only fooling myself w/ soliman

« Et tu ne penses pas que si tu étais un peu moins coincé elle te trouverais un intérêt ? » « Aheum… » J’étais gêné, dérangé par la manière dont il me jugeait alors qu’il ne me connaissait pas mais par dessus tout, gêné qu’il ait perçu quelque chose que je ne pensais pas aussi facilement rapide à découvrir. « Honnêtement ? » Je reposais mon verre que je vidais d’un trait, me tournant finalement dans toute ma splendeur dans la direction du jeune homme. « Oui. Mais je ne sais pas comment faire. Pour être… tu sais… moins… coincé. » Les derniers mots eurent du mal à sortir. Tout d’abord parce que je n’avais jamais été très loquace et puis parce qu’admettre à voix haute ce qui me faisait défaut était difficile. D’ordinaire, j’aurais tenu le discours du type qui ne veut pas changer pour une femme, qui veut qu’on l’apprécie pour ce qu’il est mais la situation était différente. Et j’en avais pour être honnête, assez qu’on me traite de coincé, je voulais y remédier, avoir plus confiance en moi, peut-être me faire remarquer un peu plus. Les femmes m’envoyaient fréquemment des signaux que je ne voyais pas, me disaient mes amis, et je souhaitais un jour être plus réceptif à l’attention que l’on pouvait me porter. Tout en fixant Soliman, je me mis à penser qu’il avait peut-être la solution à mon problème, au risque de me prendre une veste, je demandais, hésitant. « Tu me trouves vraiment coincé ? Qu’est-ce que je peux faire contre ça, à ton avis ? » Demandais-je, qui ne tente rien à rien et après tout, c’était bien plus facile de demander à un inconnu des conseils sur l’un de ses défauts qu’à un ami.

Il n’était pas dans mes habitudes d’y aller par quatre chemins, le beau brun venait d’en faire les frais puisque je ne m’étais pas fait trop long avant de lui balancer en pleine gueule que s’il n’était pas coincé à ce point peut-être qu’il aurait eu plus de succès auprès de la fille qu’il courtisait. A notre époque les amourettes étaient mignonnes mais toutes les relations commençaient par un passage au lit ou dans un endroit un minimum intime, les romances chastes c’était de plus en plus rare même si ça faisait rêver tout le monde. « Honnêtement ? » Je le regardais engloutir son verre d’une seule traite attendant la suite de sa réplique. « Oui. Mais je ne sais pas comment faire. Pour être… tu sais… moins… coincé. » Je souriais, hélas les gens qui étaient coincés ne savaient pas comment se comporter différemment, logique j’ai envie de dire puisqu’être déluré ou son contraire était quelque chose qui venait naturellement à la base même si on pouvait dire que c’était également un état d’esprit si on se donnait les moyens de changer. « Tu me trouves vraiment coincé ? Qu’est-ce que je peux faire contre ça, à ton avis ? » Je le regardais avalant ma vodka cul sec pour en commander une nouvelle, j’avais besoin d’un peu d’alcool pour compenser le manque de sexe depuis plus de deux semaines. « Tu veux que je sois franc avec toi ? Un mec qui ne sait pas comment dire à un autre mec qu’il n’est pas gay ou qui ne flirte pas avec juste pour rigoler est coincé… Et oui, je te trouve très coincé et c’est ennuyeux parce que je serais presque prêt à te décoincer à l’ancienne… » Sexuellement parlant bien sûr mais soit… « Il n’y a pas de recette magique pour ne pas paraitre coincé, assumes juste le fait d’être un mec qui a logiquement des besoins et arrêtes de faire ton puceau même si tu l’es peut-être… »

« … Et oui, je te trouve très coincé et c’est ennuyeux parce que je serais presque prêt à te décoincer à l’ancienne… » « Comment ça à l'ancienne ? » Répétais-je, intrigué lorsque la réponse vint me percuter les neurones et j'ajoutais immédiatement : « Oh je vois, je vois... et ça te regarde pas. » Ajoutais-je, tournant le regard. Même si je ne l'étais plus, parler de ma vie sexuelle était gênant. Parce que je ne l'avais pas fait depuis environ six longues années et qu'à Harvard, on entendait chaque jour un couple qui se laissait trop aller, que ce soit dans les maisons ou les toilettes dans lesquelles on avait le malheur d'entrer aux heures de cours habituellement. « Et bien... » Je ne savais plus trop quoi ajouter. Puis me vint une idée tout à fait stupide mais qui me donnait l'impression de ne pas être plus stupide que cela à cet instant précis. « Si je te paie un verre, tu veux bien essayer de me donner d'autres conseils ? » Demandais-je, levant un sourcil, demandant au barman. « Allez... une vodka s'il vous plait. » Je détestais l'alcool. Reprenant mon verre de jus d'orange vide avec un sourire en coin, le barman s'empressa de me tendre un verre, visiblement soulagé que de ne plus devoir me presser d'oranges et de simplement faire couler de l'alcool dans un verre. Vidant celui-ci d'un trait en grimaçant. Je lançais, le regard plein de défi. « Quel est l'alcool ou le cocktail le plus fort que tu connaisses ? » Demandais-je, bien décidé à tenter de me décoincer, prouver à Soliman toute ma bonne volonté et lui montrer que je n'étais pas qu'un mec ennuyeux, que je pouvais être un bon ami (du moins je l’espérais, malgré sa franchise cinglante, le jeune homme me paraissait plutôt sympathique et puis, il avait l'air de savoir faire la fête, ce que moi, je ne savais pas faire à part en me sentant comme un intrus en voulant faire parti des autres).

Je ne saurais dire pourquoi mais Suileabhan m’exaspérait au plus haut point pour le moment et pourtant sa naïveté me faisait rire, d’une manière moqueuse je l’admets et je sais très bien à quel point il était dégueulasse d’oser de moquer comme ça d’une personne mais quelqu’un qui ne le connaissait pas aurait pu penser qu’il avait un problème psychologique et qu’il était resté à l’âge de huit ou neuf ans dans sa tête. Oh attendez ? Et s’il avait un problème dans le genre ? Bah quoi ne me regardez pas comme ça il était un parfait inconnu pour moi. « Comment ça à l'ancienne ? » Je le regardais un instant prêt à lui prouver que j’étais encore plus exaspéré qu’il y a quelques secondes mais mon expression faisait enfin tilt dans sa tête. « Oh je vois, je vois... et ça te regarde pas. » Le petit ne voulait pas vraiment parler de sa sexualité ce que je pouvais comprendre bien sûr, il fut un temps où j’avais moi aussi un minimum de pudicité mais il était révolu depuis que j’avais embrassé une nouvelle ligne directrice pour guider ma vie. « Ça ne me regarde pas et ça ne m’intéresse… C’était juste pour causer. » Un grand silence un peu trop pesant s’installait entre nous deux, je ne pouvais pas faire grand-chose puisque l’envie d’aborder un sujet de discussion avec lui était quelque peu compromise par son manque d’intérêt pour mes sujets préférés. « Si je te paie un verre, tu veux bien essayer de me donner d'autres conseils ? » Je tourne la tête vers lui terminant ma vodka cul sec sans froncer les sourcils, non, j’ai l’habitude et je tiens admirablement bien l’alcool. « J’accepte si tu me paie deux verres… » Je lui souris amusé, il ne se rendait pas compte que j’allais surement souffrir de sa naïveté pendant la durée des deux verres ? Bon peut-être que je dramatisais un peu… Passons ! « Quel est l'alcool ou le cocktail le plus fort que tu connaisses ? » Il me posait une question très compliquée, j’avais bu tellement de cocktails et verres d’alcool différents qu’il me fallait quelques minutes pour réfléchir à ma réponse, j’admirais l’effort qu’il fournissait en buvant cul sec une vodka. « Je sais pas trop… Une dizaine de shots de vodka pure à la suite cul sec ça me semble être le truc qui peut te rendre ivre rapidement… Ouai je pense que c’est la vodka. »

Soliman était franc, une qualité que j’appréciais. En fait, ce que j’appréciais le plus chez lui, c’était le fait qu’il ne prenait aucune pincette avec moi, au risque d’être blessant voire même condescendant. Il n’avait nul peur d’heurter mes sentiments puisqu’à vrai dire, il s’en fichait royalement. Il me voyait comme un être humain, ni plus ni moins, capable d’encaisser les coups peut-être et c’était comme une bouffée d’oxygène. « Je te paie tout ce que tu veux. » Répondis-je d’un air de défi. Après tout, je n’étais pas le genre de personne à faire des folies tous les jours ni à sortir en général, je pouvais bien me permettre de faire chauffer ma carte ce soir, de surcroit si ça me permettait d’apprendre à me décoincer. « Je sais pas trop… Une dizaine de shots de vodka pure à la suite cul sec ça me semble être le truc qui peut te rendre ivre rapidement… Ouai je pense que c’est la vodka. » Faut-il être ivre pour se décoincer obligatoirement ? Je me retenais de lui exprimer à voix haute cette remarque et hélais le serveur. « Un mètre de vodka s’il vous plait mon mignon. » Dis-je avec un sourire, ayant entendu cette réplique dans un film, ayant toujours eu envie de la sortir sans jamais trouver l’occasion pour. J’ignorais dans quoi je me lançais mais la perspective d’avoir de nouvelles expériences m’excitait. Peut-être étais-je resté le petit garçon sage bien mignon mais trop coincé un peu longtemps… Et si cette soirée pouvait me permettre d’attirer l’attention de la fille que j’aimais, j’étais prêt à tout !

HJ je m'excuse vraiment pour le retard, j'ai eu une petite baisse de régime mais maintenant c'est bon <3

Suileabhan commençait à avoir un certain intérêt pour moi, il se montrait bien plus intéressant que prévu à mes yeux, peut-être parce qu’il se décoinçait ce qui le rendait encore plus charmant ? En tout cas j’allais me retenir de lui sauter dessus ce soir même si l’idée inverse allait surement me traverser l’esprit pendant quelques secondes lorsqu’il serait ivre, pas que je veuille le faire boire énormément mais l’effet venait rapidement lorsqu’on n’était pas habitué à tenir la cadence, l’alcool était comparable au sport, au début c’est horrible et après on s’habitue aux effets… « Je te paie tout ce que tu veux. » Je souriais amusé, ma soirée allait enfin commencer à mes yeux. Je ne parlais bien sûr pas de la manière de se décoincer lorsque je lui avais fait savoir qu’on aurait besoin de pas mal de vodka pour que je trouve cet alcool réellement fort mais c’était un bonus. « Un mètre de vodka s’il vous plait mon mignon. » Je le regardais avec un petit sourire convaincu. M’approchant de lui je me permettais de susurrer à son oreille. « Un nouveau conseil… Si t’es hétéro ne lui donne pas un surnom… Le personnel est, pour la majorité homosexuel ! » Je reculais lui adressant un petit clin d’œil tout en empoignant l’un des shots tout en lui tendant le second qui se trouvait devant moi. « A la tienne beau brun… » J’avais le shot cul sec sans sourciller, lui souriant attendant qu’il fasse la même chose avec une petite idée de son expression face à la sensation que cela procurait.