Kaleigh Reagan ▲ vers: Elie-Sara Z. Lincoln

Je n'avais pas répondu à son message. En fait, j'avais écris plus de cinq versions de ma réponse sans jamais appuyer sur le bouton envoyer. Je ne savais pas quoi lui dire. Je ne savais plus si je devais être en colère, désolé ou indifférente. Je savais seulement qu'il fallait que je l'appelle et qu'être sortie de l'hôpital m'avais permis de porter sur ma vie un tout autre regard sur ce qui s'était passé. « Elie ? C'est Kaleigh... Reagan. » Dis-je lorsqu'on décrochait, au cas ou elle aurait supprimé mon numéro. « Je te dérange ? Tu as cinq minutes ? »

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J'étais à une soirée entre Quincy, la dernière avant les examens de fin de semestre qui approchaient à grands pas. Je papotais avec Paradise quand je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche. Le nom de Kaleigh s’afficha à l'écran, soit la dernière personne à qui je pensais en ce moment. Elle ne répondait plus à mes messages et je l'avais soupçonnée de m'avoir effacée de sa vie. Je m'écarta un peu des autres et décrocha, ne sachant pas trop à quoi m'attendre.
« Je devrais avoir cinq minutes oui. »

(Invité)

« Je tenais à m'excuser. Tu dois en avoir marre d'entendre ça, et je suppose que ça doit perdre tout son sens désormais. » Je m'allongeais sur mon grand lit à baldaquin de ma chambre d'adolescente chez mes parents ou les murs, recouverts de posters de chevaux et de groupes d'ado semblaient hurler qu'on les décroche. « Tout ça ne me ressemble pas. Je suis désolé de m'être emportée... à Harvard... à l'hôpital. Je vais mieux et... je voulais que tu le saches. »

(Invité)

Ce n'était effectivement pas la première fois qu'elle s'excusait pour ce qu'elle pouvait m'avoir dit ou fait, mais à force de l'entendre dire toujours pardon, ses mots avaient bien moins d'impact sur moi, et je n'y croyais plus vraiment.
« Tant mieux pour toi alors. »
Elle était sortie de l'hôpital, ce qui voulait certainement dire qu'elle était pratiquement guérie, mais comme son médecin lui avait conseillé d'être en colère contre son passé, je ne savais pas trop pourquoi elle m’appelait. Vraiment juste pour s'excuser ?
Je pris le parti de ne rien dire de plus, de la laisser s'exprimer.

(Invité)

Je sentis dans sa voix qu'elle n'accordait plus vraiment de crédit à ce que je lui disais, à mes excuses pourtant sincères et je sentis les larmes me monter aux yeux, silencieuses, sournoises. « Oui. » J'avais besoin de parler, je me sentais seule et tout le monde semblait me laisser tomber, je ne serais pas étonnée qu'elle en fasse de même. « Bref. Et toi, ça va bien ? »

(Invité)

Elle me demanda comment j'allais. Je préférais éviter de le dire que j'avais rappelé William, quand je me sentais trop seule pour rester dans ma chambre de la Quincy House et qu'on avait remis le couvert. On était séparées toutes les deux et elle n'avait pas à le savoir. je ne voyais pas non plus l’intérêt de lui parler de mes ennuyeuses révisions pour les examens, de mon envie de laisser tomber la sociologie l'an prochain pour me concentrer uniquement sur la psycho.
« Oui, tout se passe bien pour moi. »
Réponse on ne pouvait plus classique, qui ne voulait en fait rien dire. Je m'éloignais un peu plus des autres.
« Kaleigh, tu m'as juste appelée pour dire que tu étais rentrée et pour t'excuser ? »

(Invité)

Ça y'est. Elle m'a zappée, pensais-je. C'était mieux ainsi. Elle était peu loquace et ça prouvait qu'elle n'avait pas tant envie de me parler que ça, de plus, le bruit adjacent me donnait l'impression de la déranger en pleine fête. « Oui, je sentais que c'était ce que je devais faire. »

(Invité)

Ce qu'elle devait faire ! M’appeler était donc une sorte de corvée qu'elle devait accomplir pour se sentir mieux dans sa tête.
« Un sms aurait pu suffire pourtant... Tu n'avais pas à te déranger pour moi. Puisque de toute façon, ton psy a estimé que j'étais mauvaise pour toi. »
Et mauvaise, je l'étais. Car je lui en voulais. De vouloir me rayer de sa vie. De ne plus vouloir de moi. De m'avoir laissé tomber amoureuse d'elle. Puis de changer d'avis.

(Invité)

Je me sentais soudainement agressée, piquée au vif. Déstabilisée, j'hésitais quelques instants à raccrocher mais ce n'était pas très civilisé de ma part. J'avais grandement envie d'exprimer ma colère sur mon blog. Je racontais ma vie dessus et je n'en avais rien à faire. « Je trouve que ce ne sont pas des choses qui se disent par texto, pas vraiment au téléphone mais puisque je suis encore chez mes parents... mon médecin a peut-être dit ça mais c'est à moi de prendre cette décision tu sais. » Dis-je, laissant à la fois sous-entendre que je le soutenais et que je n'étais pas d'accord à la fois.

(Invité)

Que Kaleigh comptait prendre sa décision elle-même ne me rassurait pas forcément. Rien ne l'empêchait de m'évincer de sa vie si elle le souhaitait, et honnêtement, je n'étais pas sure de vouloir faire des efforts et de me battre pour elle. Elle croyait que je n'avais jamais eu de sentiments pour elle après tout.
« Pas besoin de faire durer le suspens, ta décision ne sera pas à mon avantage. Je me trompe ? »

(Invité)

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