Il était tôt ce matin. Huit heures et demie, peut-être neuf. Peu importe. Je venais de finir de tout installer dans ce petit studio que ma femme avait réussi à m’avoir grâce à ses contacts dans la musique et je n’attendais plus que mes bizuts. Ces derniers avaient été prévenus par sms qu’un nouveau défi les attendait et qu’ils devaient se rendre aujourd’hui et à cette adresse. La salle était composée d’une large scène avec un piano et d’autres instruments comme un violon, une guitare etc. A l’opposé de cette scène, il y avait une table avec du papier et des stylos mais également un appareil photos dernier cri ainsi qu’une imprimante et un ordinateur. En somme, l’attirail indispensable si vous vouliez prendre des photos mais aussi faire des retouches images.
J’attendais donc Charly, James et William de pieds fermes, les bras croisés sur mon large torse. Aujourd’hui, ils allaient devoir apprendre à mettre en commun leurs aptitudes artistiques et je comptais sur eux pour faire honneur à notre confrérie sans quoi, ils seraient bons pour repasser un nouveau bizutage car je n’étais pas connu pour mon laxisme envers les nouveaux. Après tout, je le devais à mon propre bizuteur qui n’était autre que notre président et meilleur ami : Aidan Norrington. Les trois hommes arrivèrent enfin et je les regardais un par un. « Bonjour à vous trois. Aujourd’hui, je vous ai fait venir pour une bonne raison. Il y a quelques semaines, notre président nous a mis au défi d’écrire les paroles pour l’hymne d’Harvard et cela va devenir votre défi. Vous avez chacun des compétences que ce soit en musique, en photographie ou autres. Eh bien je vais vous demander de les mettre en commun pour non seulement trouver les paroles mais également composer la musique ainsi que réaliser une pochette. Vous avez tout le matériel pour réaliser ce défi et s’il manque quelque chose, je vous le ferais parvenir. La journée est à vous messieurs ! Impressionnez-moi ! »
Charly n’était pas vraiment du matin, malgré le fait qu’il approchait des vingt six printemps, il avait toujours un mal fou à sortir de son lit. Mais aujourd’hui, il se devait d’être en pleine forme. Il s’était réveillé encore plus tôt que d’habitude et s’était précipité à la douche. L’eau froide avait eu l’effet immédiat de le sortir de ses songes. Quoi que vu le cri qu’il avait poussé, ce n’était peut-être pas prévu au programme mais tant pis. Au moins, cela avait eu le mérite de lui faire un tel choc qu’il ne pensait plus rejoindre son lit encore chaud. Après avoir reçu le message de Caleb, il avait réfléchi à ce qu’il pourrait lui proposer comme défi, cependant il ignorait encore qu’il n’était pas le seul dans l’affaire. Charly termina de se préparer puis se dirigea vers l’adresse indiquée dans le message. Heureusement pour lui, il trouva le petit studio du premier coup. Son sens de l’orientation avait décidé de marcher aujourd’hui et c’était une très bonne nouvelle. Charly aurait vraiment été mal à l’aise d’arriver en retard.
Le jeune homme remarqua la présence de deux autres violets et il secoua la tête afin de les saluer ainsi que son bizuteur. En écoutant ses paroles, il regarda autour de lui, son regard circulant dans la pièce. Lorsqu’il commença à parler de l’hymne, il se rappela des tentatives de rimes qu’il avait faites. Il avait bien ri tout seul dans sa chambre mais ce n’était pas de sa faute s’il ne trouvait que le mot caviar pour Havard et ciel pour Lowell. Il était vraiment nul en poésie et toute sorte d’écriture. Il hocha la tête lorsque Caleb termina de parler, il avait compris le principe. Et son regard avait tout particulièrement été intéressé lorsqu’il avait aperçu un appareil photo. C’était plus fort que lui, à chaque fois qu’il en voyait un, il se comportait presque comme un gamin qui attendait la veille de noël ses cadeaux. Heureusement, il savait résister de se diriger vers l’objet en question et de rester bien à sa place. Il secoua de nouveau la tête puis se diriger vers la table en question. Il était plus que motivé à réussir ce défi et faire une très belle pochette.
Voilà tout juste dix minutes que William était réveillé, mais déjà il s’activait, faisant plusieurs choses à la fois. Jamais de mémoire d’homme on ne l’avait vu aussi matinal et surtout, se bouger les fesses pour faire quelque chose, que ce soit du thé ou bien des courses. Mais aujourd’hui était un jour spécial, il n’allait pas faire de courses ou quoi que ce soit d’aussi ennuyeux. Non, aujourd’hui, il allait dans un studio, sans savoir ce qui l’attendait. Tout ce qu’il savait, c’était l’adresse dudit studio & que Caleb, son bizuteur, l’attendait là-bas. Bien sûr, il y aurait certainement d’autres bizuts que William. Il essuya à la va-vite ses cheveux, dont l’eau froide qui les imprégnait gouttait péniblement dans son cou, le faisant frissonner. Il attrapa sa veste, se dirigea d’un pas pressé vers le studio, hors de question d’être à la bourre. Sur place, il vit d’autre Lowell, peut-être était-il le dernier. Caleb était impassible, difficile de croire que William était le plus âgé de la pièce en voyant le sang froid & le regard d’acier pénétrant du Weyss. Il avait d’ailleurs terminé d’expliquer ce qui les attendait, ils devaient composer un hymne pour Harvard, avec la pochette & tout le tintouin. Le jeune homme parcouru la pièce du regard et Ô merveille, il se posa sur un violon, un magnifique violon. Lui qui n’était pas vraiment doué pour les rimes allait pouvoir donner de sa personne côté musique. Il repéra également un piano, deuxième instrument favoris ainsi qu’une guitare. Là, par contre, il était beaucoup moins bon. Il se dirigea vers les instruments, les détaillant quelques secondes avant de se tourner vers les autres Lowell présents, qui semblaient prendre leurs marques eux aussi dans la pièce & auprès des objets que Caleb avait mit à leur disposition. Lorsque tout le monde aurait trouvé le truc qui l’attire, sans doute commenceraient-ils.
Charly et William venaient d’arriver dans le studio et à peine avaient-ils mis un pied dans ce dernier que leurs regards allèrent directement pour l’un sur l’appareil photo et pour l’autre sur les instruments de musique. Le plus âgé des deux sembla rester assez sceptique sur la guitare. Cette dernière était surtout là pour moi car je comptais bien leur apporter mon aide. Toutefois, je me demandais lequel des trois allait se mettre aux paroles –à moins qu’ils s’essaient à l’exercice tous les trois en même temps. « Avez-vous déjà une petite idée de ce que vous voulez faire ? » leur demandais-je même si j’avais une petite idée pour la distribution des tâches. Un petit coup d’œil à ma montre me signala que James était en retard et je me demandais s’il avait bien reçu mon sms. Sûrement puisque les deux autres l’avaient reçu. Tant pis, il allait prendre du retard dans la compétition mais cette dernière ne pouvait pas l’attendre. « Pour le repas de ce midi, je pensais que nous pourrions soit nous faire livrer soit nous rendre dans un petit restaurant. Qu’est-ce que vous en pensez ? Je ne vais pas être tortionnaire au point de ne pas vous nourrir ce midi » lâchais-je avec un léger sourire me donnant un air bien moins glacial.
Je les laissais rapidement tranquille, m’installant dans un des fauteuils du studio pour les laisser prendre leurs marques mais aussi réfléchir à comment réaliser leurs défis. Allaient-ils se parler ? Mettre en commun leurs idées ? Ou allaient-ils faire bande à part car la compétition prendrait trop d’importance à leurs yeux ?!
Ils n’étaient que deux dans ce studio –enfin trois si l’on comptait Caleb, mais en bizutés, seuls William & Charly étaient présents- et ils devaient se débrouiller pour écrire un hymne. Si le Kane s’était tourné naturellement vers les instruments, il espérait que tous les trois allaient pouvoir collaborer pour monter ce qu’ils avaient à faire. Le chacun pour soi, ce n’était pas le moment, pourtant il était de nature solitaire. Comment pourraient-ils s’en sortir autrement ? Caleb leur avait demandé de se débrouiller tous les trois pour présenter quelque chose, pas que chacun fasse une maquette. Le trentenaire commençait à plancher sur cette affaire, il attrapa une feuille, un crayon de papier, et ébaucha le début de leur possible hymne. Ca venait facilement, mais évidemment, il fallait souvent gommer une note pour la remplacer par une autre. Il s’était assis au piano, plus universel que le violon, lui ayant une connotation d’instrument désuet et gnangnan. Il n’était pas à Harvard pour se faire des ennemies, il garderait son talent pour le violon pour lui aujourd’hui, le piano plaisait plus aux gens. Il s’arrêta un instant de pianoter sur les touches ivoires lorsque Caleb s’éloigna, gommant une nouvelle fois des notes, rajoutant des accents. Il leva les yeux de sa feuille pour observer Charly, apparemment plongé lui aussi dans sa tâche. Il lui demanda, l’observant du coin de l’œil pendant qu’il faisait courir son crayon sur le papier ; « Tu fais de la photo ? » Le Kane avait remarqué comme Charly semblait fasciné par l’appareil déposé sur la table. Il semblait aussi appliqué dans ce qu’il faisait -et sincèrement William n’aurait pas été capable de dire ce qu’il en était précisément, il n’y connaissait rien- que lui-même au piano. Charly était-il un aspirant photographe ? Attendant sa réponse, il replongea dans son écriture. Subitement, il se stoppa net. Sans doute était-ce un vieux souvenir d’enfance qui désirait qu’on lui accorde de l’importance, mais voilà que les notes qu’il avait griffonné sur le papier étaient les mêmes que l’une des chansons de Mary Poppins. Mon dieu, pourquoi avait-il été si distrait ? Avec un peu de chance, ni Caleb ni Charly n’avaient remarqué son étourderie. D’un geste vif, il froissa la feuille, la lançant dans la poubelle. Il avait envie de se coller une paire de claques. Du calme Kane, du calme. ET ON SE REVEILLE !
Charly se dirigeait vers la table prenant l’appareil photo comme si c’était le graal en personne. Une relique sacrée qu’il ne fallait surtout pas abimé. D’ordinaire, il était quelqu’un d’extrêmement maladroit mais quand il avait un appareil photo dans les mains, il devenait le type le plus adroit qu’il soit. Il était genre capable de grimper dans un arbre comme un chat pour photographier un nid. Exploit pour ceux qui le connaissait. Il se tourna une nouvelle fois vers Caleb qui avait pris la parole. Il n’avait pas répondu à sa première question étant donné que son cerveau était encore en ébullition tel un volcan à la recherche d’idées sympas. « Je pense que ça dépendra de l’avancer de notre travail. Si ça fonctionne comme on le souhaite, on peut se rendre au restaurant sinon se faire livrer, c’est pas mal. Enfin comme vous voulez. » finit-il par bafouiller, ses yeux se posant de nouveau vers l’appareil. Alors qu’il réglait les derniers réglages sur l’appareil, il entendit une voix s’adresser à lui. Tournant son regard vers le jeune homme, il secoua la tête positivement. « Oui c’est exact et toi, tu joues du piano, c’est ça ? Tu joues d’autres instruments ? » dit-il avec un sourire. S’ils devaient passer un moment ensemble, autant qu’ils apprennent à se connaître en même temps après tout.
Charly regarda quelques instants le jeune homme écrire, il ne savait pas quoi, sur une feuille alors que lui-même commençait à faire le tour de la pièce en quête d’inspiration. Il voulait vraiment que cette pochette leur ressemble. Soudain, il eut une idée. S’il avait été dans un dessin animé, une petite lumière aurait surgi au dessus de son crâne. « Je. Je pensais pour la pochette de derrière que vous pourriez me servir de modèle. Par exemple, je pourrais te prendre en train de travailler au piano, pour James et bien je ne sais pas et Caleb, tu joues peut-être d’un instrument ? Un bon moyen de montrer notre travail. » dit-il se tournant à chaque fois vers les personnes dont il citait le prénom sauf bien entendu James vu qu’il n’était pas encore arrivé. Lui, il se prendrait simplement en photo, peut-être avec un autre appareil photo. Il avait toujours le sien sur lui. Il le sortit de son sac, il n’avait pas l’habitude de se prendre en photo tout seul. Il fit un petit sourire à l’appareil et se prit lui-même en photo. En ajustant bien comme il fallait les photos, cela pouvait donner quelques choses de plutôt pas mal pensait-il.
Coup de bol, ni Charly ni Caleb n’avaient tiqués quant au vagabondage musical dont venait de faire preuve William. Au contraire, Charly semblait être tellement investi dans le projet qu’il répondit de manière réfléchie à leur bizuteur au sujet du repas de midi. William n’ajouta rien, se contentant d’hocher la tête comme signe d’approbation. Voilà qui était fait, et Charly repartait sur son projet photo. Il se lança dans des explications sur ce qu’il avait en tête, le Kane écoutait attentivement. Son idée était bonne, très bonne même. Seraient sur la pochette les compositeurs, et si chacun était pris en photo en pleine activité, c’est la maison des Lowell qu’ils mettraient en avant. La créativité artistique de Charly, le talent musical de William, leur bizuteur Caleb dans ce qu’il fait le mieux et le don de James pour… Quelque chose, le jeune homme tardait à arriver. « Très bonne idée. Ca mettrait en avant les Lowell. » Il eut un petit sourire en coin, il allait apprécier Charly. D’ailleurs, William avait visé juste, le Ekwans avait véritablement une attirance pour la photo, cela se sentait dans sa manière d’en parler, autant que William dans sa manière de jouer. Aussi, il lui répondit ; « Du piano, oui. Et puis...Du violon. » Il le désigna d’un geste du menton pour appuyer ses propos. Le jeune homme était particulièrement fier de vanter cet instrument, il en jouait depuis si longtemps & avec tellement d’âme que cela était devenu aussi naturel que de respirer chez lui. Cependant, c’est au piano qu’il se tenait en ce moment, et si les notes avaient fusées sur le papier quelques instants plus tôt, s’en était fini, William s’était rendu compte qu’il faisait n’importe quoi. Afin de se donner de l’inspiration, il allait faire ce qu’il faisait toujours lorsqu’il était en panne d’idées neuves, de notes fraîches, d’harmonies délicates. Au conservatoire de Londres, lorsqu’il apprenait à jouer étant gamin, ses instructeurs lui donnaient du Vivaldi, du Bach, du Mozart. Mais ils variaient également avec les thèmes de Mary Poppins, de la Guerre des Étoiles, d’Albator… Ca le faisait progresser & à 7 ans, cela lui plaisait plus que de jouer les grands classiques, au grand damn de ses parents. Ses doigts pianotèrent alors sur les touches d’ivoire & d’ébène, connaissant les enchainements par cœur. Mary Poppins entama une course sur un manège, puis l’on entendit le célèbre thème de Dark Vador, qui céda place au corsaire de l’espace. Et bingo, ça fonctionna, il s’empara d’une nouvelle feuille de papier pour y écrire une série de notes, il les joua, en rajouta, y plaça des accents, décida que cet enchaînement serait plus sympa dans Do dans la troisième mesure. A son tour, William était lancé.
Je restais assez silencieux préférant observer ces deux hommes apprivoiser leur environnement proche. William avait été de suite attiré par les instruments de musique et je cachais mon sourire de satisfaction. Je me souvenais que trop bien du nombre d’heures passé à cogiter sur le meilleur des défis. Bien sûr, j’aurais très bien pu me contenter de leur donner des petits challenges destinés à accroitre leur réseau de connaissance ou à faire des conneries avec telle ou telle personne voire au détriment d’une autre. Seulement, il leur aurait manqué l’essentiel : l’esprit d’équipe. A la Lowell House, nous étions une véritable famille et c’était cet esprit que je désirais retrouver en les voyant évoluer. William et Charly devaient apprendre à communiquer, à mettre en pratique leurs connaissances au nom d’une même cause à savoir l’hymne d’Harvard. Pour cela, quoi de mieux que ce petit défi commun qui scellerait qui sait, de belles amitiés ou du moins, une certaine fraternité. Dans ce but, je proposais de déjeuner ensemble voire de nous faire livrer au studio et Charly fut le seul à répondre. « Bonne idée. Ainsi, on sera certain d’avoir terminé à temps »rétorquais-je en hochant la tête. Le Lowell semblait assez timide mais j’avais bon espoir qu’une fois l’appareil photo en main, il en impose. C’était toujours plus facile de prendre confiance quand vous faisiez quelque chose que vous aimiez et/ou que vous maîtrisiez.
Les deux hommes commencèrent à se poser des questions pour lier connaissance et je les laissais faire, n’intervenant que si on réclamait mon aide –chose que Charly termina par faire en me posant une question. « Oui je joue de la guitare et j’aime beaucoup tes idées concernant la pochette de la maquette. Je pense que William sera d’accord avec moi en disant que tu es la personne idéale pour t’en occuper » lui répondis-je en reprenant mon observation. J’appris au passage que William jouait non seulement du piano mais également du violon. Cela me fit penser qu’il pourrait certainement s’entendre avec mon amie Wilhelmina qui jouait également de cet instrument. L’ambiance était studieuse rythmée par les notes de musique que nous jouait William. « Je pense que vous avez commencé à vous répartir les tâches. Une petite idée pour les paroles ? Nous pourrions essayer de faire un couplet pour chaque confrérie, qu’en pensez-vous ? »leur proposais-je histoire de les aiguiller un peu. « Je pense que le plus logique serait de commencer par notre confrérie car c’est bien celle que nous connaissons le mieux. Une idée sur les qualités à mettre en avant ? » leur demandais-je par la suite.
- Spoiler:
Actuellement, voici les points remportés :
William : 22 pts (bonus 7pts pour avoir découvert le défi de Charly)
Charly : 11 pts (bonus 1 pts pour avoir réalisé ton défi même s’il a été découvert)
James : 0 pts.
Précision : Lorsque vous recevez un défi, celui-ci doit être réalisé dans votre rp à venir pour que vos camarades puissent les chercher. Actuellement, Charly, tu peux encore découvrir le 1er défi de William.
Ainsi, Caleb jouait également d’un instrument, de la guitare. S’il avait aménagé lui-même le studio, peut-être avait-il prévu de se joindre à ses bizuts puisqu’il y avait placé une guitare. Ou alors, il avait simplement prévu large en instruments afin que chacun puisse y trouver son bonheur. Lorsque le Weyss salua l’initiative de Charly, William le salua d’un signe de tête. C’est vrai, il avait eu une très bonne idée, William le suivait. Il posa un son crayon de papier sur sa partition lorsque Caleb parla d’imaginer les paroles de l’hymne. Pourvu que Charly soit doté d’un meilleur talent d’écriture que William, sinon la Lowell House courait à sa perte. En effet, si le Kane se débrouillait avec une partition vierge, il ne pouvait pas en dire autant lorsqu’il s’agissait de rajouter des paroles. A défaut de pouvoir sortir aisément des rimes, il commença à énumérer les qualités de leur maison ainsi que celles des étudiants y appartenant ; « Les différentes personnalités, la diversité. Je veux dire, il y a des peintres rêveurs qui seront peut-être de futurs Van Gogh, des danseurs qui atteindront sans doute Broadway, des photographes qui rempliront d’immenses salles de leurs œuvres pour leurs vernissages, des musiciens de génie… Chaque personne est différente dans cette maison, et je ne parle pas seulement de la personnalité. Mais tous sont réunis par l’art. » Il n’était pas étudiant depuis très longtemps, mais William avait eu l’occasion de voir chacune de ces personnes à l’œuvre dans la Lowell House. Il avait vu des musiciens, des peintres, des chanteurs, des danseurs… Tous étaient animés par une seule & même flamme, et à son avis, c’était cette flamme qu’il fallait mettre en avant. Harvard avait-elle des effets bénéfiques sur l’orgueil du jeune homme ? Apparemment, oui. Ce n’était pas plus mal ainsi. Attendant l’avis des deux hommes, il faisait tourner son crayon entre ses doigts.
