Like a regulated radio ► Walter & Camille ♥

Elle avait souhaité changer de sujet, essayer de détendre l'atmosphère qui semblait s'être soudain tendue et apparemment, c'était réussi. Walter la regarda avec de grands yeux ahuri et sa tête était tellement drôle sur l'instant que Camille éclata de rire. Il était vrai que quarante-six... c'était difficile à imaginer, même elle avait du mal. Mais non je plaisante ! s'exclama-t-elle en riant. Tu crois vraiment que j'aurai pu me taper quarante-six mecs différents ? Faut être nympho pour ça ! Certes elle avait eu plusieurs amants dans sa vie, mais certainement pas à ce point. Et puis de ce côté là, elle était sûre que Walter la battait. Son "score" à elle restait plutôt raisonnable. Le serveur choisit ce moment pour prendre leur commande et Camille choisit une sole, tandis que Walter prenait du canard. Elle le regarda alors avec étonnement, n'ayant jamais mangé de canard de sa vie. C'était bon ça ? Ça faisait très français. Walter devait certainement être habitué à manger de la nourriture étrangère, vu le milieu d'où il venait. Pour sa part, ses parents l'avaient très peu amenée à découvrir ce genre de choses... Le serveur s'éloigna tandis que Walter semblait ne plus vouloir la quitter des yeux. Et ce regard bleu transperçant ne cessait de la perturber. J'adore ça dit-elle avec un clin d'oeil. Et c'était vrai, au sens propre comme au sens figuré. Et puis, ça me plait qu'on me voie avec toi dit-elle avec un petit sourire moins assuré, se rendant bien compte à quel point elle était en train de se dévoiler à l'instant présent. On pouvait difficilement dire les choses plus simplement.

Walter rentra dans son jeu, commençant à faire des calculs sur la fréquence des conquète qu'elle devrait avoir pour arriver à quarante-six et Camille se mit à nouveau à rire en lâchant un Oh my god en l'entendant parler. Même pas la moitié d'une année ouais, il fallait être fou. Mais tout ça l'amena malgré elle à penser à toutes les conquêtes que Walter avait dû avoir dans sa vie... était-il sérieux quand il avait dit vingt-trois ? Elle n'aimait pas penser à ça, détestait y être confrontée même mais de toute évidence, il fallait faire avec, et ça faisait partie de lui. Et tout ça l'amenait toujours au même point: où en étaient-il tous les deux ? Par moment, elle avait presque l'impression d'être la maîtresse cachée. Et elle en avait marre de se cacher. Eh bien pour être honnête, de mon côté, je ne crache jamais à être vu en compagnie d'une charmante jeune femme. En plus t'as de gros seins, alors c'est parfait. Les autres vont être jaloux dit-il avec un sourire. Elle rit à son tour en levant les yeux au ciel, à la fois amusée... mais aussi un peu déçue. Il appréciait être vu en compagnie d'une charmante jeune femme. Pas en sa compagnie. Peut-être qu'au fond elle se fourvoyait sur ce qu'il y avait entre eux ? Peut-être qu'une fois de plus elle était la seule à s'emballer ? Elle n'en savait rien... et c'était toujours ainsi avec Walter. Tu veux rendre les autres jaloux ? le taquina-t-elle en gardant néanmoins le sourire. Un groupe vint alors s'installer sur la scène, commençant à jouer quelques notes d'une musique assez lente et jazzy. Décidément cet endroit était juste parfait.

Soudain, Walter parut déstabilisé par sa question et alors qu'elle le regardait, attendant tout de même une réponse derrière ce ton léger et rieur, le serveur vint apporter leur plat, brisant en quelque sorte ce moment légèrement... bizarre. Camille regarda le serveur s'éloigner et, ne sachant pas vraiment pourquoi, elle sentit une boule se former au creux de son ventre. Peut-être qu'elle aurait mieux fait de se taire, de ne pas relever sa phrase ainsi, lui demandant en quelque sorte de se prononcer sur ce qu'il désirait, avec elle. Sur le coup, elle redoutait un peu le "mais non c'était une blague" ou un truc du genre, qui lui ferait certainement plus mal qu'autre chose. Pourtant, Walter la regarda dans les yeux, soudain plus sérieux, avant de lui répondre un court et simple Oui. Elle ne s'était pas vraiment attendue à ça et sur le coup, sa franchise la fit presque devenir écarlate. Hum... dit-elle pensivement en prenant une gorgée de vin. Bizarrement, cette situation lui rappelait la soirée où ils s'étaient disputés au spring break, et où ils avaient finalement fini dans les bras l'un de l'autre. Déjà à ce moment là, Walter n'était pas vraiment doué pour dire les choses mais... il lui avait finalement dit qu'il tenait à elle. Et qu'il ne voulait pas qu'il la quitte. Oui, ça, il le lui avait bien dit. Tu sais... j'ai conscience que tout ça, c'est pas vraiment dans tes habitudes dit-elle avec un sourire. J'apprécie que tu fasse ça pour moi... aucun mec n'a vraiment jamais pris soin de moi comme ça, comme tu le fais. Walter avait ce don de la faire sourire et... ouais, de la rendre heureuse. Ca la rendait heureuse quand elle voyait un sourire sur ses lèvres, ou le regard qu'il avait par moment lorsqu'il posait ses yeux sur elle. Quand il l'embrassait, aussi, comme il l'avait fait tout à l'heure. Je crois que je sais ce que je veux maintenant dit-elle, le coeur battant malgré elle. Au spring break lorsqu'il le lui avait demandé, elle n'avait pas su répondre mais maintenant, elle savait. Et la seule chose qu'elle redoutait, c'était qu'ils ne veuillent pas la même chose.

Elle avait parlé avec sincérité, avec son coeur... et en plongeant son regard dans celui de Walter, elle avait l'impression que le temps s'arrêtait. Elle y croyait à tout ça. Aux regards qu'il avait pour elle, aux sentiments qu'elle sentait naître au plus profond d'elle. Certain lui diront certainement qu'elle n'avait pas choisi le meilleur gars sur qui craquer en sachant à quel point Walter aimait les femmes. Qu'elle finirait par être malheureuse, trahie, désabusée. Mais il y avait tellement plus que l'image qu'il voulait bien donner chez Walter. Apprendre à le connaître avait été tellement fort qu'aujourd'hui, elle ne pouvait se passer de lui. Alors oui, cette fois elle savait ce qu'elle voulait. Elle voulait pouvoir l'embrasser devant tous le monde sans avoir à se cacher, se balader avec lui, serrant sa main dans la sienne, dire à tous qu'avec Walter, ça pouvait marcher, et que ça marchait. Qu'avec lui elle était heureuse, qu'elle se sentait bien. Et qu'il n'y avait qu'elle à ses yeux. J'ai envie d'être avec toi, et juste avec toi Camille Dickens dit-il en relevant les yeux vers elle. Le coeur de Camille eut un raté, avant qu'un immense sourire vienne étirer son visage, malgré elle. Tu es sérieux ? demanda-t-elle d'abord, n'y croyant pas vraiment avec qu'elle ne se reprenne, le sourire toujours présent sur les lèvres. Enfin je veux dire, moi aussi je veux être avec toi je... j'en ai terriblement envie dit-elle en se pinçant légèrement les lèvres. Elle voyait la sincérité dans les yeux de Walter, et tout ça semblait presque trop beau pour que ça arrive réellement.