Les cartes en main, choisis ton destin. [Ludwick]

« La vie est un jeu de cartes dont le cœur n'est jamais l'atout. »

Les mêmes mots, à quelques jours d’intervalles. Deux êtres, deux être psychologiquement instables ? Camille l’était, plus personne en doutait. Mais Ludwick l’était également. Il fallait l’être pour continuer à se battre dans le vide, à vouloir obtenir des réponses, à voir le lien alors que les ténèbres l’entouraient. C’était rare et déstabilisant de voir quelqu’un s’accrocher ainsi, surtout en connaissant la nature de leur rencontre. Deux êtres opposés qui se rejoignaient par… On ne sait trop quoi. L’un rêveur, l’autre terre à terre, l’un croyant à la bonté de l’humanité l’autre qui n’y voyait que la misère. Simplement un être rempli d’espoir contre Camille rempli de haine. Explosions de valeurs. Feu ardent de sentiments. Braises d’espoir. C'est en soupirant qu'il avoua ne rien attendre de lui. C'était un mensonge, une manière de se protéger peut-être. Chaque individu attendait quelque chose de l'autre. C'était dans la nature de l'être humain de tout attendre mais de ne rien donner. Ainsi on était fait, ainsi on mourait, réclamant toujours plus. Son regard se baissa lorsqu'il continua de parler. Cherchant à tâton son paquet qu'il termina par trouver, il voulut prendre une nouvelle clope mais n'en trouva plus. Ses mains tremblèrent légèrement face à l'écoute de son discours. C'était incompréhensible qu'il s'attache ainsi, Camille ne pouvait le comprendre. Ludwick était tellement... différent. Tournant son regard vers lui, de l'incompréhension dans celui-ci, il répondit, utilisant un volume plus bas, une intonation plus douce que d'habitude. Tu as raison, je me cache. Mais ce n'est pas parce que tu le sais que je suis quelqu'un de fiable... Au contraire, je suis dangereux. Dangereux pour toi... Mais... Il se stoppa, détournant à nouveau son regard et se releva d'un geste brusque. Merde, la situation ne devenait plus contrôlable. Il... Il faut que j'y aille. On se voit plus... Enfin, un jour. Il prit peur de ses propres paroles, de ce que le jeune Dunster disait, de leurs réactions. Il recula à tâtons, se retournant prêt à prendre la fuite.

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Mordant ma lèvre inférieure, je me demandais si j'avais pas conduit cette discussion à un tournant indésirable. Je n'avais peut-être pas mesuré la gravité des mes propos, brisant sûrement la relation complexe que j'entretenais avec Camille. A trop vouloir insister et creuser, j'allais chatouiller sa colère et sa haine déjà exprimée envers moi. Ce ne serait plus de la méprise qu'il éprouverait, seulement de l'inimitié, ou pire du désintérêt. Je le fixais d'un air triste, désolé, scrutant ses mains qui tremblaient. Il allait m'en coller une, je le pressentais seulement j'en fus trompé lorsqu'il me répondit avec un ton doux. Mes sourcils se froncèrent face à son annonce, déclarant qu'il était dangereux. Mais dangereux pour qui ? Pour moi ? En quoi, pouvait-il être dangereux ? Malgré sa froideur, il restait un être humain, comme tout le monde, possédant des défauts et sûrement des qualités. Ce n'était pas un monstre, une machine à blesser. Je le vis se lever d'un geste brusque, bouche bée, ne sachant que faire. Il fuyait délibérément, cessant toute conversation avec moi. Je comprenais pas, j'étais plongé dans cette confusion entre lui et moi. Je voulais juste m'approcher, être plus proche de lui cependant, cette envie ne semblait pas réciproque. Il semblait mettre des barrières entre nous, il ne voulait pas de moi, je le bouleversais, je nuisais à son esprit. J'avais cette sale impression de l'avoir amoché et qu'il garderait ses distances avec moi pour un bon moment. Je voulais crier quelque chose pour le retenir, pour qu'il revienne et se rassoit à mes côtés. Et pourtant, ma gorge restée bloquée, paralysée. Seules mes pensées pouvaient s'exprimer ... J'ai quelque chose à t'avouer, Camille...

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