somebody told me ∞ declan.

Je l'accompagne et lève ma bière à mon tour - pour moi, il est fou d'étudier cela et c'est ainsi. Quand il évoque le fait que je pourrais le soigner s'il se prenait une balle, je hausse les épaules. En vérité, ce n'est pas réellement mon domaine. Effectivement, je connais sur le bout du doigt le corps humain et surtout le cerveau mais je suis loin d'être chirurgien. « Oh tu sais, je pourrais pas t'être d'une grande aide. Je suis basé dans la recherche du cerveau moi, pas vraiment sur comment soigner une plaie par balle. » dis-je en ricanant, m'imaginant dans quelques années dans mon laboratoire avec la blouse et le microscope. Le rêve, même si c'était encore loin.

Lui tenir la main ? Non, ce serait impossible pour moi, franchement ce serait loin d'être crédible. « Bon d'accord chéri. » dis-je en éclatant de rire, ne pouvant malheureusement pas m'en empêcher. J'espère que cette situation avec mes parents se retarderait un maximum car il allait nous falloir un sacré entraînement. La conversation bifurque sur les trois jeunes femmes qui me trottent dans l'esprit, et je lui confie ce que j'ai sur le coeur. Je passe une main dans mes cheveux en soupirant. « Y'en a une, Iris, que je connais depuis deux ans environ, elle me ressemble énormément, on est presque pareil mais de l'autre côté y'a June. On s'était un peu engueulé mais on va au bal ensemble et finalement ça va mieux entre nous. Et puis y'a Maggie, on correspondait par lettres pendant que j'étais en prison, elle était même amoureuse de moi à un moment mais j'ai préféré couper les ponts. » Je reprend ma respiration en soupirant, rivant mon regard vers Declan. « Et bien sûr, elles sont toutes les trois à Harvard, sous mon nez tous les jours. »

Bordel, Nathaniel avait raison, on ne serait pas crédible pour un sou dans le rôle du couple gay. J’étais aussi mort de rire que lui rien qu’à l’entendre m’appeler chéri. « Ouais c’est sûr qu’on va pas gagner la palme du meilleur couple pour les awards de l’année prochaine… Bon sang, ça sonne trop faux »rigolais-je toujours avant de secouer la tête de droite à gauche. Nathaniel en arriva à me parler de son dilemme ou plutôt choix cornélien. Trois femmes lui plaisaient et elles semblaient toutes différentes les unes que les autres. « T’aime te compliquer la vie ma parole ?! Bon récapitulons : trois nanas, elles te plaisent et tu leurs plais. Il n’y en a pas une avec qui tu te sens le mieux ? Je ne sais pas si entreprendre quelque chose avec ta correspondante serait l’idéal. Je veux dire, tu peines déjà à reprendre ta place après tes années de taule, ce n’est pas pour te mettre avec une nana qui te le rappelleras sans cesse même inconsciemment. Passons aux deux autres… Etre avec une personne qui te ressemble, ça peut être bien, c’est clair mais peut-être qu’au final, tu te feras chier ? » tentais-je de démêler le bon du faux. « Parle-moi un peu plus de cette June. Elle est comment ?! Tant que ce n’est pas une mather, c’est cool non ?! » lâchais-je en faisant référence à la guerre opposant les deux confréries Eliot et Mather.

Et comment que ça sonne trop faux ! Je crois que ce n'était même pas la peine d'essayer quoi que ce soit, à moins de nous ridiculiser devant mes parents. Peut-être qu'au moins, ils verront enfin que toute cette histoire de mariage m'exaspère. Préférant m'abstenir sur ce sujet, j'en viens à parler de mes problèmes amoureux. C'est bien la première fois que j'ai autant de filles qui me plaisent et à qui je plais autour de moi. C'est vraiment un truc impossible à gérer, mais heureusement Declan m'aide à trouver une solution. Pour Maggie, il n'a pas tort.. notre relation est tellement compliquée et bizarre. Me rappeler la prison, c'est sûr que ce n'était pas bon pour moi, mais après tout.. j'en parlais aussi avec Iris. Seule June ne savait pas ce que j'avais vécu là-bas, même si elle était maintenant au courant de ma situation post-prison. « Me faire chier avec Iris ? J'crois que c'est impossible.. on a un peu la même histoire, on est allé en prison alors qu'on était innocents. Après c'est vrai qu'elle est fragile et je suis pas un roc non plus. » Effectivement, j'avais toujours réussi à gérer les crises de la jeune femme en plus des miennes, mais si je n'y arrivais plus par la suite ? Je suis complètement paumé. « Heureusement que c'est pas une Mather ! C'est la vice présidente des Lowell. Bah je l'ai vu avant le bal, pour qu'on s'explique un peu sur ce malentendu dans l'avion.. et ça va bien j'ai l'impression. Elle m'a dit qu'elle m'appréciait mais j'ai pas su quoi répondre, tu vois le truc ? » Je pouffe, me rendant compte de ma situation on ne peu plus délicate.

Dans le genre je me fous dans la merde en trois étapes, je vous présente le champion en titre Nathaniel Callaghan. Sérieusement, comment il avait réussi à se radiner avec trois nanas ?! « N’empêche mon gaillard, tu as pas perdu la main : trois d’un coup…Fallait le faire et tu l’as fait » lui dis-je avant de secouer la tête. Pour moi, ce n’était clairement pas une bonne idée qu’il poursuive avec la demoiselle Iris. « J’émets des réserves sur Iris. Le syndrome de : nous sommes innocents et nous avons vécu le même traumatisme ça peut être sympa dans une thérapie de groupe mais dans un couple, j’en suis pas certain. Vous ne pouvez pas être le psy de l’autre ni gérer vos crises mutuellement. Tu vois ce que je veux dire ?! Vous allez vous engluer dans le problème plus qu’autre chose car vous êtes dans le même bateau. Tu as besoin d’une femme qui soit totalement extérieure à ton passé sinon, fatalement, tu replongeras à chaque fois. Après, la June, je ne la connais pas. Cela se trouve, ce n’est pas la bonne non plus… Tu sais, je n’ai pas la parole d’or mais pour ma part, je n’aurais jamais pu sortir avec une nana du milieu. Mallory m’apporte justement l’équilibre et la normalité qui me manquait… C’est de ça dont tu as besoin : une nana qui te changera les idées et non qui te rappelleras par quoi tu es passé » lui conseillais-je sans trop savoir si je disais de la merde ou non. Après, il était libre de prendre la décision qu’il souhaitait, Nathaniel savait que je serais toujours là pour l’épauler quoiqu’il arrive.

Moi qui avait été seul pendant près de deux ans, c'est vrai que pour le coup Declan n'avait pas tort. Je riais jaune à sa réflexion car même si c'était plutôt flatteur, ce n'était pas très pratique. En plus, je pensais que confier mes doutes à mon meilleur ami m'aiderait et me positionnerait enfin sur ce dont j'ai besoin.. mais non. Bien au contraire. Quand il m'avoua qu'il avait de gros doutes sur le fait que je sois avec Iris, je soupirais. Malgré tout, c'était ma préférée et je ne pouvais pas le nier. J'allume une nouvelle clope avant de répondre à Declan.  « Ouais j'comprend ce que tu veux dire mec.. mais j'saurais même pas te décrire notre histoire, j'suis carrément bien avec elle en fait. » avouais-je en haussant les épaules, levant mon regard indécis vers le jeune homme. Ah.. quel pétrin. Pour essayer de m'aiguiller davantage, il me parle de son histoire d'amour avec Mallory - qui est totalement extérieure à ses problèmes. Je hoche la tête silencieusement en essayant de trouver une solution, mais de toute manière, je ne pense pas la trouver maintenant. Attendons le bal déjà - et les vacances.  « Une femme extérieure c'est bien beau, mais quand June savait pas pour moi au début, je voyais la peur dans son regard. Alors que maintenant, elle me regarde réellement comme je suis tu vois ? J'peux pas supporter qu'on me regarde ainsi, et ce qui me plaît chez ces trois nanas, c'est qu'elles connaissent toute mon innocence. »

Qu’on se le tienne pour dire, je n’étais pas doué pour conseiller les autres sur leurs relations sentimentales quand on voyait la mienne. Pour beaucoup, j’étais l’homme aux multiples conquêtes alors que j’avais du connaître genre quelques femmes dans ma vie et surtout principalement dans le cadre du boulot. Il était toujours plus pratique de recueillir les confidences sur l’oreiller d’une femme plutôt que de torturer le mari même si cela avait son charme. Non, Mallory était réellement ma première histoire sérieuse et sûrement la dernière. « Tu sais, si t’es vraiment bien avec elle alors profites-en. J’ai pas la science infuse, je raconte sûrement des conneries, cela pourrait fonctionner tous les deux ! » lui dis-je avec l’envie presque irrépressible de lui piquer sa clope pour tirer dessus tant cela me manquait de fumer mais je devais me montrer raisonnable pour mes gosses. « Ouais c’est sûr que ce n’est pas terrible… Ecoute poto, la seule chose que je puisse te conseiller et cela va faire affreusement cliché, c’est de choisir avec ton cœur et non avec ta tête. Va vers celle avec qui tu es le mieux après, le reste, ce n’est que des détails sans importance et puis, ce qui vaut pour moi ne vaut pas forcément pour toi, tu vois le genre ? » terminais-je par lui dire. Je crois qu’au final, je l’avais plus embrouillé qu’aidé mais en même temps, de nous deux, j’étais celui qui passait son temps à flinguer d’autres gars et non un conseiller matrimonial.

Au final, Declan ne m'avait pas été d'une grande aide mais je n'allais certainement pas le blâmer pour si peu. Le sentiment amoureux est tellement compliqué que personne ne peut nous dicter nos choix, même si les conseils d'amis sont quelques fois bénéfiques je dois bien l'admettre. « J'verrais bien ! » dis-je simplement, plus trop sûr de ce que je voulais. En fait, je n'avais jamais vraiment réfléchi à la question depuis la mort de Juliette, j'ai tellement peur qu'on assassine ma prochaine copine. Declan me dit de choisir avec mon coeur, d'un côté ce n'est pas faux, même si je ne sais pas du tout où j'en suis actuellement. De plus, ma relation avec Iris est bien plus développée que celle que j'ai avec June, ce n'est même pas comparable. « Ouais j'vois parfaitement. » dis-je en ricanant, essayant de comprendre tout ce qui se déroulait dans ma vie privée. Heureusement que la fin des cours approchait, car je n'aurais certainement pas pu mêler mes études à tout ce pétrin. Je préfère changer de sujet. « Et les triplés c'est pour quand ? Cet été ? » Je crois qu'il me l'avait déjà dit mais je n'en étais plus sûr, il était tard et je commençais à fatiguer.

Le pauvre, je lui avais servi absolument à rien, il fallait le reconnaitre mais en même temps, sérieux… Il ne fallait pas s’attendre à des miracles non plus avec moi. J’avais mis des années à réussir à me mettre avec Mallory donc bon.. On ne peut pas dire que je sois de bons conseils. La seule chose que je désirais, c’était qu’il prenne la décision avec son cœur et non avec sa tête. « Tu vois, je t’aurais au moins donné un bon conseil »rigolais-je en levant ma bière que je terminais rapidement. « Pour début septembre normalement ! J’ai vraiment hâte putain, j’ai juste envie de leur envoyer un sms genre : allez les petiots, on se radine parce que papounet a envie de vous câliner ! En plus, j’ai fait un pari avec mon père. Je vais leur faire aimer les roustes. Je te rassure, je vais pas les frapper ni rien mais leur faire plein de bisous et leur dire que c’est des roustes. Comme ça, quand ils seront en âge d’aller à l’école, ils diront à leurs instits : papa nous met des roustes et on adore ça… Même ma fille, elle dira à son petit-ami : viens, je vais te coller une rouste, tu vas adorer, le mec il aura la trouille et il se cassera rapidos » lui expliquais-je avant d’éclater de rire de ma connerie. Ouais, chez les O’Malley, c’était presque une tradition d’apprendre des conneries à nos gosses. « Quand j’étais gosse, mon père arrêtait pas d’appeler les canards des conards… Du coup, à l’école, bah j’ai appelé ça des conards résultat, mes parents ont été convoqués par l’instit » lui expliquais-je avec un grand sourire.

Spoiler:

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J'acquiesce positivement, bien sûr qu'il m'a porté conseil, comme toujours. Ce n'est pas pour rien que c'est mon meilleur ami, il arrive toujours à me sortir la tête de l'eau quand je commence à me noyer. Je l'écoute me parler de ces futurs enfants, c'est vraiment trop mignon de le voir ainsi. J'explose de rire quand il me parle de son histoire de rouste, il est vraiment doué ce Declan. Il est prêt à tout pour les protéger, je trouve ça génial. « Tu sais plus quoi inventer, franchement tu m'épates ! J'aurais jamais pu trouver une idée pareille. » dis-je en ricanant toujours, c'était vraiment trop fort j'en revenais pas. En tout cas, nous passions une bonne fin de soirée au final, et j'étais content qu'il soit venu pour passer quelques heures avec moi. Je ris une nouvelle fois à ce qu'il me raconte. « Pas mal ! J'essaierai ça quand j'aurais un gosse ! » m'exclamais-je en lui faisant un clin d'oeil. Je termine ma cigarette et me lève, prêt à partir. Je me tourne vers mon meilleur ami en souriant. « Merci beaucoup pour ce soir, je crois que je vais pouvoir trouver le sommeil. » Je ne m'étalais jamais sur ce que je ressentais, mais Declan savait ce que je pensais au fond de moi. Je lui fais la bise et lui dis au revoir, commençant à rentrer chez moi.