I want just a "Hello".

Keanu Ҩ Esfir

« Un amour sans jalousie est un amour imparfait. »

Il était 11h du matin, j’étais morte de fatigue. Je me suis endormie à 6h, pour me réveiller à présent, car j’ai 2 heures de cours cet après-midi que je ne peux me permettre de rater. La vie d’étudiante encore et encore… Ca faisait un moment que je n’avais pas revu Keanu, je pensais très souvent à lui ces temps-ci. Le manque de solitude se faisait ressentir certainement. Keanu et moi c’était bien, on s’appréciait tel que nous sommes. Il était au courant de mes problématiques et le vivait bien apparemment. Ce que j’aime chez lui ? Sa jalousie et sa possessivité. Certes, parfois ça m’énerve car j’ai l’impression de devoir me couper du monde pour lui, mais bon, c’est une preuve d’amour et étrangement ça me fait plaisir. Je crois que j’ai tellement peu l’habitude que des hommes m’apportent de telle sensation, qu’à chaque fois, je m’emporte un peu trop. Pas dans le sens, je veux en faire mon copain ou ce genre de débilité, mais ça me fait chaud au cœur.

A cet instant précis, j’étais dans ma chambre encore chez les Dunster House, puis ne voulant pas manger avec tout le monde, je décide de partir manger à l’extérieur. Où ? Quoi ? Aucune idée. Mais je m’en fichais. On se plaignait que je ne sois pas assez sociable, bah là je vais jouer à ma sociable en allant manger à un endroit inconnu, entourée… d’inconnu. Logique en fait. J’avais de gros cernes sous mes yeux et je n’avais même pas pris le temps de me maquiller. Mais je m’en fiche après tout, je ne sors pas pour plaire. Limite dans ce restaurant, je resterais au fond, toute seule, ou si je peux prendre à emporter, je le ferais et irait me caler dans un parc près de la fac.

Je sortis de ma maison et me dirigeait vers la sortie en baissant ma tête, pour ne croiser personne, ne voulant que personne m’accoste. Puis en voulant aller trop vite, je bouscule quelqu’un sans le vouloir. Hasard. Ne voulant pas parler à cette personne, je commence à fuir en courant pour vite arriver à la sortie. Pathétique ? Oui. Ridicule ? Oui. Je commençais à calmer mon pas, puis en sentant un regard insistant sur ma personne, je me retourne et voit au loin Keanu, pile à l’endroit où j’ai basculé une personne… Oh, c’était lui ? Je fis les gros yeux, me rapproche de lui en rougissant légèrement en me sentant assez conne de m’être barrée de la sorte s’il s’agissait réellement de lui.

Je m’approchais de lui, assez lentement en regardant le sol, lorsque mon visage se rapprochait de sa personne. « Salut Keanu, désolé si… » Je m’arrêtais quelques secondes, passai ma main dans mes cheveux et avalait ma salive. « C’est toi que j’ai bousculé par hasard ? » Je levais brièvement mes yeux vers les siens et me mordais ma lèvre inférieure de gêne, puis détournai rapidement mon regard du sien en regardant autour de nous, me sentant très gênée par cette situation.

Mon regard se posait sur le professeur qui parlait dans le vide, sans s’en rendre compte à priori. Je détestais ce prof comme je détestai la plupart des personnes qui se trouvaient dans la salle. Surtout cette fille là, Pearl je sais plus trop quoi. Je me rappelai parfaitement la fois où elle était venu défendre une pédale alors que j’étais en pleine séance de ridiculisation en public. Attendez, une pédale veut me mettre dans son lit et j’ai rien le droit de dire en retour ? La blague. Rien que d’y penser, j’ai envie de vomir. Elle devrait se méfier, la prochaine fois c’est sur elle que cela tombera. Un petit rire s’échappa d’entre mes lèvres, faisant se retourner plusieurs élèves que je foudroyai du regard dans le seconde qui suivit. Quoi ? On peut même plus rigoler tranquille, merde ! m’exclamai-je en me levant rapidement pour sortir de l’amphithéâtre. J’en avais marre de ces cours de merde avec des gens de merde, qui disent que de la merde. Pourquoi tous les Dunster ou presque, avaient choisis Arts Visuel comme matière ? Encore, si le cours avait lieu en début de soirée, j’aurais compris, les pauvres il faut bien qu’ils s’occupent étant donné qu’ils ne vont que rarement aux fêtes mais tout de même. Il venait me faire chier dans cette matière, ma matière alors qu’il y en avait des dizaines d’autres.

C’est en pensant aux Dunster que mon cerveau me rappela l’existence d’Esfir. Non pas que je l’avais oublié, bien au contraire, simplement ça faisait pas mal de temps que l’on s’était pas vu. C’était l’une des rares Dunster avec laquelle je m’entendais bien, enfin, y’en a d’autres mais disons que c’était d’elle dont j’étais le plus proche. Une petite brunette toute mignonne que l’on avait envie de prendre sous son aile. Ce que j’avais d’ailleurs fais avec plaisir, me montrant plus possessif et jaloux qu’il ne le fallait, par chance j’avais toujours su me calmer à temps pour ne pas faire de bêtises; j’ai tendance à être violent lorsque la jalousie se fait trop ressentir. Mes pas m’avaient mené inconsciemment vers la sortie pour aller manger un petit truc mais une idée me vint à l’esprit. Et si j’allais voir Esfir ? Elle ne devait pas avoir cours… Il faut vraiment que je fasse une copie de son emploi du temps. Et puis, aller la voir me donnerait une excuse afin de vérifier qu’elle n’est en compagnie d’aucun garçon, même si je ne serais pas contre une petite bagarre, la maintenant, tout de suite. Je fis donc demi tour tel un robot, pouffant de rire tout seul. Oui, des fois je me fais peur… Je commençai à marcher en direction de la Dunster House, saluant les quelques amis que je croisai sur le chemin, jusqu’à me faire bousculer par une fille, ce qui me fit grogner. Elle sait pas marcher ou quoi ? J’sais pas, c’est pas dur de mettre un pied devant l’autre et de se décaler quand il y a quelqu’un en face, putain ! Je me retournai rapidement alors qu‘elle prenait la fuite, prêt à lui dire ce que je pensais mais je me ravisai au dernier moment: Je reconnaitrai ce cul entre milles. C’est con à dire mais je connais le cul d’Esfir par cœur même si je ne l’ai finalement jamais regardé plus que ça. Ou alors c’est qu’une impression et je la reconnais tout simplement parce que c’est elle… Ca se peut. Aussitôt, je lançai un regard noir à tous les garçons susceptible de lancer un regard sur la demoiselle qui sembla remarquer l’attention que je lui portais, même de dos, étant donné qu’elle se retourna. Un sourire s’installa sur mon visage lorsque je vis l’expression qu’elle fit en me voyant, je sentais déjà une centaine de questions parcourir son cerveau, je commençais à bien la connaitre.

En quelques pas, elle se retrouva devant moi, les joues légèrement rosies par la situation, ce qui me fit rire doucement, cependant il n’y avait rien de moqueur là dedans. Ca se peut bien, je vais t’offrir des lunettes ma p’tite. T’aurais pu me reconnaitre avant de me rentrer dedans, quand même ! Je ris à nouveau, de bon cœur mais ça ne dura guère longtemps puisque mon regard se posa sur ce connard de Damen qui se trouvait à quelques mètres avec ses amis. Ne voulant pas m’énerver, je serrai les dents avant d’embrasser la joue d’Esfir, marquant le territoire à ma façon. Je fis de mon mieux pour faire apparaitre un nouveau sourire sur mon visage, qui était même franc finalement. T’es toute jolie aujourd’hui ! Et je peux savoir où tu courrais comme ça ? J’allais venir te voir. Je voyais bien qu’elle était gêné par la situation mais ça ne m’empêchait pas d’en rajouter une couche, lui demandant où elle se rendait en courant. Elle le prendrait peut-être mal mais je saurais me faire pardonner puisque je ne voulais pas être méchant avec elle, bien au contraire. Je la regardais amusé, tout en lançant de discret regards dans la direction de Damen qui ne nous avait pas encore remarqué. Tant mieux, je n’aimais pas du tout le fait qu’il parle avec mon amie, tout simplement parce qu’elle est à MOI. Elle me savait déjà jaloux de nature mais si elle était dans ma tête, elle deviendrait certainement folle. Enfin, après tout je n’aime juste pas partager, rien de plus normal.

Keanu Ҩ Esfir

« Un amour sans jalousie est un amour imparfait. »

Je restais là face à lui toujours aussi gênée. Je n’aimais réellement pas passer pour la maladroite de service, la tête en l’air du coin. Et là c’était l’image que je me donnais. Peut-être qu’il devait penser ça aussi, je ne sais pas… Mais je crois que je devais essayer de ne pas y penser, sinon j’allais déprimer automatiquement et je ne veux pas. J’ai peu d’amis alors si les peu que j’ai, je me permets de passer pour la dépressive de service, ça ne va pas le faire. Je l’écoutais parler en le regardant timidement, et sans que je m’en rende compte je lui fis un large sourire niais. Voire très niais. Il comptait venir me voir ? Ah bon ? « Tu comptais me dire quelque chose ? » J’hausse les épaules en souriant comme une enfant, puis je vis son regard se positionnait au dessus de mes épaules, et je regarde automatiquement derrière moi et j’aperçois Damen au loin. J’avais envie d’aller lui dire bonjour, mais je savais que Keanu n’allait pas aimer, donc je fis genre de ne pas voir Damen, puis je me retourne à peine que Keanu m’embrasse sur la joue, ce qui me fit rire légèrement. Sa façon de m’embrasser voulait tout dire. Il ne m’embrassait pas car il en avait envie, mais plus pour montrer que je suis à lui. C’est mignon mais bizarre à la fois. Je pose sans le vouloir une main sur son torse et je lui tapote gentiment à travers son haut, puis je lui prends la main et commence à l’entraîner vers l’extérieur d’Harvard. « Je comptais aller manger là, d’où j’étais pressée et que je ne me suis pas retournée… » Enfin, ça s’était la version officielle. La version officielle n’était en rien ça. Je fuyais juste en courant, ne voulant pas affronter la personne que j’ai bousculé par mes gardes.

Pourquoi partir maintenant à l’extérieur ? Juste pour éviter que Damen m’aperçoive et qu’il vienne vers moi pour me saluer. Je ne voulais mettre ni l’un ni l’autre en colère et connaissant Keanu, il serait capable de démarrer au quart de tour et je n’ai pas envie non. Je veux juste passer un bon moment. « T’as faim j’espère ? » Je tourne légèrement ma tête vers lui en continuant tout de même à avancer rapidement vers la sortie. On aurait dit que j’étais en retard à un rendez-vous, alors qu’il en était en rien le cas. Je voulais juste éviter cette confrontation entre ces deux là. Et surtout, je ne voulais pas que Keanu apprenne pour la partie de basket entre Damen et moi l’autre jour. Enfin, il devait s’en douter que je traînais de tant à autres avec lui, vu que Damen est mon ami, autant que lui est le mien. Mais à chaque fois que j’ose traîner avec un autre garçon j’ai l’impression de tromper Keanu en quelques sortes. C’est très désagréable comme sensation, surtout que lui a pleins d’amies filles. J’en suis énormément jalouse, mais je ne dis rien et je laisse faire. Parfois j’ai l’impression que Keanu veut m’enfermer et que je ne sois qu’à lui. Pourtant je ne lui apporterais rien. J’ai quoi de plus que les autres ? Il est jaloux comme ça avec tout le monde d’ailleurs ou juste avec moi ? Là est la question.

Je continuais mon chemin en ralentissant soudainement le pas, lorsqu’on avait quitté la fac. Je lui lâchais la main par la même occasion, après tout, on était pas en couple, donc ce geste là n’était pas réellement approprié pour nous deux, mais c’est le premier geste qui m’est venu à l’esprit pour sortir rapidement Keanu dehors. Je soufflais légèrement et passait ma main dans mes cheveux pour dégager les quelques mèches de mon visage qui me gênaient. Je ne disais rien et je regardais droit devant moi en me demandant où on pouvait bien aller, sans prendre le risque de croiser de quelqu’un de connu. Là, je voulais juste un peu de tranquillité pour aujourd’hui et respirer sans avoir la pression des cours ou sentir les regards insistants des autres étudiants de la faculté. Juste Keanu et moi en bons amis. Ca faisait longtemps, donc on devait certainement avoir des choses à se dire. Du moins lui, vu que moi ma vie sociale est au stade zéro… Alors que lui, il sort énormément, donc des péripéties il en a à me dire peut être. Mais là question principale qui trottait dans ma tête était surtout : Pourquoi voulait-il me voir ? Pas que je ne trouve pas ça bizarre… Mais je suis si parano, que lorsque quelqu’un me dit qu’il veut me voir ou parler, je m’imagine les pires scènes dans ma tête et en général, mon cœur en prend un sacré coup.

Mon sourire ne disparu pas de mon visage, mon regard fixant la jeune demoiselle, amusé. Elle était gênée par la situation et ça se voyait. Pendant une fraction de secondes, j’avais l’impression de faire face à une jeune enfant qui venait de faire une bêtise dont elle n’était pas très fière. Elle était aussi mignonne qu’une petite fille, surtout avec son sourire presque niais. Et puis, elle avait ce petit côté innocent d’enfants que j’adorais. On a envie de lui faire des bisous et des câlins à longueur de journée et on l’on se sent trahi lorsqu’elle décide de se rapprocher d’une autre personne… Esfir était mon petit bébé, en quelque sorte. Je secouai la tête dans un signe négatif alors que je plaçai mes mains dans mes poches. Non pas spécialement… Tu me manquais, en fait. dis-je en haussant légèrement les épaules, la franchise se lisant sur mon expression. La plupart des gens de Harvard pensent que je suis un connard qui n’aime personne mais c’est faux, je sais simplement à qui je peux faire confiance, malheureusement le nombre d’amis que j’ai prouve que le niveau est bien bas ici. J’étais heureux d’avoir rencontré Esfir qui remontait un peu le niveau, elle ne me voyait pas comme un batard qui prend les gens de haut, du moins je n’en avais pas l’impression. En même temps, elle ne considérait pas Damen comme un connard non plus, donc elle devait certainement penser qu’on vivait au pays des bisounours et que tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau… D’ailleurs elle tourna sa tête vers lui, ayant certainement remarqué l’attention que je portais à la personne qui se portait dans dos. Aussitôt, je serrais les poings pour retenir un commentaire qui ne ferait qu’envenimer la situation.

Mon territoire avait cependant été marqué par le baiser que je lui avais fait et bizarrement, j’étais rassuré. Mon pouls se calmait doucement alors qu’elle tapotait légèrement mon torse, avant de m’entrainer par la main pour sortir d’Harvard. J’eus tout juste le temps de lancer un regard haineux à mon ennemi, ignorant si il l’avait vu ou pas. Ses paroles me firent sourire. Je savais bien qu’elle trouvait des excuses pour son comportement, je commençais à être habituer mais je ne fis aucun commentaire, me contentant de lever les yeux au ciel. Ah, je comprend… La faim nous fait parfois perdre tout signe d’humanité ! m’exclamai-je en pouffant de rire, ne pouvant m’empêcher de lui donner un petit coups derrière la tête. Je l’imaginais bien enfant, se ruant à table en poussant quiconque l’en dissuaderait. Ca devait vraiment être cool de vivre avec elle. Tu sais, je suis un mec, j’ai toujours faim. Et puis si tu fais attention, t’entendras même mon ventre confirmer ce que je viens de dire… Je détestai avoir faim parce que bizarrement, mon ventre se mettait à gargouiller instantanément. Je détestai cette sensation et encore plus lorsque les gens entendaient. C’est complètement débile, je sais, tout le monde en rit mais moi ça me rendait mal à l’aise.

Esfir m’emmenait à l’extérieur d’Harvard, d’un pas rapide. Heureusement que j’avais de grandes jambes, car sinon j’aurais du me mettre à courir pour rester à ça hauteur. Je jetai quelques regards autour de nous, me demandant pourquoi elle se dépêchait autant. Elle avait le feu au cul ou quoi ? Mais avant que j’ouvre la bouche pour lui faire remarquer, son pas s’était ralenti. Sa main lâcha la mienne. C’était le moment de foudroyer du regard le moindre mec présent, vu que je n’avais plus rien pour prouver qu’elle était à moi. J’aurais aimé mettre mon bras autour de ses épaules mais elle n’aurait certainement pas apprécié. Un silence s’installa entre nous alors qu’on marchait, je détestai ça. Ca voulait dire qu’on avait rien à dire, il n’y avait pas pire situation. Alors, tu me racontes quoi de beau ? Je lui adressai un petit sourire presque gêné alors que je me mis à fixer un point droit devant moi. Je me demandai si elle allait oser aborder le sujet Damen, j'avais entendu dire qu'ils s'étaient au terrain de basket mais personne n'avait pu me confirmer la rumeur. Je ne comptais pas lui demander directement mais j'avais envie de savoir si je devais me sentir trahi ou non. Et juste, tu veux manger où ?

Keanu Ҩ Esfir

« Un amour sans jalousie est un amour imparfait. »

On marchait dans les rues tranquillement et je sentais le vent dans mes cheveux c’était agréable comme sensation. Je crois que je ne m’en lasserais jamais. Par contre le truc qui me titillait c’est Keanu, pas que ça présence me dérange mais je le sentais ailleurs. Il regardait pas mal autour de nous et je me demandais bien pourquoi. Faisait-il cela pour surveiller les spécimens masculins ? De toute façon il n’avait aucune crainte à avoir. Aucun garçon ne viendrait m’aborder. Puis bon, faut l’avouer Keanu était très intimidant, je ne sais pas. Il n’a pas besoin de m’avoir dans ces bras pour me gardait pour lui et faire comprendre aux autres hommes que je lui appartenais. Enfin techniquement je ne lui appartiens pas, je n’appartiens à personne mais allez savoir, pour Keanu je lui appartenais. Mais était-il comme cela juste avec moi ou avec tout le monde ? Là était la question. Je suis aussi très jalouse et possessive dans mon genre, sauf que moi je ne le fais pas autant remarquer que lui. Je sais que c’est mal d’être ainsi, donc je me cache, si je puis dire, mais intérieurement j’ai souffert plus d’une fois à cause de cette jalousie maladive et cette possessivité excessive.

« Alors, tu me racontes quoi de beau ? » Me dit-il. Je ne sais pas pourquoi il me le demande, il sait pertinemment que ma vie est très ennuyeuse et qu’il ne se passe jamais rien de bien intéressant. « Si tu savais, tellement de chose… » Je me mis à rire en trouvant ma réponse bête. A chaque fois je répondais cela mais à chaque fois je répondais toujours la même chose. Sauf que là, il y avait vraiment un évènement nouveau dans ma vie. Damen m’avait avoué quelque chose la dernière fois, une chose de vraiment énorme et vexante. J’avais envie de lui raconter, mais bizarrement je n’en veux pas à Damen, enfin si… Là ça fait quelques jours que je ne lui ai pas adressé la parole mais je n’arrive pas à le détester comme Keanu le déteste. Sans trop savoir ce qui me prend, j’avais envie d’être rassurée, donc je reprends de nouveau la main de Keanu entre la mienne, laissant mon pouce caressait sa peau. Je continuais toujours à avancer sans trop savoir où aller. Keanu avait faim, moi aussi mais là rien que de penser à Damen et à ces propos, mon estomac se noua et me coupa légèrement la faim. Tout en avançant, je regardais par terre, les yeux fixés sur le sol en serrant de plus en plus fort la main de Keanu. « Dis Keanu, pourquoi moi ? » Ma question était vague, douteuse, incompréhensible : pourquoi moi ? D’où je sortais cette question ? Là est la question.

En fait, j’avais envie de lui demander pleins de trucs, déjà depuis quand il n’avait pas mangé tellement son ventre criait famine, ensuite pourquoi il était si possessif à mon égard, puis est ce que j’étais la seule personne avec qui il était comme ça et pour finir, la question qui fait mal : pourquoi déteste-il autant Damen. Mais en voulant tout dire, j’ai finis par rien dire au final. « Excuse moi, je dis un peu n’importe quoi là, je suis à l’ouest.. Je suis… » Je m’arrêtais quelques secondes, toussais légèrement et repris la parole. « Je suis fatiguée à ne rien faire de ma vie. » J’haussais les épaules en relevant ma tête et en le regardant droit dans les yeux tout en abordant un large sourire de gosse assez imbécile. Le genre de sourire où t’es obligé de sourire en retour tellement il est bête mais mignon à la fois. On marchait encore quelques pas, puis j’aperçus au loin le « East Coast Grill » un restaurant très réputé au sein de la ville et où les prix sont pas donnés apparemment. Mais je ne sais pas, j’avais envie de me faire plaisir là et de passer un bon moment avec Keanu en mangeant relativement bien, même si à la fin notre porte monnaie allait douiller. Sans dire quoique ce soit, je montrais du doigt ce restaurant à Keanu, en continuant à sourire niaisement en l’attente d’une réponse.

Je venais de lui demander ce qu’il y avait de neuf dans sa vie, ce qu’elle avait à me raconter, que ce soit intéressant ou non mais je me doutais déjà de sa réponse. Comme toujours, elle me répondit qu’elle avait énormément de chose à me raconter… Mais il n’en étais rien. En fait, ça m’arrangeait. Je préférais qu’elle n’ait rien à me raconter, ou plutôt qu’elle ne veuille rien me raconter plutôt qu’elle me raconte divers exploit qu’elle aurait eu en compagnie de mecs. Jaloux comme j’étais, je préférais savoir qu’elle passerait toutes ses journées enfermé dans une maison plutôt que de la voir sortir n’importe où et en compagnie de n’importe qui. Tellement de chose ? Raconte moi tout alors… Tu sais que j’ai tout mon temps ? demandai-je avec un petit sourire joueur. La seule chose que j’espérais, c’est qu’elle n’aborde pas le sujet Damen. C’était certainement l’unique chose qui pourrait me mettre hors de moi, alors qu’Esfir n’y est pour rien. J’essayais de ne pas penser à lui, car dans la seconde qui suivait, mes mains se mettaient à trembler, de rage ou de je ne sais quoi. C’était très désagréable et ça ne s’arrangea pas lorsque la brunette prit ma main dans la sienne.

Mes tremblements se calmèrent mais je me doutais bien qu’elle se demanderait ce que j’avais, c’est pourquoi je serrai un peu plus fort sa main avant de déposer un doux baiser sur sa tempe, me fichant bien de ce que les gens pensent. Je savais que les rumeurs allaient de bon train et que dans peu de temps les gens me prêteront une relation fictive avec elle mais je m’en fichais totalement. Ses paroles me firent froncer les sourcils. Je ne comprenais pas. Pourquoi elle ? Comment ça ? J’étais déjà pas très intelligent à la base mais si en plus elle commence à me parler en semi code, ça n’allait pas du tout le faire… Qu’Est-ce que tu veux dire par là ? Je la fixai tendrement alors que son regard était plongé sur le sol. Ca me faisait mal de la voir comme ça alors qu’à priori, elle n’allait pas mal. J’avais l’impression d’être à côté d’une jeune femme totalement perdue. Il faudrait sérieusement que je pense à arrêter d’avoir des impressions à longueur de temps, ça allait finir par me rendre fou.

J’étais à la fois heureux d’être avec elle mais aussi mal à l’aise. Pas que ce qu’elle me disait me gênait, seulement car je ne comprenais pas vraiment où elle voulait en venir. Beaucoup de personnes prenaient un malin plaisir à me traiter de « kinder »… Je commençais sérieusement à penser qu’ils avaient raison. Ah non, on est à l’Est, là ! m’exclamai-je en la regardant tout choqué. Oui, c’était une vanne pire que nulle mais c’était ma façon de détendre l’atmosphère. Peut-être qu’elle ne trouvait pas cette situation étrange mais pour moi c’était le cas. A ne rien faire de ta vie ? Tu me parles, c’est déjà pas mal… Je ne pus m’empêcher de lui sourire en retour. Elle avait cette bouille toute mignonne à laquelle je ne pouvais résister. D’ailleurs, lorsqu’elle me montra le restaurant où elle voulait manger, j’acquiesçai avec le même sourire. Je me fichais où j’allais manger, tant que c’était comestible et que je pouvais passer du temps en ça compagnie ! Allez, viens, c’est moi qui invite ! affirmai-je sans même lui laisser le temps d’ouvrir la bouche, l’entrainant déjà à l’intérieur du restaurant. Heureusement, il n’y avait pas trop de monde et les quelques personnes présentes étaient âgés d’environs 40 ans, aucun étudiants d’Harvard ne semblait présent. Etrange.

Keanu Ҩ Esfir

« Un amour sans jalousie est un amour imparfait. »

« Ah non, on est à l’Est, là ! » Avait-il réellement osé ? Oui, il a osé. Je ne pus m’empêcher de le regarder et j’esclaffais de rire à l’entente de cette blague. Certes elle était nulle, vraiment mais justement c’est ce que j’aimais chez lui. Son naturel. J’avais l’impression de connaître un Keanu que personnes d’autres ne connait sur Harvard. Réagirait-il différemment avec moi qu’avec les autres ? Peut être, mais en tout cas j’aimais le Keanu que je voyais. Le Keanu qui ne tenterait jamais rien avec moi et qui prendrait soin de moi dans n’importe quelle situation. Oui j’aimais Keanu, énormément. Je ne saurais décrire notre lien. Je ne le considère pas comme mon frère, ni comme mon meilleur ami… Je… Je ne trouve pas d’appellation exacte pour décrire notre lien. Je l’aime, c’est tout. J’aime sa jalousie et sa possessivité, j’aime qu’on me prouve qu’on tienne à moi. Oui c’est bête, je sais, mais je n’y peux rien, je suis comme ça. « Tu sais que tu fais des blagues débiles hein ? » Je me mis à rire et vint déposer sur sa joue un fort baiser. On devait sembler d’un petit couple niais amoureux, mais je trouvais ça attendrissant comme situation. J’avais un besoin urgent d’affection.

« Allez, viens, c’est moi qui invite ! » Il est fou ou quoi ? « Non non Keanu, laisse moi payer ma part, je t’assure ! » Ca devait être peut être vexant j’en sais trop rien, mais j’étais toujours mal à l’aise lorsqu’on m’offrait des choses. Pourtant je me doutais que cela devait être très cher, rien qu’en entrant dans le restaurant, vu la clientèle qu’il y avait, je me doutais qu’on ne repartirait pas juste avec 20$ en moins… Je ne voulais pas le vexer, faisait-il parti des hommes qui se vexent facilement lorsqu’on refuse leur cadeau ? Je ne sais pas. Je ne voulais pas qu’il se vexe. « Ne t’en fais pas, tu sais, j’ai de quoi payer et je ne veux pas te faire dépenser de l’argent bêtement. » Je regardais tout autour de moi en étant assez gênée. Puis un serveur arriva et commença à nous faire signe pour qu’on le suive. J’entraînais sur le champ Keanu avec moi en priant pour qu’il ne me fasse aucunes remarques sur le fait que je veuille payer ma part. Le serveur nous plaça au fond de la salle. On avait une table assez éloigné des autres, face à face, on aurait dit qu’il nous croyait en couple et qu’il voulait tout faire pour que l’on soit seul, et qu’on ait la paix. Lorsque je vis ça, je ne pus m’empêcher de sourire bêtement. Je lâchais la main de Keanu, pour venir m’asseoir assez lourdement sur la chaise, regardant le serveur, surpris par mon attitude. Oui, ça ne devait pas être très classe certes. Je me demandais bien ce qu’il pensait : Enfant de riches ? Pourri gâtés ? Ouais, dans sa tête ça devait être ça.

Je ne pouvais que sourire en voyant qu’elle riait à ma blague complètement débile. Seule une vrai amie l’aurait, ou une vrai conne et je savais dans quelle catégorie elle se plaçait. Je n’avais pas énormément d’amis à Harvard, surtout des connaissances mais je savais qu’Esfir était certainement la plus loyale et respectable de mes amies. Je fus beaucoup déçu niveau amitié depuis que je suis arrivé à Cambridge mais aucunement par elle. En même temps, il faudrait qu’elle y aille vraiment fort pour me décevoir, qu’elle devienne lesbienne, quoi. C’était vraiment la seule chose qui pourrait me poussait à ne plus lui parler et encore, je pense que je passerais mon temps à lui vanter les mérites d’être hétéro, simplement pour ne pas la perdre. Tu sais que t’es amis avec un débile ? Il faut assumer ! répliquai-je avec une folle envie de lui tirer la langue mais ça serait me faire passer pour encore plus débile que je ne le suis. Et puis, personnellement, j’étais plutôt fier de ma blague… Et puis au moins, je l’avais fais rire et on avait évité le moment de gêne qu’aurait occasionné sa remarque. Mon sourire s’élargit lorsque je sentis un baiser se déposer sur ma joue. Dieu existait-il, finalement ?

Le fait qu’elle réponde à ma remarque m’énervait. J’avais prononcé cette phrase sur le ton interrogatif ? Je crois pas ! J’étais connu pour être un connard de première, qui se prend un peu trop pour le roi du monde mais si ma mère m’avait bien appris une chose, c’était de ne jamais faire payer une fille au restaurant. Peu importe si après on lui brise le cœur, tant qu’elle ne dépense pas d’argent. Même si dans notre cas, je ne voulais pas non plus lui briser le cœur. Ce restaurant était plutôt cher en plus mais excellent, j’avais déjà eu l’occasion d’y manger plusieurs en compagnie d’Anya et Andy, peut-être même Chuck. Enfin bon, l’ambiance y était plutôt sympa. Ses paroles faisaient vraiment monter la tension en moi, elle pensait que je la croyais pauvre ou quoi ? Ma belle, t’oublies peut-être que j’ai un compte en banque pas mal rempli. Je peux même t’acheter ce restaurant, si tu le souhaites ! précisai-je avec un petit sourire en coin. Il est vrai que j’aimais bien me vanter de mes biens, sauf que d’habitude je le réservais à certaines personnes uniquement. Elle l’avait cherché. Je te laisserais pas dépenser un centime. affirmai-je tout en suivant le serveur qui nous conduisait à une table des plus charmantes. La Dunster qui était plutôt connu pour ses bourdes s’assit lourdement sur la chaise, m’arrachant un rire malgré moi, ce qui n’était pas très classe. Je ne savais pas ce qui était le plus drôle: La tête du serveur ou la manière de s’asseoir de mon amie ?… A voir.

J’adressai un dernier sourire à Esfir, la laissant s’installer à table alors que j’allais voir le serveur, lui serrant la main habilement, assez pour lui faire glisser un petit billet de 100$. Bien sûr, je m’étais arrangé pour que personne ne le voit. Ce n’était pas vraiment mon genre d’acheter les services de quelqu’un habituellement mais je voulais que le service soit parfait, me prendre la tête n’était pas recommandé aujourd’hui. Surtout avec le souvenir du visage de Damen qui me revenait en tête toutes les cinq secondes. Le serveur m’adressa un regard entendu avant de partir en cuisine alors que je rejoignais Esfir, prenant place en face d’elle. Sinon, les cours, bien ou bien ? Question conne. Des amis n’étaient pas censés parler de ça mais j’aimais tout savoir d’elle, dont sa réussite dans ses études.

Keanu Ҩ Esfir

« Un amour sans jalousie est un amour imparfait. »

Sacré Keanu, toujours là à rire sur un oui ou sur un non. Je viens même à me demander comment on est devenu ami. Pourquoi moi ? Pourtant aux premiers abords je ne pense pas être la personne la plus chaleureuse et qui mérite le plus d’attention. Puis même je viens à me demander comment je peux être ami avec Keanu. Je n’aime pas les populaires, ils me saoulent à se croire mieux que tout le monde et pourtant Keanu est considéré comme populaire. Ensuite les fêtards c’est pas trop mon délire et Keanu sort pas mal. Je suis même à me demander comment on s’est rencontré. Je ne m’en souviens plus et ça me perturbe assez. Aurais-je oublié volontairement ? Peut être. A quoi bon se souvenir de la rencontre avec quelqu’un ? Je ne regarde que le moment présent et là ce que j’en déduis c’est que Keanu est une exception pour moi. On est différent mais si identique à la fois.

J’étais sur ma chaise à regarder Keanu, je voyais ses lèvres bouger mais je n’écoutais pas ce qu’il disait. J’étais dans mon monde. Je n’aime pas trop ces moments de blancs, j’ai l’impression d’être une imbécile après. Puis je vis Keanu faire un geste suspect au serveur et ce serveur fit une mine ravie. Que s’est il passé ? J’ai loupé un truc ? Soudainement, je secouais ma tête et regardais Keanu d’un regard tueur. « Qu’est ce que tu as fais ? » Le pauvre, il doit avoir peur pile à ce moment. Vu mon regard, il pourrait penser que j’allais lui crier dessus et lui faire la morale du siècle. Ce n’était pas l’effet escompté mais j’étais tellement dans ma bulle jusqu’il y a 3 secondes, que mon cerveau a dû mal à faire le rapprochement exact de la chose, si je puis dire. « Pourquoi t’as payé Keanu ???? Pourquoi ????? » Vu sa mine ravie et celle du serveur je me doutais qu’il y avait anguille sous roches. Je ne sais pas pourquoi j’étais si sur la défensive. Enfin si, je savais pourquoi, mais je ne voulais pas aborder le sujet là, aujourd’hui, avec Keanu : hors de question. Je pensais à Damen et à sa déclaration qu’il m’a fait sur le terrain de basket l’autre jour. Qu’il s’était joué de ma personne voulant juste rendre jaloux Keanu. J’avais vraiment pris mal cette déclaration, pourtant je n’arrivais pas à le haïr, vraiment. Je ne voulais pas non plus en parler à Keanu. J’estime qu’ils se détestent assez de la sorte. Mais là, vu mon attitude, il allait se poser des questions et le pire c’est que ce n’était que le début du repas. Je n’ose imaginer comment le reste du… Euh… De mon moment passé avec lui –ouais,onvaappelerçacommeça- va se dérouler. Pourquoi pas utiliser le mot « rencard ? » Car c’était pas un rencard, juste un bon moment passé avec un ami.

« Excuse moi de m’être emportée. » Je fis les gros yeux, me racla légèrement la gorge, me mis à rougir et je baissais automatiquement les yeux. Je me mis à souffler aussi par la même occasion en passant ma main dans mes cheveux pour les mettre en arrière. J’aurais aimé prendre le menu et me cacher derrière ce dernier ne voulant pas affronter Keanu, mais le serveur n’était pas encore revenu pour nous donner ce dernier. C’est ça que je détestais chez les restaurants aisés, ils ne fonctionnent jamais comme un banal restaurant qu’on peut trouver à tous les coins de rues. Puis là, voulant éviter le regard de Keanu, je regardais autour de nous et je constate que des gens me fixaient étrangement. Ils devaient me prendre pour une folle à avoir haussé le ton si soudainement… En même temps, c’est tellement calme et désert ici, que si une mouche vient à s’écraser contre une fenêtre on l’entendrait sans problèmes. Toutes ces personnes devaient se dire « Pourquoi cette fille parle d’argent ? On ne parle jamais d’argent dans ce genre d’endroit, on se contente de payer. » « Pourquoi cette fille hausse le ton envers ce charmant jeune homme. Cherche-t-elle à se faire remarquer ? » Rien que de m’imaginer tout cela, un nœud se forma au niveau de mon ventre.

Sa réaction me fit presque sursauter. Je pensais vraiment avoir été plus discret que ça mais apparemment je ne ferais jamais un bon espion. Dommage, j’étais un fan des films James Bond. Il fallait que je m’entraine pour la prochaine fois, vu la crise qu’elle me piquait. J’avais l’impression qu’elle pouvait me tuer en un regard, elle me faisait flipper, pour la première fois depuis que je l’avais rencontré, je crois. Mais j’ai rien fais du tout… marmonnai-je en regardant mon assiette avant de relever la tête en souriant, espérant qu’elle se calmerait. Je n’avais rien fait de mal, donner de l’argent au serveur dans ce genre de restaurant n’était pas du tout un crime, au contraire. C’était plutôt mal vu de ne rien donné, mes parents me l’avaient toujours dis. Alors que je pensais qu’elle allait faire abstraction de ce petite geste, elle se mit à me questionner comme l’aurait fait ma mère si elle n’avait pas connu les principes de ce genre de restaurant. J’ouvris la bouche, un peu effrayé avant d’hausser les épaules. Arrête de crier… On va se faire virer si tu continues… Et c’est rien du tout, je m’assure simplement qu’on soit servit correctement, ça marche comme ça. chuchotai-je en essayant d’être le plus discret possible, sentant déjà des regards se poser sur nous.

Je sentais la tension montait peu à peu en moi, au point que je devait trifouiller mes couverts, les remettant droit alors qu’ils l’étaient déjà. J’avais l’habitude d’être parfait dans n’importe quelle situation et là, elle nous faisait remarquer dans un endroit rempli de personnes plus ou moins classe. C’est rien mais j’sais pas ce que t’as pour être autant sur les nerfs… Enfin, c’est bizarre. dis-je en lui jetant un petit regard suspicieux avant de faire un signe au serveur qui ramena aussitôt le menu, un sourire aux lèvres. Bah oui, il pouvait sourire celui-là. Je ne savais plus vraiment quoi dire à Esfir qui était apparemment plus gênée qu’autre chose. Je me mis à jouer avec le menu, faisant semblant de me concentrer dessus avant de le reposer, laissant un soupir m’échapper. Je détestais plus que tous les blancs, j’avais horreur de ça et je ferais tout pour que ça n’arrive pas. J’ai entendu dire que t’aimais bien Damen, c’est cool. Oui, je ferais tout, même parler de mon ennemi. En même temps, si elle ne m’avait pas gueuler dessus, j’aurais pu trouver un autre sujet de conversation. Au moins, je saurais si la rumeur qui dit qu’elle joue au basket avec lui était vrai ou non. Je me raclai la gorge, prenant un air détendu, comme si ça ne m’énervait pas de parler de lui, affichant même un sourire. Un sourire que je perdrais surement si elle m’avouait que c’était la vérité et elle ne pourrait pas m’en vouloir. Elle l’aurait cherché: Pourquoi demander à mon ennemi de lui apprendre un sport que moi-même je pratiquais ? Et certainement mieux que lui, en plus.