lavender & casey + j'suis comme saint pierre, je crois ce que je vois.

Une larme coule sur sa joue, traçant un fin sillage dans son maquillage. Je ne voulais pas la faire pleurer, mais ce que j'avance comporte une part de vrai. Je ne me mets pas dans cet état pour rien, je suis un minimum sensé. Les photos que j'ai trouvé chez elle prouvent le contraire de ce qu'elle affirme. Ça, ça par contre je ne préfère pas lui en parler tout de suite, au risque d'envenimer les choses, et pour tout dire, elle le sont déja bien assez pour le moment. Pourquoi nie-t-elle ainsi ? C'est vrai, Leight est le gendre idéal, et bien que je ne le connaisse pas personnellement, il a l'air de tout réussir brillament. À quoi bon faire semblant ? Retirant ma veste à cause des bouffées de chaleur dont je suis épris, je la pose à mon bras, respirant fort pour essayer de me calmer. Je sens mon sang afflué rapidement dans mon corps, j'entend presque les battements de mon pouls marteler dans mes tempes tel un marteau de forgeron. Quand Lavender fait allusion à la jalousie qu'elle pourrait éprouver en sachant que j'appelle des amies tards dans la nuits, je ris intérieurement. Charlie est ma cousine... Nous avons grandi ensembles. La voyant complétement déstabilisée, je reste en arrière par rapport à elle. Lavender se justifie comme elle le peut, batibulant des explications alors qu'au fond, elle n'a pas réellement besoin de se justifier, elle fait ce qu'elle veux, je ne suis pas non plus apte à juger ses choix, même si je peux donner mon avis. Je vois qu'elle souffre de mes mots, mais voit-elle que je souffre de ses actes ? Je te pensais différente, bien meilleure que ce à quoi je fais face maintenant. Je pensais que... Je pensais qu'elle m'aimait vraiment. Mais il faut croire que tout ça est réservé à Disney production. J'ai toujours cru que rien de tout ça ne pourrait nous arriver réellement. Que malgré les aléas de la vie, nous étions au-dessus de tout cela. Il faut croire que non. Que nous ne sommes que des gens banales dans ce grand monde. Lavender, tu n'as rien à "prouver"... Mais peut-être au fond c'est mieux comme ça. Avec lui ou avec un autre d'ailleurs, si ça te chante, tu n'aurais plus à ressentir ces sentiments là. Je fait un pas vers elle. En fait, tu sais parfaitement qu'au fond : j'ai raison ; même inconsciament tu le sais. Alors arrête, Lavender... Ramassant ma cravate par terre, je la glisse dans ma poche de pantalon et remets ma veste sur mes épaules. Surprenant des regards curieux, je lance un : Qu'est-ce que vous regardez ? Vous n'avez pas mieux à faire ? qui en éloigne certains. Je ne veux pas tirer un trait sur "nous", mais je ne veux pas me faire de faux espoirs Lavender. J'ai assez souffert jusqu'ici, j'en ai pris pour toute une vie même, alors lorsque tu t'amuses comme ça...

Des images défilèrent, des souvenirs qui remontaient à la surface : le sourire de Casey lorsqu'elle était venue le chercher à l'hôpital ou lors de leur premier véritable rendez- vous, ses mains dans les siennes au restaurant pour la St-valentin, son visage défait pendant l'attentat. Qu'ils soient bons ou mauvais, ils avaient tellement de souvenirs forts en commun, il ne pouvait pas tout effacer en quelques secondes, sur une simple présomption de tromperie, qui en plus était loin d'être fondée. L'étudiante qui se faisait une joie de retrouver Casey ce soir avait finalement envie d'être téléportée à des milliers de kilomètres d'Harvard, de lui. Elle voyait ses projets partirent en fumée, les uns après les autres. Le bonheur était-il donc un sentiment qu'elle ne ressentirait plus jamais ? Elle s'en fiche pas mal de se savoir démaquillée ou d'avoir les yeux rouges, cette discussion avec Casey allait peut-être être la dernière. A cette idée, Lavender frissonna comme si un vent frais venait de s'engouffrer dans la salle.
- Faire semblant ? Si tout ce que ça t'inspire quand tu me regardes...Elle n'allait pas passer la soirée à se faire insulter, il avait déjà franchi la ligne jaune.
- Tu as peut-être raison finalement, on ne se connait plus. On a changé, toi comme moi. Peut-être, commença t-elle en cherchant ses mots, que oui, je suis différente, j'ai mûri Casey. J'ai dû accepter que ma vie serait loin d'être ordinaire, qu'il faudrait encore que je me batte pour les gens que j'aime à l'avenir. Je me battue pour toi, pour nous, mais je n'ai plus la force de continuer. Si tu m'aimais vraiment, tu ne douterais pas, tu SAURAIS que tu as tort. Lavender baissa à peine les yeux lorsqu'il se pencha pour récupérer sa cravate qui gisait sur le sol, inconsciemment, elle savait qu'elle venait de prendre sa décision.
- Avant que la soirée ne se termine, je voudrais te dire quelque chose, dit-elle en étranglant un sanglot, non, je n'ai pas oublié ce qu'il s'est passé pendant le Spring Break. Non, je ne le regrette pas et oui, s'il fallait le refaire, je n'hésiterais pas une seule seconde.
- Si tu ne veux pas tirer un trait sur nous, c'est moi qui vais le faire. Je viens de passer plusieurs minutes à me faire traiter de menteuse et d'infidèle. C'est plus que ce que je peux supporter. Elle se redressa et lui fit face, les yeux plein de larmes.
- C'est la dernière fois que tu me vois Casey, puisque ça t'est aussi insupportable de me regarder en face. La dernière soirée que nous passons ensemble.
Lavender baissa la tête pour laisser des larmes envahir son visage et d'un geste de la main, fit signe à Casey de ne pas l'approcher.
- Mais demain, dit-elle dans un soupir, c'est fini...

Si tu m'aimais vraiment, tu ne douterais pas, tu SAURAIS que tu as tort. Je la fixe, les yeux dans les yeux, lui recrachant ses propres mots au visage : c'est réciproque lavender, si tu ne m'avais pas donné de quoi douter de la sorte, je ne me serais même pas posé la question. Tu dis t'être battue ? T'as pas longtemps résisté pour tomber dans les bras d'un autre alors. Je n'en reviens pas, je ne comprends pas comment on a pu en arriver là. C'est tellement plus facile comme ça pour toi ?! Mes mains tremblent. Mes yeux aussi sont rougis par l'émotion et je sens de légers frissons parcourir mon corps. Les souvenirs des moments passés ensembles me reviennent comme une claque. Le road trip, lorsque je l'ai vue pour la toute première fois. Notre premier baiser, sous la pluie. L'Attentat. Quand elle s'est mise à nouveau à bouger les jambes en Thaïlande. Les soirées films passées sur le canapé de ma chambre. Je les chasse presque instantanément d'un mouvement de tête. Se redressant, elle me tient tête. Son visage prés du mien, ses yeux embrumés de larmes, je la regarde avec durée, désolé de m'être fait duper de cette façon. Je serre les dents. Elle me fait signe de ne pas approcher plus et me dis que c'est fini. Elle ne me regarde même pas. Je respire avec difficulté, comme un enfant n'arrivant pas à retrouver son souffle aprés un caprice. Son visage prés du mien, ses yeux embrumés de larmes, je la regarde avec durée, désolé de m'être fait duper de cette façon. Bien. Pas la peine d'attendre demain... Tournant à mon tour la tête, je fixe mon reflet dans le sol ciré de la salle. Je n'ai l'air de rien. J'ai plus vraiment faim, alors j'vais te laisser finir la soirée comme bon te semble. Passant ma main sur ma nuque, je regarde son poignet où mon bracelet n'y est pas. Bien-entendu, elle l'a enlevé pour la soirée. Et puis peu importe, elle peut le jetter si bon lui semble. Je te ferrais parvenir un carton avec tes affaires. J'ai toujours pensé qu'on en finirait lors de mon départ. Que c'aurait été ce jour-là, la vraie fin de notre histoire. Que c'aurait été ce jour-là, la vraie fin de notre histoire. À croire que non. Au moins tant mieux pour elle, elle gardera cette image de moi comme celle du garçon qui l'a fait pleurer lors d'un de ses bals de fin d'année, elle n'éprouvera pas de grandes peines lors de mon départ. Au final, elle est gagnante à tous les coups. Le seul perdant ici, c'est bien moi. Me tournant, dos à elle, j'ajoute : voilà. Terminé. Faisant quelques pas vers la sortie, je lui adresse quelques derniers mots : j'vous souhaite une belle histoire ensemble. Et sur ce j'hésite à sortir, à aller prendre l'air à l'extérieur.

Elle était comme brisée de l'intérieur. Une rupture, c'était ce qu'elle était en train de vivre, devant des dizaines des témoins, le soir du bal de fin d'année. On pouvait dire qu'il avait bien choisi son jour pour salir un an et demi de relation. Envolés les souvenirs, envolée la complicité, envolés les mots d'amour. Lavender ouvrit sa main comme par réflexe, jusqu'à présent, elle avait été persuadée d'être faite pour être avec Casey. Ils se ressemblaient bien trop, pouvait-il vraiment tout détruire en l'espace d'une seule soirée ? Elle se demandait, dans un dernier espoir, si les mots de Casey ne dépassaient sa pensée, si finalement, toute cette scène n'était pas qu'une simple remise en question de leur couple... Il ne chercha même pas à la retenir lorsqu'elle fit le bilan à haute voix "C'est fini". Elle se sentait vidée et épuisée, comme après un marathon.
- Combien de fois devrais-je te le dire ? Et c'est toi qui me disais que je n'avais pas besoin de me justifier ; pourtant, on dirait bien que c'est ce que tu me demandes depuis tout à l'heure. Elle n'avait de compte à rendre à personne puisque Casey l'avait accusée à tort. Tu veux l'entendre, là devant tout le monde ? Je ne t'ai JAMAIS trompé. Je n'y ai même jamais pensé et pour ce que ça vaut, les autres hommes ne m'attirent pas. Comment pouvait-il penser qu'elle avait fait semblant ? Pensait-il réellement qu'elle était ce genre de femme, manipulatrice et sans coeur ?
- C'est tout sauf facile...murmura t-elle en tentant de retrouver un minimum de dignité. Je t'ai laissé entrer dans ma vie Casey..dit-elle avec un rancœur à peine déguisée. Je t'ai fais confiance et, rappelle-toi le temps ou TU me faisais aussi confiance. Il n'y a jamais eu que toi. Il la regarde avec un air sévère et elle sent ses dernières défenses fondre comme neige au soleil. Sa lèvre inférieure tressaute sous l'effet de la colère et de l'émotion. Lorsqu'il lui tourne le dos, de nouvelles larmes, plus nombreuses, entament une course sans fin sur son visage. Elle savait que ce n'était que le début d'un long cycle et ne réagit même pas lorsqu'il lui annonça qu'il allait mettre ses affaires de côté.
- Casey Clotworthy, arrête avec tes insinuations. Je te le répète une dernière fois, je ne veux pas que la dernière image que tu aies de moi soit celle d'une menteuse. Je ne t'ai pas trompé, ni avec Leight, ni avec personne. Et...tenta t-elle dans un dernier effort, si tu me connaissais vraiment, tu saurais qu'il n'est pas mon type d'homme. Le seul qui me correspondait, c'était toi.
Sa voix se brisa lorsqu'elle lui lança :
- Tu as tout gâché...Sois sûr d'une chose, si je ne repars pas avec toi ce soir, je repartirai seule. Il n'y a pas d'amant, pas de mensonge, juste ta jalousie mal placée. Satisfait ? dit-elle les joues en feu.