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Promenade matinal pour un matin de pâque. Avec la vente aux enchères d’hier soir, j’aurais surement mieux fait de rester au lit, mais je n’avais pas réussis à dormir plus longtemps. Vêtue d’un jean et d’un sweat à capuche bleu marine, je me baladais dans le parc, les mains dans les poches. Autour de moi, je pouvais voir les enfants chasser les œufs de pâques avec autant de sérieux dont était capable un enfant de cet âge. Avais-je été comme ça plus jeune ? Sans doute, mais cela remontait bien trop loin dans le temps pour que je m’en souvienne concrètement. En les regardant, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que dans quelques années, ce serait mon enfant que je regarderais. Durant notre voyage à Hawaii, j’avais accepté de garder l’enfant. Au départ, je voulais que Torrey avorte, mais je savais que cela la briserait et je ne le voulais pas. Aussi, j’avais fini par lui dire oui et les deux semaines qui nous restaient, étaient passées. Bientôt, je devrais sans doute l’accompagner pour des échographies et cela me donnait une peur bleue. La dernière fois que j’avais vu cette petite chose sur l’écran, j’avais fuis la salle d’hôpital comme un lâche. Est-ce que cette fois-ci, j’allais tenir ? Je lui devais bien ça et cela même, si ça allait rendre sa grossesse encore plus réellement.
J’arpentais donc les chemins entretenues de Cambridge Common, lorsque je sentie quelqu’un me mettre un sérieux coup dans la jambe. Bordel de merde ! J’étais en pleine saison de natation, il ne fallait surtout pas que je me blesse. La personne avait continué son chemin et c’était retourné au dernier moment. Cette personne, se révélait être une jeune femme aux cheveux couleur blés. « Eh ! Vous auriez pu faire atten… » Elle c’était subitement tût, tandis que son regard analysait mon corps tout entier. Merde, elle faisait quoi là ? « Vous avez failli me faire mal ! » J’arquais un sourcil, surpris par son attaque soudaine. « C’est plutôt vous qui êtes descendu de cette pente comme une furie. La prochaine fois, regardez où vous mettez les pieds.»
Me baladant tranquillement dans le parc de Cambridge Common, je n’avais pas prévu de me faire bousculer par une jeune femme et d’être en plus, accusé d’une chose que je n’avais pas commise. D’ailleurs, je m’empressais de mettre sous lumière ce petit détail, qui avait tout de même son importance. Ce à quoi, elle me répondait : « Parce que c’est de ma faute en plus ? Vous me ferez le plaisir de ne pas prendre la grosse tête, Monsieur-je-ne-sait-pas-reconnaître-mes-erreurs ! » C’était moi qui prenait la grosse tête ? Laissez-moi rire ! Cette jeune femme m’agressait de nulle part, à cause d’une faute d’inattention. Je voulais bien agir comme un con, mais ici, ce n’était aucunement ma faute. Alors que je m’apprêtais à répondre, elle fit une chose étrange et complètement inexplicable : elle riait à gorge déployé, envahissant le silence du parc avec son rire cristallin. « Excusez-moi, je suis un peu à fleur de peau, mais je songeais à ma petite fille qui habite loin d’ici et que je vois rarement. C’est sans doute moi qui ai fait l’erreur de vous marcher dessus, je suis… Oh non ! » C’était à n’y rien comprendre. Comment pouvait-elle passer d’une extrémité à l’autre ? J’étais tenté de lui demander si elle était bipolaire, mais ce n’était pas vraiment recommandé, si l’on voulait être aimable. Aussi, je m’adoucissais légèrement en entendant ses excuses. C’est alors, qu’elle s’exclamait en jetant un regard à son jean. Ce dernier avait subi une légère lacération et ce retrouvait à présent, troué. Pire, elle c’était égratignée et du sang perlait doucement. « Embêtant ça ! Pour me faire pardonner, vous voulez cet œuf de Pâques ? Il est bleu, désolée, j’avais trouvé un œuf violet, mais je l’ai échangé à une petite fille qui préférait cette couleur. Je ne pense pas le manger, et il ne survivra pas longtemps, la preuve il a failli finir écrasé ! » Son spitch suivant me laissait sans voix. Lui arrivait-il souvent de changer de sujet du tout au tout. Malgré la stupeur grandissante, j’esquissais un sourire. « Non merci, mais vous devriez peut-être vous désinfecter. Le garde-chasse doit avoir quelque chose. » J’aurais pu la laisser là, mais c’était mal polie, surtout que c’était un petit peu de ma faute. « Je vous accompagne ? Vous avez peut-être besoin d’aide pour marcher » disais-je en lui montrant mon bras.
Les débuts avec la jeune femme avait été assez étrange. En effet, elle m’avait foncée dessus, avant de m’accuser de lui avoir fait volontairement du tort. Sur le moment, je l’avais prise pour une folle lunatique, mais très vite, elle se rattrapait en me proposant son œuf de pâque en guise de réconciliation. Chose surprenante qui aurait pu la faire passer pour une simplette, mais il n’en fut rien. Peu après avoir remarqué une tâche de sang sur son pantalon troué, je lui avais proposé de l’accompagner chez le garde-chasse pour désinfecter tout ça. Je pensais qu’elle m’aurait envoyé paitre, mais une fois de plus, elle me surprenait. « Avec plaisir ! Mais… Je ne veux pas vous embêter, Je ne suis pas vraiment fréquentable en ce moment, je suis désolée. » J’arquais un sourcil. Elle se disait peu fréquentable, mais ce n’était pas le cas. Ce n’était pas un trou dans votre jean, qui vous rendait galeux. Sinon, que devrais-je dire ? Je possédais moi-même des jeans avec des trous que je portais, lorsque je n’avais plus à me mettre. « Vous êtes très bien » la rassurais-je. La jeune femme avait l’air de prendre soin d’elle et son apparence en était la preuve. Je… Où se situe le garde-chasse au fait ? Je ne me promène que rarement ici, alors je dois dire que… Je suis en vérité un peu perdue… C’est stupide de se perdre dans un parc, mais voilà, ça m’arrive régulièrement. Je n’ai aucun sens de l’orientation ! » Je ricanais légèrement en l’écoutant se justifier de la sorte. « Dans ce cas-là, il vaut mieux que je vous y emmène. Vous êtes nouvelle ?» Je lui tendais mon bras pour l’aider à marcher. Seulement, allait-elle l’accepter ? « Au fait, on peut se tutoyer, non ? » Je n’aimais pas tutoyer des personnes de mon âge.
« Oh oui… Oui, bien sûr ! » La jeune femme acceptait de prendre mon bras après quelques secondes d’hésitation. Tout en faisant attention à ne pas aller trop vite, j’empruntais le chemin qui nous mènerait vers la loge du gardien. Nous venions à peine de commencer notre marche, que la jeune femme commençait à me poser une tonne de questions : « Vous vous appelez… Tu t’appelles comment ? Moi c’est Evanna. Je suis étudiante à Harvard chez les Eliots et j’étudie le théâtre et la musique. Tu habites où ? Loin ? Et tu as quel âge ? Tu travailles dans quoi ? Et tu dois être un sportif accompli, et… » Je ricanais avec courtoisie en entendant autant d’interrogations sortir de sa bouche. D’après ce que je comprenais, elle faisait partie de la Eliot House et s’appelait Evanna. « Je m’appelle Wyatt, je fais partie de la Winthrop House et je fais des études d’archéologie et d’histoire. » Je marquais une courte pause, avant de reprendre. « Qu’est-ce qui te fait dire que je suis un sportif accompli ? » Me tournant vers elle, j’attendais sa réaction, mes yeux brillant d’une lueur malicieuse. Je ne voulais pas la mettre mal à l’aise, mais cette question avait été tellement tentante.
« Et bien… Disons que… Tu veux vraiment savoir ? Eh bien tu es justement en train de me soutenir et de me servir de béquille, et ça fait cinq minutes que je teste ta résistance en pesant de plus en plus sur ton bras. Alors il me semble que sous ton T-shirt doivent se cacher de sacrés abdos ! Bon, j’ai un joker en plus, je connais Andrew Kenworth. Il fait partie du club de natation aussi et je te connais de là. SI lui ne me voyait pas, je m’étais employée à le suivre, alors je connais un peu tout le monde, au moins de vue. Oui, je sais, ça n’est pas très… sympathique de faire de l’espionnage, mais bon… » Elle connaissait Andrew Kenworth et reconnaissait m’avoir déjà vu. Jusque-là, tout allait bien. En revanche, la seconde partie m’inquiétait un peu plus. La jeune femme disait avoir suivi le jeune homme, mais que représentait-il pour elle ? Sincèrement, j’espérais que ce ne soit pas une folle psychopathe qui s’attachait aux gens. Je n’avais vraiment pas besoin de ça en ce moment. Malgré ce qu’elle venait de me dire, je décidais de lui donner une seconde chance. « Tu le suis ? Comment ça ? » Elle tenait toujours fermement mon bras, lorsque j’arrivais devant la cabane du gardien, je l’aidais à s’assoir sur une chaise. « Attends-moi là. » Quelques secondes plus tard, je revenais avec du désinfectant et un pauvre pansement.