(Andina) Bitch please

Bitch please

Les beaux jours arrivaient à Cambridge. Il ne faisait pas encore très chaud, mais disons qu'on ne se pelait plus forcément le jonc tous les jours, il suffisait qu'on ait du soleil, pas trop de vent et c'était une bonne journée agréable. C'est pour ça qu'en sortant de cours, j'avais préféré aller bosser dehors plutôt que de retourner à l'appartement. Le Luna Caffe n'étant pas très éloigné du campus, je jetai mon dévolu dessus, m'y rendant rapidement et passant la porte d'entrée dans l'espoir de trouver une table, y poser mes fesses et boire un thé en révisant. Ça n'allait juste pas être aussi calme et reposant que je l'aurais espéré, assez pour me faire regretter de ne pas être retourné chez moi directement. En rentrant, occupé à envoyer un sms, je bousculai quelqu'un et ma belle chemise blanche ne tarda pas à se faire éclabousser de café brûlant. Putain ! Au-delà du fait que le café soit super chaud, j'étais surtout soulé par la gueule de ma chemise complètement bousillé. Évidemment, c'était de ma faute. Mais, évidemment, pour moi... c'était la faute de l'autre, comme toujours. T'es fière ? T'as complètement défoncé ma chemise. Je fusillai du regard la jeune femme qui se trouvait devant moi et avait eu le malheur d'être sur mon passage au moment où j'arrivais, une jolie rousse. Et si j'te demande de m'la repayer tu fais comment ? Elle coute un bras cette chemise.

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Je pousse la porte du café et respire le doux arôme qui habite le lieu. Un café, c'est exactement ce qu'il me faut ! Je me suis encore couchée tard, au téléphone avec une amie de Paris. Elle m'a raconté la fac, notre petit groupe d'amis... On s'est remémoré nos souvenirs communs. Avec le décalage horaire, je me suis vraiment endormie tard ! Je m'approche du comptoir et opte pour un double latte. Je remercie le serveur quand il me sers et je fais demi-tour. J'aperçois une amie qui fais théâtre avec moi. On discute un peu de mise en scène, de la difficulté de nos textes et surtout des études de pièces dont on nous submerge ! J'aime vraiment étudier le théâtre. J'ai commencé cette année, avant j'etais dans un cursus uniquement médical, mais grâce à Harvard, je renoue avec ma passion ! J'ai hate de faire la représentation, d'autant plus que j'ai bossé sur la mise en scène ! Quel bonheur de voir des gens suivre tes conseils et tes idées prendre vie ! Je pense à tout ça en me dirigeant vers la sortie. Et là, BAM ! Je heurte un jeune homme et lui ruine totalement sa chemise avec mon café. Et mon jean par la même occasion. Je marmonne : Merde ! et m'apprête à m'excuser, mais le gars part en délire total. Ok, je vois le truc : gosse de riche, matérialiste et qui se croit tout dû? Ok. Restons calme, ça sert à rien de rentrer dans son jeu ! Alors je lui réponds en souriant :
Je m'excuse, je peux te payer le pressing si tu veux ! C'est vrai quoi, faut pas exagérer, elle est pas déchirée non plus, juste tachée. Un peu de détachant et hop !

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Bitch please

Je venais de foncer littéralement droit sur une fille, qui jura en même temps que moi. Au moins, j'étais pas le seul à avoir pris cher, et il ne devait plus lui rester beaucoup de café à en juger la manière dont il s'était renversé. Alors que j'imaginais mille et une façon de la torturer et lui faire regretter d'avoir ruiné ma belle chemise, elle... elle le prenait avec le sourire. Du coup, je ne pris pas longtemps avant de réaliser une chose : elle avait pas conscience que sa vie était à l'heure actuelle grandement menacée. Et cette pensée se confirma dès l'instant où elle ouvrit la bouche. Au début elle s'excusait, ça s'passait bien, encore que le sourire était de trop... Mais la suite de sa phrase, eurk. Le pressing ? Tu m'as pris pour monsieur tout le monde ? J'lave pas mon linge dans un pressing moi, elle est folle elle. Elle a pas du bien m'regarder, habillé d'marque de la tête aux pieds, jusqu'au boxer. Encore que lui, elle le voyait pas ahahah #Brionyl'auraittuéesinon. Je la jaugeai du regard, avant de ricaner. Enfin, si t'as pas l'fric pour réparer ta boulette, c'est pas grave, on finira bien par trouver un arrangement. C'est quoi ton nom ?

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Ce garçon me rappelle les individus prétentieux et superficiels, rejetons de la haute bourgeoisie que côtoient mes parents. Une de mes tantes est mariée à un Lord et mes parents sont souvent invités à des parties de polo dans leur château de Cornouailles. Les pauvres gens n'ont toujours pas compris que ma famille réside à Boston, donc ma mère refuse poliment toutes les invitations de ma tante. Bref, tout ça pour dire que côté aristo maniaque, j'ai mes connaissances ! C'est d'ailleurs exactement ce que j'ai voulu quitter en partant tête la première avec mon petit copain de lycée direction Glasgow à la sortie du lycée ! Et voilà que mon pire cauchemar surgissait devant moi... Enfer et damnation ! Je m'apprête à riposter quand il me répond sèchement :
Le pressing ? Tu m'as pris pour monsieur tout le monde ?, mais le jeune homme ne m'en laisse pas le temps, car il reprend et me demande mon nom. Je suis sûre qu'il ne lui dira rien, car si mes parents font partie du même monde que lui, je compte bien le lui dissimuler. Je ne veux rien avoir à faire avec ces gens-là, même si les Hiwel sont une grande famille américaine. Je lui réponds donc :
Je m'appelle Athina Castil. Et toi ?
J'ai pris l'habitude de me présenter avec le seul nom de ma mère pour ne pas déclencher la réaction habituelle du genre : "Les Hiwel ? De la branche de Boston ou de Denver ? " Pfffff... Exaspérant. Castil passait mieux, petite famille d'industriels de la région Franche-Comté en France, mais au capital impressionnant !

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Bitch please

Elle avait bousillé ma chemise et je préférais encore de loin la jeter et m'en racheter une, plutôt que de passer au pressing pour essayer de rattraper une tâche de café bien incrustée déjà, surtout que laver mon linge en public au sens propre du terme, c'était pas mon délire du tout et je le fis bien comprendre à la jeune femme qui se trouvait face à moi. Je lui demandai son nom, songeant que j'allais pouvoir farfouiller un peu pour en apprendre davantage sur son compte et pouvoir plus aisément la pourrir que dans un café... Athina Castil... Athina, c'pas courant comme prénom et pourtant j'mettrais ma main à couper que je l'avais déjà entendu quelque part... J'eus finalement un sourire en ayant l'illumination. Ah oui, Athina... Briony m'a parlé un peu de toi. Moi, mon prénom ? Pff pas besoin. Elle le devinerait bien assez rapidement. Je pris alors son café sans la moindre gêne, jetant un coup d’œil à l'intérieur pour vérifier la quantité de café qu'il restait dedans. C'est dommage, elle est pas là pour m'arrêter, ajoutai-je avec un air faussement désolé et levant la main, je renversai le restant de café sur son tee-shirt avant d'arborer un large sourire moqueur. Mince, il va falloir que tu ailles faire un tour au pressing aussi je crois.

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Quoi ??? Ce gars sans gêne s'est le mec de Briony ? Celui qu'elle a demandé en mariage sans préméditation ?? Alors là. Je sais bien que mon amies est bizarre mais à ce point-là ? Ca m'échappe. Totalement. Comment peut-elle être avec ce type. Pour le coup on peut dire qu'ils sont différents. Je me rappelle de son prénom : Andy, oui c'est ça... Ça saute aux yeux, c'est bien le copain de Briony. J'ai à peine le temps d'exprimer mon choc : Quoi ?! C'est toi Andy ? , que le jeune homme me balance le reste de mon café sur mon t-shirt. Un beau t-shirt qui plus est : à l'effigie de Green Day... Pour le coup, je suis dégoûtée... D'autant plus que mon jean avait eu droit à sa dose de caféine... Cela dit, ces fringues en ont vu d'autres. Vu depuis le temps que je les traîne et où j'ai débarqué avec cet ensemble sur le dos ! Mais bon, une offense est une offense et je compte bien ne pas laisser passer l'affront. Mon instinct me dicte de lui mettre une baffe mais j'avise une serveuse qui passe à côté de nous et qui transporte un cupcake tout mignon a topping dégoulinant de crème chocolatée... Le genre de truc qui ferait une belle tâche sur une chemise de luxe. Qu'à cela ne tienne, vérifions la chose. Je m'empare donc de l'objet de mes désirs et l'écrase délicatement sur la chemise d'Andy. La serveuse me regarde avec des yeux fous et part se plaindre à la direction. Quant à moi, je suis contente, la tache est plus belle que ce que j'imaginais : une traînée marron grasse et crémeuse sur fond de tissu fragile plein de café. De toute beauté! Je réplique donc : Apparemment, ce café tient à marquer notre rencontre !

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Bitch please

Athina avait l'air surprise, lorsque je lui fis subtilement -oupas- comprendre que j'étais proche de Briony, voire trèèès proche, le genre qui mange avec, qui vit avec, qui dort avec. Oui oui Athina, je suis son copain, enchanté. Un large sourire barrant mon visage, j'acquiesçai. T'es pas si inculte que ça finalement, tu connais la base. C'est vrai quoi, j'suis une base, et mes chevilles vont parfaitement bien. J'arrosai la jeune femme avec le café qu'il lui restait, et une serveur eut l'excellente idée de venir apporter des cupcakes... Athina en attrape un et la seconde d'après, elle fait une grosse trainée bien dégueulasse sur ma chemise. Je la regardai faire en pinçant les lèvres, puis attrapant son poignet, je le lui tordis pour lui faire lâcher son cupcake. Nulle doute qu'on ne l'oubliera pas de sitôt, ce fameux café. Je jetai un coup d’œil vers les cuisines, où était rapidement partie la serveuse pour signaler le problème, avant de regarder de nouveau Athina. Tu devrais avoir honte de gâcher de la nourriture juste pour pourrir une chemise déjà crade à cause de ta maladresse maladive... Tu penses pas aux petits Africains qui meurent de faim ? C'est vraiment honteux de ta part. Je la lâchai et repris. Briony a vraiment des potes bizarres parfois. Souvent, en fait. Faut dire que ses potes et moi, on partage plutôt rarement la même vision du monde.

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Ouais, je la connais cette méthode là, il essaie de me faire culpabiliser en jouant sur mon système de valeurs... Loupé ! J'ai envie de lui rétorquer qu'avec ce que gâche les Etats-Unis en un an, on pourrait éradiquer plusieurs fois la fin dans le monde. Mais bon, je doute que mon petit exposé soit le bienvenu. Je sors du café, non sans avoir donné un billet à un autre serveur pour le cupcake. Malheureusement, je suis persuadée que mon bourreau du jour ne va pas me lâcher comme ça. Quelle plaie !!! Comment, mais comment est-ce possible que Briony sorte avec ce type ? C'est l'arrogance incarnée ! Je suis encore plus heureuse de lui avoir conseillé de ne pas quitter les verts pour cet abruti ! Il ne mérite pas le sacrifice qu'elle s'apprêtait à faire... Bon, peut-être, je dis bien peut-être que si nous avions été présentés dans d'autres circonstances, j'aurai pu le supporter. Quoique... De rage, je sors une clope et l'allume. Ouais, ça commence à devenir une habitude, mon super pouvoir anti-addiction est-il en train de s'estomper ? Manquerait plus que ça ! Il faut que je me calme, car je sens que Andy va revenir à la charge avec ses sarcasmes. Reste cool, Athina...

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Bitch please

Elle n'avait rien répondu à mes piques. Elle s'était contentée de me fixer dans les yeux, probablement énervée, blasée et tous ces sentiments que j'avais l'habitude de susciter chez les gens qui croisaient ma route, un véritable super pouvoir, celui de foutre les gens en colère, les pourrir et semer le chaos. J'suis super badass en vrai, le diable personnifié. La jeune femme se défit de mon étreinte et donnant un billet à un serveur pour le cupcake, elle sortit de l'établissement alors qude deux autre serveurs venaient vers moi en trottinant, m'interpellant, prêts à me demander des explications et tout le baratin qui s'en suivait... Lèvres pincées, je leur donnai à mon tour quelques billets histoire qu'ils se la ferment, et tournai les talons pour sortir également. A mon grand étonnement, Athina était juste à la sortie, une clope entre les doigts. Je m'en sortis une aussi tant qu'à faire, l'allumant et rejoignant la jeune femme en fixant la route. T'es pas difficile à faire craquer ma foi. Ça va être folklorique nos prochaines rencontres. Encore que si Briony se foutait au milieu, elle nous imposerait ptêtre un temps mort. Mais au pire des cas ça ne serait que partie remise, j'aime faire chier l'monde et elle le savait très bien.

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Pas de répartie ? J'ai juste pas envie de jouer à ce jeu-là avec ce mec... Je suis fatiguée de lui parler. Il m'a fait agir comme je n'aurai jamais voulu avoir à le faire... Je lui lance, acerbe : C'est ça, t'as qu'à aller t'acheter une nouvelle chemise, celle-là était passée de mode de toute façon. Peut-être que si ta tenue me plait à notre prochaine rencontre, je ne me sentirais pas obligée de la décorer ! C'est vrai, plus personne ne porte ce bleu de nos jours. Je souffle la fumée de ma cigarette en souriant. Ce garçon croit qu'il peut dicter sa loi à tout le monde ? Je me ferai un plaisir d'entrer dans la résistance ! Haha ! Bon, maintenant, avec Briony entre nous, faudrait voir comment ça se passerait. Sûrement qu'elle vivrait mal nos déchirements. Aussi mal que je vis ceux qu'elle a avec Éloïse. Mais je ne peux tout simplement pas blairer ce type. Il l'a bien cherché, franchement qui est capable de s'en prendre autant à quelqu'un qui a juste été maladroit ?

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