somebody told me ∞ declan.

La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà, mais j'était incapable de trouver le sommeil. J'sais pas, plein d'événements se mélangeaient dans ma tête et dès que je fermais les yeux, je voyais tout ce que je ne désirais pas voir. Je détestais revivre les moments que j'ai vécu à la prison, mais j'étais souvent incapable d'effacer ces images de ma tête. Sans attendre plus longtemps, je me décide à voir Declan - il est l'un des seuls à pouvoir m'aider quand je suis dans cette situation. Je suis conscient qu'il est tard, qu'il doit peut-être dormir - surtout qu'il est fiancé à présent - mais j'envoi quand même un message on ne sait jamais.

Nathaniel a écrit:Salut mec, si t'es encore debout rejoins moi au Maklin à l'université.

Bref, mais il comprendrait tout de suite. Sans plus attendre, j'enfile un survet ainsi qu'un t-shirt et pars en direction de la salle de sport. Je prend mon paquet de clopes - même si je ne fume pas beaucoup, dans ces moments-là ça aide toujours - et sors de mon appartement. Il fait nuit noire, et même la lune semble être partie se coucher. Je m'allume une cigarette et me rend à la salle de sport. Après quelques minutes dehors, j'entre et commence à taper dans des sacs de frappe. J'espérais vraiment que Declan viendrait, c'était tout de même mieux qu'un sac.

Mallory dormait à poings fermés quand je reçus le message de Nathaniel, l’un de mes deux meilleurs amis et pour qu’il fasse appel à moi à cette heure-ci, c’était qu’il y avait une certaine urgence. Du moins, c’est ainsi que j’analysais les choses. Je lui répondais par un simple et court « J’arrive » avant de m’extraire le plus lentement possible du lit pour ne pas réveiller ma femme et par chance, j’y arrivais. Je m’y toutefois beaucoup moins de temps à m’habiller, attrapant un boxer, un survêt et un sweat noir à capuche et ma paire de basket pour quitter la chambre ; Je me fis alors la réflexion qu’il serait temps que Mallory et moi trouvions un pied à terre au lieu de faire un coup à la Winthrop, un coup à la Eliot.

Un bon quart d’heure après le message de Nathaniel, je me présentais à notre salle de boxe préférée, le trouvant déjà appliqué à frapper contre un sac. « Salut poto »baillais-je car merde, j’étais en train de pioncer quand il m’avait sonné. « Qu’est-ce qui se passe ? Une envie nocturne de me taper sur la tronche ? »plaisantais-je tandis que je m’approchais de lui, un sourire taquin accroché aux lèvres.

Je sais que c'était déplacé, mais j'avais pas le choix. Declan était un des seuls amis à qui j'arrivais à parler, à me confier. Je savais qu'il ne me jugeait pas, et c'était important pour moi. Toute ma vie, on m'a toujours chercher la petite bête pour me trouver une faille, et c'est usant. Très fatiguant. Après mon passage en prison, je ne vous en parle même pas.. c'était décuplé. Certains m'ont toujours cru innocents, d'autres non. Même si je porte peu d'attention à tout ce que l'on pense de moi, c'est pesant. Et j'ai besoin de personnes comme Declan dans ma vie quand tout remonte à la surface. Comme cette nuit. Je le vois arriver mais je ne tourne pas tout de suite mon visage vers lui, continuant à frapper dans le sac pour disons.. évacuer. Je l'entend bailler et esquisse un petit sourire avant de m'arrêter, plutôt essoufflé. « Désolé de t'avoir réveillé. » Je me sentais un peu mal finalement, mais il devait avoir l'habitude maintenant. C'était pas la première fois que je l'appelais en pleine nuit. « J'arrivais pas à dormir, trop de visions se brouillaient dans ma tête. T'sais la prison tout ça. » Je ne lui apprenais pas grand chose, il savait bien ce qui m'était arrivé là-bas. Je hausse les épaules en le regardant, m'en voulant un peu tout de même.

Etre réveillé en pleine nuit ne me dérangeait pas plus que ça surtout si c’était pour aider un ami et le moins qu’on puisse dire c’est que Nathaniel appartenait à mes meilleurs amis. Je n’en avais pas beaucoup ; Aussi, je faisais en sorte d’être disponible pour eux car c’était la moindre des choses. « Arrête, si je n’avais pas voulu ramener mon cul, je ne serai pas venu. Si tu as le moindre problème, tu peux compter sur moi pour t’aider. » Lui répondis-je avec un léger sourire. Je savais par quoi passait mon meilleur ami pour l’avoir souvent connu à cause de mes contrats et autres réjouissances de ce genre. Il avait besoin avant toute chose d’évacuer toute sa colère mais aussi sapeurs, sa solitude, ainsi que ses souvenirs de prison. Je n’avais pas la science infuse mais j’avais l’expérience dans ce domaine. Combien de nuit m’étais-je réveillé à cause d’un cauchemar, combien de fois m’était-il arrivé de m’isoler dans cette salle de boxe pour pouvoir passer mes nerfs sur un sac de sable au lieu de démonter la gueule de quelqu’un. « Tu veux qu’on se battre tout de suite ? »

Ses paroles m'apaisèrent sur le coup. Je lui adresse un vague sourire et m'arrête de frapper le sac de sable en face de moi. Je m'appuie contre le mur et me laisse glisser sur ce dernier, me retrouvant assis. Je lève mon regard vers Declan et ricane légèrement à ce qu'il vient de me dire. « Bizarrement, j'ai pas trop envie de te taper sur la gueule aujourd'hui. » Je hausse les épaules et me relève après m'être reposé un peu. Je sors une clope de ma poche et lui tend une. Je ne sais pas s'il fume ou pas, je crois qu'il ne me l'a jamais dit en réalité. « J'vais m'en griller une d'abord, et peut-être que je te tabasserai après. » Un petit clin d'oeil en prime, je commence à me diriger vers la sortie suivi de mon ami. Je fais exprès de le taquiner avec les bagarres qu'on a pu avoir dans le temps, car en général, il est plutôt du genre à me botter le cul. Je sais me battre, mais Declan est plus entraîné.

« Ah oui ? Cela te choque si je te dis que pour une fois, j’en suis soulagé ? » rétorquais-je. D’ordinaire, je n’étais pas le dernier à vouloir me battre car à l’instar de Nathaniel, j’avais également besoin de me défouler quasi quotidiennement. Depuis que j’étais en âge de tuer, ma famille m’avait entrainé à me battre, à survivre, à tuer alors jouer au parfait étudiant lambda me demandait beaucoup de contrôler notamment sur ma colère et ma violence rentrée. Aussi, ses entrainements, ses rencontres nocturnes me permettaient de me lâcher, de me défouler. « J’ai arrêté de fumer poto »déclinais-je la clope. « Mallo est enceinte alors j’ai arrêté sinon elle serait capable de me priver de sexe pendant deux semaines »marmonnais-je avec un sourire amusé. « Dans tes rêves, tu vas finir une nouvelle fois au tapis mais je note que tu t’améliores ! » lui dis-je une façon comme une autre de le complimenter. Je relevais néanmoins le bras. « Clope et bière, ça te dit ? »lui proposais-je en lui montrant le pack que j’avais acheté en cours de route.

« Sérieux ? » Oui, j'étais plutôt étonné de la réaction de mon ami. Habituellement, Declan me poussait au delà de mes limites et il était toujours le premier à être pour prendre des coups quand j'avais besoin de me défouler. Cela pouvait paraître étrange en vérité, mais on fonctionnait comme ça tous les deux : on se frappait et ça finissait par une petite bière à la fin. Je ris à ce qu'il me répond quand je lui propose une clope. « Ah oui dans ce cas je crois que t'es obligé de refuser. » Je n'ai jamais réussi à arrêter de fumer, je fume depuis si longtemps maintenant. Peut-être dix ans. J'en profite pour demander des nouvelles de Mallory, que je ne connais pas forcément, mais c'est tout de même la femme de Declan. « Ça se passe bien la grossesse ? » Et moi qui aurait du certainement être père si ma femme n'avait pas été tuée. D'un côté, je ne pense pas être près à avoir des enfants mais ça me chagrine que Juliette se soit faite abattre par ma faute. « J'espère bien ! Bientôt je te mettrais KO. » Je lui fais un petit clin d'oeil et allume ma cigarette alors que nous sommes dehors. Je m'assieds contre le mur et adresse un sourire à Declan. « Et comment ! » Quoi de mieux pour récupérer après une séance de boxe ? Heureusement que je me suis inscrit au club de l'université, ça me fait des cours en plus et un défouloir supplémentaire. « T'as cours demain ? »

« Hey fais pas trop ta tête de choqué hein ! C’est limite vexant… ça m’arrive de temps en temps de ne pas avoir envie de me battre »râlais-je avec bonne humeur. En même temps, je ne pouvais guère le blâmer dans un sens. Nathaniel était bien trop habitué à ce que je réponde présent à chaque fois qu’il avait eu besoin de se remettre les idées en place à coups de coups de poings et autres joyeusetés du genre. Seulement aujourd’hui, j’avais envie d’autres choses. De discuter avec lui même si je ne serais pas contre de me foutre sur la gueule avec mon meilleur ami après coup. On ne perd pas les vieilles habitudes aussi vite. « Que veux-tu ma femme a des arguments percutants »blaguais-je avant d’afficher un air qui voulait sans nul doute dire « accroche toi à tes baskets, tu vas pas t’en remettre » lorsque Nathaniel me questionna au sujet de la grossesse. « Si je te dis que j’ai réussi à lui faire des triplés, tu me croiras ? Je crois que j’étais tellement obsédé par l’idée qu’elle retombe enceinte après sa fausse couche que j’y ai mis un peu trop de cœur à l’ouvrage » rigolais-je. Mon meilleur ami savait combien la perte de cet enfant avait été douloureuse. Une perte qui m’avait éloigné de ma famille puisque c’était ma mère qui, pensant que nos ennemis ne tireraient sur Mallory, leur avait donné le feu vert. Résultat j’avais failli perdre la femme de ma vie. Nous n’étions toutefois pas là pour évoquer ce genre de choses sinistres et évoquer ses progrès de boxeur me paraissait diablement plus séduisant. « Rêve toujours petit scarabée » le charriais-je avant d’hocher la tête. « Ouais, j’ai trois heures sur la civilisation grecque avant d’enchainer sur deux heures de latin avant de bosser sur ma recherche de stage pour la fin de l’été. Et toi ? »

« Je sais gros. » dis-je au jeune homme en lui faisant un petit clin d'oeil. Nous n'étions pas non plus de grosses brutes, mais il fallait mieux ne pas trop nous chercher. Surtout Declan. Je suis content qu'il soit venu car sa présence m'apaise naturellement. La boxe et la cigarette sont aussi des facteurs mais mon meilleur pote en fait bien plus. « Ah ces femmes. » dis-je en ricanant. Je ne sais pas si je pourrais réellement tomber amoureux un jour, de peur qu'on fasse à nouveau du mal à la femme que j'aime. Bon, j'étais loin d'être raide dingue de ma femme mais ça m'avait tout de même affecté. Surtout en additionnant mes deux ans de prison post meurtre. J'écarquille les yeux quand il m'avoue qu'elle attend des triplés. Des triplés ? Mon dieu, ça fait vraiment beaucoup là. « Trois gosses ? Et ben bonne chance mon gars ! » m'exclamais-je en rigolant, tout en ouvrant ma bière pour en boire une gorgée. Ça me fait plaisir de le voir aussi heureux, même si dans quelques mois, il va se retrouver avec trois gamins sur le dos. Je sais qu'il est amoureux de Mallory et qu'elle soit enceinte d'un ou quatre enfants, il serait parfaitement comblé. « En tout cas j'suis vraiment content pour toi. » Je lui lance un petit regard amusé quand il me dit de rêver encore un peu. Je suis certain que j'arriverai à le mettre à terre un jour, ça ne saurait tarder. « Que des matières soporifiques pour moi, franchement je sais pas comment tu fais ! Moi j'ai quatre heures de neurosciences, et un peu d'anglais je crois. » Je hausse les épaules, trouvant que ma journée n'est pas non plus blindée. « Tu veux partir dans quoi comme stage ? »

« A qui le dis-tu » répondis-je avec un léger sourire. Avant Mallory, je ne pensais pas que j’arriverais un jour à me fixer. Je faisais un métier des plus dangereux car on ne pouvait pas dire que j’étais un étudiant lambda. Non, tueur à gage pour le compte de la mafia irlandaise de New York, je n’étais ni plus ni moins que le fils du parrain. Il y avait plus stable comme vie non ?! Quoiqu’il en soit, je m’étais depuis des années fait une raison. Comment laisser place à l’amour quand je vivais aussi dangereusement ? Et pourtant, Mallory était arrivée et avait fait voler en éclat toutes mes certitudes. Depuis, je craignais qu’une seule chose : la perdre. Je plaignais sincèrement celui ou celle qui me séparerait de ma femme. Un(e) suicidaire en puissance. « Merci, je sens qu’il va m’en falloir. J’ai toujours voulu une grande famille, genre les grands clans mais je m’étais pas attendu à avoir trois gosses d’un coup. C’est de la pure folie mais si tu savais combien j’ai hâte. Deux bonhommes et une princesse » lui appris-je avant de le remercier d’une tape dans le dos. Avec lui, ce qui était bien, c’est que nous n’avions pas forcément besoin de beaucoup de mots pour nous comprendre. Des fois, un seul geste suffisait. « Je suis passionné, ça aide beaucoup mais je te souhaite bon courage, rien que d’entendre parler de neuroscience, tu me files déjà mal au crâne »plaisantais-je avant de réfléchir quelques secondes à sa question. « Eh bien mon oncle qui est archéologue m’a proposé de l’accompagner sur des fouilles au Pérou mais Mallory sera en passe d’accoucher alors je ne veux pas trop m’éloigner. Je pense accepter la proposition du musée de Boston. Et toi ? Tu restes dans les parages ? »