dans le crâne. J'avoue que parfois j'en accostais quelques unes, mais c'était seulement pour passer une nuit et garder une activité physique. Après c'était bye bye. J'avais beaucoup plus de respect pour les filles comme Alexia.
Je ne dirais pas que la suède est le plus beau pays, mais il vaut le coup d’œil ! Même si la France nous rafle tous les touristes ...
Je disais ça, mais moi même je préférais la France. pour tous les stéréotypes : la culture, la gastronomie, l'atmosphère, l'amour... Ah Paris !
Puis je la vis rosir à sa dernière question. La demoiselle était elle un peu dans l’embarra ?
Eh, bien, qu'en pensez vous ?
j'en rajoutai peut être une couche, mais ça c'était tout moi.