Tu veux jouer avec moi ?

Damen Ҩ Esfir

« Si on prend le risque de s'attacher à quelqu'un, on prend le risque de le perdre. »

« L'habitude, l'entrainement et toi comment tu fais pour supporter les cours de médecine, cette emploie du temps chargé? » Mais de quoi je me mêle ? C’est quoi le rapport entre le sport et mes études ? Ah peut être qu’il croit que j’aime ce que je fais peut être ? D’un seul coup cette remarque me vexa, pourtant je sais qu’il ne l’a pas fais exprès, il ne disait pas ça méchamment. Je me forçais à sourire devant lui pour ne pas montrer ma tête de chien battu. Déjà qu’il avait compris que le basket c’était plus un fardeau pour moi qu’autre chose et que ça allait être dur de me faire bosser à fond, alors je ne voulais pas empirer mon cas. Juste par politesse du moins. C’est vrai après tout, Damen je l’adore, s’il venait à me trahir, je le prendrais super mal. Surtout lui qui a la réputation d’être un chaud lapin, ça me fait plaisir qu’il m’aime pour ce que je suis et qu’il ne veut en aucun cas me mettre dans son lit. C’est très flatteur dans un sens, c’est qu’il me respecte un minimum. Non, je ne dis pas qu’il ne respecte pas les filles avec qui il copule mais… Bon les sex-friends ça existe et il n’a jamais rien insinué de cela avec moi. Peut être que je ne suis pas à son goût ? Ca y’est, Esfir, tu vas chercher des problèmes là où y’en a pas ! Oui, ça arrive souvent que je me parle à moi-même et alors ?

Soudainement, je me faisais plus calme et je me laissais même prendre le ballon des mains. Je n’avais même pas la force à réagir normalement et à reprendre ce qu’il me venait de droit : le ballon. Je rêve là, j’aurai dû faire un caprice pour récupérer une balle de basket ? On aura tout vu. Je laissais Damen m’expliquer ce qu’il voulait que je fasse. Je l’écoutais sans l’écouter en fait, c’était bizarre. Dés qu’il me disait quelque chose, ça ne restait pas en tête, ça ressortait immédiatement de l’autre côté. J’avais à présent le regard vide, sa remarque sur mes études m’avaient tué. Décidément je ne pensais pas que cela m’atteignait autant. En fait je crois que plus ça va, plus mon dégoût pour mes études se fait ressentir et je viens à en être malade tellement ça me dégoûte. Si seulement je pouvais vivre de ma musique et quitter Harvard pour avoir enfin la paix. C’est beau de rêver, vraiment. Pourquoi quand on veut on peut non ?

Une fois qu’il m’avait expliqué ce qu’il voulait que je fasse, il me montra un exemple avec le ballon qu’il m’avait piqué des mains. Ah bah là c’est de suite plus clair. Lorsque le ballon tomba au sol, j’allais le récupérer aussitôt et je le serrais contre ma poitrine en enroulant mes bras autour de lui. Genre on allait me le piquer… Bah ouais, il me l’a prit une fois, pas deux hein. Ensuite je me mis à l’emplacement de là où je devais lancer. Techniquement ce n’est pas très loin, du moins, il y a pire, mais pour moi ça l’était déjà trop. Je ne savais pas comment lancer le ballon, alors j’essayais de me rappeler l’emplacement des mains de Damen lorsqu’il a lancé pour essayer de reproduire la même chose. J’ai bien dis « essayer » hein… Je pliais légèrement mes genoux, je levais mes bras et lançais la balle en sautant lorsque je vis cette dernière dévier et aller à l’autre bout du terrain avant qu’elle n’atteigne le panier. Je n’ai pas pu m’en empêcher, je regardais d’un regard noir Damen. Surtout que là, j’étais déjà assez vexée par sa remarque, alors si en plus il se permettait de déconner, je crois que ça n’allait pas le faire. Je serrais mes poings très forts pour me calmer en me disant que c’était cool de la part de Damen qu’il m’aide car il n’en était en rien obligé. Je fermais les yeux, me mis les mains devant mon visage et me frottait ce dernier comme pour me réveiller. « Calme Esfir » me suis dis-je dans ma tête.

« C’est bien de me donner des conseils pour tirer, mais si lorsque je tire à chaque fois tu dévies le trajet de ma balle, ce n’est pas comme cela qu’on va savoir si je peux atteindre le panier de cette distance non ? » A la base je voulais dire ça en déconnant et en souriant, mais là c’était ressorti très froidement. Je ne m’en rendais compte que trop tard et la seconde d’après je me mis à souffler et m’excusais sur le champ. « Pardon Damen, je ne voulais pas dire ça aussi sèchement… » Je déviais vite mon regard de lui et allais récupérer la balle en traînant un peu des pieds. Heureusement elle n’était pas allée très loin. Une fois qu’elle était revenue dans mes mains, je revenais vers Damen et lui embrassais la joue en guise d’excuse même si au fond de moi, ça bouillait encore un peu, je restais juste calme en apparence, ne voulant pas craquer devant lui. Il ne m’avait jamais vu en colère et je ne voulais pas qu’il le voit. Pas Damen non, pas Damen le garçon qui me respecte et qui tient à moi pour les bonnes choses, non, je ne voulais pas. Je me remise ensuite en face du panier, le ballon dans mes mains. « Tu m’expliques comment je dois positionner mes jambes et mes bras pour réussir à lancer plus ou moins correctement malgré mon niveau catastrophique ? » Je réussis malgré tout à lui lancer un bref sourire en attendant ces explications… Encore.